Les enfants de Gaza face aux nombreux traumatismes liés au génocide

Décembre 2023 - Abed Zaquout, un petit garçon âgé de trois ans, dont la maison a été bombardée, est soigné à l'hôpital al-Nasser après une amputation de sa jambe droite - Photo : Unicef

Par Al-Mayadeen

Dans les hôpitaux débordés de Gaza, les enfants blessés, pour la plupart gravement, n’expriment pas leur souffrance à leurs parents, même lorsqu’ils sont en réanimation ou en train de succomber à leurs blessures.

Les médecins de Gaza ont observé que les enfants soignés dans les hôpitaux locaux ont tendance à minimiser leur douleur, peut-être parce qu’ils la perçoivent comme insignifiante par rapport à la lutte plus large menée dans le cadre du génocide israélien en cours dans leur région.

Une réunion de professionnels de la santé internationaux s’est tenue à Doha, au Qatar, au cours du week-end, afin de rédiger un nouveau Manuel sur la gestion de la douleur traumatique à l’intention des soignants qui s’occupent des enfants de Gaza et d’autres régions touchées par des tragédies similaires

Les enfants de Gaza, au cœur du traumatisme

Le Dr Paul Reavley, consultant en médecine d’urgence pédiatrique et ancien médecin de l’armée britannique, est à la tête de cette initiative. Il a relayé les observations provenant de personnes qui sont en contact régulier avec leurs collègues de Gaza, concernant le comportement des enfants hospitalisés.

« Les enfants minimisent en quelque sorte leur douleur », a-t-il déclaré. « Il y a eu tellement de drames autour d’eux que c’est [comme si] exprimer sa souffrance, se plaindre, n’a plus aucun sens ».

Ils ont l’impression « qu’ils doivent être forts », a ajouté M. Reavley. « Ils voient beaucoup d’enfants avec leurs parents, certains ont été réanimés et d’autres sont en train de mourir. Allongés sur leur matelas, ils pensent ‘j’ai mal’, mais si quelqu’un leur pose la question, ils ne l’avouent pas ».

Le Manuel sera publié en arabe et en anglais, avec le soutien financier du Sommet mondial de l’innovation pour la santé (Wish), l’initiative mondiale en matière de santé de la Fondation du Qatar basée à Doha.

Ce Manuel s’appuie sur les travaux de M. Reavley et de ses collègues du Partenariat sur les lésions pédiatriques dues aux explosions, qui ont élaboré le Manuel de terrain sur les lésions pédiatriques dues aux explosions en 2019.

M. Reavley a noté que les médecins palestiniens ont de grandes compétences en matière de gestion des traumatismes. Cependant, tous les médecins qui s’occupent d’enfants ne sont pas spécialisés dans ce domaine, et les professionnels se heurtent souvent à un obstacle psychologique lorsqu’il s’agit d’enfants.

« La plupart des adultes, qui ont à soigner un enfant gravement blessé, en détresse et souffrant, développent, en tant qu’êtres humains, un lien qu’ils n’ont pas avec d’autres patients », a-t-il déclaré.

« Si le traitement réussit, la joie est grande, mais si l’enfant ne se remet pas bien, cela peut-être dévastateur. Il est capital de donner aux cliniciens les meilleurs moyens d’aider l’enfant, car c’est important aussi pour eux personnellement “, a-t-il ajouté.

Le docteur Emily Mayhew, de l’Imperial College London, membre du Partenariat pédiatrique sur les lésions dues aux explosions, a expliqué que le fait que les enfants soient en période de croissance ajoute à la complexité de leur traitement après une lésion due aux explosions. Les enfants ne peuvent pas être simplement traités comme des versions miniatures des adultes.

« Le traitement des enfants après une explosion est compliqué, car ils sont en pleine croissance. Les enfants ne sont pas de petits adultes », a-t-elle déclaré.

« Ce nouveau Manuel sur la douleur fournira toutes les informations techniques dont les cliniciens ont besoin et leur donnera la confiance nécessaire pour soigner les enfants », a-t-elle ajouté.

30 avril 2024 – Al-Mayadeen – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet