Des bombes américaines pour le massacre de l’école al-Sardi

A l'hôpital al-Aqsa où les blessés et les morts ont été transportés, les survivants de l'attaque sraélienne sont soignés à même le sol, tellement l'hôpital est débordé et privé de moyens supplémentaires en raison du siège hérmétique et inhumain imposé par l'Etat génocidaire - Photo : extrait vidéo Al-Jazeera

Des pièces récupérées lors de l’attaque israélienne de jeudi, qui a tué 40 Palestiniens, proviennent de bombes de fabrication américaine.

Dans les décombres de l’école al-Sardi, gérée par les Nations unies, dans le camp de réfugiés de Nuseirat, au centre de Gaza, se trouvaient les restes des armes qui ont tué au moins 40 Palestiniens.

L’attaque israélienne, qui s’est déroulée jeudi à l’aube, n’a pas prévenu les personnes déplacées qui s’étaient réfugiées dans l’école. Quatorze enfants ont été tués, ainsi que neuf femmes, et au moins 74 autres personnes ont été blessées. Selon une analyse des fragments laissés sur place par Al Jazeera, les armes utilisées pour mener à bien l’attaque étaient de fabrication américaine.

Une unité de mesure inertielle du missile, utilisée pour faciliter le ciblage de précision, a été fabriquée par Honeywell, un conglomérat américain spécialisé dans la conception et la fourniture de capteurs et de dispositifs de guidage utilisés dans toute une série d’armes militaires.

L’unité de vérification Sanad d’Al Jazeera a découvert que l’un des fragments trouvés à Nuseirat portait le numéro de fabricant et de catégorie HG1930BA06, ce qui permet de remonter jusqu’à Honeywell. HG1930 fait référence au capteur spécifique fabriqué par l’entreprise.

La même pièce a été trouvée après le bombardement israélien d’une maison palestinienne à Shujayea, à Gaza, en 2014. Les deux pièces, celle de l’attentat le plus récent et celle de l’attentat de 2014, portent le même numéro de pièce du fabricant.

« Nous voyons aussi d’autres numéros comme MFR, HG 1930 et BA 06. C’est le numéro de pièce du fabricant qui fournit des détails plus spécifiques sur le composant des missiles », a déclaré Elijah Magnier, un analyste militaire et politique indépendant, à Al Jazeera. « Si vous regardez l’identification du fabricant, il s’agit d’un format utilisé par le secteur de l’aérospatiale et de la défense aux États-Unis, lié à Honeywell. »

« Honeywell est connu pour la fourniture d’IMU dans les diverses applications militaires, et en particulier les missiles guidés qu’il fournit à l’armée de l’air israélienne depuis l’an 2000. »

Fragment de missile trouvé sur le site d’une attaque israélienne contre une école gérée par les Nations Unies à Nuseirat le 6 juin. Les numéros de fabricant et de catégorie figurant sur le fragment permettent de le rattacher au fabricant américain Honeywell – Photo : Sanad/Al Jazeera

Al Jazeera a contacté Honeywell pour solliciter des commentaires, mais n’a pas encore reçu de réponse.

Les attaques israéliennes contre les locaux de l’ONU sont devenues monnaie courante pendant la guerre d’Israël contre Gaza, qui a tué plus de 36 000 Palestiniens.

Les États-Unis ont été largement dénoncés pour le rôle qu’ils jouent dans le soutien à Israël, et en particulier pour la poursuite de la fourniture d’armes.

Les principaux groupes de défense des droits de l’homme ont accusé à plusieurs reprises Israël de violer le droit international, et Israël fait actuellement l’objet d’une plainte pour génocide devant la Cour internationale de justice.

Le procureur général de la Cour pénale internationale a également demandé des mandats d’arrêt contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la défense Yoav Gallant pour leurs actions à Gaza.

En mai, un rapport du gouvernement américain a conclu à « d’éventuelles » violations du droit international par Israël à Gaza, mais n’a pas identifié les violations qui mettraient fin à la poursuite de l’aide militaire. Le président américain Joe Biden a menacé d’interrompre la fourniture de certaines armes offensives à Israël si ce dernier poursuivait son opération à Rafah, mais il n’a pas mis sa menace à exécution, bien qu’Israël poursuive son action dans cette zone, située au sud de Gaza.

Le centre de Gaza à nouveau attaqué

Le centre de Gaza a récemment fait l’objet d’un bombardement israélien intensif, que les Palestiniens ont décrit comme similaire aux premiers jours de la guerre.

L’attaque contre l’école al-Sardi à Nuseirat fait partie de cet assaut.

« Les bombardements venaient d’ici », a déclaré Naim al-Dadah, un survivant de l’attaque.

« Nous dormions. Le missile a atteint le toit de l’autre côté et tous les débris ont atterri là-bas, de l’autre côté. Ce qui nous est arrivé dépasse l’imagination de quiconque ».

D’autres témoins racontent que l’attaque a déchiqueté les gens. Les survivants ont ramassé des morceaux de corps, dont ceux de nombreux enfants, jusqu’au petit matin. Les débris d’armes étaient éparpillés dans les pièces brisées et les matelas tachés de sang. Plusieurs pièces ont été visées, mais la structure du bâtiment est restée intacte.

Le porte-parole israélien en langue arabe, Avichay Adraee, a vomi que l’école de l’ONU était visée parce qu’elle abritait un poste de commandement du Hamas et des combattants impliqués dans l’attaque du groupe palestinien contre Israël, le 7 octobre, qui a fait 1 139 morts. Il a également osé affirmer qu’Israël avait pris des mesures pour minimiser le risque de pertes civiles. Le directeur du bureau gouvernemental des médias du Hamas, Ismail al-Thawabta, a rejeté les affirmations d’Israël.

En avril, le média +972 Magazine a rapporté qu’Israël utilisait un système de ciblage par intelligence artificielle appelé Lavender dans sa campagne de bombardements à Gaza. Le rapport citait des responsables militaires israéliens qui affirmaient que le système générait des cibles à tuer.

Selon le rapport, pour les cibles de bas niveau du Hamas, l’armée a été autorisée à tuer 15 à 20 civils. Une attaque contre un haut responsable du Hamas ayant le rang de commandant de bataillon ou de brigade a été utilisée pour justifier l’assassinat de plus de 100 civils.

6 juin 2024 – Al-Jazeera – Traduction : Chronique de Palestine