En soutenant le génocide israélien, notre monde court à sa perte !

Des Palestiniens du camp de réfugiés de Jabalia ont commencé à être déplacés de force par l'armée israélienne vers les zones plus au sud, avec les peu de biens qu'ils pouvaient emporter avec eux - Gaza, le 22 octobre 2024 - Photo : Dawoud Abo Alkas

Le vieux monde se meurt une fois de plus, mais les États-Unis et Israël ne tuent pas, comme ils le prétendent, les monstres qui le détruisent… Les monstres, ce sont eux.

Les images horribles de Gaza, la semaine dernière, montrant les flammes qui consument un adolescent palestinien cloué à son lit d’hôpital par une perfusion intraveineuse, pourraient finir par illustrer le génocide israélien, aussi incontestablement que d’autres images de la barbarie humaine ont montré le monde tel qu’il était à d’autres temps.

Les cadavres nus et décharnés, jetés dans des fosses communes dans les camps de la mort de l’Holocauste nazi. Les champs de décombres radioactifs, parsemés d’arbres carbonisés et squelettiques, après le bombardement atomique d’Hiroshima par les États-Unis. La jeune fille vietnamienne nue, dont la peau brûlée se détache, fuyant avec terreur une attaque au napalm.

Les flammes qui ont brûlé Shaaban al-Dalou, 19 ans, ainsi que sa mère et deux autres personnes, dans une tente sur le terrain de l’hôpital al-Aqsa à Deir al-Balah ont très certainement été allumées par des missiles fournis par les États-Unis ou l’Allemagne, tirés par des pilotes israéliens.

Dalou se trouvait dans la tente et se remettait d’une attaque aérienne israélienne qui avait tué 26 personnes une semaine plus tôt à Deir al-Balah. Il souffrait déjà de malnutrition et d’immunodépression après des mois d’un blocus israélien, qui interdit l’entrée de nourriture et d’aide dans la bande de Gaza.

Les deux sœurs, le père et le jeune frère de Dalou ont tous été gravement brûlés par l’incendie provoqué par la frappe. Son frère de 10 ans a succombé à ses blessures quelques jours plus tard. Les victimes de Deir al-Balah ont été anéanties par le feu et, en même temps qu’elles, « l’ordre international fondé sur des règles » que l’Occident a contribué à mettre en place pour éviter que les horreurs de la Seconde Guerre mondiale ne se répètent.

Le génocide de Gaza, qui dure depuis un an, est une coproduction occidentale de A à Z. Les États-Unis et l’Europe envoient les armes, fournissent la couverture diplomatique, orchestrent le soutien au génocide de leurs médias complaisants, qui appartiennent tous à des milliardaires, et étouffent toute dissidence intérieure.

L’ère moderne du droit humanitaire international que l’Occident a proclamé, ainsi que les institutions qu’il a défendues pour le faire respecter, sont en train de partir en flammes.

Ce ne sont pas les soi-disant « terroristes » qui mettent à mal – semaine après semaine, mois après mois – les règles qui permettaient de contenir les dangers d’une troisième guerre mondiale. Ce n’est pas le Hamas, le Hezbollah, Al-Qaïda ou l’État islamique. Ce n’est même pas l’Iran, la Russie ou la Chine.

C’est l’Occident. C’est Washington et ses alliés. Ce sont eux les incendiaires.

Aucun abri nulle part

Quiconque tente de donner une bonne idée de l’ampleur des destructions qu’Israël a provoquées si rapidement, ou de la nature aveugle de ses bombardements, doit s’appuyer sur des comparaisons vieilles de plusieurs décennies, principalement avec le Viêt Nam, la Corée ou la Seconde Guerre mondiale.

Les politiciens et les médias occidentaux ont beau dénoncer et sanctionner Moscou, et armer l’Ukraine contre l’invasion russe, les crimes commis dans ce pays sont bien pâles en comparaison de la guerre d’Israël contre Gaza – et maintenant contre le Liban.

La cruauté du carnage qui se déchaîne au Moyen-Orient rappelle une autre époque, bien plus sombre. La catastrophe humanitaire dont Israël est responsable à Gaza n’a pas de précédent dans l’ère moderne.

Israël n’est pas seulement impitoyable dans son entreprise génocidaire, comme tant d’autres guerres. Israël en est fier, il est fier de son orgie de destruction, il la glorifie et la célèbre. Les bombes frappent les « zones de sécurité » définies par Israël. Elles frappent des hôpitaux, des écoles servant d’abris aux familles déplacées, des boulangeries, des mosquées et des églises.

Il n’y a rien de secret dans la longue famine qu’Israël impose aux « animaux humains » de Gaza : 2,3 millions de personnes, ou combien d’entre elles sont encore en vie maintenant que l’enclave a perdu la capacité de compter ses morts depuis des mois.

Israël fait maintenant à Gaza précisément ce qu’il avait menacé de faire, bien avant de pouvoir utiliser le 7 octobre comme prétexte. Il pilonne l’enclave pour la renvoyer « à l’âge de pierre ».

Ce n’est pas le Hamas qui est éliminé à Gaza. Ce sont les fondements du droit humanitaire : le principe de « distinction » entre combattants et non-combattants, et le principe de « proportionnalité », qui consiste à mettre l’avantage militaire dans un plateau de la balance et la mise en danger des civils dans l’autre.

Tout cela se passe au grand jour, sous le voile transparent du refus des politiciens et des médias occidentaux d’admettre ce que tout le monde voit de ses yeux.

Gaza : les Israéliens poursuivent leurs massacres dans les refuges des Nations Unies

Israël n’est pas en train de « refaire le Moyen-Orient ». Il est en train de détruire le monde tel que nous le connaissons depuis des générations.

Ce qu’Israël a clairement fait comprendre, avec le soutien des capitales occidentales, c’est qu’il n’y a pas d’endroit sûr, pas même pour ceux qui se remettent dans un lit d’hôpital des crimes israéliens antérieurs. Il n’y a pas de « non-combattants », pas de civils. Il n’y a pas de règles. Tout le monde est une cible.

Et cela ne concerne pas seulement les populations de Gaza, de la Cisjordanie occupée et du Liban, mais aussi l’organisme même qui est censé être le gardien des principes du droit humanitaire créés après la Seconde Guerre mondiale et l’Holocauste : les Nations unies.

Les soldats de la paix sont aussi une cible

Les attaques répétées d’Israël contre les soldats de la paix de l’ONU au Sud-Liban – et l’« ordre » que leur a donné le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de quitter leur poste sous peine d’en subir les conséquences – sont normalisées par les capitales occidentales au même titre que les attaques systématiques d’Israël contre les hôpitaux de Gaza.

Mercredi, un char israélien a tiré sur une tour de guet près du village libanais de Kafer Kela, l’endommageant ainsi que ses caméras.

Une semaine plus tôt, deux soldats de la paix – appartenant à la force de l’Unifil au Liban – ont été blessés après qu’un char israélien a tiré sur une tour d’observation du quartier général côtier de l’Unifil à Naquora.

Lors d’un autre incident survenu dimanche dernier, deux chars israéliens ont enfoncé les portes d’un poste de la FINUL à Ramyah. Peu après, les forces israéliennes ont tiré des fumigènes qui ont provoqué des irritations cutanées et des réactions gastro-intestinales à 15 soldats de la paix.

Netanyahu a cherché à justifier ces attaques et d’autres encore avec un argument bien connu. Il a affirmé que les soldats de la paix de l’ONU servaient de « bouclier humain aux terroristes du Hezbollah », tout comme son administration avait justifié l’annihilation systématique des hôpitaux de Gaza et de l’ensemble de ses infrastructures par le fait que le Hamas y avait construit des « centres de commandement et de contrôle ».

Pour avoir une idée de ce que certains à Washington pensent de ces méthodes, il suffit d’écouter Matthew Brodsky, un ancien conseiller de la Maison Blanche, qui a récemment demandé à Israël de larguer du napalm sur les soldats de la paix irlandais au Sud-Liban.

Dissimuler ses crimes

Il existe des raisons évidentes – immédiates et à plus long terme – pour lesquelles Israël s’en prend à l’Unifil. Les soldats de la paix sont là pour observer et enregistrer les violations des lois de la guerre entre Israël et les groupes armés libanais, tels que le Hezbollah.

L’une des premières tâches d’Israël à Gaza a été d’empêcher l’accès de l’enclave aux journalistes étrangers et d’assassiner les journalistes palestiniens locaux pour les empêcher de dénoncer ses crimes de guerre.

Au Liban, Israël est confronté à un problème plus important. Les Nations unies, dont la mission humanitaire consiste à faire pression sur les États parties pour qu’ils respectent le droit international, n’ont pas seulement des yeux sur le terrain. L’ONU dispose de soldats expérimentés qui occupent des positions fortifiées pour observer le déroulement des opérations sur le champ de bataille qu’Israël a créé au Sud-Liban.

Ses forces de maintien de la paix proviennent de 50 pays, ce qui en fait des témoins directs des crimes contre l’humanité perpétrés par Israël. Les rapports de l’Unifil sont envoyés au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, et à un réseau d’organes des Nations unies chargés des droits de l’homme.

C’est pourquoi ces forces ont besoin des tours de guet qu’Israël a l’intention de détruire.

Israël a besoin d’ombre pour dissimuler ses crimes de guerre, il veut se débarrasser de tous les témoins au Sud-Liban, comme il a largement réussi à le faire à Gaza. Mercredi, par exemple, Israël a dynamité le village de Mhaibib.

Après avoir forcé les habitants de dizaines de villages du Sud-Liban à fuir leurs maisons, Israël veut probablement maintenant inonder ces régions d’armes à sous-munitions, qui sont en fait de si petites mines que les gens marchent dessus sans les voir, comme il déjà l’a fait. Le but est d’empêcher des centaines de milliers de Libanais de rentrer chez eux.

La présence de l’Unifil dans le sud compliquerait cette opération criminelle.

« Tondre la pelouse »

L’objectif est également plus large. Netanyahu a laissé entendre non seulement que l’Unifil gênait ses opérations militaires, mais aussi que les forces de maintien de la paix étaient complices des combattants du Hezbollah – tout comme auparavant, Israël avait affirmé que les médecins de Gaza devaient être tués ou emmenés dans des camps de torture parce qu’ils hébergeaient des combattants du Hamas dans leurs hôpitaux.

Gaza : les Israéliens détruisent et tuent tout ce qui peut l’être

Cette semaine, Israël a entrepris d’étayer ses allégations grotesques par de prétendus « aveux » de combattants du Hezbollah capturés, selon lesquels ils auraient soudoyé l’Unifil pour qu’elle leur permette d’utiliser ses postes et ses caméras de surveillance.

Mais tout ce qu’Israël prouve, c’est que ses odieuses techniques de torture peuvent faire dire aux prisonniers – qu’il s’agisse de combattants du Hezbollah et du Hamas ou de médecins enlevés dans les rues de Gaza – tout ce dont Israël a besoin pour justifier ses crimes.

Tout ce que dit Israël est manifestement faux et manipulatoire. Et il faut être un politicien occidental et un « professionnel » des médias occidentaux pour ne pas se rendre compte que tout cela pue.

Le dernier assaut physique d’Israël contre l’ONU ne vient pas de nulle part. Cela fait des décennies, que Tel-Aviv accuse l’ONU d’être un repaire d’antisémites. C’est parce l’ordre juridique international place au sommet de sa hiérarchie des crimes ceux qu’Israël commet avec le cynisme le plus incroyable.

Le droit international s’oppose à tout État qui applique l’apartheid, comme Israël le fait depuis des décennies pour soumettre les Palestiniens, ou à tout État qui se livre à un nettoyage ethnique, comme Israël le fait à l’égard du peuple palestinien depuis plus de trois quarts de siècle, ou à tout État qui se livre à un génocide, comme Israël le fait en ce moment même dans la bande de Gaza.

Tous ces crimes sont condamnés par le droit international et Israël les commet tous.

Avant le 7 octobre, Israël avait quelque peu tempéré ses actions, ne serait-ce que pour éviter d’embarrasser son protecteur, les États-Unis.

Israël s’efforçait plutôt de saper, de détourner, de réinterpréter les règles qui régissent l’occupation et la guerre, pour durcir sans cesse son siège et multiplier ses attaques contre Gaza au cours des 15 dernières années. De temps en temps, il « tondait la pelouse », tuant plusieurs centaines de civils, tout en mettant, depuis 17 ans, l’ensemble de la population « au régime », en limitant étroitement son apport calorique.

Mais Israël a compris que l’annihilation de Gaza, à laquelle il se livre actuellement, ne pourrait jamais être validée par le droit international, quelle que soit sa justification.

Comme Israël n’a aucune intention de renoncer à son projet génocidaire, il a dû trouver autre chose.

La « maison des ténèbres »

Israël a donc intensifié la campagne qu’il mène depuis longtemps contre les Nations unies au cours de l’année écoulée.

Israël a déclaré Guterres « persona non grata » et lui a interdit d’entrer dans le pays. Le ministre israélien des affaires étrangères a accusé Guterres de soutenir « des terroristes, des violeurs et des meurtriers » et a dit que son nom resterait une « tache sur l’histoire de l’ONU ».

Netanyahu a décrit l’Assemblée générale des Nations unies comme une « maison de ténèbres » et un « marécage de bile antisémite ».

L’ambassadeur israélien sortant aux Nations unies a réagi au vote de l’Assemblée générale en faveur de l’adhésion de la Palestine en déchirant publiquement la Charte des Nations unies.

Les responsables israéliens ont à plusieurs reprises accusé la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction de l’ONU composée de juges experts en droit international, d’être antisémite et de pousser à la « persécution du peuple juif ». Le crime de la CIJ est d’avoir établi qu’il était « plausible » de qualifier la guerre menée à Gaza par Israël de génocide.

Netanyahu a accusé Karim Khan, le procureur principal de la Cour pénale internationale, d’être l’un des « grands antisémites des temps modernes ». Khan cherche à obtenir des mandats d’arrêt contre Netanyahou et son ministre de la défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

L’un des groupes pro-israéliens de Grande-Bretagne, UK Lawyers for Israel, tente de faire radier Khan du barreau, soi-disant pour « faute professionnelle ».

Des accusations sans preuves

En même temps, la dernière agence de l’ONU encore présente à Gaza, l’agence des Nations unies pour les réfugiés, connue sous le nom d’Unrwa et chargée de fournir à la population des produits de première nécessité comme de la nourriture, est attaquée sans relâche.

Sans la moindre preuve, Israël a persuadé les puissances occidentales de geler le financement de cet organisme humanitaire. Peu à peu, la plupart des États européens ont rétabli leur financement, mais pas les États-Unis. Le parlement israélien est en train de désigner l’Unrwa comme « organisation terroriste », tandis que l’armée israélienne bombarde les entrepôts, les abris scolaires et les camps de réfugiés de l’agence, et tue son personnel dans des proportions sans précédent.

Israël doit empêcher l’Unrwa de protéger la population civile de Gaza, s’il veut entièrement l’éliminer.

Il y a exactement 50 ans, l’Assemblée générale des Nations unies a expulsé l’Afrique du sud et elle a refusé de la réintégrer pendant les deux décennies suivantes. La raison de cette décision était le régime d’apartheid de Pretoria et son occupation militaire illégale de la Namibie.

Elle pourrait faire de même avec Israël, un État bien plus criminel encore. Mais apparemment, elle n’ose pas le faire. L’Occident a des liens beaucoup plus étroits avec l’État voyou d’Israël qu’avec l’État voyou qu’était l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid.

Gaza : le génocide par la famine !

Les Nations unies ont de bonnes raisons de craindre que le déchaînement d’Israël, soutenu par les États-Unis, qui ravage Gaza, la Cisjordanie occupée, le Liban, et bientôt l’Iran, ne s’arrêtera pas à sa porte.

Le « plan des généraux »

C’est uniquement parce qu’Israël sait que son impunité a détruit l’ordre international et que Washington est à ses côtés qu’il ose aller au bout de son génocide à Gaza.

Les médias occidentaux ont à peine mentionné le « plan des généraux » d’Israël, qui consiste à transformer officiellement une zone qu’Israël appelle le « nord de Gaza » en un camp d’extermination à échelle industrielle.

Le plan, publié le mois dernier par un groupe de réservistes militaires influents, consiste à donner à quelque 400 000 Palestiniens du nord de la bande de Gaza une semaine pour fuir vers le sud. Tous ceux qui resteront seront réduits à la famine ou exécutés en tant que « terroristes du Hamas ». Furieux qu’Israël ne parvienne pas à vaincre le Hamas, ces officiers supérieurs veulent priver les civils de tout droit et de toute protection.

A vrai dire, Israël met ce plan en œuvre progressivement depuis le début de son agression. En octobre dernier, il a exigé que la population de Gaza au nord fuie vers des zones prétendument « sûres » au sud, qu’il a ensuite bombardées.

Aluf Benn, rédacteur en chef de Haaretz, a expliqué à l’époque que la stratégie d’Israël consistait à expulser « la population de Gaza vers le sud de la bande de Gaza et à détruire [la ville de Gaza] » – la principale zone bâtie de l’enclave.

Depuis, Israël a construit une zone militaire fortifiée, appelée le corridor de Netzarim, pour isoler le nord de Gaza.

La question est de savoir ce qu’il adviendra du sud de la bande de Gaza une fois que le nord aura été ethniquement nettoyé. Jusqu’à présent, tout porte à croire que ce qui arrive au nord de la bande de Gaza arrivera bientôt au sud.

Si Israël pense pouvoir détruire le Hamas dans le nord de Gaza grâce à une politique d’extermination, qu’est-ce qui l’empêchera de prétendre qu’il est nécessaire de mener exactement la même politique dans le sud de Gaza par la suite ?

Le véritable objectif est clairement d’expulser les Palestiniens de l’ensemble de leur patrie historique par la violence et la famine, dans le cadre de ce que les politiciens israéliens appellent mensongèrement un programme d’« émigration volontaire ».

Mourir de faim ou se soumettre

Cette semaine, des réservistes israéliens ont déclaré à Haaretz que le plan des généraux était en effet mis en place, en profitant du fait que l’attention internationale s’est déplacée de Gaza vers les attaques d’Israël contre le Liban et la guerre potentielle avec l’Iran.

L’un d’eux a déclaré : « Cela ne correspond à aucune norme du droit international. Des gens se sont assis et ont rédigé un document avec des tableaux et des explications opérationnelles, qui aboutissent à ce qu’on tire sur tous ceux qui ne sont pas prêts à partir ».

Le parti Likoud de Netanyahu se préparerait à un Gaza post-génocide, en lançant cette semaine des invitations à un événement intitulé « Préparation de la colonisation de Gaza ». Plusieurs ministres du gouvernement devraient y participer.

Le cerveau du plan des généraux est Giora Eiland, un général réserviste et une figure politiquement « centriste » en Israël, bien connue de tous ceux qui ont étudié l’évolution de la doctrine militaire israélienne au cours des deux dernières décennies.

C’est lui qui, au début de la guerre d’Israël contre Gaza, a le plus insisté pour qu’Israël bloque toute aide et affame la population civile, soi-disant pour l’encourager à se soulever contre le Hamas. Il a également tenu à laisser les épidémies se répandre dans l’enclave.

Son raisonnement n’a rien à voir avec l’attaque du 7 octobre contre Israël par le Hamas. En 2014, lors de l’une des premières séries de saignées israéliennes, Eiland a proposé la politique « Mourir de faim ou se soumettre » qui revenait à priver la population de Gaza de toute nourriture et de toute eau.

Plus tôt encore, en 2008, Eiland a réagi à l’échec d’Israël à vaincre le Hezbollah lors de la guerre israélo-libanaise de 2006 en promouvant un plan encore plus dément que ceux de ses collègues. Il a proposé de faire de l’État libanais, de son armée et de sa population civile les principales cibles de la colère d’Israël, et non le Hezbollah.

Sa vision du monde semble désormais façonner l’approche d’Israël au nord de sa frontière, tout comme elle l’a fait à Gaza.

Le temps des monstres

Washington reste en principe dans l’ombre mais s’aventure de temps en temps dans la lumière pour lever les bras au ciel, en signe de protestation, tout en envoyant toujours plus d’armes et d’argent à Israël.

La faillite morale du monde à Gaza devrait nous faire honte à tous

Ne vous y trompez pas : rien de cela ne se produirait si les États-Unis s’opposaient réellement à la guerre. Israël n’a ni l’économie, ni l’arsenal pour soutenir une guerre contre le peuple palestinien, le Liban et l’Iran.

Les explosions d’armes équivalents à de nombreuses bombes atomiques qui secouent la région ne sont possibles que grâce à la générosité et à l’indulgence sans limites de l’administration Biden.

Nous entrons dans une période non seulement de massacres industrialisés perpétrés au nom d’une prétendue civilisation occidentale, mais aussi d’une crise géopolitique qui va bouleverser le monde.

En 1929, dans la période sombre et chaotique de l’entre-deux-guerres, le philosophe marxiste italien Antonio Gramsci écrivait : « Le vieux monde se meurt et le nouveau monde lutte pour naître : c’est le temps des monstres ».

Le vieux monde est à nouveau en train de mourir. Il pense qu’il est préposé à la naissance du nouveau, à la refonte du Moyen Orient. Mais c’est une erreur. Le vieux monde ne lutte pas contre les monstres. C’est lui le monstre.

Et le nouveau n’a aucune chance de naître tant que ces monstres seront vivants.



21 octobre 2024 – Middle-East Eye – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet