Par Shatha Hanaysha
Les forces israéliennes d’occupation ont effectué une attaque de drone sur un camp de réfugiés bondé, tuant cinq personnes dont une ambulancière et sa fille. Des témoins direct ont déclaré que les forces israéliennes avaient profané les corps à l’aide d’un bulldozer avant de les emporter avec eux.
En l’espace de 24 heures, entre lundi et mardi, les forces israéliennes ont tué au moins 11 Palestiniens lors de raids et d’opérations militaires en Cisjordanie occupée. Parmi eux, cinq Palestiniens ont été tués par une frappe de drone dans le camp de réfugiés de Tulkarem, dont une ambulancière et sa fille, ainsi que les commandants de groupes de résistance armés dans le camp.
Outre les cinq Palestiniens tués à Tulkarem, six autres Palestiniens ont été tués dans d’autres régions de Cisjordanie, dont un martyr dans le camp de réfugiés de Qalandia, un autre à Tubas, deux à Hébron et un martyr qui a succombé à ses blessures il y a environ une semaine.
Mardi à l’aube, l’armée israélienne a mené une opération militaire de grande envergure dans le camp de réfugiés de Tulkarem, qui a duré 16 heures. Au cours de cette opération, l’armée a détruit les infrastructures du camp et des dizaines de magasins, tandis que les bulldozers israéliens ont démoli de nombreux murs extérieurs de maisons.
Les résidents du camp de réfugiés de Tulkarem ont décrit l’opération comme l’une des plus dures et des plus difficiles que le camp ait jamais connues, compte tenu de la façon macabre avec laquelle les martyrs ont été abattus et leurs corps abusés et maltraités.
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Des photos sont devenues virales sur les réseaux sociaux après le raid, montrant un bulldozer militaire israélien transportant les corps de quatre des martyrs dans la lame avant de l’engin.
Selon le ministère palestinien de la santé, les corps des quatre martyrs ont été pris et détenus par les forces israéliennes.
Ils ont été identifiés comme étant Ashraf Eid Zaher Nafe’, Mohammed Ibrahim Awad, Mohammed Badi’ Mohammed Radwan, et Bayan Mohammed Jumaa Salama Eid.
La mère de Bayan, Eman Abdullah Salem, une ambulancière, a également été tuée, mais son corps n’a pas été emporté par l’armée et a été enterré mercredi.
Pendant ce temps, les forces d’occupation ont empêché les ambulances d’entrer dans le camp et ont tiré sur les équipes médicales.
L’un des secouristes bénévoles du camp de réfugiés de Tulkarem a déclaré à Mondoweiss que lui et d’autres secouristes étaient postés à plusieurs endroits du camp en prévision d’une éventuelle urgence.
« Ce qui s’est passé, c’est que nous avons soudain entendu le bruit du bombardement et nous nous sommes précipités », a-t-il déclaré, faisant référence à la frappe de drone qui a visé le camp vers 6h40 dans le quartier d’al-Hamam.
« Nous avons réussi à atteindre le site et nous avons trouvé le bulldozer [de l’armée] en train de nettoyer la zone. Nous avons trouvé l’un des martyrs dont la tête était méconnaissable, et il y avait des intestins sur le sol », a-t-il déclaré.
« Nous avons dit aux soldats que nous étions des secouristes, que nous portions des uniformes d’ambulanciers et que nous avions des cartes d’identité, mais ils nous ont ordonné de repartir. Nous avons essayé de sortir les martyrs de la zone, mais les soldats israéliens sont arrivés et nous ont empêchés de nous approcher, et ils nous ont dit que tout le camp serait démoli. »
Il a ajouté : « Ils ont levé le bulldozer et ont frappé les corps avec, alors nous leur avons protesté. Nous avons essayé de sortir un martyr, dont le bras était coupé à l’épaule. Ensuite, nous avons réussi à sortir une femme martyre (Eman Salem) avec beaucoup de difficultés. Nous avons également eu deux blessés avec des éclats d’obus dans l’abdomen que nous n’avons pas pu soigner. Le bulldozer est ensuite revenu et a de nouveau frappé les corps. Ils ont chargé les corps sur le bulldozer, et les trois derniers martyrs étaient en morceaux lorsqu’ils ont commencé à les frapper avec le bulldozer ».
Dès que les forces israéliennes se sont retirées du camp, les habitants sont sortis dans les rues, pour constater qu’elles étaient pratiquement méconnaissables en raison des destructions. Ils ont trouvé des tas de décombres provenant des maisons et des magasins que les bulldozers israéliens avaient détruits au cours de l’opération, ainsi que des dégâts aux réseaux d’eau, d’électricité, de communication et d’égouts.
L’une des femmes du camp a déclaré : « Pendant un moment, je n’ai pas reconnu la rue dans laquelle je passe tous les jours. Les destructions sont très importantes dans les maisons, les rues et les magasins. Mais Dieu merci, c’est pour le bien de la résistance et de la jeunesse ».
Un résident du camp a déclaré à Mondoweiss : « Nous sacrifions notre sang pour le camp. Tout ce qui est détruit, nous le reconstruirons. Les camps sont purs, ils font partie des endroits les plus purs du monde. Les réfugiés sont le début et la fin de l’histoire. Les habitants de Gaza sont une couronne sur nos têtes, qu’ils soient verts, jaunes ou rouges (en référence aux différents partis politiques). Tout se résume à un seul objectif : la libération de la terre et du peuple de l’occupation ».
Il a poursuivi : « L’occupation pense que ceux qui portent des armes dans ce pays cherchent la mort. Non, nous voulons vivre dans la dignité. Nous ne demandons pas de maisons, de nourriture ou de boisson ; nous voulons seulement vivre dans la dignité. Nous voulons que notre terre soit libérée de l’occupant et des colons criminels ».
Le camp de réfugiés de Tulkarem, situé dans le nord de la Cisjordanie, a été la cible de l’armée israélienne pour ses activités de résistance armée au cours des dernières années.
Cependant, les événements du 7 octobre ont considérablement accéléré les activités de résistance armée dans le camp de Tulkarem en raison de la situation géographique de la ville et de sa proximité avec les points de contrôle militaires et les colonies israéliennes.
La résistance dans le camp de Tulkarem a réussi à mener des opérations de tir et une série d’attaques ciblées avec des engins explosifs au cours des derniers mois. Cela a suscité de vives réactions de la part des membres du gouvernement israélien d’extrême droite, qui ont demandé que la ville et ses camps soient transformés en champs de ruines.
La dernière opération militaire israélienne est l’une des nombreuses qui visent non seulement à cibler les combattants de la résistance, mais aussi à détruire les infrastructures du camp de réfugiés dans le cadre d’une politique de punition collective.
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Après la fin de l’opération dans le camp de réfugiés de Tulkarem, les forces spéciales de l’armée israélienne ont fait une incursion dans la zone d’Azbat al-Jarad, toujours dans la ville de Tulkarem, et ont encerclé un immeuble résidentiel. Cela a conduit à des affrontements intenses qui se sont terminés par le kidnapping de trois jeunes hommes, dont l’un a été blessé.
Une photo publiée sur les médias sociaux montre que les forces israéliennes ont placé une personne blessée à l’avant d’un véhicule militaire et l’ont utilisée comme bouclier humain. La situation s’est terminée par son arrestation.
Ce n’est pas la première fois que l’armée israélienne agit de la sorte. Un incident similaire s’est produit à Jénine lorsqu’elle a placé un blessé à l’avant d’un véhicule militaire, l’a fait parader et l’a utilisé comme bouclier humain avant de le remettre aux équipes médicales.
Les forces spéciales israéliennes tuent un officier de l’Autorité palestinienne à Tubas
Tôt mercredi matin, les forces spéciales de l’armée israélienne ont fait une incursion dans une zone proche du siège du bureau des douanes de Tubas, dans le nord de la vallée du Jourdain, en Cisjordanie. Elles y ont assassiné l’un des agents des douanes et en ont blessé un autre avec des blessures modérées.
Le Croissant Rouge Palestinien a identifié le douanier martyr comme étant Abdul-Nasser Sarhan, 23 ans, (du camp de réfugiés de Balata, dans la région de Naplouse).
Une vidéo capturée par une caméra de vidéosurveillance dans la zone montre une camionnette banalisée s’arrêtant à côté du siège du bureau des douanes. Les forces spéciales sont descendues du véhicule et ont tourné au coin de la rue au moment où Sarhan sortait du bâtiment.
Elles lui ont tiré dessus à bout portant, le faisant tomber au sol, avant que les forces spéciales ne battent en retraite. Selon le Croissant-Rouge, ses équipes de première intervention ont été empêchées d’approcher Sarhan pendant plusieurs heures avant de le transférer à l’hôpital gouvernemental turc de la ville de Tubas.
La violence et les meurtres perpétrés par l’armée israélienne en Cisjordanie se sont intensifiés depuis le 7 octobre, avec des frappes de drones comme celle de Tulkarem et des assassinats comme celui de Tubas qui deviennent de plus en plus fréquents.
Récemment, le ministre israélien de la Défense, Yoav Galant, a annoncé la levée des restrictions sur l’utilisation des avions de guerre en Cisjordanie et a donné l’ordre à l’armée israélienne d’« éliminer » les brigades armées qui s’y trouvent.
Selon le ministère palestinien de la santé, 589 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes en Cisjordanie depuis le 7 octobre, dont 142 enfants.
Auteur : Shatha Hanaysha
24 juillet 2024 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine