Gaza : les Israéliens font brûler vifs 8 enfants dans une zone supposée « protégée »

Par Tareq S. Hajjaj

Les Israéliens ont pris pour cible des Palestiniens déplacés dans un campement de tentes situé dans la zone de Mawasi, à Khan Younis, réservée aux civils. Huit enfants ont été brûlés vifs et carbonisés, rendant leur identification impossible, ainsi que six autres personnes.

Umm Ibrahim Abu Shaar, 49 ans, est assise à l’hôpital européen de Khan Younis, à côté des corps ensanglantés des membres de sa famille. Ils ont été tués lors d’une frappe aérienne israélienne sur un campement de tentes pour personnes déplacées dans la « zone de sécurité » de Mawasi, à Khan Younis, dans la matinée du jeudi 17 avril.

Les tentes ont pris feu et leurs occupants ont été brûlés vifs. Cette scène est devenue monnaie courante à Gaza.

Sur le site du bombardement, à l’ouest de Khan Younis, les habitants se sont rassemblés autour des tentes bombardées, réduites à des tas de cendres et de débris mêlés de sang. Ils tentent de rassembler les restes des martyrs, marchant avec extrême prudence et précaution à côté des tentes bombardées.

Shaaban Al-Dalou, qui a été brûlé vif à Gaza, aurait eu 20 ans aujourd’hui

Les habitants et les équipes de secours ont récupéré 15 corps, dont ceux de huit enfants. Tous étaient carbonisés. Parmi eux se trouvaient une mère et ses trois enfants, brûlés au point d’être méconnaissables, selon des témoins directs qui se sont entretenus avec Mondoweiss.

La défense civile a qualifié cet attentat d’acte criminel odieux qui a coûté la vie à 15 martyrs, « dont la plupart étaient des femmes et des enfants ».

Yousef Abu al-Rus, témoin de l’attaque, a déclaré dans un témoignage vidéo pour Mondoweiss que l’armée israélienne avait pris pour cible quatre tentes habitées par quatre familles avec un seul missile. Il a décrit comment le missile a déclenché un incendie intense que les habitants n’ont pas pu éteindre.

« Nous avons entendu le bruit d’une explosion, puis des flammes intenses et violentes ont jailli », a déclaré Abu al-Rus. « Nous ne pouvions pas nous approcher suffisamment pour les aider. Nous nous sommes approchés autant que possible, mais nous avons vu les femmes et les enfants brûler et mourir sous nos yeux. Nous les avons vus, et nos enfants ont tout vu et tout entendu. »

Abu al-Rus a poursuivi son récit poignant, décrivant comment la plupart des familles voisines « sentaient l’odeur de chair humaine brûlée » et comment les missiles tirés par l’armée israélienne sur les tentes étaient différents de tout ce qu’il avait vu auparavant, brûlant tout, même les ustensiles métalliques à l’intérieur des tentes.

« Ce sont des armes mortelles. Ils ont fait fondre les ustensiles de cuisine en aluminium à l’intérieur. Quel effet ont-ils pu avoir sur le corps d’un petit enfant de moins de trois ans ? » a demandé Abu al-Rus.

« Les corps étaient complètement carbonisés. Il ne restait que des squelettes. Même les os avaient fondu », a-t-il poursuivi.

Abu al-Rus a précisé que les familles dormaient dans des tentes après être revenues de la cérémonie de mariage d’un proche. Elles sont retournées dans leurs tentes et se sont endormies, pour ne plus jamais se réveiller.

« Ils nous ont dit que c’était une zone sûre où nous devions rester pour préserver nos vies », s’est exclamé Abu al-Rus. « C’était un piège pour nous tuer et nous brûler. Où pouvons-nous aller pour être en sécurité ? Nous enterrons nos enfants sous forme de squelettes et d’os fondus. »

Les bombardements israéliens sur les tentes et les centres de déplacement dans diverses zones de la bande de Gaza se sont poursuivis tout au long de la journée. Le rapport quotidien du ministère de la Santé de Gaza du 17 avril indiquait que 40 personnes avaient été tuées au cours des dernières 24 heures.

Les prétendus succès militaires israéliens ne sont que des massacres de civils sans défense

La défense civile a déclaré que ses équipes de secours avaient récupéré six autres martyrs et un certain nombre de blessés à Beit Lahia, dans le nord de Gaza, après qu’une tente abritant des personnes déplacées ait également été prise pour cible le même jour.

Cette attaque a été suivie par le bombardement de l’école al-Ayyoubiya, dans le nord de Gaza, ainsi que par des dizaines de massacres visant des familles qui ont été tuées dans leurs maisons à travers toute la bande de Gaza.

Parmi les martyrs figuraient trois enfants appartenant à la famille al-Atal, victimes des bombardements de tentes à Beit Lahia. Des témoins présents sur les lieux ont déclaré à Mondoweiss, dans des témoignages enregistrés, que l’armée israélienne les avait tués en larguant une bombe sur leurs têtes à partir d’un drone quadricoptère.

Marwan al-Atal, un parent des martyrs de Beit Lahia, a déclaré que la majorité des martyrs étaient des enfants et qu’ils avaient été démembrés.

« Supposons qu’une des personnes présentes dans cette tente soit recherchée par Israël ; pourquoi tuent-ils des enfants avec elle ? », demande Marwan. « N’auraient-ils pas pu le tuer loin des enfants, ailleurs ? Pourquoi envoyer un avion pour tuer des enfants ? Est-ce cela que font Netanyahu et Israël, tuer des enfants qui dorment dans leurs tentes ? Est-ce là leur exploit militaire ? »

Auteur : Tareq S. Hajjaj

* Tareq S. Hajjaj est un auteur et un membre de l'Union des écrivains palestiniens. Il a étudié la littérature anglaise à l'université Al-Azhar de Gaza.
Il a débuté sa carrière dans le journalisme en 2015 en travaillant comme journaliste/traducteur au journal local Donia al-Watan, puis en écrivant en arabe et en anglais pour des organes internationaux tels que Elbadi, MEE et Al Monitor. Aujourd'hui, il écrit pour We Are Not Numbers et Mondoweiss.
Son compte Twitter.

18 avril 2025 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine