Par Adnan Abu Amer
Les responsables politiques et sécuritaires israéliens sont furieux de l’escalade des opérations de résistance à la suite des attentats d’Hébron et de Huwara en Cisjordanie occupée. Cette situation a poussé les hauts responsables de l’armée et de la sécurité à admettre qu’ils n’ont pas réussi à contrôler la vague sans précédent d’attaques de ce type.
L’attaque d’Hébron a choqué Israël, qui ne s’était pas remis du choc de l’opération de Huwara. Deux bataillons de l’armée d’occupationont été déployés pour rechercher les auteurs de l’attentat.
Les choses sont compliquées par le fait que les groupes de résistance s’efforcent de créer des fronts pour attaquer directement l’occupant, et il est probable qu’il y aura bientôt d’autres opérations armées.
En effet, Israël n’exclut pas la possibilité que des attaques similaires aient lieu, en particulier à partir de Jénine, parce que l’État d’occupation n’a pas réussi à réduire les groupes de résistance. Le gouvernement fascisant est accusé d’être indulgent et des appels ont été lancés au sein de la coalition pour se venger des Palestiniens.
Les partis fascistes et racistes au sein du gouvernement israélien ont une fois de plus pointé du doigt le ministre de la sécurité, Yoav Gallant. Ils exigent le bouclage des villages palestiniens de Cisjordanie et le retour des barrages militaires.
Ils accusent également le gouvernement d’être indécis et affirment que les routes de Cisjordanie sont désormais préparées pour des attaques.
Il est clair que le facteur de dissuasion d’Israël, autrefois réputé, a perdu de son efficacité. Cela a conduit à un nombre croissant d’appels à la vengeance et d’assassinats ciblés de dirigeants palestiniens vivant dans la bande de Gaza et au-delà de la Palestine occupée.
Les répercussions des opérations de résistance de Huwara et d’Hébron se font encore sentir. L’armée d’occupation ne cache pas son inquiétude quant à son incapacité à assurer la protection nécessaire aux colons juifs illégaux.
Il y a eu une escalade des jets de pierres et des attaques à l’arme blanche, Huwara étant au centre d’attaques de type commando depuis février 2022.
Israël admet que ces attaques sont dangereuses et il s’efforce toujours d’en déterminer l’organisation.
Les attaques ont eu lieu sur les routes réservées aux colons, qui sont les plus difficiles à protéger, et à des moments où la présence de l’armée est moindre.
L’armée ne peut pas empêcher les colons d’entrer dans les villages palestiniens et des milliers d’entre eux empruntent ces routes pour se rendre à leur travail et faire leurs courses, ce qui les rend vulnérables aux attaques.
Il existe également un certain nombre de points de congestion, ce qui fait que les colons qui empruntent ces routes sont des cibles relativement faciles pour les combattants de la résistance palestinienne.
Dans le même temps, il existe de nombreuses routes secondaires adjacentes pour leur permettre de se retirer. C’est certainement le cas des routes empruntées par les colons autour de Huwara.
La décision de construire une nouvelle route contournant la zone a été prise en 2019, mais elle ne devrait être achevée qu’en décembre.
Malgré la pléthore de caméras de vidéosurveillance en Cisjordanie occupée, les combattants de la résistance planifient minutieusement leurs attaques, en gardant à l’esprit des itinéraires d’évacuation bien précis.
Les Israéliens disent aujourd’hui qu’il est facile de mener de telles attaques dans les territoires palestiniens occupés, malgré la forte présence militaire et la collaboration de l’Autorité palestinienne en matière de répression.
Les opérations d’Hébron et de Huwara ont donné aux Israéliens une raison de dire que les Palestiniens ont tout ce qu’il faut pour mener des attaques de résistance, y compris des armes et un nombre croissant de volontaires.
Il y a aussi l’impudence des colons qui se déplacent en Cisjordanie et qui osent entrer dans les villes palestiniennes.
Une discussion en cours porte sur les lieux qui se trouvent dans la zone B, qui est sous le contrôle total du système répressif israélien. La discussion porte sur l’achèvement d’une route de contournement qui faciliterait les mesures de sécurité pour l’armée et empêcherait les véhicules palestiniens et israéliens de se trouver à proximité les uns des autres.
Depuis le début de l’année, dix attaques ont eu lieu sur le même axe, près de Huwara, sur un tronçon de route de moins de trois kilomètres.
Les responsables israéliens de la sécurité, de l’armée et de la politique sont très mécontents de la facilité avec laquelle les opérations de résistance semblent pouvoir être menées, en particulier à Huwara et à Hébron.
Les secteurs de la sécurité et de l’armée ont clairement échoué, ce qui signifie un revers politique pour l’occupant.
Avec près de 35 soldats et colons tués, il s’agit de l’année la plus meurtrière pour l’occupation depuis l’Intifada Al-Aqsa, de 2000 à 2005.
Auteur : Adnan Abu Amer
* Adnan Abu Amer dirige le département des sciences politiques et des médias de l'université Umma Open Education à Gaza, où il donne des cours sur l'histoire de la Cause palestinienne, la sécurité nationale et lsraël.Il est titulaire d'un doctorat en histoire politique de l'université de Damas et a publié plusieurs ouvrages sur l'histoire contemporaine de la Cause palestinienne et du conflit israélo-arabe. Il travaille également comme chercheur et traducteur pour des centres de recherche arabes et occidentaux et écrit régulièrement pour des journaux et magazines arabes. Son compte Facebook.
24 août 2023 – Middle-East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine