Par Sabri Saïdam
Ce monde est devenu fou dans lequel on voit les États-Unis d’Amérique larguer, par l’intermédiaire de leur allié Israël, des obus et du feu sur les gens dans Gaza, en même temps qu’ils larguent de la nourriture sur les mêmes personnes [en les tuant au besoin]. Est-ce une schizophrénie complète, ou un partage des tâches ?
Comment cela peut-il être le fait de quelqu’un qui fournit à Israël des armes et dit que la guerre ne peut être arrêtée, puis qui envoie son chœur de porte-parole tous les soirs pour présenter au monde des justifications, des excuses et des arguments pour la poursuite de la guerre et justifier l’écrasement continu d’enfants et de femmes ?
Et ce sans remords et uniquement parce qu’ils ont l’oeil rivé sur les indicateurs des élections présidentielles à venir ?
Aucune position, aucune réunion, aucun sommet, aucune protestation, aucun sit-in ni même aucun tribunal n’a réussi à arrêter la guerre, 150 jours après son déclenchement, et la raison en est le veto américain et la décision implicite de la poursuivre.
Cette approche s’accompagne d’un discours toxique dans lequel une défense désespérée de l’État juif a été à chaque fois affichée, l’un des porte-parole américains ayant déclaré : « Les États-Unis n’ont pas observé d’actes à Gaza qui constituent un génocide », puis, quelques jours plus tard, ayant déclaré qu’il n’y avait aucun signe qu’Israël empêchait l’entrée de l’aide, suivi d’affirmations selon lesquelles il n’y avait aucun signe qu’Israël s’en prenait aux enfants, aux femmes et aux personnes âgées.
Il y a eu plusieurs affirmations de ce genre, ce qui a permis à Shlomo de continuer ce qu’il fait dans la guerre d’Amalek [d’extermination] qu’il mène.
Toutefois, à mesure que la course aux élections présidentielles américaines s’intensifiait, les positions ont commencé à bouger, pour montrer, bien que malhonnêtement, un prétendu contraste entre les positions de l’administration américaine et celles de Tel-Aviv.
Washington a également reçu le rival de M. Netanyahu, son principal concurrent pour le poste de premier ministre et l’un des piliers de son conseil de guerre, Benny Gantz.
La vice-présidente américaine a fait une déclaration il y a quelques jours, plus précisément le 3 mars, appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza : « Nous avons vu des personnes affamées et désespérées s’approcher des camions d’aide, essayant simplement d’obtenir de la nourriture pour leur famille après des semaines d’absence quasi totale d’aide dans le nord de Gaza, et elles ont été accueillies par des coups de feu et le chaos ».
Ces propos viennent du cœur de la Maison Blanche, qui affirme qu’Israël entrave l’acheminement de l’aide et que les États-Unis continueront à larguer de la nourriture par avion aux Gazaouis affamés, en utilisant toutes les méthodes possibles pour acheminer la nourriture. C’est vraiment étrange !
La question reste donc simple : Pourquoi n’arrêtez-vous pas le flux d’armes et d’aide si vous vous préoccupez réellement du sort des innocents à Gaza et en Cisjordanie, au lieu de vous préoccuper de votre maintien au pouvoir ?
Aussi, pour que les contrecoups de la situation en Palestine n’influencent pas vos urnes, pour que Gaza ne contribue pas au renversement des démocrates en faveur de leur rival, Trump ?
Assez, pour l’amour de Dieu ! Assez de se moquer des peuples libres du monde et de notre peuple en Palestine meurtrie.
La pièce est devenue grotesque, vos affaires sont devenues scandaleuses, et le rôle de vos porte-parole dans le service et la défense de l’occupation est devenu clair pour les jeunes et les moins jeunes en Palestine et dans le monde entier.
Assez de mépris et d’ignorance du reste du monde, car le largage de bombes et le largage de nourriture ne peuvent aller de pair.
Ceux qui veulent faire preuve de compassion à l’égard des malheureux qui attendent de pouvoir satisfaire leur faim et celle de leurs enfants doivent d’abord cesser de les tuer par leurs paroles et leurs actes.
« La mort contre la nourriture » est une formule que personne n’accepterait et dont personne ne peut être convaincu, même si certains essaient de la blanchir et de l’affiner.
La réalité froide, dure et bouleversante est qu’une humanité au rabais ne peut être tolérée. Seule une humanité pleine d’action, d’honnêteté et de crédibilité peut l’être. Ont-ils reçu le message ? Nous attendrons de voir.
Auteur : Sabri Saïdam
8 mars 2024 – Al-Qods – Traduction : Chronique de Palestine