Par Mondoweiss
Les bombardements se poursuivent dans la bande de Gaza, Israël voulant terroriser la population et totalement détruire le système de santé du territoire assiégé. Seuls 4 % des 2,3 millions d’habitants de Gaza ont aujourd’hui accès à de l’eau potable, et le risque de famine généralisée est critique.
Victimes :
- 11 470 * Palestiniens tués, dont 4707 enfants, et 29 000 blessés à Gaza *
- 197 Palestiniens tués en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est et 2750 blessés
* Le nombre de victimes à Gaza couvre la période du 7 octobre au 16 novembre.
Principaux développements :
- En raison de l’interruption des services de communication dans le nord de la bande de Gaza, le ministère palestinien de la santé déclare avoir rencontré « d’importantes difficultés » pour mettre à jour ses données concernant le nombre de morts au cours de la semaine écoulée. Les nouveaux chiffres publiés ne peuvent pas tenir compte de l’ampleur de la dévastation dans le nord de Gaza et dans la ville de Gaza, où un nombre incalculable de morts ne peuvent pas être retirés des décombres en raison de la présence des forces israéliennes, des tireurs d’élite israéliens tirant sur toute personne se trouvant dans les rues.
- Les forces israéliennes continuent d’occuper l’hôpital al-Shifa, car les preuves qu’elles ont apportées de l’existence d’un centre de commandement du Hamas sous le complexe médical ne sont pas crédibles
- D’autres hôpitaux de Gaza ont également été la cible de tirs, alors que les frappes aériennes israéliennes se poursuivent dans le nord et le sud de la bande de Gaza.
- Les responsables des principales agences humanitaires de l’ONU rejettent l’initiative israélienne « unilatérale » visant à créer des « zones de sécurité » dans la bande de Gaza.
- Paltel indique que le manque d’électricité et la pénurie de carburant ont entraîné une panne totale des télécommunications dans la bande de Gaza.
- La coupure des télécommunications signifie que l’aide internationale n’entrera pas dans la bande de Gaza vendredi, selon l’UNRWA, en raison de l’impossibilité de coordination.
- Le Programme alimentaire mondial met en garde contre un « risque immédiat de famine » dans la bande de Gaza.
- Le Bureau central palestinien des statistiques indique que seuls 4 % des habitants de Gaza ont accès à de l’eau potable.
- Au moins cinq Palestiniens ont été tués en Cisjordanie – trois à Jénine et deux à Hébron – lors d’affrontements entre des combattants palestiniens et les forces israéliennes.
- Les forces israéliennes arrêtent 35 Palestiniens en Cisjordanie au cours de la nuit.
- Les forces israéliennes tirent des gaz lacrymogènes sur des Palestiniens qui cherchent à prier à la mosquée Al-Aqsa.
- Un homme armé est arrêté près de l’ambassade d’Israël en Azerbaïdjan pour avoir prétendument planifié une attaque – un jour après une attaque présumée contre l’ambassade d’Israël au Japon.
- La Jordanie déclare qu’elle ne signera pas un accord qui prévoyait qu’Amman fournisse de l’énergie à Israël en échange d’eau, en raison de la « barbarie de représailles menée par Israël » à Gaza.
- L’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) poursuit l’État de Floride pour son interdiction des groupes d’étudiants pro-palestiniens, qualifiant cette décision de « dangereuse… attaque contre la liberté d’expression ».
- Le Centre international de justice pour les Palestiniens émet un avis d’intention de poursuivre des politiciens canadiens, dont le Premier ministre Justin Trudeau, pour « complicité de crimes de guerre à Gaza ».
L’armée israélienne poursuit son saccage de l’hôpital Al-Shifa’
La guerre fait rage à Gaza et la situation à l’hôpital Al-Shifa’ de la ville de Gaza continue d’être au centre de l’attention.
L’agence de presse palestinienne WAFA indique que des milliers de membres du personnel médical, de patients et de civils qui s’étaient réfugiés dans le plus grand complexe médical de la bande de Gaza assiégée ont été pris en otage par les forces israéliennes, qui se sont emparées d’Al-Shifa’ depuis mercredi sous le faux prétexte que l’hôpital se trouverait au-dessus d’un centre de commandement souterrain de la Résistance.
Les forces israéliennes encerclent l’hôpital avec des chars, des bulldozers et des tireurs d’élite depuis plus d’une semaine et ont pris d’assaut les locaux au moins trois fois en autant de jours.
Elles ont forcé le personnel et les civils à se déshabiller, interrogé et détenu un certain nombre de Palestiniens, dont beaucoup se trouvenet maintenant dans un lieu inconnu, et détruit du matériel médical.
Les médecins d’Al-Shifa ont déclaré que les soldats israéliens avaient également emmené un certain nombre de corps de patients décédés vers un lieu inconnu.
Le directeur d’Al-Shifa’ a déclaré vendredi à Al Jazeera que 22 personnes étaient décédées dans l’hôpital au cours de la nuit.
Il n’est pas certain que ces 22 personnes aient été incluses dans une déclaration antérieure du ministère palestinien de la santé, selon laquelle une quarantaine de patients, dont trois bébés prématurés, étaient décédés à Al Shifa’ depuis le 11 novembre.
Les corps de deux prisonniers israéliens – Noa Marciano, 19 ans, et Yehudit Weiss, 65 ans – capturés par des groupes de résistance armés palestiniens le 7 octobre ont été récupérés par les forces israéliennes dans les environs d’Al-Shifa’.
L’Organisation de la coopération islamique (OCI) et l’Arabie saoudite ont fermement condamné l’attaque contre Al-Shifa’ jeudi, l’OCI qualifiant la « punition collective et le génocide perpétrés contre les civils palestiniens dans la bande de Gaza […] de crime de guerre au regard du droit humanitaire international ».
Alors que la communauté internationale s’interroge de plus en plus sur les attaques répétées d’Israël contre les hôpitaux de Gaza, en violation du droit international, Tel-Aviv s’est efforcé de prouver qu’Al-Shifa était utilisée comme base militaire, en produisant des preuves douteuses qui ont été démenties, notamment une prétendue liste de noms de gardes du Hamas en service qui s’est avérée être un calendrier avec les noms de la semaine.
Al Jazeera a également mis en doute les affirmations selon lesquelles des cachettes d’armes auraient été trouvées à côté d’un appareil d’IRM, soulignant que le champ magnétique de ces appareils ne permet pas de cacher des objets métalliques.
Même les médias israéliens se sont interrogés sur le caractère « contre-productif » [pour la propagande] du raid des forces israéliennes sur Al-Shifa.
L’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme a appelé vendredi à une enquête internationale sur les « affirmations absurdes » d’Israël concernant Al-Shifa’.
Israël a osé mettre en doute à plusieurs reprises la crédibilité des rapports palestiniens émanant de la bande de Gaza, tout en restreignant l’accès aux observateurs et journalistes étrangers et en prenant pour cible le réseau de télécommunications du petit territoire palestinien.
Le groupe Paltel, le plus grand fournisseur de services de télécommunications en Palestine, a annoncé jeudi soir que tous les services de téléphonie fixe, mobile et Internet étaient interrompus dans la bande de Gaza en raison de la pénurie d’électricité.
« L’insistance de l’armée d’occupation à interdire la présence des médias, des organisations internationales, des responsables de la santé et des organisations non gouvernementales dans les hôpitaux au cours des raids devrait susciter de vives inquiétudes […] et jeter le doute sur tout récit venant de l’armée », a écrit Euro-Med Monitor. « Les hôpitaux ne sont pas des champs de bataille.»
Alors que l’armée israélienne prétend être « sur le point de démanteler » le Hamas dans le nord de la bande de Gaza, des groupes de résistance armés palestiniens ont déclaré sur Telegram que des combats acharnés se déroulaient dans la ville de Gaza, à Beit Lahia et à Beit Hanoun, et qu’un certain nombre de soldats israéliens avaient été tués.
La situation humanitaire continue de se dégrader alors que les frappes israéliennes continuent de pilonner Gaza
Ailleurs dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens se poursuivent sans relâche.
L’agence de presse WAFA a fait état de frappes aériennes meurtrières depuis jeudi dans les quartiers de Sheikh Radwan, Tuffah, Shujaa’ya et la rue Yafa dans la ville de Gaza, ainsi que dans les camps de réfugiés de Nuseirat et de Jabalia.
Au moins 21 personnes ont été tuées dans plusieurs frappes à Jabalia. Al Jazeera rapporte que des personnes fouillent les décombres « à mains nues » à la recherche de survivants.
Dans le même temps, une école située dans le quartier d’al-Zaytoun, au sud de la ville de Gaza, a également été touchée, selon Al Jazeera.
Les frappes aériennes israéliennes ont aussi touché le sud de la bande de Gaza, notamment Rafah et Khan Younis, qu’Israël continue de présenter comme une « zone de sécurité » où les Palestiniens devraient se réfugier pour échapper à la zone de combat dans le nord et le centre de la bande de Gaza.
Les frappes à Khan Younis ont eu lieu à proximité de l’hôpital al-Nasr, mettant une nouvelle fois en péril les installations médicales de Gaza, dont plus des deux tiers sont hors service.
Des chars israéliens auraient encerclé l’hôpital Baptiste dans la ville de Gaza, empêchant les ambulances de sortir pour secourir les blessés, tandis que sept membres du personnel de l’hôpital de campagne jordanien ont été blessés lors d’une frappe.
L’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme a fait état de plus de 1000 frappes israéliennes au phosphore blanc en l’espace de 40 jours.
Les agences humanitaires et les organisations palestiniennes continuent de tirer la sonnette d’alarme sur la situation catastrophique à Gaza.
Le Bureau central palestinien des statistiques a déclaré que les Palestiniens de Gaza étaient passés d’une consommation de 82,7 litres d’eau par personne et par jour avant le 7 octobre à une consommation de 1 à 3 litres par jour aujourd’hui, ajoutant que seuls 4 % des habitants de Gaza auraient actuellement accès à de l’eau consommable.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a quant à lui déclaré vendredi que les civils étaient confrontés à un « risque immédiat de famine » à Gaza.
L’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, a indiqué que l’aide ne passerait pas d’Égypte à Gaza vendredi, la panne des réseaux de communication empêchant la coordination des convois humanitaires.
Le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a déclaré aux journalistes jeudi qu’il pensait qu’il y avait « une tentative délibérée d’étrangler nos opérations et de paralyser totalement l’UNRWA », ajoutant que le refus persistant d’Israël d’autoriser l’entrée de carburant dans la bande de Gaza menaçait toutes les opérations humanitaires dans ce territoire.
Le Comité permanent interorganisations (IASC), la plus haute instance de coordination humanitaire de l’ONU, a publié jeudi une déclaration indiquant que les dirigeants des principales agences des Nations unies ne répondraient pas aux « propositions unilatérales visant à créer des ‘zones de sécurité’ » à Gaza, ce qui constitue une forte critique de la pression constante exercée par Israël pour pousser de plus en plus de civils dans une portion de plus en plus petite de la bande de Gaza déjà minuscule, et sans leur assurer une sécurité réelle.
« Dans les conditions actuelles, les propositions visant à créer unilatéralement des « zones de sécurité » à Gaza risquent de nuire aux civils, notamment en provoquant des pertes humaines à grande échelle, et doivent être rejetées. Si les conditions ne sont pas réunies, la concentration de civils dans de telles zones dans le contexte d’hostilités actives peut accroître le risque d’attaques et de dommages supplémentaires », indique la déclaration.
« Aucune ‘zone de sécurité’ n’est vraiment sûre lorsqu’elle est déclarée unilatéralement ou qu’elle est imposée par la présence de forces armées. »
Cinq Palestiniens assassinés en Cisjordanie
La violence s’est poursuivie cette nuit en Cisjordanie occupée. Au moins trois combattants palestiniens ont été tués par les forces israéliennes au cours de violents affrontements armés dans le camp de réfugiés de Jénine.
Quatre des cinq hôpitaux de la région de Jénine auraient été hors service, les forces israéliennes ayant assiégé l’hôpital Ibn Sina et maltraité le personnel.
Deux autres Palestiniens ont été assassinés par les forces israéliennes à l’une des entrées de la ville d’Hébron vendredi matin. Les forces israéliennes ont affirmé que les deux Palestiniens avaient tiré sur des soldats, alors qu’aucun blessé n’est à déplorer du côté israélien.
Ces événements surviennent un jour après que trois Palestiniens ont abattu un soldat israélien et en ont blessé cinq autres à un poste de contrôle dans la région de Bethléem, avant d’être eux-mêmes tués.
Au moins cinq Palestiniens, dont deux enfants, ont été blessés par les forces israéliennes d’occupation au cours de la journée écoulée à Masafer Yatta, Deir Nidham et Beita.
Pendant ce temps, au moins 35 Palestiniens ont été kidnappés par les forces israéliennes en Cisjordanie occupée au cours de la nuit, dont 28 à Nilin, un village bien connu pour ses manifestations régulières contre l’occupation.
À Jérusalem-Est occupée, les forces israéliennes ont tiré des gaz lacrymogènes sur des fidèles qui cherchaient à prier à la mosquée Al-Aqsa, a rapporté le journal Al-Quds.
Par ailleurs, deux Palestiniens de 14 ans, citoyens d’Israël [Palestine de 48], originaires de la ville d’Umm al-Fahm, ont été inculpés vendredi de tentative de meurtre sur un soldat des forces d’occupation.
Alors que les groupes armés palestiniens ont continué à tirer des roquettes depuis Gaza sur des zones du sud d’Israël, le mouvement libanais Hezbollah a affirmé avoir frappé une douzaine de sites dans le nord d’Israël depuis jeudi.
En Israël, M. Netanyahu aurait annulé sa visite aux soldats blessés dans un hôpital de Tel Aviv, Ynet rapportant que cette décision était probablement due à la crainte « d’être accueilli par des protestations des familles des blessés », comme ce fut le cas pour la ministre des Transports Miri Regev.
Des milliers d’Israéliens défilent depuis trois jours pour réclamer la libération des prisonniers détenus à Gaza, et une autre manifestation est prévue samedi devant le bureau du Premier ministre.
Certaines familles de prisonniers ont exprimé leur colère à l’égard du gouvernement israélien, qui ne semble pas accorder la priorité au retour en toute sécurité de leurs proches, tandis que le chef de l’opposition, Yair Lapid, a publiquement appelé M. Netanyahu à démissionner parce que l’opinion publique a perdu confiance en lui.
Auteur : Mondoweiss
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17 novembre 2023 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine