Par Leila Warah
Israël bombarde le complexe médical Nasser à Khan Younis, tuant et blessant des patients et des personnes réfugiées à l’intérieur. Un groupe égyptien de défense des droits de l’homme signale que la construction d’une zone de détention est en cours, en prévision d’une éventuelle expulsion massive de Gaza vers le Sinaï.
Victimes dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem :
- 28 576+ Palestiniens assassinés dans Gaza (*) par les troupes d’occupation, dont au moins 12 000 enfants
- 68 291+ Palestiniens blessés dans Gaza suite aux tirs et bombardements israéliens.
- Plus de 380+ Palestiniens assassinés en Cisjordanie et à Jérusalem depuis le 7 octobre
(*) Ce chiffre a été confirmé par le ministère de la santé de Gaza sur la chaîne Telegram. Certains groupes de défense des droits de l’homme estiment que le nombre de morts est plus proche de 36 000 si l’on tient compte des personnes présumées mortes.
Principaux développements
- Un haut fonctionnaire américain confirme qu’Israël n’autorise pas l’entrée de farine dans la bande de Gaza, rapporte Axios. Des millions de Palestiniens à Gaza sont confrontés à une famine en raison du siège d’Israël et de son refus d’autoriser une aide adéquate à Gaza.
- Defense for Children International Palestine : Un jeune Palestinien de 16 ans abattu par les forces israéliennes alors qu’il quittait l’école est le 100e enfant tué en Cisjordanie depuis le 7 octobre.
- Croissant Rouge Palestinien : Bombardements intenses à proximité de l’hôpital al-Amal à Khan Younis.
- Le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande se disent « gravement préoccupés » par l’opération terrestre prévue par Israël à Rafah.
- Au moins dix civils tués par des frappes israéliennes dans le sud du Liban.
Les forces israéliennes d’occupation bombardent l’hôpital Nasser à Khan Younis, tuant au moins une personne et en blessant plusieurs autres.
li><Sinaï for Human Rights : L’Égypte semble construire rapidement une « zone tampon » dans la péninsule du Sinaï, directement au sud du poste frontière de Rafah, pour y diriger l’afflux de réfugiés palestiniens de Gaza.
Des préparatifs seraient en cours pour une expulsion massive de Gaza vers le Sinaï égyptien
Après plus de quatre mois d’attaques israéliennes impitoyables sur Gaza, l’enclave assiégée, qui abrite plus de 2 millions de personnes, a été décimée. Plus de la moitié de sa population a été entassée dans la ville de Rafah, à l’extrême sud de Gaza, après qu’Israël a déclaré de façon totalement mensongère que la région était une « zone de sécurité ».
Cependant, Israël a depuis annoncé son intention de mener une invasion terrestre de la ville, ce qui mettrait en danger la vie de centaines de milliers de familles.
« Nous nous battrons jusqu’à la victoire complète et cela inclut une action puissante à Rafah après avoir permis à la population civile de quitter les zones de combat », a vomi le premier ministre israélien sur Twitter/X.
À la lumière de l’opération imminente, l’Égypte se préparerait à l’expulsion la population de Rafah.
Le groupe de défense des droits Sinai Foundation for Human Rights (SFUR) a rapporté que des travaux sont actuellement en cours pour créer une zone tampon à l’extérieur de Gaza, qui servirait à l’enfermement des réfugiés palestiniens s’ils sont forcés de quitter l’enclave assiégée.
Citant des entrepreneurs locaux, la SFUR indique que l’objectif est de créer dans la péninsule du Sinaï une zone entourée de murs de sept mètres de haut, qui sera aménagée sur les maisons détruites des habitants de la région.
Le rapport, que Mondowiess n’a pas vérifié de manière indépendante, indique que la construction ne prendra pas plus de dix jours.
Depuis le mois d’octobre, Israël a proposé divers plans pour pousser les habitants palestiniens de Gaza vers l’Égypte, mais le Caire les a rejetés.
« Rafah se trouve juste à la frontière avec l’Égypte. Les Égyptiens considèrent qu’il s’agit d’une atteinte majeure à leur sécurité nationale et, en fin de compte, la question est de savoir où iront ces 1,3 à 1,4 million de personnes », a déclaré Hafsa Halawa, spécialiste du Moyen-Orient, à Al Jazeera.
« Le reste de la bande de Gaza est effectivement inhabitable, il n’y a pluss de services, cela fait des mois que l’on parle de famine, et maintenant nous en sommes au stade où le pouvoir israélien met en œuvre ce qu’il a promis la première semaine après les attaques du 7 octobre, à savoir totalement raser la bande de Gaza. »
Les habitants fuient Rafah en raison de l’intensification des raids aériens israéliens, de la menace d’une invasion terrestre israélienne et aussi parce qu’ils luttent pour survivre dans cette ville surpeuplée du sud de la bande de Gaza, selon la dernière mise à jour de l’agence humanitaire des Nations unies (OCHA).
Fabrizio Carboni, directeur du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour le Moyen-Orient, a déclaré dans un communiqué : « Dans la perspective d’une opération militaire à Rafah, ville très densément peuplée, nous renouvelons notre appel aux parties au conflit, et à tous ceux qui ont une influence sur elles, pour qu’elles épargnent et protègent les vies et les infrastructures civiles », a déclaré Fabrizio Carboni, directeur du Comité international de la Croix-Rouge pour le Moyen-Orient.
« En vertu du droit international humanitaire, les parties au conflit doivent veiller à ce que les produits de première nécessité soient fournis à la population civile et à ce que les mesures de protection nécessaires à la préservation de la vie soient prises. Il est urgent d’en faire plus maintenant. D’innombrables vies sont en jeu », a poursuivi M. Carboni.
De même, l’Institut Lemkin pour la prévention des génocides a déclaré que les États-Unis « doivent prendre des mesures immédiates pour empêcher de nouvelles destructions, pertes de vies humaines et déplacements à Gaza et en Cisjordanie ».
« Aucune des tactiques de l’administration Biden pour nier le génocide et éviter de rendre des comptes ne résistera à l’épreuve du temps. Le président Biden et les principaux responsables de l’administration sont sur la bonne voie pour que l’on se souvienne d’eux comme les principaux facilitateurs de l’un des pires génocides du XXIe siècle », a déclaré le groupe dans un communiqué.
Rik Peeperkorn, représentant de l’OMS pour Gaza et la Cisjordanie occupée, affirme qu’une offensive militaire israélienne générale contre Rafah non seulement « aggraverait la catastrophe humanitaire au-delà de toute imagination », mais « rapprocherait le système de santé du moment de l’effondrement complet ».
Les Israéliens bombardent l’hôpital al-Nasser à Khan Younis, tuant des patients et kidnappant le personnel médical
Depuis le 7 octobre, Israël a paralysé le système de santé de Gaza, en détruisant chaque établissement médica, au fur et à mesure que l’armée se déplaçait du nord au sud de la bande de Gaza. Récemment, l’armée a visé le complexe médical Nasser et l’hôpital Al-Amal de Khan Younis, qui sont assiégés par l’armée depuis des semaines.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, les forces israéliennes d’occuâtion ont bombardé le service orthopédique de l’hôpital Nasser, tuant au moins une personne et en blessant gravement plusieurs autres, rapporte Wafa.
Les troupes israéliennes ont pris d’assaut l’enceinte de l’hôpital et ouvert le feu, forçant les médecins, les infirmières et les Palestiniens déplacés à évacuer l’hôpital et à se rendre à Rafah, mais les forces israéliennes ont kidnappé des dizaines de personnes lorsqu’elles ont tenté de s’en aller.
Le ministère de la santé de Gaza a également indiqué que l’armée israélienne avait démoli le mur sud de l’hôpital avant de prendre d’assaut le complexe.
Avant l’attaque, l’armée avait ordonné l’évacuation de toutes les personnes présentes dans l’hôpital, dont plus de 1 500 personnes déplacées, 190 membres du personnel et 299 membres de leur famille, 273 patients qui ne peuvent pas se déplacer et 327 accompagnateurs, a indiqué le porte-parole du ministère de la santé de Gaza, le Dr Ashraf al-Qudra.
« Il y a encore des gens sur place, ainsi que des travailleurs médicaux, piégés à l’intérieur de l’établissement et du complexe médical alors qu’ils continuent à soigner les patients », a déclaré le correspondant d’Al Jazeera, Tareq Abu Azzoum, avant l’attaque.
Des témoins ont rapporté que des tirs de snipers israéliens avaient tué plusieurs personnes, rendant dangereuse l’exécution de l’ordre d’évacuation, a poursuivi Tareq Abu Azzoum.
L’armée israélienne affirme, sans fournir la moindre preuve et comme excuse, que l’hôpital palestinien de Gaza est utilisé pour des opérations par le Hamas pour commettre d’autres massacres.
L’armée affirme disposer de « renseignements crédibles » selon lesquels le Hamas détient des captifs à l’hôpital Nasser. Ce n’est pas la première fois qu’Israël fait de telles déclarations, qui se sont toujours révélées fausses après les attaques.
Mercredi, le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’est dit « alarmé » par les rapports de l’hôpital Nasser, qu’il a décrit comme « l’épine dorsale du système de santé dans le sud de la bande de Gaza ».
Il a ajouté que l’agence sanitaire des Nations unies s’était vu refuser l’accès à l’hôpital ces derniers jours et qu’elle avait perdu le contact avec son personnel sur place.
Le porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé, Tarik Jasarevic, a déclaré à Al Jazeera que l’agence de l’ONU s’était vu refuser l’accès à l’hôpital Nasser depuis le 29 janvier, les forces israéliennes ayant assiégé l’établissement.
« Nous avons essayé à plusieurs reprises de nous y rendre, mais nos demandes ont été rejetées. Nous avons entendu dire que quelque 400 patients s’y trouvaient encore, que 10 personnes avaient été tuées et qu’un entrepôt avait été détruit », a déclaré M. Jasarevic.
« Chaque fois que nous nous déplaçons, nous devons obtenir des autorisations de sécurité pour nous assurer que nous pouvons nous rendre sans nous faire tuer là où nous voulons aller. Par exemple, les autorités israéliennes n’ont accédé qu’à 40 % de nos demandes d’aller vers le nord. Mais même lorsque nous recevons l’autorisation d’y aller, il y a souvent de longs délais aux points de contrôle », a déclaré M. Jasarevic.
Pendant ce temps, à l’intérieur de l’hôpital européen de Khan Younis, le docteur Ahmed Mokhalati déclare que « tout le système s’est effondré » et que la situation est « horrible ».
« Nous perdons beaucoup de patients, la plupart du temps à cause du manque d’équipement et de personnel médical. Le bloc opératoire dispose de très peu de matériel et nous le gardons pour les cas les plus critiques », a déclaré Mokhalati à Al Jazeera.
« L’anesthésie est très limitée et nous devons faire des opérations majeures sans elle, ce qui signifie que le patient peut crier plusieurs fois au milieu de l’opération. »
L’hôpital est bondé de personnes déplacées qui manquent de services essentiels, notamment d’eau potable. « L’hygiène de base des patients est très faible, ce qui se traduit par une infection généralisée des plaies », a déclaré Mokhalati.
Il a précisé que l’établissement disposait toujours d’une unité de soins intensifs, mais qu’un seul médecin devait s’occuper des 40 patients. Des dizaines de patients ont été amenés en urgence après l’intensification des attaques à Rafah ces derniers jours, mais ils n’ont pas reçu de soins médicaux en temps voulu.
« Il n’y avait pas de place ; il y avait des gens dans les couloirs qui attendaient d’entrer dans la salle des soins intensifs », a déclaré le médecin. « Nous perdons sans cesse de nombreux patients. »
La Société palestinienne du Croissant-Rouge (PRCS) a signalé que les forces israéliennes s’en prenaient également au personnel paramédical en service.
Le groupe a partagé une vidéo sur Twitter/X, qui montre clairement des impacts de balles sur le pare-brise avant de l’ambulance.
Le Croissant-Rouge palestinien affirme que des soldats israéliens ont tiré sur l’ambulance et agressé son équipage « alors qu’ils tentaient de transférer des bouteilles d’oxygène de l’hôpital Nasser à l’hôpital Al-Amal il y a environ une semaine ».
Dix civils tués lors de l’attaque israélienne la plus meurtrière au Liban depuis octobre
Les Israéliens ont mené l’attaque la plus meurtrière contre le Liban depuis le 7 octobre, tuant au moins 10 civils, dont quatre enfants, rapporte Al Jazeera.
Les tensions sont vives entre le Hezbollah libanais et Israël depuis le 7 octobre, alors que les tirs réguliers au-dessus de leurs frontières n’ont cessé d’augmenter au cours des quatre derniers mois.
Amal Atwi, dont le fils a été tué à Souaneh, a déclaré que le martyre était devenu un mode de vie dans le sud du Liban. « C’est mon seul fils et je n’ai personne d’autre », a-t-elle déclaré, rapporte AP News.
« Qu’Israël prenne tout ce qu’il veut, et nous aurons encore plus à donner. Voyons qui se fatiguera le premier. Ce sera eux, pas nous ».
Quatre combattants du Hezbollah ont été tués dans des attaques séparées, selon le groupe armé. Hassan Fadlallah, haut responsable du Hezbollah et député au parlement libanais, a ajouté qu’Israël subirait des représailles après les frappes.
« L’ennemi paiera le prix de ses crimes », a déclaré Hassan Fadlallah, responsable politique du Hezbollah, à l’agence Reuters, ajoutant que le Hezbollah avait le « droit légitime de défendre son peuple ».
Mardi, Hassan Nasrallah, secrétaire général du mouvement Hezbollah [Résistance libanaise] a déclaré que son groupe ne cesserait ses échanges de tirs avec Israël que si un cessez-le-feu total était conclu à Gaza.
« Ce jour-là, lorsque les tirs cesseront à Gaza, nous cesserons les tirs dans le sud », a-t-il déclaré lors d’une allocution télévisée, citée par Al Jazeera.
Les États-Unis disent supplier Israël d’autoriser l’entrée de farine dans la bande de Gaza, tandis qu’Israël s’en prend à l’UNRWA
Au milieu des attaques incessantes d’Israël, la population de Gaza meurt de faim en raison du siège qu’Israël continue d’imposer à la région et qui limite l’entrée de l’aide humanitaire.
Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, affirme que le gouvernement israélien n’a pas autorisé l’entrée de l’aide dans la bande de Gaza, malgré les promesses faites au gouvernement américain,
« Cette farine n’a pas été acheminée comme nous l’avions prévu, et nous attendons d’Israël qu’il respecte son engagement d’acheminer cette farine à Gaza », a déclaré piteusement M. Sullivan, selon Al Jazeera.
Alors qu’Israël continue de bloquer les envois vitaux d’aide humanitaire à Gaza, le ministre israélien des affaires étrangères, Israël Katz, a déclaré à son homologue allemande, Annalena Baerbock, que l’UNRWA ne pouvait en aucun cas faire partie de l’aide humanitaire à Gaza.
À la suite des affirmations d’Israël selon lesquelles l’UNRWA collabore avec le Hamas – affirmation dont Israël a été largement incapable de fournir des preuves – plusieurs pays, dont l’Allemagne, ont suspendu leur financement à l’agence.
« Il s’agit de la proportion la plus élevée de toute la population en situation de crise alimentaire. Pratiquement tous les ménages sautent des repas chaque jour. Certaines familles passent des jours et des nuits sans manger », selon une déclaration commune de plusieurs organisations, dont Action contre la faim et Save the Children.
Actuellement, l’ensemble de la population vit avec une faim de crise et un ménage sur quatre, soit plus de 500 000 personnes, est confronté à une situation catastrophique.
« Le risque de famine augmente chaque jour à Gaza en raison de la poursuite des hostilités et du maintien du blocus du territoire asiégé », ont déclaré les groupes, citant la résolution 2417 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui condamne l’utilisation de la famine à l’encontre des civils comme méthode de guerre.
La déclaration conclut qu’un cessez-le-feu immédiat et permanent, ainsi qu’une augmentation massive de l’aide humanitaire, est le seul moyen d’éviter la famine dans l’enclave côtière assiégée.
Auteur : Leila Warah
12 février 2024 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine