Alors que sa guerre est perdue, l’État génocidaire s’obstine à massacrer les civils

Les Palestiniens observent les destructions causées par les attaques de l'armée israélienne sur les tentes des Palestiniens déplacés vivant près des entrepôts de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) à Rafah, Gaza, le 27 mai 2024 - Photo Ali Jadallah, via Memo

Par Ramzy Baroud

Quelques heures à peine après avoir perpétré un horrible massacre de Palestiniens déplacés dans la zone de Tel Al-Sultan, à l’ouest de Rafah, dans la bande de Gaza, le 26 mai, l’État génocidaire israélien a perpétré un autre massacre dans la zone d’Al-Mawasi.

Le premier est désormais connu sous le nom de « massacre des tentes ». Il a eu lieu peu de temps après que la Cour internationale de justice (CIJ) a finalement émis une demande ferme : « Israël doit immédiatement mettre fin à son offensive militaire et à toute autre action à Rafah susceptible d’infliger au groupe palestinien de Gaza des conditions de vie qui pourraient entraîner sa destruction physique en tout ou en partie ».

Le meurtre de 50 Palestiniens dans leurs propres tentes de déplacement est la réponse donnée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son gouvernement extrémiste à la CIJ et au reste de la communauté internationale.

Les massacres israéliens successifs à Rafah démontrent le degré de fanatisme du régime génocidaire israélien.

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Netanyahu et son ministre de la défense, Yoav Gallant, qui pourraient tous deux figurer sur la liste officielle des personnes recherchées par la Cour pénale internationale (CPI) dans quelques semaines, auraient pu facilement choisir une autre voie, même de simples manœuvres politiques.

Ils auraient pu, par exemple, retarder leur opération à Rafah ou changer de stratégie, simplement pour éviter de nouveaux arrêts de la CIJ sur la question.

Leurs bombes de 2000 livres ont démembré et décapité des enfants dormant à côté de leurs mères dans des camps de fortune sans eau, sans électricité et sans nourriture. Tandis que l’armée israélienne offrait au monde une version clairement manipulée de ce qui s’était passé, blâmant des « militants » et autres, le bureau de M. Netanyahu parlait de l’attaque comme une erreur.

Les deux versions, bien sûr, étaient autant un mensonge l’une que l’autre. L’armée israélienne possède certaines des technologies de surveillance les plus avancées au monde, grâce à la générosité et au soutien continu des États-Unis. Elle aurait pu facilement faire la distinction entre une zone opérationnelle de la Résistance palestinienne et un camp de réfugiés rempli de femmes et d’enfants.

Si l’attaque était effectivement une erreur, comment expliquer les autres massacres qui ont suivi, également à Rafah et dans la ville voisine de Mawasi, et qui ont tué et mutilé des dizaines de réfugiés ? Et quelle est la logique derrière le meurtre et les blessures infligées à près de 130 000 Palestiniens depuis le début de la guerre le 7 octobre, dont la majorité étaient des femmes et des enfants ?

Le « massacre des tentes » n’a pas été une erreur et ne peut être imputé à des militants imaginaires opérant à l’intérieur d’un campement de réfugiés déplacés de force.

Mais Netanyahu avait sa propre logique. Tout d’abord, il voulait envoyer un message direct pour faire savoir à la CIJ qu’Israël n’était en rien gêné par son ordre direct de mettre fin à l’opération Rafah.

Le public visé par ce message n’était pas nécessairement les juges de la CIJ, mais la communauté internationale, qui reste, malgré sa rhétorique de solidarité, inefficace pour intervenir sur la durée, la direction ou la nature de la guerre israélienne.

Netanyahu a également voulu marquer des points politiques à bon compte contre ses rivaux au sein de son cabinet de guerre, en se présentant comme le dirigeant israélien le plus culotté qui tient tête au monde entier. Il a déclaré à maintes reprises que « [le peuple juif] restera seul ».

Le dirigeant israélien a également dû être informé que d’autres soldats israéliens avaient été capturés par la Résistance palestinienne. La déclaration de cette dernière à propos de ces captures le 25 mai a été publiée juste un jour avant que Netanyahu n’attaque Rafah.

D’un point de vue strictement militaire, la capture d’autres soldats envoyés à Gaza soi-disant pour libérer d’autres captifs israéliens aurait dû être un signal de « fin de partie ».

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La Résistance de Gaza n’a pas publié d’autres informations depuis la brève déclaration initiale du porte-parole militaire d’Al-Qassam, Abu Obeida.

Le Hamas est connu pour diffuser des informations au public lorsqu’il est stratégiquement le plus opportun de le faire, comme ce fut le cas lorsqu’il a annoncé qu’il détenait le colonel israélien Asaf Hamami, qu’Israël avait déclaré mort en décembre dernier.

En concentrant l’actualité sur Rafah, Netanyahu et son armée tentent désespérément d’anticiper la réaction de colère de la société israélienne face à la capture de soldats.

En outre, le moment choisi pour le massacre était également un message adressé aux États-Unis, aux médiateurs (Égypte et Qatar), au Hamas et même aux membres du cabinet de guerre israélien qui souhaiteraient mettre fin à la guerre par le biais d’un accord de trêve.

Les médias ont fait état d’une percée potentielle dans les pourparlers, qui ont débuté à Paris avant de se poursuivre à Doha, et qui ont montré une certaine volonté de la part d’Israël de lier la libération des prisonniers à une trêve permanente.

Un tel accord serait considéré comme une défaite du point de vue de Netanyahu et conduirait certainement à la fin de sa carrière politique. C’est pourquoi il s’est simplement déchaîné contre les réfugiés de Rafah dans l’espoir de perturber tout accord potentiel à Doha.

C’est pour cette même raison que ses troupes ont ouvert le feu sur des soldats égyptiens au point de passage de Rafah, faisant un mort, peut-être deux, et des blessés.

L’Égypte a joué un rôle important de médiateur dans les pourparlers de trêve. Attaquer le médiateur n’est pas seulement humiliant pour le gouvernement égyptien, mais aussi pour l’armée et le peuple d’Egypte.

Netanyahu n’a pas de stratégie pour la guerre elle-même, mais il en a une pour prolonger sa propre survie politique.

Cette stratégie consiste à mélanger les cartes politiques, à assurer le chaos et à perpétrer des massacres constants contre les civils, tout en sachant que Washington restera toujours de son côté, quoi qu’il arrive.

Mais le dirigeant israélien ne fait que gagner du temps. Les principaux généraux, experts militaires et analystes israéliens savent que la guerre est perdue et que sa prolongation ne modifiera en rien ses résultats prévisibles.

29 mai 2024 – Middle-East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah