L’hôpital Nasser, deuxième établissement médical de la bande de Gaza, a été contraint de fermer ses portes dimanche à la suite d’un blocus israélien, d’une prise d’assaut et de l’arrestation du personnel médical et des patients. Dans le même temps, les Israéliens ont également bombardé l’hôpital Al-Amal à Khan Younis.
Victimes dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem :
- 28 985+ Palestiniens assassinés dans Gaza (*) par les troupes d’occupation, dont au moins 12 000 enfants
- 68 883+ Palestiniens blessés dans Gaza suite aux tirs et bombardements israéliens.
- Plus de 380+ Palestiniens assassinés en Cisjordanie et à Jérusalem depuis le 7 octobre
(*) Ce chiffre a été confirmé par le ministère de la santé de Gaza sur la chaîne Telegram. Certains groupes de défense des droits de l’homme estiment que le nombre de morts est plus proche de 36 500 si l’on tient compte des personnes présumées mortes.
Principaux développements
- Le chef de l’OMS déclare que « l’hôpital Nasser de Gaza ne fonctionne plus, après un siège d’une semaine suivi d’un raid [israélien] ».
- Israël empêche l’équipe de l’OMS d’entrer dans l’hôpital Nasser pour évaluer l’état des patients et les besoins médicaux critiques.
- Le Dr Ashraf Al-Qudra, porte-parole du ministère de la Santé de Gaza, déclare que les forces israéliennes ont transformé l’hôpital Nasser en « une caserne militaire et l’ont mis hors service ».
- Al-Qudra précise que les forces israéliennes « ont arrêté des dizaines de patients qui étaient incapables de bouger alors qu’ils étaient sur des lits de traitement ».
- Le Croissant-Rouge palestinien indique que des obus d’artillerie israéliens ont bombardé le troisième étage de l’hôpital Al-Amal à Khan Younis dimanche. Les forces israéliennes empêchent la livraison de nourriture, de fournitures médicales et de carburant à Al-Amal.
- Israël bombarde les zones de Deir Al-Balah et du camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de Gaza, pendant la nuit, assassinant au moins 40 Palestiniens.
- La municipalité de Gaza affirme que l’agression israélienne a détruit 42 000 mètres de canalisations d’eau, 40 puits, neuf réservoirs d’eau primaire et 480 vannes d’eau agricole depuis le mois d’octobre.
- Des dizaines de millions de personnes dans le monde manifestent leur solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, demandant qu’Israël soit tenu responsable de ses crimes et qu’un cessez-le-feu immédiat soit instauré.
- Le ministre israélien des affaires étrangères déclare : « Si le prix à payer pour étendre les accords de paix est un État palestinien, alors je renonce aux accords de paix. Un État palestinien – il n’y en aura pas. Un point c’est tout ».
- Marwan Al-Barghouti, figure nationale populaire et dirigeant du Fatah, est à nouveau placé à l’isolement dans la prison de Ramla.
- Dans la nuit, des colons israéliens attaquent le village de Turmus Ayya, au nord de Ramallah, et brûlent plusieurs voitures palestiniennes.
- Les autorités israéliennes obligent les Palestiniens à démolir leur maison dans le quartier de Silwan, à Jérusalem.
« L’hôpital al-Nasser de Gaza a cessé de fonctionner »
L’hôpital al-Nasser, deuxième établissement médical de la bande de Gaza, a cessé de fonctionner dimanche matin à la suite du siège israélien, de l’assaut et de l’arrestation du personnel médical et des patients.
« L’hôpital Nasser de Gaza ne fonctionne plus, après un siège d’une semaine suivi d’une attaque continue », a écrit sur la plateforme X le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Des tireurs d’élite israéliens stationnés à proximité de l’hôpital Nasser ont abattu plusieurs patients palestiniens ou membres de leurs familles au cours des dernières semaines. Samedi, les forces israéliennes ont pris d’assaut le complexe médical et kidnappé une centaine de Palestiniens.
« Hier comme avant-hier, l’équipe de l’OMS n’a pas été autorisée à entrer dans l’hôpital pour évaluer les conditions des patients et les besoins médicaux critiques, bien qu’elle ait avec ses collaborateurs, atteint l’enceinte de l’hôpital pour livrer du carburant », a écrit M. Ghebreyesus.
Il a ajouté qu’au moins 200 patients restaient bloqués à l’intérieur de l’hôpital Nasser, et que 20 d’entre eux avaient besoin d’un traitement urgent et d’être orientés vers d’autres centres médicaux.
« Le coût des retards sera payé par la vie des patients. L’accès aux patients et à l’hôpital doit être impérativement facilité », a déclaré le chef de l’OMS.
L’assaut des forces israéliennes contre les hôpitaux et les services médicaux palestiniens dans la bande de Gaza s’inscrit dans le cadre de leur campagne générale visant à forcer les Palestiniens à quitter l’enclave. Israël a prétendu que les corps des captifs se trouvaient à l’intérieur de l’hôpital Nasser, mais comme à l’habitude, n’a fourni aucun élément de preuve.
Ni électricité, ni oxygène, ni eau
Les hôpitaux Nasser et Al-Amal de Khan Younis sont tous deux la cible de tirs israéliens depuis janvier, empêchant la population et les équipes médicales d’y accéder.
Ces dernières semaines, des images de snipers israéliens tirant sur des Palestiniens près de la cour centrale de l’hôpital Nasser ont été publiées sur les réseaux sociaux.
Le docteur Ashraf Al-Qudra, porte-parole du ministère de la santé de Gaza, a déclaré dimanche matin que les forces israéliennes avaient transformé l’hôpital Nasser en « caserne militaire et l’avaient mis hors service ».
Il a ajouté que les forces israéliennes d’occupation avaient détenu le personnel médical pendant des heures à l’intérieur de la maternité au cours de la nuit, les avaient menottés et tabassés, et les avaient forcés à se déshabiller.
Le Dr Al-Qudra a déclaré qu’il ne restait que 25 membres du personnel médical à l’intérieur de l’hôpital Nasser et qu’Israël avait kidnappé au moins 70 personnes samedi. Le personnel médical n’a pas pu faire face aux cas critiques après l’enlèvement par Israël du médecin responsable de l’unité de soins intensifs.
« Les forces d’occupation israéliennes ont arrêté des dizaines de patients qui étaient incapables de bouger alors qu’ils se trouvaient sur des lits de traitement. Ils ont été placés sur des lits militaires, dans des camions et emmenés vers une destination inconnue, mettant ainsi leur vie en danger », a ajouté le Dr Al-Qudra.
Il n’y a pas eu d’électricité au Nasser pendant trois jours ; les bouteilles d’oxygène se sont épuisées, entraînant la mort de huit patients à ce jour ; les eaux usées et les eaux de pluie ont inondé le service des urgences du bâtiment Al-Taraha dans le complexe du Nasser.
« Trois femmes, dont une femme médecin, ont accouché au complexe médical Nasser dans des conditions désastreuses et dangereuses, manquant d’eau, de nourriture, d’électricité et du minimum d’hygiène », a ajouté le Dr Al-Qudra.
Les Israéliens bombardent le troisième étage de l’hôpital Al-Amal
Seuls 14 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza fonctionnaient partiellement au début du mois de février, dont neuf dans le sud de la bande de Gaza, notamment les hôpitaux Al-Amal et Nasser.
L’hôpital Nasser est désormais hors service et la situation est également désastreuse à Al-Amal, un petit hôpital de Khan Younis géré par le Croissant-Rouge palestinien (PRCS).
Les forces israéliennes ont pris d’assaut l’hôpital Al-Amal au début du mois de février et ont arrêté plusieurs patients et membres du personnel palestiniens. L’établissement médical a été soumis à un siège strict pendant près de 30 jours.
Samedi, un secouriste palestinien a enregistré un message depuis l’intérieur de l’hôpital Al-Amal, indiquant que les forces israéliennes les avaient coupés du monde extérieur, saisissant leurs téléphones et leur matériel électrique.
« L’une de nos collègues a réussi à dissimuler son téléphone portable, à partir duquel je vous parle… les bruits de bombardements, de frappes et d’affrontements à l’arme à feu n’ont jamais cessé dans les environs de l’hôpital. Aujourd’hui, les forces d’occupation ont directement visé le bâtiment de l’hôpital avec deux obus », a-t-il déclaré.
Le Croissant-Rouge palestinien a déclaré dimanche que des obus d’artillerie israéliens avaient bombardé le troisième étage de l’hôpital Al-Amal à Khan Younis.
« L’occupation empêche la livraison de nourriture, de fournitures médicales et de carburant à l’hôpital [Al-Amal] », a communiqué le Croissant-Rouge palestinien.
Il a ajouté que les services cellulaires et Internet sont constamment brouillés par les forces israéliennes, qui tirent sur toute personne s’approchant de l’hôpital.
Israël bombarde la maison de la famille Hamad et détruit les réseaux d’eau de Gaza
l’occupation empêche les ambulances et les équipes de la défense civile de parvenir jusqu’à eux », a ajouté le communiqué sur sa chaîne Telegram.Selon l’agence de presse Wafa, les bombardements israéliens sur les zones de Deir Al-Balah et du camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, ont tué au moins 40 Palestiniens.
Israël a bombardé plusieurs maisons, dont celle de la famille Hamad à Al-Zawaida à Khan Younis, tuant au moins 20 Palestiniens. Israël a également bombardé neuf maisons dans la ville de Rafah, tuant 13 Palestiniens.
Dans le nord de Gaza, les forces israéliennes ont attaqué les zones de Sheikh Radwan, Al-Nasr, Al-Zaytoun, Al-Rimal, et Al-Sabra, tuant au moins 10 Palestiniens, a rapporté Wafa.
Des milliers de Palestiniens sont toujours privés de nourriture et d’abris dans la bande de Gaza. Les familles palestiniennes reçoivent des repas chauds grâce à des dons de charité et font la queue dans le froid pour obtenir leur ration, que toute la famille partage.
Ces dernières semaines ont été humides, froides et misérables pour près de 1,5 million de Palestiniens à Rafah, la ville la plus méridionale à la frontière avec l’Égypte, qui restent sous la menace d’une invasion israélienne imminente.
Mais la situation dans le nord de la bande de Gaza est également très sombre. Un point de contrôle militaire israélien sur la rue Salah El-Din, une artère reliant le nord et le sud de la bande de Gaza, a empêché les camions d’aide humnitaire d’atteindre la ville de Gaza.
Les Palestiniens du nord de la bande de Gaza souffrent également du manque d’eau douce. La municipalité de la ville de Gaza a déclaré dimanche que l’agression israélienne avait détruit 42 000 mètres de conduites d’eau, 40 puits, neuf réservoirs d’eau primaire et 480 vannes d’eau agricole depuis le mois d’octobre.
Le nord de Gaza reste un champ de bataille entre les forces israéliennes et les combattants de la résistance palestinienne, bien qu’Israël ait prétendu à plusieurs reprises qu’il avait contrôlé la zone et détruit un certain nombre de bataillons du Hamas.
L’occupant israélien transfère Marwan Al-Barghouti à l’isolement
La semaine dernière, les autorités israéliennes d’occupation ont placé Marwan Al-Barghouti, figure nationale populaire et dirigeant du Fatah, à l’isolement.
Dimanche, Qaddoura Fares, le responsable de l’Autorité des Affaires des Prisonniers et Ex-prisonniers de l’AP, a déclaré que Barghouti a été transféré à nouveau en isolement dans la prison de Rimonim.
Fares a déclaré que Barghouti a été transféré entre plusieurs prisons au cours des deux derniers mois, d’Ofer à Ramla et maintenant à Rimonim. Le voyage entre les prisons, connu pour les prisonniers palestiniens sous le nom d’Al-Busta, est une expérience sadique et violente, et aussi humiliante.
Itamar Ben-Gvir, le fasciste ministre de la sécurité nationale, a déclaré qu’il avait ordonné le transfert de Barghouti à l’isolement « à la suite d’informations sur un projet de soulèvement » en Cisjordanie occupée.
Le mouvement Hamas a insisté sur le fait que Barghouti ferait partie des prisonniers qui seraient libérés dans le cadre d’un échange avec Israël.
Barghouti est considéré par les Palestiniens comme une figure nationale qui pourrait combler le fossé entre le Fatah et le Hamas et diriger un État palestinien.
Dans la nuit, des colons israéliens ont attaqué le village de Turmus Ayya, au nord de Ramallah, et ont brûlé plusieurs voitures palestiniennes.
Les forces israéliennes d’occupation ont pris d’assaut des villages de Cisjordanie et ont arrêté plusieurs Palestiniens. Au total, Israël a arrêté 7 060 Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem occupée depuis octobre, et certains ont été relâchés plus tard, a rapporté Wafa.
Dans le quartier de Silwan à Jérusalem, les autorités israéliennes d’occupation ont forcé un Palestinien à démolir sa maison dans la zone de Bir Ayoub.
Ali Odeh a construit sa maison sans permis, mais les autorités israéliennes accordent rarement des permis de construire aux Palestiniens à Jérusalem, alors qu’elles planifient et développent des colonies pour les Israéliens dans la ville.
Auteur : Mustafa Abu Sneineh
* Mustafa Abu Sneineh est journaliste, poète et rédacteur à Middle East Eye. Son premier recueil de poésie, A Black Cloud at the End of the Line, a été publié en arabe en 2016. Abu Sneineh est titulaire d'un diplôme en droit de l'université de Birzeit, en Palestine, et d'une maîtrise en études postcoloniales du Goldsmiths College, à Londres. Il a rédigé sa thèse de maîtrise sur le nationalisme syrien des années 1930 et 1940. Il a précédemment travaillé pour le journal Al-Akhbar et le magazine Canvas art. Son compte X.
18 février 2024 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine