Par Yumna Patel
La guerre israélienne contre la résistance armée en Cisjordanie continue de s’intensifier. Mais la nouvelle génération de combattants préfère mourir que de vivre sous occupation.
Ces quelques heures ont été les plus sanglantes que la Cisjordanie ait connues depuis des années.
Dix Palestiniens ont été tués dans un seul raid de l’armée israélienne, et des dizaines d’autres ont été blessés.
Pour les Palestiniens il s‘agit d’un massacre – et il s’est déroulé dans une zone de moins d’un demi-kilomètre carré.
Dans le quartier de Jorat al-Dhahab, au cœur du camp, la maison de la famille al-Sabbagh a été sauvagement attaquée par les forces israéliennes qui voulaient tuer un groupe de combattants qui se trouvait à l’intérieur.
À la fin du raid, trois des combattants ont été tués, un quatrième a été grièvement blessé et les forces israéliennes ont arrêté un cinquième résistant. Il s’agissait de Ziad al-Sabbagh, le fils d’un combattant qu’Israël a tué lors de la seconde Intifada.
« La maison a été perquisitionnée et bombardée sans aucun préavis. Les personnes à l’intérieur de la maison ont été gravement blessées », a déclaré Mohammad al-Sabbagh, l’oncle de Ziad, à Mondoweiss, debout devant les restes bombardés de la maison de sa famille.
Mohammad a déclaré que le raid ne ressemblait à rien de ce qu’il avait vu depuis des années.
« Ils tiraient sans arrêt des roquettes et des bombes sur les combattants qui se trouvaient à l’intérieur de la maison. Ils ont continué à tirer des roquettes et à endommager la maison alors même qu’ils savaient que les jeunes résistants étaient morts », a-t-il déclaré.
« Ce n’est que le dernier épisode de la férocité et de la barbarie israéliennes contre le peuple palestinien. »
Le raid
Le camp de réfugiés de Jénine abrite plus de 15 000 réfugiés palestiniens, les descendants de ceux qui ont été chassés de chez eux par les milices sionistes en 1948, lors de la création de l’État d’Israël.
Il abrite également un certain nombre de groupes palestiniens armés, qui affrontent régulièrement les soldats israéliens lors des incursions de l’armée dans le camp.
Le matin du 26 janvier, ses résidents se sont retrouvés en zone de guerre. Vers 7 heures ce matin-là, les forces spéciales israéliennes sont entrées dans le camp à bord de véhicules civils privés, et presque immédiatement, la bataille a commencé.
Les groupes armés du camp ont commencé à riposter aux forces israéliennes qui attaquaient la maison de la famille al-Sabbagh et les combattants qui s’y trouvaient.
Pendant le déploiement des renforts, les soldats israéliens ont positionné des tireurs d’élite sur les toits du camp, ont fait irruption dans les maisons et les ont mises à sac.
« Ils ont enfoncé la porte et ont commencé à tout détruire dans la maison », a déclaré à Mondoweiss Siham Abu Siriya, une habitante du camp qui vit à proximité de la maison de la famille al-Sabbagh. La cuisine de sa maison était remplie de gravats suite au raid de la veille.
« »Ils sont entrés par la cuisine et le salon et ont posté des snipers partout. Ils tiraient sur tous ceux qui s’approchait de cette zone”.
Une vidéo publiée par l’armée israélienne montre ses soldats tirant au lance-roquettes en direction de la maison de la famille al-Sabbagh depuis la fenêtre de la cuisine de la maison d’Abu Siriya.
« Ils ont attaqué la maison où se trouvaient les combattants depuis chez moi, depuis cette fenêtre », a-t-elle déclaré.
L’explosion a causé d’importants dégâts (vitres cassées, toits effondrés) aux maisons voisines, blessant de nombreux résidents.
« Notre maison, ainsi que toutes les maisons des voisins, ont été touchées. Toutes les vitres sont cassées, depuis hier, les gens ne font que nettoyer les maisons », a déclaré Abu Siriya.
« Que pensez-vous que nous ressentons ? Bien sûr, tous ces dégâts nous affectent, mais ce n’est pas grave. Nous luttons pour notre patrie, notre jeunesse, et toute la Palestine. »
Ils ciblent les civils
Le raid de l’armée israélienne sur le camp a duré près de cinq heures. L’armée a affirmé avoir ciblé des combattants palestiniens qui « présentaient le risque important » de mener de futures attaques contre des Israéliens. Mais les résidents du camp affirment que l’armée a visé tout le monde, aussi bien les combattants que les civils.
Parmi les neuf personnes tuées figurent deux enfants, Abdullah Mousa, 17 ans, et Waseem al-Ja’es, 16 ans. Abdullah a été abattu par un sniper, tandis que Waseem a été écrasé par un véhicule militaire israélien.
Le ministère de la santé a déclaré que les lacérations qu’il avait à la la tête étaient si graves qu’il n’a pas pu déterminer s’il avait également reçu une balle dans la tête.
Dans une autre partie du camp, Majida Obaid, 61 ans, lisait le Coran et priait lorsqu’elle a été abattue par la fenêtre du dernier étage de sa maison.
Sa fille Kefaya était avec elle.
« Ma mère s’est levée ici après avoir prié, elle voulait regarder dehors et voir ce qui se passait. J’étais en bas. Elle s’est levée pour regarder, et immédiatement elle a reçu une balle dans le cou et une autre dans le cœur. La balle est passée par ici et a traversé la télévision », a raconté Kefaya à Mondoweiss.
« Je suis arrivée et j’ai vu que la chaise était tombée, qu’elle était sur le sol et saignait abondamment. Je l’ai prise dans mes bras. Vous pouvez encore voir son sang sur le sol », a-t-elle poursuivi.
« Il n’y avait pas de doute que c’était une femme. Le sniper ne voyait-il pas qu’elle n’était pas armée ? » Kefaya s’est indignée, affirmant que la famille était « sûre que c’était un sniper » qui avait tiré sur sa mère.
« Peut-être que la première balle était une erreur, mais la deuxième balle ? » a-t-elle demandé.
« C’était une femme, non armée. Elle n’avait pas d’armes ou quoi que ce soit. Elle voulait juste voir ce qui se passait dans son quartier. Et ils lui ont tiré dessus. En l’espace d’une seconde, elle a été tuée. »
L’armée empêche les secours d’arriver
Au cours du raid, les forces israéliennes ont fermé toutes les entrées et sorties du camp, empêchant tout le monde d’entrer ou de sortir – y compris les ambulances et les médecins. Au moins une ambulance a été visée par des tirs à balles réelles.
« On a empêché les ambulances d’entrer. Il y avait des gens qui saignaient sur le sol. Les ambulances n’ont pas pu entrer », a déclaré Kefaya Obaid.
« Qu’ont-ils fait de mal ? Les ambulanciers doivent être là pour aider à soigner les blessés et sauver les gens. Pourquoi vouloir leur mort ? Pourquoi ? »
Khaled al-Ahmad et ses équipes du Croissant-Rouge palestinien sont arrivés tout de suite après le début du raid. Mais il a raconté à Mondoweiss que les soldats israéliens avaient forcé les médecins et les ambulances à attendre pendant plus d’une heure et demie avant de les laisser entrer dans le camp pour soigner les blessés.
« Aux entrées du camp, il y avait beaucoup de soldats, une [présence militaire] très importante. Il n’y avait aucun moyen d’entrer sans autorisation de la sécurité israélienne. Nous avons essayé d’entrer plusieurs fois, mais nos tentatives ont échoué. Nous n’étions pas autorisés à entrer. Il n’y avait aucun moyen », a déclaré al-Ahmad.
Si les ambulances essayaient d’entrer dans le camp, dit-il, « on nous bloquait ou on nous tirait dessus ».
Mondoweiss a demandé à al-Ahmad ce qu’il ressentait en tant qu’infirmier, de voir des personnes blessées sans pouvoir les aider.
« C’était horrible. J’avais envie de pleurer. Je me disais : ‘Et si c’était mon fils, mon oncle ou ma fille ?’ Qu’est-ce que vous croyez qu’on ressent dans un cas pareil ? Il n’y a pas de mots pour décrire ce que je ressentais », a-t-il déclaré.
« C’est vraiment terrible parce que je me disais qu’ils étaient peut-être encore en vie et que si je pouvais arrêter l’hémorragie ou les aider, ils pourraient survivre ».
Le matin du raid, neuf personnes ont été tuées en l’espace de quelques heures. Quelques jours plus tard, un dixième Palestinien, également combattant dans le camp, a succombé aux blessures qu’il avait reçues pendant le raid.
Al-Ahmad a déclaré à Mondoweiss qu’il pensait que si ses équipes avaient été autorisées à entrer dans le camp pour soigner les blessés, le nombre de morts aurait été moins élevé.
Des confrontations incessantes
Le camp de réfugiés de Jénine a une longue histoire de confrontation avec l’occupation israélienne, et pour les Palestiniens, le camp de réfugiés de Jénine est devenu au fil des ans synonyme de lutte armée.
En 2002, en pleine deuxième Intifada, l’armée israélienne a lancé une invasion massive du camp de réfugiés de Jénine à la suite d’un certain nombre d’attentats-suicides à la bombe à l’intérieur du territoire israélien.
Au cours de cette invasion, l’armée a tué plus de 50 Palestiniens et détruit plus de 400 maisons dans le camp, déplaçant plus d’un quart de la population totale du camp.
Plus de 20 ans plus tard, les effets de l’invasion de 2002 se font toujours sentir dans le camp.
« Chaque maison du camp de Jénine compte des martyrs, des prisonniers et des blessés. Ils se sont habitués à l’intensité de la violence. Les gens se sont habitués aux meurtres et à la barbarie. Lorsqu’un peuple entier est asservi, aucun de ses membres ne peut se sentir en paix », a déclaré à Mondoweiss Jamal Hweil, leader d’une communauté et activiste.
Kafaya Obaid, qui partage ses sentiments, a ajouté : « Pendant l’invasion [2002] du camp, ils [l’armée israélienne] détruisaient les maisons, et notre maison a été détruite. »
« Tout le monde dans ce camp a souffert. Allez de maison en maison, s’il n’y a pas de martyr, il y a un prisonnier, s’il n’y a pas de prisonnier, il y a un martyr. C’est bien connu. C’est notre réalité », a-t-elle déclaré.
Lors du raid de janvier, Mohammad al-Sabbagh a vu la maison de sa famille détruite pour la troisième fois.
La première démolition a eu lieu en 1991, en pleine première Intifada, après que les forces israéliennes ont arrêté Mohammad, qui allait passer 22 ans comme prisonnier politique.
En 2002, alors que Mohammad fêtait ses 11 ans de prison, son frère Alaa avait lui aussi rejoint la résistance armée et s’était activement battu contre l’invasion du camp par Israël cette année-là.
Une grande partie de la vie d’Alaa est racontée dans le film de 2004, Les enfants d’Arna. Alaa al-Sabbagh a été tué en novembre 2002, et la maison de la famille Sabbagh a été détruite pour la deuxième fois.
Deux semaines avant d’être tué, Alaa avait accueilli un petit garçon, Ziad.
Lors du raid de l’armée le 26 janvier, 21 ans après la mort de son père, Ziad al-Sabbagh s’est barricadé avec ses camarades à l’intérieur de la maison familiale pendant l’assaut de l’armée. Il en soit sorti vivant et il a été arrêté par les forces israéliennes.
Et la maison de la famille al-Sabbagh a été une nouvelle fois détruite. C’est le destin des Palestiniens. J’ai passé 23 ans en prison.
« On ne s’habitue à rien. La perte est dure. Perdre la maison avec toute son histoire et ses souvenirs n’est pas facile. Mais c’est le destin du peuple palestinien. Tant que l’occupation durera, nous résisterons. Tant qu’il y aura des raids, nous nous défendrons », a-t-il déclaré.
En 2002, l’armée avait présenté l’invasion meurtrière du camp comme une mesure défensive visant à prévenir de futures attaques contre des citoyens israéliens. Le raid du 26 janvier a été justifié pour les mêmes raisons.
Mais selon les résidents, les raids fréquents d’Israël au fil des ans n’ont fait que créer plus de ressentiment et inciter davantage de personnes à prendre les armes.
« Tous ceux qui se soucient de la vérité doivent se demander si la résistance est le résultat ou la cause. La cause est la présence de l’occupation. La cause est l’existence du camp [de réfugiés], le déplacement forcé des Palestiniens et la persistance de la question des réfugiés », a déclaré Jamal Hweil à Mondoweiss.
« La cause est l’occupation de nos terres. La résistance n’est pas la cause. La résistance est la conséquence. »
Le 7 avril 2022, une semaine après qu’un raid israélien sur le camp de réfugiés de Jénine a tué deux Palestiniens, dont un enfant, Raad Khazem, 28 ans, a quitté sa maison dans le camp et s’est rendu à Tel Aviv.
Cette nuit-là, il a abattu trois Israéliens et en a blessé plusieurs autres dans la rue Dizengoff, au cœur de la ville.
Raad a été abattu par la police israélienne tôt le lendemain matin à Yaffa.
Il est l’un des 17 Palestiniens du camp de réfugiés de Jénine qui ont été tués par les forces israéliennes en 2022. La grande majorité d’entre eux ont été tués lors de raids de l’armée dans le camp, bien qu’au moins deux d’entre eux, dont Raad, aient été tués après avoir tiré sur des Israéliens.
« Quiconque pense que tuer et détruire va apporter la paix et la sécurité à son peuple se fait des illusions », a déclaré Mohammad al-Sabbagh, en référence à la politique du gouvernement israélien en Cisjordanie.
« Tout le monde paie le prix de cette politique, les israéliens comme les Palestiniens. La politique de massacres et de destructions n’apportera jamais la paix, le calme ou la sécurité. »
Une nouvelle génération de combattants
En 2022, l’armée israélienne a mené plus d’une douzaine d’incursions dans le camp de réfugiés de Jénine.
Ces raids s’inscrivent dans le cadre de l’opération « Break the Wave », la réponse de l’armée israélienne à la multiplication de groupes armés en Cisjordanie.
Pour la première fois depuis la deuxième Intifada, les Palestiniens prenaient collectivement les armes pour résister à l’oppression israélienne, et le camp de réfugiés de Jénine montrait l’exemple.
« Le monde doit savoir que nous ne sommes pas des terroristes, comme le prétend l’occupation [israélienne] », a déclaré à Mondoweiss un jeune combattant de la brigade de Jénine, un groupe local de combattants armés dans le camp de réfugiés de Jénine.
« Nous combattons au nom de Dieu. Nous sommes sortis du ventre de nos mères pour combattre cet occupant, qui a volé notre religion, nos coutumes, nos traditions, et qui a tué nos pères et nos frères. »
« Le monde doit savoir que nous ne sommes pas des terroristes. S’il y a un terroriste, c’est l’occupation, elle-même », a-t-il déclaré.
Lorsque Mondoweiss lui a demandé ce qui les avaient motivés, lui et d’autres jeunes gens, à rejoindre la résistance armée, le combattant a déclaré : « Ce qui m’a poussé vers la résistance, ce sont les convictions personnelles que je me suis faites en voyant ce que j’ai vu dans ma vie. »
« Nous avons été élevés au milieu de cela, chaque jour un raid de l’armée, chaque jour une attaque, chaque jour quelqu’un est arrêté, chaque jour des jeunes sont exécutés, des femmes sont exécutées. L’Occupation entre dans le camp et dans la ville sans faire de différence entre les vieux et les jeunes. Elle tue quiconque se trouve sur son chemin », a-t-il poursuivi.
« C’est une réalité avec laquelle nous avons grandi en tant qu’enfants, alors bien sûr nous allons devenir des combattants, nous n’allons pas rester assis derrière un bureau ».
La brigade de Jénine a été créée en 2021 par des combattants affiliés au mouvement du Jihad islamique, mais elle a depuis évolué pour inclure des combattants de plusieurs factions du camp.
Ce nouveau modèle interfactionnel a depuis inspiré la naissance de groupes basés en dehors de Jénine, qui diffusent des messages d’unité palestinienne contre l’occupation israélienne.
C’est un message qu’on n’entendait plus depuis des années et qui a séduit principalement les jeunes hommes, de plus en plus désabusés par leurs propres dirigeants après des décennies de luttes politiques intestines et un processus de paix au point mort.
Lorsqu’on lui demande pourquoi des jeunes hommes comme le combattant qui a parlé avec Mondoweiss rejoignent la résistance armée, Jamal Hweil répond : « C’est simple ».
« Ils n’ont plus d’espoir. Plus d’espoir dans une solution politique juste qui établirait un État palestinien, dans lequel nous pourrions vivre en tant que citoyens dans la dignité et la paix avec nos voisins », a déclaré Hweil.
« Vous faîtes cela quand vous perdez espoir et que vous sentez que les dirigeants actuels sont incapables de faire quoi que ce soit. La terre est occupée, l’occupation contrôle les passages frontaliers, contrôle l’air, contrôle la mer à Gaza. Cette génération voit la frustration, elle voit l’impasse politique, elle voit la dégradation des conditions économiques ; à votre avis, que devraient faire ces jeunes? » a-t-il demandé.
« Ces jeunes qui vivent dans les ruelles que vous voyez ici ? Entassés dans ces quartiers exigus depuis 75 ans. Comme nous le disons toujours, la révolution naît du désespoir. Tout est lié. La situation politique, les conditions économiques, la terreur sioniste constante, cela pousserait même les pierres elles-mêmes à parler et à dire : ‘Je résisterai à l’occupation’. »
« Fatigués des négociations »
Le 26 janvier, au moins six des Palestiniens tués lors de l’opération de l’armée dans le camp étaient des combattants.
Quatre d’entre eux étaient âgés d’une vingtaine d’années. Le jeune frère d’Ammar Salahat, Izz al-Din, était l’un d’entre eux.
« Dans le camp de Jénine, nous nous sommes habitués à cette situation. Chaque jour, il y a un martyr, chaque jour. Nous nous sommes habitués à cela. Qu’est-ce que je peux dire d’autre ? Depuis deux ans, il n’y a pas une nuit ou un jour où nous pouvons dormir tranquille. Le jour est devenu la nuit, et la nuit est devenue le jour. C’est la réalité dans le camp. »
Lorsqu’on lui demande pourquoi son jeune frère veut rejoindre la résistance armée, Ammar répond : « Nous sommes assiégés de tous les côtés. Nous ne pouvons pas voyager, ni nous déplacer librement. Les jeunes hommes sont sous pression, nous sommes préssurés de tous les côtés. x
« Chacun de ces jeunes a un martyr comme père frère, ou oncle. Quand ils grandissent, ils veulent être comme leur oncle ou leur frère. Aux informations, ils ne parlent que de Jénine. Les gens veulent faire quelque chose », a-t-il poursuivi.
« Assez des ‘négociations’. Ces négociations ne nous ont rien apporté. Depuis que je suis né, j’entends parler de négociations, et tout cela n’a servi à rien. On ne peut pas négocier avec Israël. »
La tension monte sous le nouveau gouvernement israélien
Dans la soirée du vendredi 27 janvier, un jour après le raid meurtrier de l’armée dans le camp de réfugiés de Jénine, la nouvelle est tombée qu’un tireur palestinien avait abattu sept personnes dans une colonie israélienne illégale à Jérusalem-Est occupée.
Le jeune homme qui a tiré a été identifié comme étant Khairi Alqam, 21 ans, résident de Jérusalem-Est et petit-fils d’un Palestinien assassiné par un colon israélien en 1998.
Alqam a été abattu sur place et des célébrations ont éclaté dans tout le territoire occupé, y compris à Jénine, où les gens ont considéré la fusillade comme une réponse claire au raid de l’armée la veille.
La réponse du gouvernement israélien à la fusillade a été rapide, annonçant des mesures radicales qui, selon les groupes de défense des droits, ressortent de la punition collective.
Moins d’un jour après la fusillade, plus de 50 membres de la famille et amis d’Alqam ont été arrêtés, et la maison familiale a été scellée en vue de sa démolition.
Des ministres israéliens ont demandé l’expulsion de la famille d’Alqam et l’assouplissement des restrictions sur les armes à feu afin de faciliter le port d’armes pour les citoyens israéliens.
Dans le même temps, des colons israéliens de Cisjordanie ont mené une série d’attaques « de vengeance » contre des Palestiniens, brûlant des maisons et des voitures, lançant des pierres sur des véhicules palestiniens et tirant même sur des Palestiniens à balles réelles.
Il a été signalé qu’en une seule nuit, les colons ont mené près de 150 attaques contre des Palestiniens et leurs biens.
Les résidents du camp de réfugiés de Jénine, ont affirmé que tant que la violence et l’occupation israéliennes persisteront, la résistance palestinienne fera de même.
« Le peuple palestinien n’est pas différent des autres peuples du monde. Il n’acceptera pas la servitude, il n’acceptera pas l’occupation, il n’acceptera pas l’humiliation », a déclaré Hweil.
« Le camp [de réfugiés] de Jénine restera un symbole de fierté, de dignité, de liberté et de justice pour tous dans le monde. »
Lorsqu’on lui a demandé ce qu’elle espérait pour l’avenir, Kefaya Obaid a répondu : « Si Dieu le veut, ce camp qui est coincé ici, en plein dans la gorge de l’Occupation, y restera jusqu’à ce qu’il les étouffe et qu’ils quittent notre terre. »
« Ils sont venus et nous ont occupés, et non l’inverse. Ils sont venus sur notre terre, nous ne sommes pas allés les chercher. Et si Dieu le veut, l’occupation prendra fin », a-t-elle déclaré.
Mohammad al-Sabbagh a insisté sur le fait que tant que peuple palestinien n’aura pas retrouvé sa liberté, tout le monde continuera à souffrir.
« Tant que le peuple palestinien n’aura pas droit à la stabilité, à la liberté et à la sécurité, le peuple israélien et les peuples du monde n’en auront pas non plus. »
Auteur : Yumna Patel
* Yumna Patel est directrice de l'information sur la Palestine pour la publication américaine Mondoweiss. Elle est basée à Bethléem, en Cisjordanie occupée et fait des reportages sur le territoire depuis plusieurs années. Son compte twitter.
5 mars 2023 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet