A travers Moscou, le Hamas veut renforcer son soutien international

Ismaïl Haniyeh, responsable du bureau politique du mouvement Hamas [résistance islamique] - Photo : via Paltimeps.ps

RAMALLAH, Cisjordanie – Le ministère russe des Affaires étrangères a invité le responsable du bureau politique du Hamas, Ismail Haniyeh, à se rendre à Moscou, a rapporté la télévision Al-Mayadeen le 6 mai.

Une délégation du Hamas s’est rendue à Moscou le 4 mai, pour s’entretenir avec des responsables du ministère russe des Affaires étrangères. Le 7 mai, Al-Mayadeen a cité des sources du Hamas disant qu’une autre délégation se rendrait à Moscou début juin.

Mousa Abu Marzouk, le responsable du bureau des relations internationales du Hamas qui a dirigé la délégation du mouvement à Moscou, a déclaré dans un tweet daté du 6 mai : « Cette visite fait partie des [efforts pour] approfondir les consultations et la coordination bilatérale entre nous et les amis russes. Nous avons discuté des attaques israéliennes à Jérusalem et de leurs dangereuses répercussions, et des violations en Cisjordanie et à Gaza. »

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhail Bogdanov, a déclaré aux journalistes après sa rencontre avec la délégation du Hamas que les discussions avaient porté sur la situation dans les territoires palestiniens et les derniers développements à la mosquée Al-Aqsa. Il a ajouté que Moscou est prêt à servir de plate-forme pour des rencontres entre Palestiniens.

La Russie a récemment intensifié ses activités concernant la question palestinienne pour renforcer les relations avec le Hamas, alors que les tensions liées à la guerre en Ukraine minent les relations russo-israéliennes.

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Les différentes factions palestiniennes ont longtemps espéré que la Russie jouerait un rôle plus important dans le dossier palestinien pour briser le monopole américain, c’est pourquoi les Palestiniens ont maintenu une position neutre sur la guerre russe en Ukraine et ont refusé de la condamner.

Suhail al-Hindi, membre du bureau politique du Hamas, a déclaré à Al-Monitor : « Le Hamas est ouvert aux pays du monde et est prêt à avoir des contacts avec tout pays ou organisation qui soutient les droits des Palestiniens, y compris la Russie. »

Hindi a expliqué : « Les positions de Moscou sur les droits des Palestiniens sont tenues en haute estime et le Hamas a intérêt à poursuivre et à promouvoir ses relations avec la Russie », qui entretient des relations avec tous les différents mouvements de libération de la région, dont le Hamas.

Il a ajouté : « La Russie condamne les crimes de l’occupation, se tient aux côtés du peuple palestinien face à l’injustice qui lui est faite, et défend ses droits », et selon lui, le Hamas veut que Moscou soutienne les Palestiniens et contrebalance en leur faveur le poids des États-Unis.

Le Hamas a discuté de la situation sur le terrain dans les territoires palestiniens et des activités israéliennes à Jérusalem et à la mosquée Al-Aqsa et de leurs répercussions sur toute la région ainsi que du dossier de la réconciliation politique, dans laquelle la Russie cherche à jouer un rôle, toujours selon Hindi.

Après sa rencontre avec les responsables du Hamas le 4 mai, Bogdanov a rapporté que le Fatah et l’Organisation de libération de la Palestine seraient bientôt invités à se rendre en Russie.

L’intérêt russe pour le dossier palestinien coïncide avec des tensions entre Moscou et Tel-Aviv, suite aux accusations russes selon lesquelles des mercenaires israéliens combattent aux côtés du bataillon [néo-nazi] Azov en Ukraine.

Les rencontres russes avec le Hamas pourrait aussi être un message envoyé à Tel-Aviv et à Washington, selon quoi Moscou pourrait bientôt jouer un rôle de premier plan dans la question palestinienne.

L’écrivain et ancien responsable du Hamas Ahmed Youssef a déclaré à Al-Monitor : « Les positions de la Russie envers le Hamas ont toujours été différentes de celles de l’Occident. Moscou a des contacts avec le Hamas depuis des années et n’a pas inscrit le mouvement sur ses listes d’organisations terroristes. »

Il a ajouté plusieurs remarques :

« La Russie souhaite davantage de rencontres avec le Hamas pour faire savoir qu’elle n’est pas contre les musulmans et qu’elle ne cible pas les mouvements de libération dans la région. Moscou essaie de changer l’humeur hostile qui prévaut à son encontre suite à son intervention dans la guerre en Syrie et à la campagne de diabolisation des États-Unis. »

« Dans une période où le Hamas est isolé au niveau international et classé comme groupe terroriste, Moscou ouvre ses bras au mouvement et accueille ses dirigeants … Cela envoie un message très fort à l’Occident et à Israël. »

« La Russie a découvert qu’Israël aidait les Ukrainiens avec des armes ou un entraînement militaire et permettait aux forces israéliennes de participer aux combats aux côtés du bataillon Azov. Par conséquent, Moscou a voulu montrer qu’il avait de l’influence dans la région et qu’il pouvait créer des problèmes de sécurité pour Israël s’il le décidait. »

« Compte tenu de son poids international, la Russie peut ouvrir la voie au Hamas pour établir des relations avec d’autres pays qui lui sont alliés, ce qui permettrait au mouvement de gagner des positions favorables qui pourraient se transformer en soutien à l’avenir. »

Il a indiqué aussi que le Hamas cherchait à établir fermement une position russe pro-palestinienne dans les forums internationaux, y compris le Conseil de sécurité de l’ONU, et que les relations antérieures d’Israël avec la Russie appartiennent désormais au passé. Les circonstances actuelles sont favorables pour que le Hamas commence à développer ses relations avec la Russie et d’autres pays.

Pour conclure, Youssef a déclaré que si la Russie pouvait jouer un rôle efficace dans la question de la réconciliation palestinienne, ses efforts ont jusqu’à présent été infructueux car l’AP s’est affaiblie et est incapable – sous influence américaine comme elle l’est – de mettre fin à la division palestinienne.