Par Mondoweiss
Le secrétaire général du mouvement Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré que « toutes les options sont sur la table » en termes d’escalade militaire dans le sud du Liban ; pendant ce temps, les États-Unis lancent un appel faible et peu crédible à des « pauses » humanitaires alors que le nombre de morts à Gaza dépasse les 9200.
Victimes :
Principaux développements :
- Le chef du mouvement libanais Hezbollah, Hassan Nasrallah, s’est exprimé vendredi après-midi, alors que les échanges de tirs se poursuivent de part et d’autre de la ligne de démarcation, tandis que les Houthis du Yémen et la Résistance islamique en Irak se joignent également au combat.
- Le secrétaire d’État américain Antony Blinken se rend en Israël pour la troisième fois depuis le 7 octobre, appelant à des « pauses humanitaires » pour permettre la libération des prisonniers – dont plusieurs dizaines sont morts dans des frappes aériennes israéliennes.
- La Chambre des représentants des États-Unis adopte un programme d’aide militaire à Israël d’un montant de 14,5 milliards de dollars, qui s’ajoute aux 3,8 milliards de dollars d’aide militaire déjà versés chaque année. Le projet de loi devrait être adopté par le Sénat avant d’être mis en œuvre, ce qui est peu probable à l’heure actuelle.
- En revanche, l’ONU a lancé un appel dérisoire de 1,2 milliard de dollars pour l’aide humanitaire à Gaza.
- Les bombardements israéliens sur Gaza se sont poursuivis sans relâche, détruisant entièrement un quartier du camp de réfugiés d’al-Bureij et frappant près de l’hôpital al-Quds dans la ville de Gaza, tuant au moins 198 personnes dans la nuit.
- Le correspondant de Palestine TV, Mohammad Abu Hatab, fait partie des personnes tuées dans la nuit de jeudi à vendredi, ainsi que 11 membres de sa famille.
- Les combats acharnés entre l’armée israélienne et les groupes de la résistance palestinienne se poursuivent dans le nord de la bande de Gaza.
- Un plus grand nombre de blessés et de personnes munies de passeports étrangers ont été évacués vers l’Égypte, mais les groupes humanitaires estiment que ce n’est pas suffisant, car de nombreux hôpitaux de Gaza ont prévenu qu’ils manqueraient de carburant dans les heures et les jours à venir.
- Philippe Lazzarini, commissaire général de l’UNRWA, a déclaré à CNN : « Le nombre de personnes tuées jusqu’à présent est si stupéfiant qu’il ne peut plus s’agir que de tueries délibérées ».
- Israël a renvoyé dans la bande de Gaza des centaines de Palestiniens qui s’étaient vu retirer leur permis de travail israélien et qui avaient été arrêtés au cours des dernières semaines.
- Les forces israéliennes ont assassiné sept Palestiniens et en ont arrêté au moins 55 cette nuit en Cisjordanie occupée, alors que les affrontements armés se poursuivent avec les groupes de résistance palestiniens.
- Israël envisage la création d’un « tribunal spécial » pour juger les membres du Hamas pour l’offensive du 7 octobre, selon le Jerusalem Post.
- Bahreïn a rappelé son ambassadeur en Israël et expulsé l’envoyé israélien à Manama jeudi.
- La répression de la solidarité avec la Palestine à l’étranger se poursuit, l’Allemagne interdisant le réseau Samidoun de solidarité avec les prisonniers palestiniens.
- Marche nationale sur Washington, D.C., en solidarité avec la Palestine, prévue pour samedi.
Près de 200 autres Palestiniens tués, des travailleurs emprisonnés renvoyés à Gaza
Israël continue de pilonner sans merci la bande de Gaza, l’agence de presse WAFA faisant état de frappes aériennes meurtrières dans plusieurs quartiers de la ville de Gaza, ainsi qu’à Deir al-Balah et dans les camps de réfugiés d’al-Bureij et de Nuseirat, tuant au moins 198 personnes dans la nuit, selon le ministère de la santé de Gaza.
Une frappe aurait touché un cimetière à Beit Lahiya, tuant un certain nombre d’employés du cimetière, tandis qu’un quartier entier d’al-Bureij a été rasé par des frappes aériennes, tuant au moins 15 personnes.
Parmi les dizaines de personnes tuées dans la nuit, le correspondant de Palestine TV, Mohammad Abu Hatab, est mort avec sa femme, son fils, son frère et huit autres membres de sa famille à Khan Younis, une ville du sud de la bande de Gaza où les autorités israéliennes avaient demandé aux civils d’évacuer les lieux.
En début de semaine, la BBC – habituellement totalement insensible à la détresse des Palestiniens – a indiqué qu’elle avait confirmé de manière indépendante un certain nombre de frappes aériennes israéliennes dans le sud de la bande de Gaza [dans des zones supposées sûres], preuve supplémentaire, s’il en était besoin, que nul n’est à l’abri à Gaza.
L’annonce de la mort d’Abu Hattab a fait fondre en larmes ses collègues en direct à la télévision, tandis qu’un autre journaliste, Salman Al-Bashir, retirait son équipement de protection à l’antenne, déclarant : « Cet équipement et ce casque ne protègent aucun journaliste, ce ne sont que des slogans vides de sens. Nous sommes des victimes, en direct. Nous sommes des victimes qui attendent leur tour d’être tuées ».
Plusieurs centaines de personnes munies de passeports étrangers ont été autorisées à sortir de Gaza par le point de passage de Rafah avec l’Égypte en début de semaine, ainsi que des dizaines de malades et blessés dans un état grave.
Vendredi, le ministère de la santé de Gaza a demandé au Comité international de la Croix-Rouge de garantir un passage sûr aux ambulances transportant des centaines de blessés graves vers le point de passage de Rafah, ajoutant que l’armée israélienne « empêchait leur arrivée dans le sud de la bande de Gaza en coupant les routes et en prenant les ambulances pour cible ».
Le système médical de Gaza est au bord de l’effondrement, les hôpitaux avertissant qu’ils risquent de manquer de carburant dans les heures et les jours à venir. “La situation est plus que catastrophique”, a prévenu le Dr Marwan Abusada, de l’hôpital al-Shifa.
Tout en se félicitant des premières évacuations médicales, CARE International a déclaré jeudi qu’elles n’étaient pas suffisantes.
« C’est un soulagement que les évacuations médicales de Gaza aient commencé. Environ 76 patients gravement blessés ont franchi la frontière de Rafah mercredi. Cependant, il ne s’agit que de la partie émergée de l’iceberg. Avec plus de 22 000 blessés, les évacuations médicales et l’approvisionnement doivent être prioritaires dans les jours à venir pour sauver des vies et éviter de nouvelles souffrances », a déclaré Hiba Tibi, directrice de CARE pour la Cisjordanie et Gaza.
« Les conditions de vie des patients sont effrayantes. Les hôpitaux cessent maintenant leurs activités à mesure que le carburant vient à manquer. De plus, les hôpitaux n’ont pas été épargnés par la violence, mettant en danger la vie des patients et du personnel médical ».
Pendant ce temps, les combats intenses entre les troupes terrestres israéliennes et les groupes de résistance palestiniens se poursuivent dans les quartiers de la ville de Gaza et dans le nord et le centre de la bande de Gaza, avec des bilans difficiles à établir.
Les groupes de la résistance palestinienne ont continué à tirer des roquettes sur Israël, touchant des zones de l’enveloppe de Gaza, Bir Sheba et Tel Aviv.
C’est dans ce contexte qu’Israël a renvoyé des centaines de Palestiniens à Gaza vendredi matin.
Quelque 4000 Palestiniens de Gaza se sont retrouvés bloqués en Israël après le 7 octobre, Israël leur ayant retiré tous leurs permis de travail et les ayant détenus dans des conditions terribles qui ont été dénoncées comme une punition collective.
Dans un discours, le dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah, met en garde contre une nouvelle escalade sur le front au nord de la Palestine occupée
Dans son premier discours depuis le début de l’assaut, ce vendredi, le dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a rejeté les allégations israéliennes selon lesquelles il était impliqué dans l’opération « Déluge d’Al-Aqsa », affirmant que le groupe de résistance libanais avait découvert l’opération de la résistance palestinienne en même temps que le reste du monde, mais en ajoutant que le Hezbollah était « engagé dans la bataille depuis le 8 octobre », c’est-à-dire le lendemain même de l’offensive de la résistance.
M. Nasrallah a déclaré que les échanges de tirs entre Israël et les groupes armés dans le sud du Liban au cours des dernières semaines « ne seraient pas une fin », affirmant que le front israélo-libanais immobilisait une part importante de la puissance militaire d’Israël.
Si Israël décide d’intensifier ses frappes sur le Liban, « ce sera le plus grand acte de folie dans l’histoire de votre existence », a-t-il déclaré. « Tous les scénarios sont ouverts sur notre front sud libanais, toutes les options sont envisageables ».
Israël a occupé le Sud-Liban entre 1985 et 2000, et a mené une guerre violente contre le Hezbollah en 2006. La situation actuelle fait craindre à beaucoup que le Liban, déjà en proie à une crise politique et économique, ne s’engage pleinement dans la guerre.
Au moins six membres du Hezbollah ont été tués par des frappes aériennes israéliennes ces derniers jours, alors que le Hezbollah et les Brigades Al-Qassam du Hamas ont revendiqué un certain nombre de frappes dans le nord de la Palestine occupée et dans les fermes de Shebaa occupées.
Les forces israéliennes ont utilisé du phosphore blanc dans le sud du Liban, détruisant des milliers d’oliviers et tuant au moins deux jeunes bergers, selon l’agence de presse nationale libanaise.
La possibilité d’une implication plus intense du Hezbollah dans les combats intervient alors que les combattants Houthis au Yémen ont revendiqué la responsabilité d’un certain nombre de tirs drones et de missiles balistiques depuis le Yémen en direction de la ville côtière israélienne d’Eilat, en début de semaine, jurant qu’ils continueraient à le faire.
Le groupe de la Résistance islamique en Irak a quant à lui annoncé vendredi qu’il « entamerait la semaine prochaine une nouvelle phase de confrontation avec les ennemis, de soutien à la Palestine et de vengeance pour les martyrs », après avoir affirmé avoir frappé une « cible » militaire israélienne près de la mer Morte, ainsi qu’une base militaire américaine à Erbil ».
Cisjordanie et Jérusalem : de nouveaux morts et de nouvelles arrestations
De nouveaux affrontements armés ont été signalés cette nuit en Cisjordanie occupée, entraînant la mort d’au moins neuf Palestiniens depuis jeudi soir.
À Jénine, cinq Palestiniens ont été tués au cours de violents combats, et des routes ont été détruites par des véhicules militaires israéliens et des bulldozers.
Les Palestiniens tués à Jénine ont été identifiés par WAFA comme étant Wisam Zyoud, Yamen Jarrar, Suleiman Muhammad Steiti, 31 ans, Jihad Ibrahim Mustafa Nagnagiah, 26 ans, et Mutaz Abu al-Nada, 26 ans. Vendredi, les forces israéliennes ont abattu Yousef Shaheen, 33 ans, dans le village de Budrus.
Des foules immenses se sont rassemblées à Jénine vendredi pour les funérailles des personnes tuées au cours de la nuit.
Entre-temps, Defense for Children International – Palestine (DCIP) a confirmé jeudi que deux enfants palestiniens avaient été tués par les forces israéliennes, ce qui porte à 41 le nombre total d’enfants palestiniens tués en Cisjordanie occupée depuis le 7 octobre.
Ayham Mohammad Talal Al-Shafi, 12 ans, a été mortellement touché par des tirs à balles réelles lors d’un raid de l’armée israélienne à Al-Bireh jeudi, tandis que Hamdan Omar Mahmoud Hamdan, 13 ans, a succombé à ses blessures jeudi après avoir été touché à l’arrière de la tête par les forces israéliennes, le 30 octobre près du village de Zawata.
Quelque 55 Palestiniens ont été arrêtés cette nuit en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. WAFA a rapporté que la police israélienne a fait une descente à l’hôpital al-Maqassed à Jérusalem-Est jeudi, à la recherche de patients venant de Gaza et a kidnappé un certain nombre d’entre eux.
Les groupes de défense des droits des prisonniers ont déclaré qu’au moins 2070 Palestiniens ont été détenus dans le territoire occupé au cours du mois d’octobre, dont 145 mineurs. Depuis le 7 octobre, de nombreux rapports font état de tortures et de mauvais traitements infligés à des détenus palestiniens par des soldats israéliens.
Les États-Unis appellent de façon peu crédible à des « pauses » dans les bombardements
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken était en Israël vendredi, pour sa troisième visite depuis le 7 octobre. Il a rencontré le président israélien Isaac Herzog et le premier ministre Benjamin Netanyahu pour suggérer des « pauses humanitaires » – par opposition à un cessez-le-feu – afin de permettre l’acheminement de l’aide dans la bande de Gaza assiégée, l’évacuation des ressortissants étrangers de ce minuscule territoire bombardé et la libération des plus de 200 prisonniers – depuis le 7 octobre – du Hamas et d’autres groupes de la résistance palestinienne.
En début de semaine, Haaretz a rapporté que l’administration Biden envisageait de ramener la bande de Gaza sous le contrôle de la très impopulaire et fragile Autorité palestinienne – une idée que le gouvernement israélien d’extrême droite aurait rejetée.
L’ampleur de la dévastation à Gaza, conjuguée à l’indignation générale, conduit Washington à appeler tardivement et timidement Israël à la retenue. « Le problème pour [Israël] est que les critiques se font de plus en plus vives, non seulement de la part de ses détracteurs, mais aussi de la part de ses meilleurs supporters », a déclaré un haut fonctionnaire de l’administration à CNN.
Cela n’a pas empêché la Chambre des représentants, à majorité républicaine, de voter jeudi en faveur d’un plan d’aide militaire à Israël d’un montant de 14,3 milliards de dollars.
Le sénateur Chuck Schumer a déclaré que le Sénat, à majorité démocrate, rédigerait son propre projet de loi sur l’aide à Israël, qui inclurait également une aide militaire à l’Ukraine et supprimerait les coupes budgétaires compensatoires que les républicains ont ajoutées au projet de loi de la Chambre des représentants.
Le président Joe Biden a promis qu’il opposerait son veto si le projet de loi de la Chambre des représentants, dirigé par les républicains, arrivait sur son bureau.
Néanmoins, le montant proposé par les républicains fait paraître bien dérisoire en comparaison le récent appel à l’aide des Nations unies pour Gaza, l’organisation internationale ayant estimé qu’au moins 1,2 milliard de dollars seraient nécessaires pour répondre aux besoins humanitaires des Palestiniens – notant que seuls 25 % d’un appel initial de 294 millions de dollars avaient été collectés jusqu’à présent.
E Europe, l’Allemagne a mis hors la loi des organisations qu’elle soupçonne d’avoir des liens avec le mouvement Hamas, notamment le bien connu réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens, Samidoun.
« La complicité dans un génocide est illégale en vertu du droit international, tout comme la persécution d’organisations parce qu’elles s’opposent à l’apartheid, et nous sommes déterminés à demander des comptes à l’Allemagne pour ses crimes contre Samidoun, mais aussi contre le peuple palestinien dans son ensemble », a écrit le groupe jeudi.
« Cette attaque devrait inquiéter sérieusement tous ceux qui mènent un travail politique, en particulier pour la libération de la Palestine. Elle vise à introduire une norme selon laquelle les organisations peuvent être interdites pour avoir organisé des manifestations, des conférences, publié des affiches et s’être engagées dans un travail entièrement public et politique qui remet en question l’État allemand et sa complicité dans les crimes de guerre israéliens, les crimes contre l’humanité et le génocide en cours à Gaza ».
Auteur : Mondoweiss
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3 novembre 2023 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine