Par Mamdouh Al-Wali
Malgré les appels lancés par l’Irlande, l’Espagne, la Belgique, la Slovénie et d’autres pays pour que l’Union européenne reconsidère ses relations commerciales avec Israël en raison de la guerre génocidaire que cet Etat mène contre les Palestiniens à Gaza, les données sur le commerce extérieur israélien au cours des neuf premiers mois de cette année font état d’une augmentation du commerce de l’État d’occupation avec les pays arabes et 14 autres États membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).
Cela contredit les appels populaires au boycott des produits des pays qui soutiennent Israël. Il est sans doute plus important de boycotter les produits israéliens, car les importations de produits israéliens des 19 pays mentionnés ont été évaluées à 2,3 milliards de dollars dans les données israéliennes.
Les principaux partis irlandais ont demandé l’interdiction des importations de produits fabriqués dans les colonies israéliennes illégales construites sur des terres palestiniennes. L’Irlande est l’un des principaux partenaires commerciaux d’Israël et occupe la 8e place sur la liste.
Nous n’avons pas entendu d’appels similaires de la part des partis égyptiens concernant l’expansion du commerce égyptien avec Israël pendant la guerre à Gaza et l’approvisionnement en légumes et en fruits pour compenser l’impact sur l’agriculture israélienne dû à la pénurie de travailleurs. L’Égypte fournit également du ciment à Israël pour compenser la pénurie de ciment turc.
En avril dernier, elle a dressé une liste de 54 articles, dont du carburant d’aviation, du fer, de l’acier plat, du marbre et de la céramique, malgré l’excédent commercial qu’elle réalise avec Israël depuis des années et bien qu’elle souffre d’un déficit commercial chronique.
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Puis, en mai, le gouvernement d’Ankara a interrompu ses exportations et ses importations avec Israël, après les mauvais résultats des élections municipales.
Cela signifie que les données du commerce extérieur turc pour les neuf premiers mois de cette année ne comportaient aucune exportation ou importation vers ou en provenance d’Israël entre juin et septembre, et donc que la valeur des exportations turques vers Israël au cours de cette période a diminué de 65 %, et les importations de 55 %.
Ces chiffres ont été confirmés par les données israéliennes au cours des mêmes neuf mois, indiquant une baisse de 32 % de la valeur des exportations israéliennes vers la Turquie et une baisse de 15 % des importations en provenance de la Turquie.
Le classement de la Turquie parmi les clients israéliens à l’exportation est passé de la 10e place l’année dernière à la 17e au cours des neuf derniers mois, tandis que sa position dans les sources d’importation israéliennes est passée de la 5e place l’année dernière à la 13e.
Sa position dans la liste globale des échanges commerciaux israéliens est passée de la 5e place l’année dernière à la 15e place cette année, et la Turquie a enregistré un excédent commercial dans ses échanges avec Israël.
Il y a cinq pays arabes dans les données israéliennes sur son commerce : les Émirats arabes unis, l’Égypte, la Jordanie, le Maroc et le Bahreïn. Elles indiquent que la valeur du commerce israélien avec le Bahreïn a été multipliée par dix, avec le Maroc par 53 %, avec l’Égypte par 52 % et avec les Émirats arabes unis par 4 %.
Elle a baissé de 1 % avec la Jordanie, en raison d’une diminution des importations jordaniennes en provenance d’Israël, malgré une augmentation des exportations israéliennes de 45 %. La valeur du commerce israélien total avec les cinq pays est passée à 3,4 milliards de dollars, soit une croissance de 12 %.
Les données israéliennes incluent également l’activité commerciale avec 14 autres États membres de l’OCI, ce qui montre que la valeur des échanges avec ces pays, à l’exception de la Turquie, a augmenté de 11 %.
Les échanges avec l’Albanie ont été multipliés par cinq, ceux avec l’Ouzbékistan par 65 %, ceux avec le Nigeria par 45 %, ceux avec l’Azerbaïdjan par 34 % et ceux avec l’Indonésie par 25 %, tandis que la valeur des échanges avec la Malaisie, le Cameroun, le Sénégal, le Kazakhstan, le Turkménistan, le Gabon, la Côte d’Ivoire et l’Ouganda a baissé.
Cela a contribué à atténuer la crise du commerce extérieur israélien. Les exportations d’Israël ont diminué de 6 % au cours des neuf premiers mois de cette année, par rapport à la même période l’année dernière, et la valeur de ses importations a diminué de 5 %.
Si la valeur des échanges commerciaux d’Israël avec les 19 pays arabes et islamiques s’est élevée à environ 7 milliards de dollars au cours de ces neuf mois, soit 10 % du total des échanges commerciaux d’Israël avec le monde au cours de ces mois, la part des pays arabes et islamiques est en fait supérieure à ce chiffre, car les données n’incluent pas la valeur des échanges commerciaux avec le reste des 57 pays de l’OCI.
En outre, il existe de grandes différences entre les chiffres du commerce selon les données israéliennes, qui sont inférieures, et celles des pays arabes, qui sont supérieures, car la valeur du commerce déclarée par la partie égyptienne était beaucoup plus élevée que ce que les données israéliennes annonçaient pour le commerce entre les deux pays.
Alors que les données égyptiennes concernant le commerce extérieur couvrent la période allant jusqu’au mois de juillet, les échanges avec Israël au cours des sept premiers mois de l’année en cours se sont montés à 1,883 milliard de dollars, répartis entre des exportations égyptiennes d’une valeur de 155 millions de dollars et des importations d’une valeur de 1,728 milliard de dollars.
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Cela a permis à Israël de se classer au 9e rang sur la liste des pays dont l’Égypte importe les produits, alors que le total des échanges entre les deux pays, selon les données israéliennes pour les sept mêmes mois, n’était que de 431 millions de dollars, répartis entre des exportations israéliennes vers l’Égypte d’une valeur de 242 millions de dollars et des importations en provenance d’Égypte d’une valeur de 189 millions de dollars.
Les données de l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS) du Caire ont révélé des détails sur les biens échangés entre les deux pays au cours de ces sept mois.
L’Égypte a exporté vers Israël des écrans de télévision d’une valeur de 30 millions de dollars, du ciment d’une valeur de 29 millions de dollars, des engrais d’une valeur de 16,5 millions de dollars, des fruits et légumes d’une valeur de 12 millions de dollars, des poudres de polyéthylène d’une valeur de 6 millions de dollars, du jus d’orange d’une valeur de 4 millions de dollars, des vêtements d’une valeur de 3 millions de dollars et des barres en alliage d’aluminium d’une valeur de 2 millions de dollars.
Les importations égyptiennes en provenance d’Israël au cours de ces neuf mois se sont élevées à 1,728 milliard de dollars, dont 96 % de gaz naturel, d’une valeur de 1,664 milliard de dollars.
Le reste comprenait 31 millions de dollars de carburant diesel et 19 millions de dollars de tissus et de rembourrage importés par les producteurs égyptiens de vêtements prêts-à-porter pour être utilisés dans leurs produits exportés vers les États-Unis.
Le protocole sur les zones industrielles qualifiées (QIZ) exige que les exportations égyptiennes comprennent 10,5 % de composants israéliens pour bénéficier d’une exonération douanière à l’entrée aux États-Unis. C’est pourquoi, les fils, les teintures, les plastiques et les boîtes en papier utilisés dans l’industrie du prêt-à-porter sont importés d’Israël.
Auteur : Mamdouh Al-Wali
* Mamdouh Al-Wali est un expert économique égyptien et président du conseil d'administration de la Fondation Al-Ahram (2012-2013)
6 novembre 2024 – Middle-East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet