« Déluge d’Al-Aqsa » Jour 186 : face aux menaces israéliennes sur Rafah, la Résistance exige un cessez-le-feu permanent

L'escalade des hostilités dans la bande de Gaza a un impact catastrophique sur les enfants et les familles. Les enfants meurent à un rythme alarmant : plus de 13 000 d'entre eux auraient été tués dans le conflit actuel et des milliers d'autres auraient été blessés. On estime qu'environ 1,7 million de personnes ont été déplacées à l'intérieur de la bande de Gaza, dont la moitié sont des enfants. Elles n'ont pas suffisamment accès à l'eau, à la nourriture, au carburant et aux médicaments. Leurs maisons ont été détruites, leurs familles déchirées - Photo : UNICEF / El Baba

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Par Qassam Muaddi

Les négociations devraient se poursuivre au Caire entre le Hamas et l’occupant israélien, le Hamas exigeant un cessez-le-feu permanent et le retour des Palestiniens dans le nord de la bande de Gaza. Pendant ce temps, Netanyahu vomit des menaces contre Rafah.

  • 33 360+ Palestiniens assassinés dans Gaza (*) par les troupes d’occupation
  • 75 993 Palestiniens blessés dans Gaza suite aux tirs et bombardements israéliens.
  • 456+ Palestiniens assassinés en Cisjordanie et à Jérusalem (**) depuis le 7 octobre

(*) Le ministère de la santé de Gaza a confirmé le 9 avril ce chiffre sur la chaîne Telegram. Certains groupes de défense des droits de l’homme estiment le nombre de morts bien plus élevé si l’on tient compte des personnes présumées mortes.

(**) Le nombre de morts en Cisjordanie et à Jérusalem n’est pas mis à jour régulièrement. Il s’agit du dernier nombre communiqué par le ministère de la santé de l’Autorité palestinienne à la date du 5 avril.

Principaux développements

  • Les Israéliens ont tué 153 Palestiniens et en a blessé 60 au cours des dernières 24 heures dans la bande de Gaza, portant le nombre de morts depuis le 7 octobre à 33 360 et le nombre de blessés à 75 993, selon le ministère de la santé de Gaza.
  • Les Palestiniens retrouvent des dizaines de cadavres à Khan Younis après le retrait israélien, les civils disent que la ville « sent la mort ».
  • Le Hamas « étudiera » la proposition de cessez-le-feu d’Israël, notant toutefois qu’elle ne répond pas aux exigences des groupes palestiniens, qui incluent un cessez-le-feu durable et permanent.
  • Netanyahu déclare qu’il y a une date pour l’invasion de Rafah, la ville la plus méridionale de Gaza qui abrite actuellement plus d’un million de Palestiniens déplacés de toute la bande de Gaza.
  • Sept membres du Likoud, le parti du Premier ministre Netanyahu, ont demandé une réunion urgente du parti pour discuter des négociations sur la libération des captifs, alors que les familles des captifs israéliens exercent des pressions croissantes.
  • Le secrétaire général de l’ONU déclare que l’interdiction faite par Israël aux journalistes d’entrer dans la bande de Gaza favorise la diffusion de fausses informations.
  • La police israélienne fait une descente dans la maison de la famille du prisonnier palestinien décédé Walid Daqqa et disperse de force les personnes en deuil, quelques heures seulement après l’annonce du décès du célèbre écrivain et prisonnier à la suite d’une négligence médicale lors de sa détention par Israël.
  • Le département d’État américain déclare que l’UNRWA joue un « rôle vital » qu’aucune autre organisation ne peut remplacer, et qu’il se prépare à travailler avec d’autres organisations d’aide si le Congrès interdit de traiter avec l’UNRWA.
  • Liban : L’armée israélienne annonce avoir tué un dirigeant du Hezbollah lors d’une frappe aérienne nocturne. Le Hezbollah annonce qu’il a attaqué une position de l’armée israélienne de l’autre côté de la frontière à l’aide d’un drone suicide.

Les Israéliens assassinent 153 Palestiniens et en blesse 60 dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la santé, basé à Gaza, a annoncé que 153 Palestiniens ont été assassinés et 60 blessés par les frappes des forces israéliennes sur la bande de Gaza au cours des dernières 24 heures.

Dans le même temps, les médias locaux ont rapporté que les forces israéliennes ont continué à mener des frappes aériennes sur différentes parties de Khan Younis, après s’être retirées de la ville.

Dans la bourgade d’al-Qarara, au nord de la ville, une frappe aérienne israélienne aurait blessé plusieurs Palestiniens. À Rafah, des sources médicales ont indiqué avoir trouvé deux Palestiniens tués dans le quartier d’al-Tanour par une frappe aérienne israélienne.

La défense civile palestinienne a indiqué avoir récupéré les corps de 86 victimes à Khan Younis dans les heures qui ont suivi le retrait des forces israéliennes de la ville, après un siège et une attaque de plusieurs semaines.

La défense civile a déclaré que les victimes identifiées comprenaient des familles entières et que la plupart des corps étaient en décomposition.

Des témoignages palestiniens ont décrit la destruction à grande échelle des infrastructures et des maisons à Khan Younis après le retrait d’Israël, alors que les Palestiniens déplacés commençaient à revenir dans la ville après cinq mois d’invasion israélienne.

Dans le centre de la bande de Gaza, des frappes aériennes israéliennes sur al-Maghazi ont tué trois Palestiniens, dont une femme et le maire de la ville. À Deir al-Balah, des frappes israéliennes ont tué au moins un Palestinien, tandis que l’artillerie israélienne a continué à bombarder la ville d’al-Zahraa.

Dans le nord de la bande de Gaza, les forces israéliennes ont tué deux Palestiniens lors d’une frappe aérienne qui visait des volontaires civils chargés d’organiser la distribution de l’aide.

Dans la ville de Gaza, la défense civile palestinienne a continué à récupérer des cadavres sous les décombres dans les environs de l’hôpital al-Shifa.

Le Hamas déclare qu’il « étudiera » la proposition de cessez-le-feu d’Israël

Les négociations entre le Hamas et Israël sur un cessez-le-feu ont atteint un « point critique », selon Katz, le ministre israélien des affaires étrangères. Katz a ajouté : « Si les choses se passent bien, un grand nombre d’otages rentreront chez eux, puis, par étapes, tout le monde ».

Le Hamas a déclaré, par l’intermédiaire de plusieurs porte-parole, qu’il « étudiera » la nouvelle proposition israélienne de cessez-le-feu, présentée au Caire par des intermédiaires égyptiens et qataris.

Visionnez l’embuscade de Khan Younis, le 6 avril 2024 – Al-Qassam a écrasé les forces commando israéliennes juste avant le retrait du sud de la bande de Gaza. Un jour avant le retrait des troupes sionistes, les combattants d’Al-Qassam ont porté un coup sévère à un commando israélien à Khan Younis, tuant un grand nombre de soldats et détruisant leurs véhicules. La vidéo, diffusée par les médias militaires du Hamas, montre les préparatifs des combattants d’Al-Qassam en vue de l’attaque, avec la pose d’explosifs et le déploiement des troupes. Elle montre ensuite comment les soldats embusqués ont été tués par balles et par des tireurs embusqués par les combattants de la résistance palestinienne, qui ont également fait exploser une maison piégée après qu’un certain nombre de soldats ennemis y soient entrés. Enfin, la vidéo montre les soldats ennemis portant les cadavres et déplaçant les véhicules détruits.

Lundi, Ali Baraka, haut dirigeant du Hamas, a déclaré à Reuters que le mouvement « refuse les dernières propositions présentées par la partie égyptienne. Le bureau politique s’est réuni et a pris cette décision ».

Le Hamas et Israël avaient envoyé des délégations au Caire dimanche. Les délégations sont reparties lundi et devraient revenir dans la capitale égyptienne dans deux jours pour reprendre les pourparlers indirects.

Mardi, Sami Abu Zuhri, membre éminent du Hamas, a déclaré à al-Araby TV que les communiqués israéliens sur les négociations « sont des manœuvres médiatiques qui ne reflètent pas la réalité ». M. Abu Zuhri a souligné qu’Israël continuait de refuser un cessez-le-feu permanent et le retour des personnes déplacées dans le nord de Gaza.

« Les États-Unis n’exercent aucune pression sur Israël pour qu’il arrête la guerre », a fait remarquer M. Abu Zuhri. « Au contraire, leurs efforts et ceux du gouvernement israélien se concentrent uniquement sur la libération des prisonniers [israéliens] », a-t-il souligné.

Le Hamas a présenté ses conditions à des intermédiaires en mars, insistant sur un cessez-le-feu permanent et sur le retour des Palestiniens déplacés dans leurs foyers au nord de la bande de Gaza, ce qu’Israël a catégoriquement rejeté.

Parallèlement, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré qu’Israël poursuivrait l’invasion prévue de Rafah, ajoutant lundi que « la date de l’invasion est fixée ».

La police israélienne disperse violemment les personnes en deuil lors de la veillée funèbre de Walid Daqqa

La police israélienne a fait irruption lundi dans la maison familiale du dirigeant et écrivain palestinien Walid Daqqa, dispersant par la force les personnes en deuil et arrêtant plusieurs des présents.

Le détenu palestinien Walid Daqqa est mort suite aux tortures et à la négligence médicale, en martyr à l’hôpital Assaf Harofeh dimanche 7 avril, après une lutte de près de quatre décennies dans les prisons de l’occupation israélienne – Photo : al-Mayadeen

M. Daqqa, dirigeant et intellectuel de renom, est décédé lundi dans une prison israélienne après 38 ans de captivité. Sa famille a accusé les autorités israéliennes d’avoir retardé la remise du corps et de leur avoir interdit d’ouvrir leur maison pour recevoir les condoléances, conformément aux traditions palestiniennes.

Lundi après-midi, la police israélienne a fait une descente dans la maison de la famille et a dispersé par la force les personnes en deuil d’une tente que la famille avait installée dans la cour.

Des images vidéo prises par des accompagnateurs ont montré des policiers israéliens tirant des grenades incapacitantes et utilisant des matraques pour disperser les personnes en deuil, tout en arrêtant un certain nombre d’entre elles. La famille a déclaré par la suite que cinq de ses membres avaient été arrêtés par la police israélienne.

Daqqa, écrivain et intellectuel de 62 ans, était le plus ancien prisonnier palestinien à mourir alors qu’il se trouvait encore dans une prison israélienne. Après avoir reçu un diagnostic de cancer en 2015, Israël a refusé plusieurs appels à le libérer pour des raisons humanitaires.

Lundi, Erika Guevara-Rosas, directrice principale de la recherche à Amnesty International, a demandé à Israël de remettre le corps de Walid Daqqqa à sa famille, « afin qu’elle puisse lui offrir un enterrement pacifique et digne et lui permettre de pleurer sa mort, sans intimidation ».

Mme Guevara-Rosas a également fait remarquer que « pour Daqqa et sa famille, les six derniers mois en particulier ont été un cauchemar sans fin, au cours duquel il a été soumis à la torture ou à d’autres mauvais traitements, y compris des passages à tabac et des humiliations ». Amnesty International considère la mort de Walid Daqqa comme « un rappel cruel du mépris d’Israël pour le droit à la vie des Palestiniens ».

Le Secrétaire général de l’ONU demande à Israël d’autoriser les journalistes à entrer dans la bande de Gaza

Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré lundi que l’interdiction faite par Israël aux journalistes d’entrer dans la bande de Gaza contribuait à la diffusion de fausses informations. Il a demandé à Israël d’autoriser les journalistes internationaux à entrer dans le territoire assiégé.

Depuis le 7 octobre, Israël a interdit à la quasi-totalité des journalistes étrangers d’entrer dans la bande de Gaza, à l’exception de quelques journalistes occidentaux et grand public qui ont été autorisés après coordination et approbation par l’armée israélienne. En conséquence, la couverture de la guerre dépend, depuis six mois, des rapports des citoyens sur les médias sociaux et des journalistes palestiniens locaux, dont des centaines ont été arrêtés, blessés et tués par Israël.

« Une guerre de l’information a aggravé le traumatisme de la guerre à Gaza en obscurcissant les faits et en déplaçant les responsabilités », a écrit M. Guterres sur X. « Refuser aux journalistes internationaux l’accès à Gaza, c’est permettre à la désinformation et aux faux récits de prospérer ».

Faisant écho aux préoccupations de M. Guterres, l’Association de la presse étrangère a exhorté Israël à autoriser l’accès des journalistes internationaux au territoire palestinien assiégé.

« L’interdiction faite à la presse indépendante d’accéder à une zone de guerre pendant une période aussi longue est sans précédent pour Israël », a déclaré l’association. « Cela soulève des questions sur ce qu’Israël ne veut pas que les journalistes internationaux voient », a déclaré la FPA dans un communiqué.

Depuis le 7 octobre, quelque 140 journalistes palestiniens ont été assassinés par des frappes israéliennes alors qu’ils étaient en service.

9 avril 2024 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine