À l’approche du premier anniversaire des événements du 7 octobre et à l’aube d’une année de génocide perpétré par l’État d’occupation contre les Palestiniens de la bande de Gaza, dont les tentacules s’étendent désormais à la Cisjordanie, il est important d’examiner les faits qui ont été clairement établis au cours des derniers mois ; de revenir sur ce que nous savons aujourd’hui.
Pour commencer, nous devons nous rappeler que les événements du 7 octobre étaient un symptôme de la violence coloniale, et non sa cause. Ils sont le résultat de 76 ans de nettoyage ethnique de 70 % du peuple palestinien, de 57 ans de la plus longue occupation de l’histoire moderne, d’un système d’apartheid raciste dont la brutalité dépasse tout ce qui l’a précédé, et d’un siège injuste qui asphyxie la bande de Gaza depuis 17 ans sans que le monde ne prête attention à la souffrance de son peuple.
Tant que les causes du 7 octobre ne seront pas traitées – elles ont même empiré, étant donné le niveau d’injustice énorme infligé par l’armée d’occupation au peuple palestinien à Gaza et dans le reste des territoires occupés – l’avenir n’est guère prometteur pour ceux qui pensaient être en mesure de soumettre la volonté des Palestiniens.
De plus, les Palestiniens, hommes et femmes, de la bande de Gaza ont fait preuve d’une constance héroïque sans équivalent dans l’histoire moderne de l’humanité, malgré l’énormité de l’injustice et l’intensité de la souffrance qui leur est infligée et qu’il est trop difficile de décrire.
Les médias occidentaux sont des complices actifs du génocide à Gaza
Grâce à leur fermeté et à leur résistance pleines de courage, ils ont empêché l’objectif principal de l’agression israélienne, qui était de les chasser de leur patrie et de les nettoyer ethniquement, pour la deuxième fois pour la plupart d’entre eux.
L’expérience historique de la plupart des habitants de Gaza, dont 70 % sont des réfugiés qui ont été chassés de leurs villes et villages en 1948, a joué un rôle majeur dans le renforcement de leur décision de rester fermes.
L’étendue de l’hypocrisie de l’Occident à l’égard d’Israël, la progéniture monstrueuse de l’Occident colonial et la base de ses intérêts stratégiques dans la région, a été exposée au grand jour.
De même, les deux poids deux mesures de l’Occident ont été mis en évidence lorsque l’on compare ses positions sur l’Ukraine et la Palestine.
Cette situation aura des répercussions sur l’ensemble des relations internationales, car Gaza – petite par la taille mais grande par la force de sa volonté – a révélé la malhonnêteté flagrante du monde. Le soi-disant « ordre fondé sur des lois » du système international qui a émergé après la Seconde Guerre mondiale est définitivement révolu.
Le message aujourd’hui, depuis les Nations unies, est que c’est la loi de la jungle qui prévaut dans notre monde, et non le droit international.
Ceux qui ont le pouvoir peuvent faire ce qu’ils veulent, et bon nombre des pays relativement petits qui se sont précipités pour soutenir Israël il y a onze mois seront les premiers à payer le prix d’un ordre mondial régi par les concepts de pouvoir en l’absence de ce qu’ils nomment le « droit international ».
Le peuple palestinien et ses formations politiques savent d’expérience qu’aujourd’hui, la politique étrangère de tous les États est dictée par des intérêts et non par des principes.
Rien n’égale, ni même ne dépasse, notre déception à l’égard de la communauté internationale, si ce n’est une plus grande déception face à la faiblesse des régimes arabes et islamiques et à leur incapacité à faire face à l’arrogance agressive d’Israël, ainsi qu’à leur incapacité à remplir leur devoir à l’égard de leur peuple, à tout le moins, et à l’égard de leurs valeurs sacrées.
Le fait de ne pas comprendre qu’ils ne seront pas épargnés et qu’il n’est pas dans leur intérêt de courber l’échine, aura de graves répercussions.
Toutefois, les effets les plus graves résulteront de l’accroissement de l’énorme fossé entre ces régimes et leurs peuples, qui se sentent insultés dans leur dignité en permettant au régime fasciste israélien de brutaliser le peuple palestinien, alors même que certains gouvernements continuent d’entretenir des relations normalisées avec l’État d’occupation.
Cette situation est aggravée par le fait que l’Autorité palestinienne, par sa passivité et son incapacité à jouer son rôle face à l’agression, a perdu une grande partie de sa popularité et de sa crédibilité.
Gaza : avec la complicité occidentale et arabe, les massacres israéliens iront de pire en pire
Cette situation s’est malheureusement aggravée avec son incapacité persistante à mettre en œuvre les accords de Pékin et de Moscou visant à ouvrir la voie à la réconciliation et à l’unité nationale.
Israël, son gouvernement comme son opposition, n’est pas disposé à faire la paix ni à offrir le moindre compromis au peuple palestinien.
Ce projet génocidaire a détruit à tout jamais les accords d’Oslo, sauf leur nom, et Israël a prouvé qu’il ne comprenait que le langage de la force. Le fait le plus dangereux qui a été mis en lumière est que le régime au pouvoir et la majorité de la population israélienne se dirigent vers le fascisme sous ses pires formes.
Les États-Unis, qui n’ont jamais été et ne seront jamais un intermédiaire honnête pour la paix, un médiateur ou une partie neutre lorsqu’il s’agit d’Israël, observent tout cela. Leur parti pris est absolu et sans leur soutien militaire, financier et politique illimité, la guerre menée par l’État d’occupation n’aurait pas duré un mois.
Compte tenu de la gravité des massacres et des destructions à Gaza (et maintenant en Cisjordanie occupée), il est nécessaire de continuer à faire pression sur la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale pour qu’elles rendent leurs arrêts et délivrent des mandats d’arrêt.
J’ose imaginer que de nombreux pays occidentaux qui ont soutenu Israël en lui fournissant des armes et des missiles auront de mauvaises surprises lorsque la Cour internationale de justice rendra son arrêt selon lequel ce qui s’est passé à Gaza est bel et bien un génocide.
Israël a échoué et continuera d’échouer, malgré la cruauté de sa guerre, à atteindre ses objectifs.
Il n’a pas réussi et ne réussira pas à déraciner la résistance palestinienne ; il n’a pas réussi et ne réussira pas son nettoyage ethnique ; il n’a pas réussi et ne réussira pas à imposer sa domination et son contrôle ou à briser la volonté du peuple palestinien qui reste et restera déterminé à obtenir sa liberté.
Le conflit en cours ne porte pas sur des questions mineures et des détails, tels que le corridor de Salah Al-Din (Philadelphie) qui est devenu le sujet de discussion répétitif de Netanyahou. Il s’agit de mettre fin à l’occupation, aux colonies, au système d’apartheid et à l’ensemble du système colonial sioniste.
Il s’agit de la lutte d’un peuple qui ne cessera de rechercher la liberté, la dignité, son droit à l’autodétermination et une paix juste.
Cependant, la plus grande faiblesse palestinienne est la division interne. La victoire du peuple palestinien dans sa juste lutte est conditionnée par la construction d’une direction nationale unifiée avec un programme de lutte qui résiste au plan de liquidation de la cause palestinienne.
La Palestine est devenue la principale question de justice humaine de notre époque, et elle mobilise les forces et les efforts de la jeunesse dans le monde entier, y compris aux États-Unis, non seulement contre l’occupation israélienne et le crime de génocide, mais aussi pour la cause de la justice humaine et sociale mondiale.
Il y a beaucoup à écrire et à dire à l’approche du premier anniversaire de la guerre génocidaire, mais il sera difficile de restituer une image complète de l’héroïsme et de la fermeté d’une nation qui est devenue une icône inégalée des valeurs humaines et de la fermeté, ainsi que de la lutte de toutes les nations opprimées.
Auteur : Mustafa Barghouti
* Le Dct Mustafa al-Barghouti est Secrétaire général de l’Initiative Nationale Palestinienne, président de la Société d’aide médicale palestinienne, et membre du Conseil Législatif Palestinien.
12 septembre 2024 – Middle-East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah