Incident: blessure par balle d’un mineur palestinien, Hassan Mizheir;
Lieu : camp de réfugiés de Dheisheh, Bethléem, Territoires Palestiniens Occupés;
Date : 5 janvier 2018.
Pour la collecte de fonds pour permettre le traitement de Hassan Mizheir, suivez ce lien.
Le matin du 5 janvier 2018, entre 6 et 8 heures, des soldats israéliens entrent dans le camp de réfugiés de Dheisheh, situé juste à l’extérieur de la ville de Bethléem. Suivant les tactiques routinières de descentes nocturnes et fouilles de maisons, les soldats de l’armée israélienne pénètrent le camp au petit matin afin d’arrêter un résident. Des affrontements éclatent alors entre soldats et résidents dans le centre du camp, puis le chaos se propage dans la périphérie, avant que les soldats ne se retranchent dans le village avoisinant de Doha.
En descendant la colline pour atteindre une entrée alternative du camp, les soldats aperçoivent une douzaine de garçons attendant le bus scolaire pour se rendre au lycée, où ils allaient passer le dernier examen de l’année.
Lorsque les soldats atteignent la sortie du camp, le chaos s’est déjà propagé jusqu’à l’arrêt de bus où nos lycéens patientent. Dans tout ce raffut, Hassan Mizheir entend les cris du capitaine militaire donnant l’ordre à ses soldats de tirer sur les jeunes. Il se retourne juste à temps pour voir que, quinze mètres plus loin, un soldat apeuré appuie sur la gâchette. Il sent ensuite une douleur monter dans son dos et s’effondre au sol. Douze lycéens sont blessés ce matin-là, dont Hassan qui est dans un état critique.
A cause du manque d’infrastructure médicale, conséquence de l’occupation militaire israélienne et des limitations de mouvement en Cisjordanie, Hassan a du être envoyé aux urgences à bord de la voiture d’un des résidents du camp, et non dans une ambulance.
Dans un premier temps, Hassan est reçu dans l’unité de soins intensifs de l’hôpital Husayn de Bethléem, où les médecins déterminent que Hassan a été blessé par une balle expansive (balle dum-dum) au niveau de la colonne vertébrale, aggravant sa blessure. Réalisant que Hassan est dans une condition critique, les médecins l’envoient à l’hôpital Mizan à Hébron, où un ancien médecin spécialiste des zones de conflit réalise une intervention chirurgicale afin d’extraire la balle, remarquant ainsi le caractère inhabituel de la balle utilisé et la gravité des blessures de Hassan.
Le droit international interdisant d’ouvrir le feu sur des civils, les actions des soldats israéliens ce jour là sont un troublant exemple des pratiques et des armes utilisées par l’armée israélienne dans les Territoires Palestiniens Occupés.
L’Autorité Palestinienne n’offre qu’un maigre soutien financier aux Palestiniens blessés par l’armée israélienne, et bien que les Palestiniens aient la possibilité de déposer une plainte pour dommages et intérêts auprès de tribunaux israéliens, les juges israéliens n’accèdent à ces requêtes que dans un nombre infime de cas, maintenant l’illusion d’un système de justice accessible aux Palestiniens qui de fait ne sert qu’à exonérer l’armée israélienne de toute responsabilité.
Refuser à quiconque le droit de recevoir un dédommagement pour une violation de ses droits est équivalent à la violation même de ces droits. De plus, l’examen administratif des plaintes portées à l’encontre des autorités israéliennes dans les territoires occupés incombe à la Cour Suprême Israélienne, qui bien qu’elle permette aux résidents des territoires de déposer des plaintes, par la suite refuse de les entendre, équivalant de facto à son approbation tacite des actions de l’armée.
Lors de cas similaires à celui de Hassan, la Cour Suprême Israélienne a adhéré à une politique de justification des tirs sur les civils, en étendant la définition de “situation de combat” et en accordant l’immunité générale aux soldats pour toute enquête criminelle — une interprétation large bien au delà de celle reconnue par la loi internationale humanitaire.
Le dossier d’Hassan au Centre de Réhabilitation Arabe de Beit Jala dresse ce difficile constat sur l’état de santé de l’adolescent :
– paraplégie complète des membres inférieurs
– perte de motricité des membres inférieurs
– absence de réflexes des membres inférieurs
– motricité et sensation normales des membres supérieurs
Bien que Hassan soit conscient et alerte, sans troubles cognitifs apparents, et qu’il ait gardé toutes ses compétences linguistiques, il est maintenant paraplégique. A cause de l’occupation des territoires palestiniens et du manque de personnel médical compétent, beaucoup d’opérations chirurgicales et de traitements plus poussés ne sont pas accessibles. Étant Palestinien, Hassan n’est pas autorisé à entrer en Israël pour recevoir un traitement médical adéquat sans une permission médicale délivrée par les instances israéliennes.
La gravité du cas de Hassan, les circonstances exceptionnelles, et la restriction de mouvement à l’intérieur de la Cisjordanie, montrent:
a) les conséquences graves de la restriction de mouvement,
b) la normalisation d’une politique de l’armée israélienne d’utilisation des armes à feu contre les civils palestiniens dans les territoires,
c) et le manque d’accès aux réparations légales pour les Palestiniens lors de cas impliquant des méfaits et dégâts causés par des soldats israéliens.
A cause des mauvaises conditions de santé pour Hassan et un accès aux soins restreint, il faut donc chercher des solutions alternatives. Hassan a trouvé un centre de réhabilitation dans la région de Francfort, en Allemagne, qui a accepté de le recevoir tous frais payés pour une durée de 4 semaines. Il recevra ainsi l’avis d’experts médicaux et aura accès à une thérapie de rééducation de ses membres inférieurs afin de retrouver le contrôle de certaines parties de son corps.
Cependant, Hassan a besoin de fonds supplémentaires nécessaires afin de concrétiser sa rééducation. Un budget de 4 000 euros est nécessaire. Celui-ci inclut :
a) Le prix du transport en ambulance de l’hôpital de Bethléem jusqu’à l’aéroport d’Amman, en Jordanie;
b) Le prix des billets d’avion aller-retour pour Hassan et son père d’Amman à Francfort;
c) Le prix de l’équipement de base pour l’handicap d’Hassan; et
d) Les frais de visa du Consulat d’Allemagne à Ramallah, dans les Territoires Palestiniens.
Pour la collecte de fonds pour permettre le traitement de Hassan Mizheir, suivez ce lien.
26 février 2018 – Information transmise par le Collectif – Traduction : CM