“Une des tragédies des 50 ans de violations incessantes liées à l’occupation, est que le monde s’est habitué au choc de l’oppression et de l’humiliation auxquels les Palestiniens font face dans leur vie quotidienne dans les territoires occupés”, a déclaré le secrétaire général d’Amnesty International, Salil Shetty.
“Les États qui continuent d’aider les colonies à se développer économiquement sapent de façon flagrante leurs obligations internationales et les politiques qu’ils ont promis de respecter”, a ajouté M. Shetty. “Cinquante ans plus tard, la simple condamnation de l’expansion des colonies israéliennes ne suffit pas. Il est temps que les États prennent des mesures concrètes et au niveau international pour stopper le financement des colonies qui violent elles-mêmes de manière flagrante le droit international et constituent des crimes de guerre”.
Luttant contre l’impunité pratiquement totale d’Israël pour ses crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis depuis 1967, Shetty a appelé les États étrangers à imposer une “interdiction internationale des produits des colonies, un embargo massif sur les armes destinées à Israël et aux groupes armés palestiniens”, ainsi pour que soient diligentées des enquêtes par la Cour pénale internationale sur des crimes commis dans le cadre du conflit israélo-palestinien.
Depuis 1967, Israël a été accusé d’avoir commis des violations majeures des droits de l’homme et du droit humanitaire dans le territoire palestinien occupé, avec entre autres l’utilisation excessive et mortelle de la violence, le déplacement forcé, le blocus de la bande de Gaza, les restrictions injustifiées aux mouvements, et l’expansion des colonies, toutes illégales au regard du droit international.
“Israël a clairement affirmé que le maintien et l’expansion des colonies [sur les terres palestiniennes] sont prioritaires par rapport au respect du droit international. Il est temps pour le monde d’envoyer un message clair qu’il ne tolérera plus le mépris flagrant des autorités israéliennes pour le droit international”, a déclaré Shetty. “En interdisant les biens des colonies et en mettant en place des lois et des réglementations qui empêchent les entreprises d’opérer dans les colonies israéliennes, les gouvernements du monde entier ont la possibilité de faire une réelle différence dans la vie de millions de Palestiniens qui ont subi des décennies d’injustice, d’indignité et de discrimination”.
Le secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine, Saeb Erekat, a salué mercredi la campagne de boycott d’Amnesty, affirmant que “l’entreprise de colonisation israélienne nie le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination”.
“Cela a été une demande palestinienne de longue date à la communauté internationale”, a déclaré Erekat dans un communiqué. “Le monde ne devrait pas continuer à tolérer cela. La responsabilisation est le seul moyen de mettre fin à l’occupation et d’obtenir une paix juste et durable pour les Israéliens et les Palestiniens”.
Le 5 juin, a été commémoré par les Palestiniens comme la “Naksa“, ce qui signifie le “revers”, marquant l’invasion et l’occupation israélienne de la Cisjordanie, de Gaza, du Sinaï et des Hauteurs du Golan qui ont commencé le 5 juin 1967 pendant la Guerre des Six Jours, expulsant de chez eux quelque 300 000 Palestiniens, ainsi que des milliers de Syriens.
Bien que l’Autorité palestinienne et la communauté internationale ne reconnaissent pas la légalité de l’occupation de Jérusalem-Est, de Gaza et de Cisjordanie depuis 1967, de nombreux Palestiniens considèrent que toute la Palestine historique a été occupée depuis la création de l’État d’Israël en 1948. Un nombre croissant de militants ont critiqué une solution à deux États au conflit israélo-palestinien, la considérant comme insoutenable et peu susceptible d’apporter une paix durable compte tenu du contexte politique existant, proposant plutôt un État binational avec des droits égaux pour les Israéliens et les Palestiniens.
La nouvelle campagne d’Amnesty représente une impulsion importante pour le mouvement de Boycott, de Désinvestissement et de Sanctions (BDS), qui a été fondé en 2005 par toute une frange de la société civile palestinienne en tant que mouvement pacifique pour imposer les droits des Palestiniens conformément au droit international, et grâce à des stratégies de boycott des produits israéliens et institutions culturelles israéliennes, le désinvestissement des sociétés complices de violations des Palestiniens et la mise en place de sanctions étatiques contre le gouvernement israélien.
Les militants de la campagne BDS visent les entreprises qui supportent l’occupation illégale d’Israël de la Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, et encouragent le boycott généralisé des produits israéliens afin de faire pression sur le gouvernement israélien pour qu’il mette fin à l’occupation – qui dure depuis un demi-siècle – de la Cisjordanie et Jérusalem-Est, et mette fin au siège israélien long d’une décennie et imposé à la bande de Gaza.
À mesure que le soutien au mouvement BDS a augmenté, le gouvernement israélien a introduit des politiques anti-BDS, y compris l’adoption d’une loi en mars interdisant l’entrée en Israël aux étrangers qui ont ouvertement exprimé leur soutien au BDS.
7 juin 2017 – Ma’an News – Traduction : Chronique de Palestine