Près de 160 enfants sont tués chaque jour à Gaza, les médecins étant contraints d’opérer sans anesthésie et les centres de santé étant à court de fournitures médicales. Pendant ce temps, les pays du G7 s’avèrent refusent d’appeler à un cessez-le-feu et confirment leur soutien à Israël.
Victimes :
- 10 569 Palestiniens tués, dont 4324 enfants et 2823 femmeset, et 26 000 blessés à Gaza
- 163 Palestiniens tués en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est, et plus de 2300 blessés
Principaux développements :
- Les pays du G7 « soutiennent les pauses humanitaires » pour faciliter l’entrée des camions d’aide, mais n’ont pas appelé à un cessez-le-feu immédiat.
- Le département d’État a annoncé que plus de 400 citoyens américains piégés dans la bande de Gaza ont quitté le point de passage de Rafah avec l’Égypte, la plupart d’entre eux ayant la double nationalité palestinienne.
- Depuis le 7 octobre, l’attaque israélienne sur Gaza a détruit 40 000 logements, selon les chiffres du gouvernement de Gaza.
- Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a déclaré que les forces israéliennes d’occupation avaient pris pour cible un convoi de cinq camions transportant des fournitures médicales vitales pour les établissements de santé de Gaza.
- Les médecins de Gaza ont été contraints de pratiquer des opérations sans anesthésie, telles que des amputations, a déclaré un porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé.
- Les forces israéliennes ont annoncé la mort de 31 soldats et l’assassinat d’un haut responsable du Hamas. Les combats se poursuivent à Gaza, le Hamas ayant diffusé des vidéos montrant des obus tirés à bout portant sur des chars et des véhicules blindés israéliens.
- Une personnalité politique israélienne a éructé que les colonies en Cisjordanie occupée n’étaient pas des colonies, « nous vivons sur notre terre biblique ».
- Le président américain Joe Biden estime que « la réoccupation de Gaza par les forces israéliennes n’est pas la bonne chose à faire ».
Amputations sans anesthésie : dernier recours pour les médecins de Gaza alors que les centres de soins de santé sont à court de fournitures
La guerre d’Israël contre la bande de Gaza se poursuit pour le 33e jour consécutif, malgré les appels au cessez-le-feu lancés par les groupes de défense des droits et les manifestants du monde entier pour mettre fin au génocide, qui a déjà coûté la vie à plus de 10 000 personnes.
Mercredi, les ministres des affaires étrangères des pays du G7 ont confirmé leur soutien à Israël, tout en condamnant les mouvements de résistance palestiniens et en s’abstenant d’appeler à un cessez-le-feu immédiat.
Toutefois, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, la France, l’Allemagne, le Japon et l’Italie ont déclaré dans un communiqué commun qu’ils « soutiennent les pauses humanitaires pour faciliter l’aide nécessaire d’urgence, la circulation des civils et la libération des otages ».
La semaine dernière, le gouvernement israélien a exclu toute pause dans les bombardements israéliens ou dans l’incursion terrestre israélienne à Gaza, à moins que les prisonniers détenus par le Hamas et le Djihad islamique ne soient libérés.
Le département d’État a annoncé mardi que plus de 400 citoyens américains restés coincés dans la bande de Gaza avaient quitté le territoire par le point de passage de Rafah, avec l’Égypte, la plupart d’entre eux étant des Palestiniens possédant la double nationalité. L’Allemagne a déclaré que 30 citoyens et leurs familles avaient également quitté la bande de Gaza.
Al-Jazeera a rapporté que 100 ressortissants français, 100 Égyptiens et un groupe de canadiens et leurs dépendants avaient fui mardi. La Jordanie a évacué 262 des 569 citoyens bloqués à Gaza depuis le 7 octobre.
Ceux qui sont restés dans la bande de Gaza n’ont aucun endroit sûr où fuir les bombardements israéliens. Ils risquent d’être tués, blessés, ensevelis sous les décombres ou déplacés.
Depuis le 7 octobre, l’attaque israélienne sur Gaza a détruit 40 000 logements, selon les chiffres du gouvernement de Gaza cités par Al-Jazeera. Il y a 1,5 million de Palestiniens déplacés à l’intérieur du pays, et quelque 900 000 personnes vivent encore au nord de la vallée de Gaza, qui est devenue un champ de bataille depuis qu’Israël a lancé son incursion il y a 12 jours.
Cependant, le sud reste également un piège mortel pour les Palestiniens de Gaza. Le gouvernement de Gaza a déclaré que 46 % des décès enregistrés depuis le 7 octobre se trouvaient en dessous de la vallée de Gaza, une zone qu’Israël a mensongèrement désignée comme « zone de sécurité » pour les Palestiniens.
Au cours des dernières 24 heures, Israël a lancé des frappes aériennes et tiré des obus d’artillerie lourde sur différents quartiers de la ville de Gaza, principalement Tal Al-Hawa, au sud d’Al-Rimal, Al-Sabra, Al-Nasr, Sheikh Radwan, Al-Zaytoun et Al-Shuja’iyya, que les forces israéliennes tentent de capturer.
L’agence de presse Wafa a rapporté que la maison de la famille Adwan à Al-Fakhoura dans le camp de Jabalia, au nord de la bande de Gaza, a été bombardée. Des dizaines de personnes ont été tuées et les blessés ont été transférés à l’hôpital Al-Shifa’, à l’ouest de la ville de Gaza.
Neuf personnes ont été tuées lorsqu’une frappe aérienne a touché la maison de la famille Daher à l’est du camp de réfugiés de Jabalia, blessant des dizaines de personnes qui ont été transportées à l’hôpital indonésien de la ville de Beit Lahia.
Wafa a rapporté qu’un certain nombre de martyrs et de blessés palestiniens ont été retrouvés sous une maison du camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, dans la nuit de mardi à mercredi.
Un rassemblement de personnes à proximité de l’université ouverte d’Al-Quds, au nord-ouest du quartier Al-Nasr de Gaza, a également été pris pour cible.
Nibal Farsakh, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a déclaré à Wafa que les forces israéliennes avaient pris pour cible mardi un convoi de cinq camions transportant des fournitures médicales vitales pour les établissements de santé de Gaza, notamment l’hôpital Al-Quds, qui est géré par la Société palestinienne du Croissant-Rouge.
Le CICR a déclaré dans un communiqué mercredi que « deux camions ont été endommagés et qu’un chauffeur a été légèrement blessé » lorsqu’ils ont été touchés par les tirs israéliens.
« Ce ne sont pas des conditions dans lesquelles le personnel humanitaire peut travailler », a déclaré William Schomburg, chef de la délégation du CICR à Gaza. « Nous sommes ici pour apporter une aide d’urgence aux civils dans le besoin. Veiller à ce que l’aide vitale puisse atteindre les installations médicales est une obligation légale en vertu du droit international humanitaire. »
Les conditions médicales dans la bande de Gaza sont désastreuses, puisque 60 % des centres de soins ont été mis hors service parce qu’ils ont été endommagés ou qu’ils manquent de carburant et de médicaments. Selon Christian Lindmeier, porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé, ceux qui fonctionnent encore ont dû procéder à des opérations sans anesthésie, telles que des amputations.
« Les habitants de Gaza meurent par milliers et ceux qui sont encore en vie souffrent de traumatismes, de maladies et du manque de nourriture et d’eau », a déclaré M. Lindmeier. « En moyenne, 160 enfants sont tués chaque jour, d’après les chiffres du ministère de la santé [de Gaza] », a-t-il ajouté.
Les bombardements israéliens n’ont laissé aucune famille de Gaza sans victimes, y compris des médecins et du personnel médical. Iyad Shaqura, 42 ans, pharmacien qui travaillait depuis le début de la guerre à l’hôpital Nasser de Khan Yunis, a vu huit membres de sa famille, dont ses deux fils et sa mère, être transportés morts au service des urgences lundi.
Il a déclaré : « Quel péché ont-ils commis pour que des tonnes de bombes et d’explosifs leur tombent sur la tête ? Ils ne sont pas dans un meilleur état que les enfants qui les ont précédés ».
« Je vais enterrer mes enfants maintenant et continuer mon travail », a-t-il ajouté.
Le porte-parole du ministère de la santé de Gaza, Ashraf Al-Qidra, a déclaré mercredi midi que 10 569 personnes avaient été tuées depuis l’offensive israélienne du 7 octobre, dont 4324 enfants et 2823 femmes. M. Qidra a ajouté que l’occupation israélienne avait commis 27 massacres au cours des dernières 24 heures, qui ont tué 241 personnes.
Au moins 3000 personnes sont toujours portées disparues sous les décombres, tandis que 26 000 autres sont blessées.
Abu Obeida dévoile les pertes israéliennes impressionnantes sur le champ de bataille
Abu Obeida a annoncé que la Résistance palestinienne avait entièrement ou partiellement détruit 136 véhicules militaires israéliens au cours des dix derniers jours.
Dans une déclaration faite mercredi soir, Abu Obeida, le porte-parole militaire des Brigades Al-Qassam, la branche armée du mouvement de la Résistance palestinienne Hamas, a annoncé que la Résistance palestinienne avait entièrement ou partiellement détruit 136 véhicules militaires israéliens au cours des dix derniers jours.
Abu Obeida a également déclaré que « l’ennemi sioniste tue tout ce qui se trouve sur son chemin, y compris les humains et les animaux ».
Il a également déclaré que la Résistance était prête à échanger les prisonniers détenus à Gaza avec des prisonniers palestiniens, en particulier des femmes, des enfants et des personnes âgées détenus dans les prisons israéliennes.
Les Brigades Al-Qassam ont diffusé une vidéo montrant les attaques de la Résistance contre les forces et les véhicules israéliens qui envahissent le territoire. pic.twitter.com/Q2uIFGl80k
— The Palestine Chronicle (@PalestineChron) November 8, 2023
Voici quelques-uns des points soulevés par Abu Obeida dans sa brève déclaration, qui a été immédiatement suivie d’une vidéo montrant les attaques de la Résistance contre les forces et les véhicules israéliens qui envahissent le territoire assiégé :
Avec l’aide d’Allah, dans les minutes à venir, nous montrerons une partie de la grandeur de nos combattants et de leur combat contre l’ennemi, leur combat avec ses véhicules et ses soldats fortifiés dans des bâtiments, et leur chasse aux chars et leur destruction. Ce n’est qu’une petite fraction de ce que nos combattants ont fait et continuent de faire sur le terrain avec la force et l’aide d’Allah.
Le dossier des prisonniers est toujours présent avec nous dans les détails de cette bataille. Nous renouvelons notre confirmation que la seule voie claire pour cette cause est un accord d’échange total ou partiel de prisonniers. Nous avons des femmes dans nos prisons et l’occupation retient nos femmes en captivité. Nous avons des civils, des malades et des personnes âgées dans les prisons de l’ennemi. Nous détenons des prisonniers de la même catégorie. Nous avons des combattants et des membres de la résistance dans les prisons de l’occupation, et l’ennemi a nos soldats combattants comme prisonniers.
Il n’y a absolument aucune solution au dossier des prisonniers si ce n’est par cette voie et cet échange, que ce soit de manière catégorique ou dans le cadre d’une opération globale. En outre, nous continuons à affirmer que l’ennemi, qui poursuit l’agression et refuse de faciliter les conditions de leur libération, est celui qui entrave et sabote tous les efforts visant à délivrer les détenus de nationalités étrangères, exposant même leur vie et celle de leurs captifs à un danger imminent à chaque heure et à chaque jour.
Il y a quelques jours, l’ennemi a fait échouer la libération de 12 détenus de nationalité étrangère. Le grand nombre de morts parmi les prisonniers et les détenus, ceux qui sont encore sous les décombres et ceux qui subissent des traitements entre la vie et la mort, ne sont que la preuve de l’arrogance et du désarroi de cet ennemi.
Le devoir de la période est de soutenir notre peuple par tous les moyens et de ne pas se soumettre à l’occupation nazie soutenue par l’administration américano-sioniste.
Ce que cet ennemi lâche craint le plus, c’est la renaissance de notre peuple et des nations de notre oumma et de ses forces de résistance, en premier lieu bien sûr notre peuple palestinien en Cisjordanie, à Al-Qods et sur les terres de la Palestine occupée en 1948. Le monde observe comment l’occupation exploite cette guerre pour affirmer sa mentalité fasciste et raciste et son désir de déplacer notre peuple en Cisjordanie, de continuer à le tuer et à l’agresser, et d’essayer de liquider l’ensemble de la question palestinienne.
Mobilisez-vous, ô combattants de notre peuple, et ô nos masses dans toute la terre de Palestine, pour écraser ce plan sioniste, comme vous avez toujours été le cimetière des rêves des dirigeants insensés de cet ennemi. Nous disons, salut à notre peuple qui se tient fermement sur sa terre, refusant le déplacement et la déportation, qui se tient comme une épine dans la gorge de l’occupant sioniste, retranché face à une force brutale assoiffée de sang, qui inscrira dans sa mémoire et sur sa facture cet holocauste et les massacres perpétrés par l’ennemi. Elle continuera d’être, comme elle l’a été depuis 1948, une malédiction, un feu et une destruction pour cet ennemi.
Nous annonçons à l’occupation la bonne nouvelle d’une prochaine phase de rage et de résistance en Cisjordanie, à Gaza et à Al-Qods, sur tous les fronts et dans tous les domaines, avec l’aide d’Allah le Tout-Puissant. Nous poursuivons notre résistance à cette agression sur tous les fronts, et nos combattants sont à l’affût de l’ennemi.
Des dizaines de personnes arrêtées en Cisjordanie alors que des responsables américains déclarent que la réoccupation de Gaza « n’est pas la bonne chose à faire »
Les forces israéliennes ont arrêté 55 Palestiniens en Cisjordanie occupée mercredi matin, dont 16 à Hébron, 11 à Bethléem et 10 à Qalqilya.
Muhammad Hani Ghannam, 20 ans, et Zaid Khalifa Abu Arra, 22 ans, originaires de la ville d’Aqaba, près de Tubas, ont également été arrêtés. L’agence de presse Wafa a publié la liste des noms des personnes arrêtées au cours des dernières 24 heures, dont des habitants de Jérusalem, Jénine, Naplouse, Ramallah et Tulkarem.
Depuis le 7 octobre, les forces israéliennes ont arrêté 2280 Palestiniens, dont quatre sont morts sous la torture dans les prisons israéliennes.
Wafa a rapporté que trois travailleurs palestiniens ont été arrêtés dans la nuit de mardi à mercredi dans les villages de Nazlat Issa et Sidon, au nord de Tulkarm.
Ils ont été forcés de sortir de leur véhicule et ont été sévèrement battus par les forces israéliennes. Ils ont été identifiés comme Muhammad Mustafa Mahmoud Babiya, 35 ans, de Nazlet Issa, Muhammad Hani Ajaj, 20 ans, et Mahdi Muwaffaq Ajaj, 30 ans, tous deux de la ville de Sidon.
Le chef de l’opposition israélienne, Yair Lapid, a déclaré lors d’une interview avec une chaîne française que les colonies israéliennes illégales en Cisjordanie occupée n’étaient pas des « colonies ».
« Elles ne sont pas colonisées parce que nous n’avons jamais occupé la [terre] palestinienne… Ce ne sont pas des colonies. Nous vivons sur notre terre biblique », a-t-il déclaré.
Mercredi, l’Autorité palestinienne (AP) a dénoncé ces propos. Ruhi Fattouh, président du conseil national du Fatah, a déclaré que les propos de M. Lapid niaient l’existence du peuple palestinien et procédaient d’une pensée génocidaire.
Mme Fattouh a déclaré dans un communiqué que « les déclarations racistes de M. Lapid reflètent le fait qu’il n’y a pas de partenaire dans l’État occupant ni de personne qui aspire à la paix et à la stabilité dans la région ».
Israël a affaibli l’Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée en autorisant les colons à mener des attaques contre des villages palestiniens et à endommager leurs biens, et en encourageant des politiques d’expansion des colonies.
Les responsables américains tentent de comprendre quel est le plan de sortie d’Israël de la bande de Gaza, ou comment il va administrer l’enclave s’il réussit à l’occuper.
John Kirby, porte-parole du Conseil national de sécurité, a déclaré que le président américain Joe Biden estimait qu’ « une réoccupation de Gaza par les forces israéliennes n’est pas la bonne chose à faire ».
Auteur : Mustafa Abu Sneineh
* Mustafa Abu Sneineh est journaliste, poète et rédacteur à Middle East Eye. Son premier recueil de poésie, A Black Cloud at the End of the Line, a été publié en arabe en 2016. Abu Sneineh est titulaire d'un diplôme en droit de l'université de Birzeit, en Palestine, et d'une maîtrise en études postcoloniales du Goldsmiths College, à Londres. Il a rédigé sa thèse de maîtrise sur le nationalisme syrien des années 1930 et 1940. Il a précédemment travaillé pour le journal Al-Akhbar et le magazine Canvas art. Son compte X.
8 novembre 2023 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine