Par Abdel Bari Atwan
Les plans des États-Unis et d’Israël pour imposer un régime fantoche aux Palestiniens sont voués à l’échec.
Depuis quelques jours, on assiste à un nouveau déluge d’informations dans les médias sur les plans concoctés pour la bande de Gaza de l’après-guerre.
Plusieurs idées ont été lancées sur la manière dont la région pourrait être administrée après l’éradication supposée du Hamas et de toute autre résistance palestinienne, y compris le rafistolage et la remise sur pied de l’Autorité palestinienne (AP) basée à Ramallah.
L’idée de monter de toutes pièces une administration composée de chefs de clans et de dignitaires locaux a d’abord été avancée, tout en mettant de côté le point de passage de Rafah et en coupant Gaza de l’Égypte par la construction d’un embarcadère temporaire dont la fonction serait d’acheminer de l’aide par voie maritime depuis Chypre.
Ce ballon d’essai a été rapidement descendu en flammes, tant au niveau officiel que populaire.
Puis est venue l’idée de nommer Majed Faraj, chef des services de renseignement de l’Autorité palestinienne, pour remplacer le Hamas – Yahya Sinwar et ses adjoints – afin de gérer une nouvelle bande de Gaza dépourvue d’armements et en même temps de dignité nationale, à l’image du rôle de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie.
Le ministre israélien de la guerre, Yoav Gallant, était très enthousiaste à l’idée que Faraj fasse le sale boulot, à la tête d’une nouvelle administration qui n’inclurait personne ayant un quelconque lien avec le Hamas. Il en va de même pour le chef de l’opposition Yair Lapid, qui a fait l’éloge des antécédents de Faraj en matière de collaboration avec les forces de répression israéliennes, qui ont fait leurs preuves.
Un plan américain à trois têtes pour réformer l’AP prend rapidement forme : Hussein al-Sheikh comme chef politique, Majed Faraj comme chef de la sécurité et de l’armée, et Muhammad Mustafa – après qu’Abbas a limogé Muhammad Shtayyeh comme premier ministre pour faire place aux « nouveaux sauveurs » – comme chef de l’administration.
Ces trois chefs ont trois choses en commun :
- ils sont approuvés par les États-Unis
- ils rejettent totalement le principe de la résistance armée et sont particulièrement hostiles au Hamas
- ils adhèrent aux accords d’Oslo et à la coopération politique, militaire et sécuritaire avec la puissance occupante et la plupart des gouvernements arabes – du Golfe à la Jordanie, en passant par l’Égypte et le Maroc – qui ont normalisé leurs relations avec elle au nom de la « modération, de la stabilité régionale et de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme ».
Plusieurs points peuvent être relevés pour évaluer les perspectives de succès ou d’échec de ce plan américano-israélien.
- Premièrement, il repose sur une hypothèse erronée et irréfléchie concernant la défaite de l’Axe de la Résistance et de ses composantes, en particulier en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Le « gouvernement » de la bande de Gaza, dirigé par le Hamas, reste fort et puissant. Cinq mois après le début de la guerre génocidaire d’Israël et malgré les nombreuses informations faisant état de sa disparition, il garde la main sur le terrain et continue de distribuer l’aide et de réguler les prix sur les marchés. - Deuxièmement, cette nouvelle configuration offrira un grand cadeau à la résistance et au peuple palestinien qui la soutient – en particulier en Cisjordanie qui bouillonne ces jours-ci – en accélérant l’effondrement de l’ancien mouvement Fatah et son remplacement par un nouveau Fatah basé sur la base, qui veut revenir à ses racines révolutionnaires et se débarrasser de l’héritage désastreux et des erreurs des Accords d’Oslo.
- Troisièmement, il sera extrêmement difficile de vendre cette structure et ses trois têtes au peuple palestinien – que ce soit en Cisjordanie, à Gaza, dans la bande de Gaza ou dans la diaspora – même si elle obtient le consentement de certains chefs locaux, chefs de clans, membres de la classe d’affaires et collaborateurs.
- Quatrièmement, l’étonnante offensive du déluge d’al-Aqsa, qui a permis de vaincre l’occupation sur les fronts de l’armée, du renseignement, de la politique et des médias, a balayé tout ce qui l’avait précédé, y compris l’Autorité palestinienne et son appareil politique et de sécurité corrompu. Elle a ouvert la voie à un changement radical, non seulement en Palestine occupée, mais aussi dans tout l’arrière-pays arabe.
- Cinquièmement, la direction de la résistance en Cisjordanie et à Gaza, représentée par Yahya Sinwar et ses collègues, a gagné un soutien massif parmi les Palestiniens et les peuples arabes et islamiques. Elle ne peut pas être simplement balayée et remplacée par une direction soutenue par les États-Unis, Israël et certains gouvernements qui ont participé directement ou indirectement à la guerre d’extermination menée contre Gaza.
À la lumière des expériences précédentes et des développements survenus à l’intérieur et au-delà de la Palestine occupée au cours des cinq derniers mois, on peut affirmer sans risque que tous ces projets sont voués à l’échec.
Toute tentative de les mettre en œuvre se retournera en faveur la nouvelle culture de résistance qui s’est installée, sans être entravée par l’influence des gouvernements arabes soumis aux diktats américains et à l’intimidation israélienne.
Le peuple palestinien qui a engendré cette résistance n’acceptera pas cette triade imposée par les Américains. Majed Faraj ne deviendra jamais gouverneur de Gaza. Les Palestiniens seront gouvernés par ceux qu’ils auront choisis, qui défendent leurs droits et leur dignité, et non par des personnes nommées par leurs occupants et leurs ennemis.
La branche militaire du Fatah dénonce les fausses allégations publiées par l’Autorité de Ramallah
Communiqué – Traduction : Chris & Dine
« Au nom d’Allah, le plus haut, le plus miséricordieux.
Ceux qui prennent pour alliés des infidèles plutôt que des croyants, cherchent-ils les honneurs auprès d’eux ?
Alors que c’est à Allah qu’appartiennent tous les honneurs.
Ceci est la vérité d’Allah le tout puissant.
Qu’ils vénèrent leur ennemi… et nos balles trouveront leur chemin. »
Notre peuple palestinien, patient et fidèle, posté sur chacun de ses sites et qu’Allah a honoré de la bénédiction du jihad et de la persistance :
Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un groupe corrompu qui attire l’opprobre sur notre grand mouvement, le Fatah, par une déclaration empoisonnée qui n’a même pas la valeur du papier sur lequel elle a été écrite, du moins aux yeux des hommes des Brigades et des honorables membres du Fatah qui ont sacrifié leurs précieuses vies pour le bien de la Palestine et de son peuple fidèle.
Cette déclaration poignarde la résistance dans le dos, en adoptant le récit de l’occupation et légitimant les meurtres et les violations de notre peuple et de notre honneur. Cette déclaration traîtresse n’est rien d’autre qu’un poignard sioniste planté dans le dos de la Palestine, de son peuple inébranlable, et de sa noble résistance qui a tout donné pour défendre notre terre et la voie [Al-Aqsa] de notre prophète bien-aimé, que la paix soit sur lui.
Cette déclaration a été rédigée par des mains sionistes tremblantes, dans le but delégitimer les sbires de l’occupation qui ont fait des ravages dans notre mouvement, répandu le sang de nos martyrs et augmenté les souffrances de nos prisonniers. C’estleur dernière tentative de semer la discorde, protéger leurs positions et sauver leur vies décomposées du sort inévitable que leur réserve la fin de la guerre.
Nous, les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa, face à cette déclaration traîtresse écrite par un groupe de brigands et faussement attribuée à notre mouvement, sous le nom des Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa en Cisjordanie.
Par Allah, nous ne craignons pas le blâme du blâmeur.
Nous affirmons ce qui suit :
- Premièrement : nous appelons tous nos groupes et cellules opérant sur le terrain à intensifier l’action de résistance contre l’occupation et ses hordes, pour la victoire de notre peuple et de sa résistance dans la bande de Gaza inébranlable.
- Deuxièmement : nous affirmons notre rejet catégorique de tout gouvernement formé sous les diktats américano-sionistes, qui reçoit sa légitimité de l’agent sénile du quartier général de [l’AP] (qui règne sur le peuple palestinien contre sa volonté).
- Troisièmement : le travail de la résistance pour libérer la terre et œuvrer à la libération des prisonniers par tous les moyens est un droit garanti à chaque Palestinien religieusement, coutumièrement et légalement. Il n’y a aucune consultation à avoir à ce sujet. C’est pourquoi nous affirmons que nous avons fait et faisons toujours partie de la glorieuse opération du 7 octobre ; le sang de nos dirigeants et les balles de nos brigades en Cisjordanie en étant le meilleur témoignage et la meilleure preuve.
- Quatrièmement : ceux qui accusent la vaillante résistance – dans ses diverses formations militaires en Cisjordanie et à Gaza – d’être à l’origine des destructions survenues en Palestine devraient examiner attentivement leur récit. Posons-nous des questions sur ceux qui nous ont apporté des accords d’humiliation, de disgrâce et de destruction en échange d’argent et de pouvoir ; ceux qui ont livré nos dirigeants et nos hommes aux griffes de l’occupation et qui ont poursuivi nos héros de Cisjordanie au fil de l’ignoble coordination pour la sécurité.
- Enfin : nous annonçons que nous sommes entièrement prêts à armer notre peuple héroïque et les fils de notre grand mouvement, le Fatah, en Cisjordanie, ainsi que tous ceux qui souhaitent rejoindre les rangs des martyrs et se ranger du côté de la résistance comme réponse immédiate aux sionistes et à leurs partisans. Nous certifions aussi que nous avons préparé des brigades et des cellules qu’Allah seul connaît, dans la fière Cisjordanie, d’Al-Khalil au sud à Jénine au nord, pour participer dans les plus brefs délais à la bataille du déluge d’Al-Aqsa, si Dieu le veut.
Les Brigades des Martyrs d’Al Aqsa – Conseil Militaire
Auteur : Abdel Bari Atwan
* Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan
13 mars 2024 – Raï al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine
La résistance doit rester laïque. Ce n’est pas au nom d’Allah et son Prophète que l’on refuse l’humiliation et l’occupation. C’est au nom des humains que nous sommes. C’est aussi au nom des grands hommes ou femmes de la Résistance qui ont honoré le peuple palestinien. Ceux-ci ne sont pas forcément musulmans mais sûrement palestiniens, oui ! Honneur à l’esprit de Georges Habache et qu’il vive dans nos coeurs !