Par Ramona Wadi
Si l’on écoutait le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, la définition de génocide serait modifiée.
La définition qu’Israël donne de ses intentions et actions génocidaires ont été résumées par lui comme étant « une guerre morale et juste » menée par l’entreprise de colonisation de peuplement et l’armée israélienne.
« Cette campagne internationale de diffamation ne fera pas trembler notre bras ni n’affaiblira notre détermination de combattre jusqu’au bout, » a affirmé Netanyahu.
Au bout de quoi ? Le nettoyage ethnique complet de Gaza ?
A la Cour internationale de Justice (CIJ) la semaine dernière, Israël a déroulé son récit forgé de toutes pièces de défense de sa sécurité, et comme on pouvait s’y attendre, a rejeté sur le Hamas la responsabilité des milliers de blessés et de morts palestiniens qu’ont fait les frappes aériennes israéliennes.
L’état d’apartheid a aussi joué la carte humanitaire, bien qu’utilisant la famine, ente autres tactiques, pour anéantir la population palestinienne.
Les corridors humanitaires ont été bombardés, l’aide alimentaire n’a pas pu entrer à Gaza et, occasionnellement lorsque cela a été possible, les provisions étaient bien maigres par rapport à l’ampleur des privations causées par l’entreprise de destruction et de mort d’Israël.
Sans parler des soldats israéliens qui ont tiré sur les civils palestiniens alors qu’ils se pressaient autour des camions pour obtenir des vivres. Ou sur des enfants ramassant de la farine répandue sur le sol.
Le génocide n’est pas une invention – ou une « campagne de diffamation » comme Netanyahu voudrait nous le faire croire – et Israël, bien sûr, a perfectionné ses méthodes.
Cependant, pas même Israël ne croit en ses propres mensonges, et encore moins le reste de la communauté internationale.
Les alliances et la complicité sont ce sur quoi Israël compte, néanmoins.
On le laisse maître de son récit de sécurité parce que les liens sont profondément ancrés et la dépendance à la technologie militaire d’Israël est la faiblesse majeure de trop nombreux gouvernements. A tel point, qu’en fait, le Jerusalem Post fait de la publicité pour l’armement israélien utilisé à Gaza.
Comme pour célébrer les « 100 jours de la guerre Israël-Hamas » – l’euphémisme d’Israël pour le génocide – un article récent dresse la liste des nouvelles armes et fournitures médicales israéliennes destinées à l’armée.
L’accent étant mis sur le ciblage de précision et les mortiers à la « précision améliorée … pour utilisation contre les terroristes dans les zones peuplées », peut-être qu’Israël peut expliquer pourquoi le ciblage de précision accroit le nombre de mort chez les civils palestiniens, à moins qu’Israël ne cible précisément les civils.
Ceci outre l’affirmation d’Israël qu’il a aussi utilisé des bombes guidées, « l’objectif étant davantage d’attaques en moins de vols ». Le Jerusalem Post remarque que, « Israël est le premier pays à les utiliser en opérations. »
Qu’Israël ait recours à des frappes de précision ou des bombes non guidées, les civils en sont la cible dans une bande territoriale où aucun endroit n’est sûr et la seule façon d’y échapper est le transfert forcé, objectif préféré que les dirigeants israéliens n’ont cessé de vanter qu’à mesure qu’approchait l’audience de la CIJ.
Il n’y a pas de campagne de diffamation envers Israël. L’état colonial de peuplement s’est targué d’avoir l’intention d’anéantir les Palestiniens à Gaza et a mené des actions génocidaires qui prouvent l’intention.
Qui plus est, il s’est déjà glorifié de sa propre impunité devant la CIJ lorsqu’il a déclaré qu’une décision de la cour accordant les mesures conservatoires requises pour mettre fin au génocide « garantirait sa violation par Israël dès qu’elle serait rendue. »
Le message sous-jacent est qu’on n’empêchera pas Israël de commettre un génocide parce qu’Israël s’estime au-dessus du droit international et des conventions internationales.
Si la communauté internationale ne parvient pas à arrêter cet « état voyou », un nouveau niveau en matière d’impunité et de complicité de génocide sera introduit.
Auteur : Ramona Wadi
* Ramona Wadi est rédactrice au Middle East Monitor. Écrivain, chercheuse et journaliste indépendante, elle est également critique. Ses écrits couvrent une série de thèmes en relation avec la Palestine, le Chili et l'Amérique latine. Elle contribue régulièrement au PalestineChronicle.com. Consultez son site internet. Son compte Twitter.
16 janvier 2024 – Middle East Monitor – Traduction: Chronique de Palestine – MJB