Par Ylenia Gostoli
La police palestinienne a violemment réprimé une manifestation contre un procès intenté contre le militant assassiné Basil al-Araj et cinq autres résistants emprisonnés par l’Autorité palestinienne l’an dernier.
Un militant éminent et leader du mouvement des jeunes, Araj, 31 ans, a été assassiné lors d’un raid israélien à Ramallah la semaine dernière.
Environ 200 personnes ont participé à ce rassemblement pacifique dimanche jusqu’à ce que les forces de sécurité palestiniennes et la police anti-émeute soient intervenues pour le briser, en arrêtant violemment ses dirigeants, en lançant des gaz lacrymogènes et tirant des balles enrobées de caoutchouc et en utilisant les matraques pour disperser le groupe.
Au moins 11 personnes ont été blessées, dont le père d’Araj, et ont été transférées à l’hôpital voisin de Ramallah.
Les forces de sécurité ont empêché de nombreux journalistes palestiniens de couvrir l’événement, en agressant certains d’entre eux et en brisant leur équipement. Les manifestants ont scandé des slogans contre les juges responsables de la décision et brandissaient des portraits d’Araj.
Des altercations ont commencé lorsque la police est arrivée sur les lieux et a formé un mur en face du tribunal de district, poussant les manifestants en arrière.
Un certain nombre de manifestants ont été arrêtés, y compris le leader du Jihad islamique Khader Adnan.
“Nous sommes ici contre toutes les arrestations politiques, contre toutes les procès politiques”, a déclaré à Al Jazeera Lema Nazeeh, une avocate et militante.
“L’Autorité palestinienne devrait prendre la responsabilité de protéger les gens, de ne pas les amener devant les tribunaux et de ne pas en faire des cibles faciles pour l’armée israélienne”, a-t-elle ajouté.
L’agence de presse officielle Wafa a cité le porte-parole de la police, Louay Azriqat, qui a prétendu que les forces de sécurité “ont traité les manifestants avec force, conformément à la loi, afin d’ouvrir la rue et de ramener les choses à la normale”. L’Autorité palestinienne est restée muette.
Les forces de sécurité palestiniennes ont arrêté Araj en avril 2016 avec Muhammad al-Salamin, Haitham Siyaj, Muhammad Harb, Seif al-Idrissi et Ali Dar al-Sheikh sur des accusations selon quoi ils détenaient des armes non autorisées et prévoyaient attaquer des cibles israéliennes.
Fin août, les six hommes ont organisé une grève de la faim pour protester contre la torture et les mauvais traitements subis pendant leur détention. Le groupe a été libéré sans inculpation après neuf jours de grève de la faim, mais quatre ont été immédiatement arrêtés de nouveau par les forces israéliennes d’occupation et sont actuellement sous la garde d’Israël.
L’affaire a suscité de nombreuses critiques à l’égard de la coordination de la sécurité de l’Autorité palestinienne avec Israël.
Araj s’était caché depuis sa libération.
Sa mort – dans un violent raid au cours duquel Israël a prétendu que ses forces ont été engagées dans une fusillade de deux heures avec le fugitif – a été considérée par beaucoup comme un tournant.
Mais le dimanche, les autorités judiciaires ont annoncé qu’elles allaient poursuivre le procès contre les militants, en dépit de la mort d’Araj et du fait que quatre d’entre eux étaient en détention israélienne.
“Nous protestons contre l’Autorité palestinienne qui a emprisonné Basil dans le passé et veut aujourd’hui le juger”, a déclaré à Al-Jazeera Omar Assaf, membre du Comité national de la campagne BDS palestinienne.
“Les manifestants sont des amis et des gens qui aiment Basile et la voie qu’il a suivie. Ils appellent Abbas et l’Autorité palestinienne à arrêter la coordination répressive avec Israël”.
Araj a été vénéré par beaucoup comme un phare de la résistance à l’occupation israélienne.
Thaer Anis – un militant de la branche de Jérusalem du Comité de coordination de la lutte populaire qui a milité avec Araj pendant ses années – a dit à Al Jazeera que sa mort était un rappel absolu de la situation qui prévaut en Palestine.
“Dans la vision de Basil, il y a un nouveau message: ‘Nous avons deux choses contre lesquelles nous devons lutter: la politique en Palestine et l’occupation ‘”, a déclaré Anis. “Et nous allons le suivre”.
Auteur : Ylenia Gostoli
* Ylenia Gostoli est journaliste freelance basée à Jérusalem et ses articles sont régulièrement publiés sur al-JazeeraSon compte twitter.
13 mars 2017 – Al-Jazeera – Traduction : Chronique de Palestine