Par Mondoweiss
Les Palestiniens qui cherchent refuge dans les hôpitaux de Gaza craignent le pire, car Israël abandonne toute prétention de ne pas cibler les installations médicales, tandis que Netanyahu affirme de manière surréaliste qu’Israël ne cherche pas à déplacer qui que ce soit.
Victimes :
- 11 078 Palestiniens tués, dont 4506 enfants, et 27 490 blessés à Gaza
- 183 Palestiniens tués en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est
Principaux développements :
- Israël intensifie ses attaques contre les hôpitaux de Gaza, où des milliers de personnes cherchent refuge.
- 260 personnes tuées à Gaza en l’espace de 24 heures.
- Plusieurs hôpitaux de la ville de Gaza sont encerclés par les forces israéliennes et craignent le pire.
- Les pénuries d’eau, de nourriture et d’électricité mettent de nouvelles vies en danger alors que les installations médicales sont sur le point d’être totalement fermées.
- Au milieu de cette dévastation à grande échelle, M. Netanyahu déclare à Fox News : « Nous ne cherchons pas à déplacer qui que ce soit ».
- Israël annonce des pauses quotidiennes de quatre heures « tactiques et localisées » dans les bombardements sur Gaza, dénoncées par le rapporteur spécial de l’ONU comme « cyniques et cruelles ».
- Les États-Unis s’inquiètent de l’impact diplomatique de leur soutien à Israël, les câbles diplomatiques avertissant que le pays est en train de perdre totalement le public arabe » pour une génération ».
- Le nombre de morts augmente en Cisjordanie.
- La France cherche à se dédouaner de ses graves responsabilités dans le génocide en cours, en prétendant organiser une conférence de collecte de fonds humanitaires pour Gaza à Paris.
Israël prend pour cible les hôpitaux de Gaza
Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré que des chars de l’armée israélienne encerclaient les hôpitaux al-Rantisi et al-Nasr dans la ville de Gaza vendredi, alors que les centres médicaux de la bande de Gaza assiégée ont été soumis à une escalade des bombardements israéliens au cours des dernières 24 heures.
« Des milliers de patients, de membres du personnel médical et de personnes déplacées sont pris au piège dans les hôpitaux, sans eau ni nourriture, et risquent de mourir à tout moment. Le monde devrait avoir honte de ne rien faire face aux massacres, au ciblage et au siège des hôpitaux », a écrit le porte-parole du ministère, Ashraf Al-Qidra.
Al-Jazeera a rapporté que les forces israéliennes avaient mené des frappes toute la nuit à proximité de l’hôpital al-Shifa dans la ville de Gaza, et que l’on pouvait entendre des tirs de plus en plus proches vendredi matin.
Dans sa propagande de guerre, Israël affirme que l’hôpital al-Shifa se trouve au-dessus du principal centre de commandement du Hamas à Gaza, mais le plus grand hôpital de Gaza est actuellement un refuge pour des milliers de civils qui cherchent à s’abriter et à recevoir des soins médicaux au milieu de la dévastation absolue causée par les milliers de bombes israéliennes qui pleuvent sur la bande de Gaza depuis le 7 octobre.
Au cours des seules dernières 24 heures, les frappes israéliennes ont touché l’hôpital Rantisi, l’hôpital al-Nasr, l’hôpital al-Shifa’ et l’hôpital indonésien à Beit Lahia, la clinique al-Aqsa à Khan Younis (dans le sud de Gaza, supposé « sûre »), à proximité de l’hôpital al-Awda à Tal al-Zaatar et l’hôpital al-Quds dans la ville de Gaza.
La frappe sur Rantisi a déclenché un incendie à l’étage inférieur de l’hôpital pour enfants. Un nombre non encore confirmé de personnes ont été tuées par les frappes à l’hôpital indonésien et à al-Shifa.
Le ministère de la santé a également indiqué vendredi que les forces israéliennes avaient arrêté deux ambulanciers qui remontaient vers le nord après avoir transporté des blessés dans le sud de Gaza, et ce « en dépit de la coordination avec le Comité international de la Croix-Rouge ».
L’intensification des attaques contre les installations médicales s’inscrit dans le cadre d’un renforcement considérable des restrictions imposées par Israël sur l’entrée de carburant, de nourriture et d’eau dans la bande de Gaza, menaçant de paralyser l’ensemble du système de soins de santé – en plus des frappes aériennes visant les réservoirs d’eau et les panneaux solaires.
Jeudi soir, le ministère de la santé de Gaza a déclaré qu’il ne restait que « quelques heures » avant que les hôpitaux du nord de la bande de Gaza et de la ville de Gaza ne soient hors service.
Il a ajouté que 38 enfants souffrant d’insuffisance rénale à l’hôpital de Rantisi étaient désormais privés des services de dialyse qui pourraient leur sauver la vie.
« Aujourd’hui, 95 % de la population n’a pas accès à l’eau potable et 1,5 million de personnes sont déplacées dans des zones surpeuplées, alors que les rigueurs de l’hiver menacent. Les conditions sont propices à la propagation des maladies transmissibles et des maladies d’origine hydrique – des maladies qui affectent les enfants et conduisent à des décès qui pourraient être évités », a déclaré jeudi Bob Kitchen, du Comité international de secours.
L’ONG Euro-Med Human Rights Monitor a entre-temps signalé que les enfants souffraient de malnutrition sévère, de déshydratation et de maladies d’origine hydrique – des conditions potentiellement mortelles qui, bien qu’elles ne soient pas incluses dans les bilans des violences, résulteraient directement des tactiques de guerre génocidaires d’Israël.
Vendredi midi, le ministère de la santé de Gaza a indiqué que 11 078 personnes avaient été tuées, dont 4506 enfants, et que 27 490 autres personnes avaient été blessées depuis le 7 octobre. En outre, 2700 personnes ont été portées disparues sous les décombres, dont 1500 enfants.
Les « pauses humanitaires » israéliennes de quatre heures qualifiées de « cyniques et cruelles »
Alors que le monde entier réclame un cessez-le-feu humanitaire, Israël semble vouloir donner l’apparence de « pauses » humanitaires demandées par les États-Unis, en acceptant des pauses quotidiennes « tactiques et localisées » dans les bombardements, pendant quatre à six heures par jour.
Francesca Albanese, rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires palestiniens, a qualifié ces « pauses » de « très cyniques et cruelles ». « Il y a eu des bombardements continus, 6000 bombes par semaine sur la bande de Gaza, sur ce minuscule morceau de terre où les gens sont piégés et où les destructions sont massives. Il n’y aura pas de retour en arrière après ce qu’Israël est en train de faire à la bande de Gaza », a déclaré M. Albanese à des journalistes en Australie.
L’association israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem a rejeté les affirmations d’Israël selon lesquelles les pauses humanitaires dans les combats « ne profiteraient qu’au Hamas ».
« Ces affirmations ne peuvent justifier le mal indescriptible fait aux quelque 2,2 millions de personnes qui vivent dans la bande de Gaza et qui sont maintenant prises dans une lutte quotidienne pour la survie, non seulement à cause des frappes incessantes d’Israël, mais aussi à cause de la grave pénurie de nourriture et d’eau », a déclaré l’association vendredi.
« Apporter de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza n’est pas une faveur que l’on demande à Israël d’accorder à la population civile. Il s’agit plutôt d’une oblogation pour Israël en vertu du droit humanitaire international ».
Alors que le nombre de morts à Gaza augmente inexorablement, y compris une proportion importante d’enfants, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est exprimé sur Fox News jeudi, affirmant de manière incroyable qu’Israël « ne cherchait pas à déplacer qui que ce soit » [du pur Goebbels – NdT].
Les commentaires de Netanyahu vont à l’encontre d’innombrables déclarations d’organisations israéliennes, palestiniennes, de l’ONU et d’autres organisations internationales dénonçant la punition collective infligée aux civils de Gaza depuis le 7 octobre.
Selon l’OCHA, 1,5 million de personnes, soit environ 65 % de la population de Gaza, ont été déplacées à l’intérieur duterritoire assiégé en raison du conflit. Jeudi, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a mis en garde contre les conséquences dévastatrices à long terme du conflit.
« Les pertes en vies humaines, les souffrances humaines et les destructions sans précédent dans la bande de Gaza sont inacceptables. Le PNUD s’associe aux appels du Secrétaire général des Nations unies en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat, de la libération de tous les prisonniers et d’un accès humanitaire permettant à l’aide vitale d’atteindre les civils à l’échelle nécessaire », a déclaré l’administrateur du PNUD, Achim Steiner.
« Les conséquences de cette guerre auront également des effets à long terme et ne se limiteront pas à Gaza. À la catastrophe humanitaire que nous voyons se profiler s’ajoute une crise du développement. La guerre accélère rapidement la pauvreté au sein d’une population déjà vulnérable avant que la crise ne frappe. »
Les combats se poursuivent à Gaza, en Cisjordanie et à la frontière nord de la Palestine occupée
Les hôpitaux n’ont pas été les seules cibles des frappes aériennes israéliennes depuis jeudi.
Selon l’agence de presse WAFA, des civils palestiniens ont été tués par des frappes aériennes israéliennes à al-Shuja’iyya, Al-Zaytoun, Tel Al-Hawa, Sheikh Radwan, Al-Nasr et dans le camp de réfugiés d’al-Shati.
Plusieurs frappes aériennes meurtrières ont également été signalées à Nuseirat et Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où des centaines de milliers de Palestiniens ont fui malgré le mensonge selon lequel le sud serait à l’abri des frappes israéliennes.
La défense civile et les équipes d’ambulanciers ont récupéré les corps de plus de 50 personnes tuées par les frappes aériennes israéliennes de la nuit sur l’école al-Buraq dans le quartier d’al-Nasr de la ville de Gaza.
Pendant ce temps, les combats au sol continuent de faire rage entre les groupes de résistance palestiniens et les forces armées israéliennes dans la bande de Gaza.
Selon les médias israéliens, au moins 41 soldats israéliens ont été tués depuis le début de l’offensive israélienne à Gaza, tandis que l’armée a affirmé avoir tué 30 combattants du Hamas au cours de la journée écoulée, dont le chef de l’unité des forces amphibies du Hamas.
Le Hamas n’a rien confirmé ni infirmé dans ces déclarations.
Deux semaines après l’envoi par Israël de troupes terrestres à Gaza, Haaretz rapporte que les commandants israéliens estiment qu’il faudrait « plusieurs mois » pour atteindre leur objectif de vaincre la résistance palestinienne armée dans le nord de la bande de Gaza, mais que Washington, D.C. – l’allié le plus fidèle d’Israël – « signale qu’il n’y aura pas plus de quelques semaines, même après un accord limité pour la libération des captifs ».
« Après cela, les États-Unis font pression pour que les combats se déroulent sous une forme différente », écrit Haaretz.
Malgré leur position constante en public en faveur du droit d’Israël à la soi-disant autodéfense, les responsables américains se montrent réticents – en privé et en public – face aux méthodes impitoyablement cruelles utilisées et, selon certains, aux objectifs irréalistes poursuivis par Israël.
Le général Charles Q. Brown, président de l’état-major interarmées des États-Unis, a déclaré jeudi que l’objectif d’Israël de renverser le Hamas était « un objectif très ambitieux », exhortant Israël à limiter la durée de sa guerre dans la bande de Gaza.
« Plus vite vous parviendrez à mettre fin aux hostilités, moins vous aurez de problèmes pour la population civile, où sinon chaque personne voudra rejoindre le Hamas », a-t-il déclaré.
L’objectif d’Israël d’éradiquer le Hamas a également été rejeté par les représentants de l’Autorité palestinienne, qui ont eux-mêmes été impliqués dans un conflit avec le groupe au pouvoir dans la bande de Gaza au fil des ans.
« Le Hamas n’est pas seulement à Gaza, le Hamas est une idée », a déclaré le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mohammad Shtayyeh, à France 24 jeudi. « Le Hamas est en Cisjordanie, au Liban, en Syrie, la direction du Hamas est au Qatar… alors si l’objectif est d’éliminer le Hamas, cela n’arrivera jamais. »
Par ailleurs, CNN a révélé vendredi que le président américain Joe Biden avait reçu des « avertissements sévères » de la part de diplomates américains au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, selon lesquels son soutien continu à Israël avait un impact dévastateur sur la position de Washington dans la région, « nous faisant perdre l’opinion publique arabe pour une génération entière ».
Des groupes de résistance armés palestiniens ont revendiqué des tirs de roquettes en direction de colonies israéliennes de l’enveloppe de Gaza et de Tel-Aviv au cours des dernières 24 heures, tandis que des groupes du Sud-Liban échangeaient des tirs avec les forces du Nord d’Israël. Des groupes armés en Irak et en Syrie ont revendiqué des frappes sur des bases américaines dans le pays en représailles au soutien des États-Unis à Israël.
Extrait d’Al Manar website :
Le fait que les combats terrestres se poursuivent toujours, depuis plus de 14 jours dans la bande de Gaza lorsque s’affrontent une armée des plus perfectionnées dans le monde et un groupe formé de quelques milliers de combattants avec des moyens militaires primitifs veut dire que ce dernier tire toujours les ficelles de la bataille.
C’est l’avis de l’expert et chroniqueur militaire Fayez Dwayri de la chaine qatarie al-Jazeera. L’opération terrestre a été lancée par l’armée israélienne le 27 octobre dernier.
Interrogé sur les raisons pour lesquelles les Israéliens commencent à investir dans la bataille les vieux véhicules de transport de type M113 à la place des Panther, les plus modernes, Dwayri a répondu que ceci serait dû à l’épuisement de stocks de ces derniers « ce qui illustre d’après lui que le nombre des véhicules et chars endommagés et hors services est bien important ».
Mercredi 8 novembre, le porte-parole des Brigades al-Qassam avait indiqué que son mouvement a détruit entièrement ou partiellement 136 véhicules et chars israéliens depuis le lancement de l’invasion terrestre.
Sur le champ de bataille, les affrontements se poursuivent. Les brigades al-Qassam du Hamas ont revendiqué la destruction de plusieurs chars israéliens, au moyen des obus al-Yassin 105.
Dont:
- un char appartenant au commandement de l’infanterie des blindés sur l’axe nord-ouest de Gaza,
- un 2eme char au sud de la ville de Gaza,
- un 3eme char à l’est du quartier Zaytoun dans la ville de Gaza,
- un 4eme char au nord-ouest de Gaza.
Dans la matinée de ce vendredi, elles avaient assuré avoir pilonné la base Ra’im avec des barrages de roquettes. Cette base renferme le quartier général de la Division de Gaza, composée de plusieurs formations militaires israéliennes et qui a pour mission de sécuriser les frontières avec l’Egypte depuis l’est de Rafah et jusqu’à la base Zikim à l’intérieur des territoires de 48.
Au début de l’après-midi, la branche armée du Hamas avait annoncé avoir bombardé Tel Aviv d’une salve de roquettes, en riposte aux massacres contre les civils dans la bande de Gaza. Les médias israéliens ont indiqué que 10 roquettes ont été interceptées et deux israéliens ont été blessés.
Pour leur part, les Brigades al-Qods du Jihad islamique ont fait état de tirs de salves de roquettes sur les colonies Nirim et Ain Thalithat dans l’enveloppe de Gaza où les sirènes d’alertes ont retenti. A l’aube, elles avaient revendiqué des salves de roquettes sur la ville d’Ashdod.
Jeudi, elles ont fait état de tirs sur un attroupement de véhicules militaires israéliens qui s’étaient infiltrés à proximité de la position 17 au nord-ouest de la ville de Gaza aux obus de mortier.
Le Yediot Ahronot a rapporté ce vendredi que 250 soldats ont été blessés sur le champ de bataille dans les combats contre les résistants palestiniens dont 100 sont dans un état grave. Selon le quotidien, les soldats ont soit été blessés par des coups de feu soit par des éclats d’obus anti char. Quant aux militaires tués, d’après la radio israélienne, ils ont atteint les 354 depuis le 7 octobre dont 38 depuis le lancement de l’opération terrestre.
Plus de 19 morts en Cisjordanie
La violence s’est également poursuivie sans relâche en Cisjordanie occupée et à Jérusalem.
Des affrontements armés entre les forces israéliennes et des groupes de résistance palestiniens ont eu lieu à Jénine, dans le camp de réfugiés de Balata, à Qalqiliya, à Beit Furik, à Jabaa et dans le camp de réfugiés d’al-Askar.
Le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne a fait état d’au moins 18 Palestiniens assassinés par les forces israéliennes au cours de la nuit, dont 14 dans la seule ville de Jénine, et d’au moins un adolescent.
Un autre adolescent palestinien, Muhammad Ali Azzieh, 17 ans, a été assassiné lors d’un raid de l’armée israélienne dans le camp de réfugiés d’Aida, près de Bethléem, vendredi matin.
L’agence de presse WAFA a rapporté que les forces israéliennes ont empêché le personnel médical d’administrer les premiers soins alors que le jeune homme se trouvait dans un état critique, avant de l’arrêter, et qu’Azzieh a succombé à ses blessures deux heures plus tard.
Au moins 50 Palestiniens ont été kidnappés cette nuit en Cisjordanie occupée, s’ajoutant au nombre sans précédent de Palestiniens emprisonnés par Israël depuis le 7 octobre.
Les forces israéliennes ont également détruit les maisons de deux prisonniers palestiniens dans la ville d’Hébron, en Cisjordanie, tôt vendredi, dans le cadre d’une pratique de longue date de démolition punitive de maisons qui a été dénoncée à maintes reprises comme une punition collective.
Des attaques de colons ont également été signalées dans les villages de Kisan, Ni’lin et Masafer Yatta. Peace Now a décrit la violence des colons contre les Palestiniens en Cisjordanie occupée comme le « troisième front » de la guerre.
À Jérusalem-Est occupée, les forces armées israéliennes ont tiré des gaz lacrymogènes et des balles sur des fidèles qui cherchaient à prier à la mosquée Al-Aqsa pour le cinquième vendredi consécutif, a rapporté le journal Al-Quds.
Macron se fait remettre à sa place par les organisations de la société civile palestinienne
Le président Macron a organisé une conférence jeudi, réunissant 80 représentants d’États et d’ONG pour discuter de l’aide humanitaire à Gaza.
Israël aurait refusé d’envoyer un émissaire pour assister à cette conférence préparée à la hâte, alors que le Premier ministre palestinien Muhammad Shtayyeh était présent.
« Combien de Palestiniens doivent être tués pour que la guerre s’arrête ? Six enfants tués toutes les heures suffisent-ils ? Quatre femmes tuées chaque heure suffisent-elles ? Est-ce que plus de 10 000 martyrs en 30 jours suffisent ? » a déclaré Shtayyeh, rejetant les appels à des pauses humanitaires. “Ce qu’il faut, c’est arrêter la guerre immédiatement pour que l’aide humanitaire prenne tout son sens, sinon que signifie le fait qu’un Palestinien dîne et soit tué le lendemain ?
« Nous ne pouvons accepter une hostilité absolue allant jusqu’à la déshumanisation de l’autre partie », a déclaré Mirjana Spoljaric, présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), lors de la conférence de Paris. « Nous sommes confrontés à une défaillance morale catastrophique, que le monde ne doit pas tolérer. »
« Des milliers d’enfants tués ne peuvent être considérés comme des dommages collatéraux. Pousser un million de personnes à quitter leur foyer et les concentrer dans des zones dépourvues d’infrastructures adéquates constitue un déplacement forcé. Limiter sévèrement la nourriture, l’eau et les médicaments est une punition collective », a déclaré Philippe Lazzarini, commissaire général de l’UNRWA, aux participants réunis.
Alors que M. Macron a affirmé que la conférence avait généré des promesses de dons à hauteur d’un milliard d’euros – qui restent bien sûr à être versés – le journal pro-gouvernemental et pro-israélien français Le Monde a rapporté que les ONG étaient « déçues » par l’absence de consensus concernant un cessez-le-feu complet.
Parallèlement, un groupe d’organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme – dont Addameer, Al-Haq, le Centre Al-Mezan pour les droits de l’homme et Miftah – a adressé une déclaration à Macron pour demander à la France « d’assumer clairement ses responsabilités internationales et de prendre des mesures concrètes pour mettre fin à l’agression et aux actes génocidaires d’Israël ».
Nous notons qu’étant donné l’absence de toutes les principales organisations de la société civile palestinienne et l’invitation de représentants israéliens qui ne reconnaissent pas pleinement les droits inaliénables du peuple palestinien affirmés par l’ONU, cette réunion est loin d’être une « représentative des voix de la société civile palestinienne », écrivent les organisations, qui n’ont pas participé à la conférence.
« Se contenter d’un discours sur la ‘paix’ en invitant des représentants de la ‘société civile palestinienne’ à participer à des forums sans contenu et en collectant des fonds humanitaires n’exonérera pas la France de son incapacité morale et politique à assumer ses responsabilités en matière de respect du droit international ».
« L’humanitarisme a dépolitisé la réalité d’un système de contrôle créé par l’homme qui vise à effacer et à invisibiliser Gaza et les Palestiniens, dans un lent génocide », ont-ils ajouté.
« Promettre des fonds et des fournitures humanitaires sans une véritable voie politique pour démanteler le régime d’apartheid colonial israélien, empêcher les actes génocidaires contre les Palestiniens et le déni de leur droit inaliénable à l’autodétermination et au retour, ne fera que perpétuer les cycles brutaux de la violence ».
Auteur : Mondoweiss
* Mondoweiss est un site web indépendant consacré à l'information des lecteurs sur les développements en Israël/Palestine et sur la politique étrangère américaine qui y est liée. Ce site fournit des nouvelles et des analyses qui ne sont pas disponibles dans les grands médias concernant la lutte pour les droits de l'homme des Palestiniens.
10 novembre 2023 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine