Par EuroMed Monitor
Territoire palestinien – L’assaut israélien en cours sur le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, s’inscrit dans l’attaque plus large du peuple palestinien et de sa terre.
Comme la communauté internationale ne semble pas s’émouvoir de la guerre génocidaire menée par Israël contre les Palestiniens, l’occupation peut se permettre d’intensifier son assaut militaire et d’attaquer de nouvelles parties du territoire palestinien occupé.
Avec sa dernière campagne à Jénine, Israël menace d’étendre aux Palestiniens de Cisjordanie le génocide qu’il a perpétré contre les Palestiniens de la bande de Gaza, avec environ 158 000 Palestiniens tués et blessés et 70 % des bâtiments de l’enclave détruits.
Lors de la dernière attaque de l’armée d’occupation, mardi après-midi (21 janvier), les forces spéciales israéliennes se sont infiltrées dans le camp de Jénine.
Cette opération a été suivie par l’arrivée de nombreux soldats et véhicules militaires, d’attaques de drones, et de l’annonce par les dirigeants militaires et politiques israéliens d’une nouvelle opération militaire d’envergure du nom de « Mur de fer ».
Dans le cadre d’une vaste opération d’arrestation des membres des factions palestiniennes armées, sous couvert de sécurité, les services de sécurité palestiniens occupaient le camp de Jénine depuis 48 jours. Ils se sont retirés quand les Israéliens sont arrivés.
Neuf Palestiniens, dont un enfant, ont été tués et 40 autres blessés lorsque les forces d’occupation israéliennes ont lancé de multiples raids aériens, ont largué des bombes à partir de quadcoptères et ont ouvert le feu sur les Palestiniens qui tentaient de fuir le camp.
Deux membres d’organisations palestiniennes armées ont été encerclés dans une maison de la ville de Burqin, à l’ouest de Jénine, puis assassinés par les forces d’occupation le lendemain de l’opération.
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Sous la supervision d’avions « quadcopter », les forces d’occupation israéliennes ont également ordonné illégalement aux habitants d’évacuer les quartiers qu’elles avaient envahis dans le camp de Jénine.
Les forces israéliennes ont mené une campagne de raids et de perquisitions, arrêté des civils, incendié délibérément des maisons de civils et endommagé les infrastructures du camp. Des dizaines de Palestiniens ont été interrogés et brutalisés par les forces israéliennes avant d’être finalement autorisés à quitter le camp.
D’autres résidents ont été contraints par des membres de l’armée d’occupation à prendre un chemin spécifique et ont été inspectés et interrogés en groupes.
Selon un responsable de l’armée d’occupation cité par la chaîne israélienne Channel 14, la campagne de Jénine a été décidée par le Cabinet israélien.
Le fonctionnaire a déclaré : « Nous entamons une campagne massive dans le nord de la Cisjordanie qui pourrait durer plusieurs mois. Nous y agirons comme nous l’avons fait à Gaza. Nous ne laisserons que des ruines ».
Euro-Med Monitor exprime sa profonde inquiétude face à la campagne lancée, en parallèle, par les services de sécurité palestiniens contre des civils et des membres de factions palestiniennes qui tentaient de fuir le camp de Jénine et quelques villages voisins dans le gouvernorat.
Après l’entrée d’Israël dans le camp, les forces de police palestiniennes se sont repositionnées à l’extérieur du camp et dans les villages voisins, où elles ont arrêté un certain nombre de civils et de membres d’organisations qui avaient réussi à fuir l’armée israélienne.
La pratique systématique des arrestations, en particulier de personnes qui tentent de fuir des opérations militaires mettant leur vie en danger, est une grave violation des droits de l’homme qui va à l’encontre des obligations juridiques locales et internationales applicables de l’Autorité palestinienne.
Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel la Palestine a adhéré sans réserve, garantit le droit à la liberté et à la sécurité de la personne, ainsi que le droit de ne pas être arrêté ou détenu arbitrairement.
Ainsi, la pratique de la détention arbitraire sans procédure régulière est une violation flagrante du droit international.
En outre, les méthodes d’appréhension et de détention utilisées contre les Palestiniens ont pour but de les déshonorer et de les humilier publiquement, comme on le voit sur les horribles photos de leur arrestation et de leur calvaire – ils sont tabassés, traînés et piétinés – postées sur les médias sociaux.
Pour terroriser les Palestiniens, les réduire au silence et à l’impuissance et les dépouiller de leur dignité, la police de l’AP force les détenus, sous la menace de la torture, à faire de fausses déclarations et même des excuses aux forces répressives.
Le fait que ces photos soient diffusées volontairement par les personnes qui commettent ces violations montrent qu’elles sont parfaitement conscientes de ce qu’elles font. Cela prouve qu’elles publient ces images dans le but express de porter atteinte à l’honneur et la dignité des détenus.
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Ces actes violent clairement les obligations de l’État de Palestine en vertu du droit international et constituent des crimes définis à la fois par le droit international et la législation nationale palestinienne, en particulier la loi fondamentale palestinienne.
Ils sont également en contradiction flagrante avec les principes fondamentaux de dignité et de liberté personnelle.
L’impunité que la communauté internationale lui accorde depuis des décennies, encourage Israël à intensifier son agression contre les Palestiniens de la région. Il y a toutes les chances qu’Israël commette en Cisjordanie le crime de génocide qu’il commet dans la bande de Gaza depuis plus de 15 mois.
Dans son avis consultatif de 2004 sur les ramifications juridiques de la construction du mur dans le territoire palestinien occupé, la Cour internationale de justice a affirmé qu’Israël, en tant que puissance occupante du territoire palestinien, n’a pas le droit de « se défendre » contre de prétendues menaces à la sécurité, tant que ces menaces proviennent des territoires palestiniens occupés qu’Israël contrôle.
La communauté internationale doit intervenir dès maintenant pour protéger les civils palestiniens et mettre fin aux opérations israéliennes en Cisjordanie. Comme Israël l’a déclaré à plusieurs reprises, il a l’intention d’annexer la Cisjordanie pour la mettre sous son contrôle, d’où l’opération militaire actuelle.
La communauté internationale doit soutenir le droit du peuple palestinien à l’autodétermination conformément au droit international, garantir son droit à vivre dans la liberté et la dignité et œuvrer pour mettre fin au colonialisme israélien et à l’occupation israélienne illégale des territoires palestiniens.
Elle doit également démanteler le système d’apartheid d’Israël à l’encontre des Palestiniens, lever le siège illégal de la bande de Gaza, veiller à ce que les israéliens responsables de ces crimes rendent des comptes et soient poursuivis, et garantir que toutes les victimes palestiniennes reçoivent des compensations et des réparations.
Toutes les parties concernées doivent également faire pression sur l’Autorité palestinienne pour qu’elle cesse de procéder à des arrestations arbitraires et qu’elle annule toutes les mesures qui violent les droits fondamentaux du peuple palestinien et mettent en péril son droit à l’autodétermination.
Des enquêtes sur les circonstances de l’arrestation de citoyens dans le cadre de l’opération militaire israélienne en cours et de la publication de photographies dégradantes – une pratique utilisée de manière répétée depuis que les services de sécurité palestiniens ont assiégé le camp de Jénine – doivent être menées par les autorités compétentes.
La seule façon d’assurer la protection des droits de l’homme et de la dignité des citoyens palestiniens face aux incessantes violations israéliennes est d’obliger les auteurs de ces violations à rendre des comptes et de s’assurer que ces pratiques monstrueuses cessent et ne se répètent pas à l’avenir.
Auteur : EuroMed Monitor
* L'Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l'Homme est une organisation indépendante à but non lucratif dirigée par des jeunes qui défend les droits humains de toutes les personnes à travers l'Europe et la région MENA, en particulier celles qui vivent sous occupation, en proie à la guerre ou à des troubles politiques et/ou ont été déplacés en raison de persécutions ou de conflits armés.
24 janvier 2025 – EuroMed Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet
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