Par Ramona Wadi
Les récentes frappes aériennes israéliennes sur Gaza ont non seulement révélé les manigances de l’ONU en ce qui concerne la protection de la colonisation sioniste de la Palestine, mais aussi les intérêts de l’UE lorsqu’il s’agit de forcer les Palestiniens à accepter des conditions préjudiciables qui vont à l’encontre de la lutte du peuple pour sa libération.
La Haute Représentante, Federica Mogherini, porte-parole de la politique étrangère de l’UE a déclaré :
“Les tirs de roquettes de Gaza vers Israël doivent cesser immédiatement.”
Une déclaration identique a été faite par l’ambassade de l’UE en Israël. Ces déclarations ignorent totalement l’assassinat par Israël de Palestiniens lors des manifestations de la Grande Marche du retour, ainsi que les frappes aériennes sur Gaza qui ont une fois de plus déplacé des familles palestiniennes, tué et blessé des civils. Au lieu de cela, l’accent est mis sur les mouvements de résistance qui trouvent des moyens de contrecarrer le dôme d’acier glorifié, alors que l’impasse est faite sur le fait qu’Israël mette constamment au point de nouvelles armes qu’il teste sur les Palestiniens à Gaza pour pouvoir les vendre ensuite à d’autres nations.
L’avalanche de commentaires condamnant les tirs de roquettes de Gaza en guise de riposte n’est pas surprenante. Cependant, l’absence de même la moindre condamnation d’Israël est un aveu de l’UE qu’elle ne se sent plus obligée de cacher ses intentions. Tout comme l’ONU, l’UE a décidé d’afficher son soutien à Israël. Néanmoins, il lui sera encore nécessaire que les Palestiniens pensent que l’UE joue un rôle important dans l’hypothétique construction de l’État qui, depuis Oslo, a été toujours plus entravée par une colonisation accrue de la Palestine.
La Palestine est politiquement isolée. Admettre cette réalité est moins dommageable que de vanter de prétendus partenaires dans un processus de paix obsolète. Tout comme l’ONU, l’UE a également concocté une stratégie qui donne une image fragmentée de la Palestine par le biais de termes comme aide humanitaire, pauvreté, déplacement, besoins fondamentaux et solidarité. Sur le plan politique, c’est l’Autorité palestinienne que l’UE juge pertinente, et uniquement en raison de son rôle de facilitateur du processus de colonisation israélienne que la communauté internationale veut protéger aux dépens des droits des Palestiniens perpétuellement violés.
Entre-temps, rien n’indique que l’AP changera sa politique. A la lumière des détails qui ont filtré jusqu’à présent de l'”accord du siècle” du Président américain Donald Trump, l’AP intensifie ses appels à l’ONU et l’UE pour qu’elles interviennent contre les Etats-Unis et en faveur du compromis à deux Etats. Les deux entités n’auraient pas pu souhaiter un collaborateur plus complaisant – un collaborateur qui continue de prôner toujours un plan qui permettra finalement à Israël d’achever son projet colonial.
L’AP a affirmé que la récente agression israélienne contre Gaza est le “prélude” au plan de Trump. Pourtant, elle n’a pas étendu sa critique à l’UE et l’ONU pour avoir soutenu Israël contre les Palestiniens de Gaza. Cela reviendrait à ce que l’Autorité palestinienne admette que les Palestiniens devraient à juste titre jouer un rôle dans la politique qui, en raison de l’ingérence internationale, a fait de la vie de la population un enfer.
Cependant, l’illusion que les Palestiniens ont des partenaires politiques est contre-productive et l’unité palestinienne, en particulier lorsqu’il s’agit de résistance, est la seule force politique qui reste et que l’AP ne veut pas encourager.
Auteur : Ramona Wadi
* Ramona Wadi est rédactrice au Middle East Monitor. Écrivain, chercheuse et journaliste indépendante, elle est également critique. Ses écrits couvrent une série de thèmes en relation avec la Palestine, le Chili et l'Amérique latine. Elle contribue régulièrement au PalestineChronicle.com. Consultez son site internet. Son compte Twitter.
15 mai 2019 – The Palestine Chronicle – Traduction: Chronique de Palestine – MJB