Le Moudjahidin Saleh al-Arouri - Photo : via al-Manar
Le porte-parole israélien prétendque l’assassinat du dirigeant du Hamas, Saleh Al-Arouri, « n’était pas une attaque contre l’État libanais », tandis que le Hamas, le Djihad islamique et le Hezbollah s’engagent à poursuivre la résistance.
Victimes :
- 22 313 Palestiniens assassinés * et au moins 57 296 blessés dans la bande de Gaza
- 321 Palestiniens assasinés en Cisjordanie et à Jérusalem sous occupation.
- L’armée israélienne d’occupation reconnait la mort de 506 soldats, et 2193 blessés
* Ces chiffres ont été fournis par le ministère de la santé de Gaza le 3 janvier. En raison des pannes des réseaux de communication dans la bande de Gaza, le ministère de la santé de Gaza n’a pas été en mesure d’actualiser régulièrement et précisément ses bilans depuis la mi-novembre. Certains groupes de défense des droits de l’homme estiment que le nombre de morts est plus proche de 30 000.
Principaux développements
- Israël assassine le responsable politique adjoint du Hamas, Saleh Al-Arouri, ainsi que deux commandants et quatre cadres, et en blesse onze autres lors d’une attaque de drone à Beyrouth.
- Al-Arouri était l’un des cerveaux de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » et en avait parlé ouvertement lors d’une interview accordée à la chaîne Al-Mayadeen en août.
- Dans cette interview, Aruri a révélé que la résistance palestinienne était prête pour un scénario qui s’est ensuite concrétisé par l’offensive surprise du 7 octobre contre Israël.
- Le porte-parole militaire israélien a déclaré qu’Israël était « dans un état de préparation élevé pour tout scénario », sans admettre officiellement que Tel-Aviv était derrière l’assassinat.
- Axios révèle qu’Israël est à l’origine de l’assassinat d’Aruri.
- Le responsable politique du Hamas, Ismael Haniyeh, déclare que l’assassinat est « un acte terroriste à part entière » qui viole la souveraineté du Liban.
- M. Haniyeh affirme que les combattants de la résistance à Gaza ont transformé les chars Merkava d’Israël en « cercueils carbonisés » et qu’il n’y a « ni sécurité, ni stabilité, ni avenir dans la région » si les Palestiniens n’obtiennent pas leurs droits politiques.
- Le Jihad islamique affirme que « l’assassinat d’Al-Aruri ne restera pas impuni et que la résistance se poursuivra jusqu’à ce que l’occupation soit vaincue ».
- Le Hezbollah déclare que “ce crime ne restera jamais sans réponse ni châtiment”, alors que Syed Hassan Nasrallah doit prononcer un discours à l’occasion du troisième anniversaire de l’assassinat par les États-Unis du commandant de la Force Qods, Qassem Soleimani.
- Le porte-parole israélien pour les médias étrangers déclare : « Quel que soit l’auteur de cet acte, il ne s’agit pas d’une attaque contre l’État libanais. Ce n’est pas une attaque contre l’organisation terroriste Hezbollah. Quel que soit l’auteur, il s’agit d’une attaque contre le Hamas, c’est très clair ».
- Le ministère de la santé de Gaza annonce qu’Israël a commis dix massacres au cours des dernières 24 heures, faisant 128 morts et 261 blessés parmi les Palestiniens.
- Itamar Ben-Gvir rejette les critiques américaines concernant les appels à forcer les Palestiniens à quitter Gaza et déclare qu’Israël n’est pas « une étoile de plus sur le drapeau américain ».
- Les forces israéliennes kidnappent des dizaines de Palestiniens en Cisjordanie et tirent un missile sur le camp de réfugiés de Nour Sham à Tulkarem.
Israël a assassiné Saleh Al-Aruri, responsable politique adjoint du mouvement Hamas,
Saleh Al-Arouri, 57 ans, responsable politique adjoint du Mouvement de la résistance islamique (Hamas), a été tué lors d’une frappe aérienne menée par un drone dans la capitale libanaise, Beyrouth, mardi soir.
M. Arouri est le plus haut dirigeant du Hamas à avoir été tué depuis l’offensive palestinienne du 7 octobre , qui a choqué les services de sécurité et de renseignement israéliens.
Arouri était l’un des cerveaux de l’opération « Déluge d’al-Aqsa ». Il en a parlé ouvertement dans une interview accordée à la chaîne Al-Mayadeen en août.
Mardi soir, il a été assassinat devant le bureau du mouvement à Al-Dahiya, la banlieue sud de Beyrouth et le bastion du mouvement Hezbollah.
L’attaque de drone a tué deux commandants des Brigades Izz El-Din Al-Qassam, Azzam Al-Aqraa et Samir Effendi, et quatre cadres du Hamas, Mahmoud Zaki Shaheen, Muhammad Bashasha, Muhammad Al-Rayes et Ahmed Hammoud. Onze autres personnes ont également été blessées.
Le porte-parole militaire israélien, Daniel Hagari, a déclaré qu’Israël était « dans un état de préparation élevé pour tout scénario », sans admettre officiellement que Tel-Aviv était derrière l’assassinat.
« La chose la plus importante à dire ce soir est que nous nous concentrons et restons concentrés sur la lutte contre le Hamas », a déclaré M. Hagari.
Cependant, Axios a révélé qu’Israël était derrière l’assassinat d’Aruri. Ismael Haniyeh, le chef politique du Hamas, a déclaré mardi soir que l’assassinat était un « acte terroriste à part entière » qui violait la souveraineté du Liban.
Avant l’assassinat de M. Aruri, M. Haniyeh a déclaré dans un discours que les combattants de la résistance à Gaza avaient transformé les chars Merkava en « cercueils carbonisés » et qu’ « il n’y aura ni sécurité, ni stabilité, ni avenir dans la région si le peuple palestinien n’obtient pas ses droits légitimes dans son État, avec Al-Qods pour capitale ».
Il a également ajouté que l’exclusion du Hamas de tout projet futur est « une illusion » et que le mouvement est ouvert à la formation d’un gouvernement palestinien d’unité nationale, tout en restant inflexible sur le fait qu’il ne relâchera aucun prisonnier tant qu’Israël poursuivra ses bombardements sur Gaza.
Hezbollah : « Ce crime ne restera jamais sans châtiment »
déclarations condamnant l’assassinat d’Arouri et soulignant ses efforts en tant que figure nationale ayant œuvré pour mettre fin à l’occupation israélienne en Palestine et sa tentative de parvenir à un accord de conciliation avec le Fatah en 2018.Ezzat al-Rishq, un dirigeant du Hamas, a déclaré que l’assassinat d’Arouri était « une fois de plus la preuve de l’échec d’Israël à atteindre l’un de ses objectifs dans la bande de Gaza », après 88 jours de bombardements.
« Israël tente de sortir de l’impasse politique dans laquelle il se trouve après 90 jours de guerre barbare et de génocide [à Gaza] et son incapacité à imposer ses conditions au peuple palestinien », a déclaré le Jihad islamique dans un communiqué.
« L’assassinat d’Al-Aruri ne restera pas impuni et la résistance se poursuivra jusqu’à ce que l’occupation soit vaincue », ajoute le communiqué.
Le Hezbollah s’est également engagé à punir Israël. L’attentat s’est produit dans l’arrière-cour du mouvement. Le chef du Hezbollah, Syed Hassan Nasrallah, doit s’exprimer mercredi soir à l’occasion du troisième anniversaire de l’assassinat de Qassem Soleimani par un drone américain à l’aéroport de Bagdad en 2020.
Soleimani était le commandant iranien de la Force Quds au sein du Corps des gardiens de la révolution islamique, et il se serait rendu à Gaza à de nombreuses reprises.
Le Hezbollah a déclaré à la suite de l’assassinat d’Arouri que « ce crime ne passera jamais sans réponse et sans châtiment ».
« L’ennemi criminel qui, après 90 jours de crimes, de meurtres et de destructions, n’a pas réussi à soumettre Gaza, Khan Younis, le camp de Jabalia et le reste des villes, des camps et des fiers villages, a recours à une politique d’assassinat et de liquidation physique de tous ceux qui ont travaillé, planifié, exécuté ou soutenu l’opération du Déluge d’Al-Aqsa », a déclaré le Hezbollah.
Depuis le 8 octobre, le Hezbollah a attaqué des colonies israéliennes et des casernes militaires près du Sud-Liban, ce qui a conduit depuis le mois d’octobre, des milliers d’Israéliens à quitter leurs maisons pour vivre dans des hôtels et des abris subventionnés par le gouvernement.
Arouri : « J’ai l’impression de vivre en sursis »
Arouri était devenu un acteur clé dans la planification d’attaques contre l’occupation israélienne en Cisjordanie occupée et a été à l’origine de l’enlèvement et de la mort de trois Israéliens à Hébron en 2015.
Depuis lors, les services de renseignement israéliens ont mentionné son nom comme une cible privilégiée pour un assassinat.
n décembre, le chef du renseignement intérieur israélien a promis « d’éliminer le Hamas… Nous le ferons partout, à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Turquie, au Qatar. Cela prendra quelques années, mais nous serons là pour le faire ».
Cependant, au cours de l’été 2023, Arouri a répondu à une menace flagrante du Premier ministre Benjamin Netanyahu de le tuer, avec une photo où il est assis et parle au téléphone, alors qu’il porte un uniforme militaire et une mitrailleuse sur son bureau.
Interrogé sur cette menace lors d’une interview accordée à la chaîne Al-Mayadeen en août, M. Arouri a déclaré qu’il avait déjà suffisamment vécu et qu’il n’avait jamais imaginé atteindre cet âge.
« J’ai l’impression de vivre des heures de plus », avait-il déclaré en souriant.
Arouri a également révélé dans cette interview que la résistance palestinienne était prête pour un scénario qui s’est révélé plus tard être les attaques surprises du 7 octobre contre Israël.
« Nous nous préparons à une guerre globale et nous en discutons dans des salles fermées avec toutes les parties et tous les éléments liés à cette guerre », a-t-il déclaré.
Il a ajouté que les guerres classiques qu’Israël a lancées depuis 1967 ne sont plus compatibles avec les nouvelles armes et tactiques paramilitaires utilisées en Ukraine et ailleurs.
« Si un conflit global était ouvert, cela signifierait que l’espace aérien et maritime de l’occupation serait fermé et qu’il n’y aurait plus d’électricité, de communications ou d’économie… les forces de la résistance sont capables de faire cela », a-t-il ajouté.
M. Arouri a été l’un des dirigeants du Hamas à se prosterner à Istanbul, dans un geste de gratitude envers Dieu, lorsque la chaîne Al-Jazeera a annoncé la nouvelle de l’attaque surprise du 7 octobre.
En 2015, les États-Unis ont placé M. Arouri sur une « liste de surveillance terroriste », assortie d’une récompense de cinq millions de dollars pour toute information conduisant à son arrestation ou à son assassinat.
Il a joué un rôle clé dans les attaques de la résistance en Cisjordanie occupée et a déclaré que si les Palestiniens ne combattaient pas le million de colons aujourd’hui, dans dix ans, ils devront en combattre trois millions.
« Mon message à notre peuple est le suivant : levez-vous et battez-vous. Lancez une pierre, un cocktail Molotov, [utilisez] un fusil. Résistez avec tout ce qui vous tombe sous la main. Au lieu de mille jeunes gens dans la résistance, 100 mille jeunes gens doivent participer à la résistance, un million de jeunes doivent résister. »
Les forces israéliennes bombardent Gaza alors que les Palestiniens manifestent et déclarent une grève générale en Cisjordanie
Mardi soir, des milliers de Palestiniens ont manifesté dans les rues de plusieurs villes de Cisjordanie et une grève générale a été annoncée mercredi.
Les forces israéliennes ont également continué à bombarder Gaza au cours des dernières 24 heures. Le ministère de la santé de Gaza a déclaré mercredi matin que 22 313 martyrs palestiniens avaient été tués et 57 296 blessés lors des attaques israéliennes contre l’enclave assiégé.
Enfants faisant la queue avant une distribution de nourriture à Rafah – Selon un rapport des Nations unies, l’ensemble des 2,3 millions d’habitants de Gaza est confronté à la faim et le risque de famine augmente chaque jour, 576 600 personnes se trouvant dans une situation catastrophique, c’est-à-dire en état de famine. Human Rights Watch a également publié un rapport dénonçant le régime colonial israélien qui utilise la famine comme arme de guerre. Depuis le 7 octobre, les bombardements incessants d’Israël sur Gaza ont fait, à la date du 3 janvier 2024, plus de 22 000 morts, dont 70 % de femmes et d’enfants – Photo : Mohammed Zaanoun/Activestills
Le ministère a ajouté qu’Israël avait commis dix massacres au cours des dernières 24 heures, tuant 128 Palestiniens et en blessant 261.
Mardi soir, l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa à Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, avait reçu les corps de 40 Palestiniens et soigné 100 personnes blessées par les bombardements israéliens, selon l’agence de presse Wafa.
L’artillerie israélienne a également bombardé Rafah, le camp de réfugiés d’Al-Bureij, et a tiré des bombes au phosphore et des bombes fumigènes à proximité de la Direction centrale de l’éducation et de l’école Khaled bin Al-Walid dans le camp de Nuseirat.
Au moins 16 personnes ont été tuées lors de frappes aériennes israéliennes sur l’école primaire pour garçons Al-Qatami, près du rond-point Ansar à Gaza, qui abrite des personnes déplacées.
La Société du Croissant-Rouge palestinien a déclaré que cinq personnes ont été tuées lorsqu’Israël a bombardé ses bureaux à Khan Younis, pour la deuxième fois mardi.
Les forces israéliennes d’occupation ont également bombardé la mosquée Al-Dawa et plusieurs maisons à l’est du quartier Ma’an de Khan Younis.
Mercredi, trois Palestiniens ont été tués lorsqu’Israël a bombardé la maison de la famille Al-Nahhal dans la zone de Khirbet Al-Adas, à l’est de Rafah. Les forces israéliennes ont également bombardé plusieurs tours Ain Goliath dans le camp de Nuseirat.
L’armée d’occupation tire un drone sur le camp de réfugiés de Nour Shams et kidnappe des dizaines de personnes
Les forces israéliennes d’occupation ont enlevé des dizaines de Palestiniens en Cisjordanie alors qu’elles effectuaient des raids dans plusieurs villes.
L’armée israélienne a pris d’assaut le camp de réfugiés de Nour Shams, près de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie, et a encerclé les hôpitaux publics Thabet et Al-Israa.
Wafa a rapporté que les forces ont détruit au bulldozer un mémorial du martyr Murad Al-Pasha lors d’un raid sur des maisons. Plusieurs Palestiniens ont été blessés lors d’une attaque de drone israélien dans le quartier Abu al-Foul du camp.
Wafa rapporte que le raid militaire a duré 10 heures, au cours desquelles plusieurs maisons ont été vandalisées par les forces israéliennes.
Résultats des destructions causées par les forces d’occupation dans le camp de réfugiés de Tulkarem – Photos via Wafa.ps
Israël craint que Nour Shams ne devienne un point de lancement pour les attaques de la résistance contre les colons et les casernes militaires dans le nord de la Cisjordanie, et l’armée israélienne effectue des raids quasi quotidiens à Tulkarem depuis plusieurs mois dans le cadre de sa stratégie de contre-insurrection.
Auteur : Mustafa Abu Sneineh
* Mustafa Abu Sneineh est journaliste, poète et rédacteur à Middle East Eye. Son premier recueil de poésie, A Black Cloud at the End of the Line, a été publié en arabe en 2016. Abu Sneineh est titulaire d'un diplôme en droit de l'université de Birzeit, en Palestine, et d'une maîtrise en études postcoloniales du Goldsmiths College, à Londres. Il a rédigé sa thèse de maîtrise sur le nationalisme syrien des années 1930 et 1940. Il a précédemment travaillé pour le journal Al-Akhbar et le magazine Canvas art. Son compte X.
3 janvier 2024 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine
