Dans sa fuite en avant, l’État génocidaire veut une guerre régionale

Khan Younis, Gaza - Troupes israéliennes d'occupation en ligne de mire d'un tireur isolé de la résistance palestinienne - Photo : via Al-Manar

Par Robert Inlakesh

Une guerre régionale généralisée aboutira à l’anéantissement de l’entité sioniste, car même avec l’implication directe des États-Unis, les sionistes ne peuvent pas gagner.

Bien que l’alliance israélo-américaine ait réussi à commettre deux assassinats retentissants en l’espace de quelques heures et qu’elle se soit montrée prête à une guerre totale, il est clair qu’elle ne pourrait se retrouver face qu’à une conflagration régionale qui se terminerait rapidement par une impasse.

Et si cette escalade ne se déroule pas comme escompté, il ne leur reste que deux options, et toutes deux sont terribles.

L’entité sioniste a été confrontée à un dilemme, après avoir échoué à remporter la victoire à Gaza : soit mettre fin à la guerre, soit l’intensifier.

Le discours du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu devant le Congrès américain a clairement montré que le chef de l’entité était déterminé à recourir à l’escalade et qu’il bénéficierait pour ce faire d’un soutien bipartisan aux États-Unis.

Trouvant leur justification dans le massacre de 12 enfants syro-druzes sur les hauteurs du Golan occupé, accusant rapidement le Hezbollah, les militaires israéliens ont lancé leur attaque contre un immeuble de plusieurs étages dans le sud de Beyrouth.

Alors que les sionistes ont tenté d’exploiter le sang des habitants du Golan, vivant à Majdal Shams, à des fins de propagande, les résidents ont refusé de les laisser faire et ont rendu les sionistes responsables du massacre dans leur village, le Hezbollah ayant nié avec véhémence toute implication.

Le massacre est survenu à un moment opportun pour le régime sioniste, alors que le Premier ministre israélien était à la fin de son voyage aux États-Unis.

Peu après, les Israéliens ont assassiné sept Libanais et en ont blessé environ 80 lors de leur attaque contre la banlieue sud de Beyrouth. La cible principale était le chef militaire du Hezbollah, Fouad Shukr, martyrisé avec trois enfants et deux femmes le mardi 30 juillet.

Les Etats-Unis et Israël en guerre ouverte contre l’Iran

Quelques heures plus tard, le chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh, a été assassiné dans la capitale iranienne, Téhéran.

Rien de tout cela n’est dû au hasard et l’idée que les États-Unis ne sont pas impliqués est tout simplement ridicule.

Quelle est la stratégie israélo-US ?

Une guerre régionale totale aboutira à l’anéantissement de l’entité sioniste, car même avec l’implication directe des Etats-Unis, les sionistes ne peuvent pas gagner.

Même si nous supposons que des armes nucléaires pourraient être utilisées, la puissance de feu de la Résistance est telle que les Israéliens subiraient un coup similaire du fait de l’ampleur de la puissance des missiles dirigés vers eux.

Sachant que la victoire n’est pas possible, il semble donc évident que des stratégies sont mises en place pour empêcher une guerre d’atteindre son inévitable conclusion.

Les Israéliens et les Américains sont frustrés par leurs échecs dévastateurs depuis l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas, qu’il s’agisse de l’incapacité de l’armée sioniste à remporter une victoire contre la résistance palestinienne à Gaza ou de la défaite embarrassante des États-Unis face à Ansar Allah au Yémen.

Les coups portés à l’entité sioniste, dans les domaines sécuritaire, militaire, politique, sociétal et économique, sont si importants qu’il est difficile de savoir comment elle pourra un jour s’en remettre.

Face à une telle situation, l’alliance américano-israélienne avait deux options : soit accepter la défaite stratégique et rechercher une solution diplomatique au chaos qu’elle a provoqué au cours des dix derniers mois, soit recourir à l’escalade.

Les assassinats perpétrés à Beyrouth et à Téhéran indiquent qu’ils ont choisi l’escalade.

Les Israéliens eux-mêmes ont mené deux grandes manoeuvres de guerre au cours des dernières années, testant les capacités de l’armée sioniste à mener une guerre sur plusieurs fronts, avec des résultats négatifs, et sans oublier que ces exercices militaires ont été menés en supposant que l’armée israélienne serait au complet.

À l’heure actuelle, l’armée sioniste est à bout de souffle, elle est sous-entraînée, surmenée et souffre d’un manque de motivation et de discipline. En outre, elle a perdu un grand nombre de ses chars et de ses véhicules blindés de transport de troupes, des milliers d’entre eux ayant été endommagés et détruits à Gaza.

Il suffit de dire qu’Israël n’a pas la capacité de mener la guerre qu’il poursuit, et c’est pourquoi les assassinats ont été un tel choc pour beaucoup.

Cependant, comme je l’ai déjà écrit ici pour Al Mayadeen, les Israéliens avaient une dernière option pour prolonger la guerre et la stratégie est la suivante.

Ouvrir une guerre avec le Liban, mais tenter de la limiter à des échanges de coups et clore le conflit par une impasse. Une guerre avec le Hezbollah provoquera un grand carnage dans les infrastructures israéliennes et des milliers de morts israéliens, détournant ainsi l’attention de la population de la guerre dans la bande de Gaza. Cela créerait un environnement qui permettrait au premier ministre israélien de conclure un accord de cessez-le-feu avec le Hamas à Gaza. À partir de là, le régime sioniste pourrait se tourner vers la Cisjordanie, annexer environ 60 % de son territoire et lancer une opération militaire – similaire à l’opération « Bouclier défensif » de 2002 – pour assassiner la majorité des résistants qui s’y trouvent.

Dans un tel scénario, Benjamin Netanyahu utilisera les assassinats des dirigeants de la Résistance comme des trophées pour se vanter d’une prétendue victoire, tout en présentant l’argument selon lequel son régime a fait face à une menace existentielle de la part de multiples ennemis et a survécu.

Il utilisera ensuite le vol des terres en Cisjordanie comme preuve de sa conquête et l’assassinat de résistants en Cisjordanie comme une réussite en matière de « sécurité ». Les États-Unis et leurs alliés israéliens considèrent cette situation comme le meilleur des scénarios.

Les médias dominants préparent le terrain pour une guerre israélienne contre le Liban

Cependant, la situation pourrait rapidement échapper à tout contrôle et les dommages causés à l’entité sioniste pourraient s’avérer si importants qu’il ne resterait plus qu’une coquille d’elle-même, si tant est qu’elle parvienne à survivre.

Il s’agit d’une stratégie pour le moins dangereuse qui, bien qu’elle puisse être considérée comme une tentative audacieuse de rétablir l’hégémonie israélo-américaine en Asie de l’Ouest, témoigne également d’une certaine faiblesse et d’un manque d’options.

Un tel risque, qui pourrait entraîner la fin de l’entité sioniste, ne serait pris que si l’entité était au pied du mur.

Si les sionistes se mettent dans la panade, il ne leur restera probablement que deux options. La première sera la fameuse option Samson, qui consiste à utiliser leurs armes nucléaires.

La seconde pourrait impliquer le déploiement de forces régionales en Palestine occupée pour empêcher la chute de l’entité sioniste.

La première option n’a pas besoin d’être expliquée : c’est de la terreur pure.

La seconde n’a pas été discutée publiquement jusqu’à présent, mais elle pourrait également être mise en œuvre s’il apparaît que le régime israélien est sur le point de s’effondrer sur le terrain et que le territoire palestinien est proche de la libération.

Si un tel événement se produit, il est plausible que les armées jordanienne et égyptienne soient déployées en Palestine occupée, afin d’empêcher la prise de contrôle du territoire par les combattants de la Résistance, qui sont moins susceptibles de s’affronter à des armées régionales.

Cela impliquerait également la présence des forces armées turques, qui pourraient aussi être déployées.

Bien qu’il n’y ait aucune preuve à l’appui de cette théorie, elle pourrait être considérée comme le seul moyen de désamorcer la situation si l’entité sioniste est au bord de la désintégration.

Quoi qu’il en soit, les sionistes ont fait un pari et seul l’avenir nous dira ce qui en résultera.

8 août 2024 – Al-Mayadeen – Traduction : Chronique de Palestine