Par Ali Abdel-Wahab
Gaza a toujours été unique parmi les différentes composantes de la Palestine, mais sa particularité actuelle tient au fait qu’elle est prise entre trois fléaux qui accélèrent un effondrement : l’occupation israélienne, la division de la direction politique palestinienne et la pandémie COVID-19.
Cette réalité soulève des questions sociopolitiques sur le rôle de ces facteurs dans la poursuite de l’effondrement social à Gaza, et sur l’évolution des valeurs de résilience et de fermeté chez les Palestiniens du même territoire.
Malgré la volonté des habitants de Gaza de survivre et d’atteindre une certaine stabilité dans leur vie quotidienne, les conséquences de l’occupation, de la division politique et de la pandémie ont érodé parmi eux les bases de leur persévérance. En effet, les Palestiniens de Gaza ont souffert de la fragilité, de l’incertitude et des turbulences de la société qui les ont obligés à vivre dans des communautés imaginaires, lesquelles s’accrochent à un imaginaire pour survivre.
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Cette analyse décrit la réalité de Gaza à la lumière des trois principales variables. Elle explore les transformations en cours au sein de la société civile de Gaza pour contrer l’effondrement sur le point de se produire, notamment les initiatives sociales telles que la Grande Marche du Retour, le mouvement “Nous voulons vivre” et d’autres initiatives sur les réseaux sociaux. Elle se conclut par des réflexions sur l’avenir de Gaza basées sur des entretiens avec des militants et de jeunes Palestiniens qui vivent cette réalité depuis leur enfance.
Gaza entre occupation et division
Gaza s’étend sur 360 kilomètres carrés, soit 1,3% de la superficie totale de la Palestine historique. Avec une population estimé en 2020 à environ 2,05 millions d’habitants, dont 1,4 million d’hommes et 1,01 million de femmes, Gaza est le territoire le plus peuplé du monde avec 9373 habitants par kilomètre carré.
Les Palestiniens de Gaza continuent de vivre dans des conditions catastrophiques en raison du siège israélien qui en est maintenant à sa quatorzième année, de trois guerres sanglantes en 2008, 2012 et 2014 au cours desquelles 3800 Palestiniens ont été tués, ainsi que d’attaques militaires israéliennes intermittentes et dévastatrices. En outre, les conditions économiques et de vie à Gaza sont au plus bas, avec un taux de chômage supérieur à 70% depuis la crise COVID-19.
Les sanctions de l’Autorité palestinienne (AP) contre Gaza, l’augmentation de la taxation par le gouvernement de facto à Gaza, les crises de l’électricité et de l’eau, en plus de l’insécurité alimentaire, ont toutes entraîné une baisse des investissements et du pouvoir d’achat, le taux de pauvreté dépassant les 53%.
Ces indicateurs reflètent les dommages causés par l’occupation israélienne et la division entre le Hamas et l’AP qui a entravé le développement sociopolitique. Cette réalité laisse entrevoir de sombres perspectives pour l’avenir de Gaza, un avenir de périls et de désintégration continus.
En 2012, l’UNICEF et l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) ont publié un rapport intitulé “Gaza en 2020, un endroit vivable ?” dans lequel ils prévoient que la population de Gaza passera de 1,6 million à 2,1 millions d’habitants d’ici 2020, avec une concentration de 5800 habitants au kilomètre carré. Ce chiffre a été largement dépassé.
Le rapport indiquait que les infrastructures fondamentales pour l’électricité, l’eau et l’assainissement, ainsi que les services municipaux et sociaux, avaient du mal à suivre le rythme des besoins de la population croissante. Cependant, le rapport ne tient pas compte des catastrophes naturelles et des pandémies comme COVID-19, ni ne prédit l’agression sauvage de 2014.
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On peut donc sans aucun doute conclure que Gaza est absolument invivable depuis un certain temps déjà, et qu’elle est sans doute dans un état de post-effondrement.
Le régime israélien a réussi non seulement à assiéger les Palestiniens à Gaza, mais aussi à projeter leur image comme un peuple hostile sur la scène internationale. Et pourtant, Israël a tué et blessés des milliers de manifestants palestiniens pacifiques lors de la Grande Marche du Retour.
À ce jour, il contrôle et restreint l’importation d’équipements médicaux vitaux et d’autres matériaux importants pour divers secteurs de Gaza. Il impose des restrictions strictes sur la circulation des marchandises et, avec les bombardements de son armée, il a réussi à détruire des infrastructures vitales.
Au-delà des restrictions matérielles, le régime israélien restreint la liberté de mouvement des Gazaouis, les enfermant de fait dans un territoire qu’il continue à détruire activement.
La division actuelle de la direction palestinienne entre le Hamas et l’AP a également eu de graves conséquences pour les habitants. Un des résultats de cette lutte pour le pouvoir a été la séparation complète entre les institutions gouvernementales de Gaza et de Cisjordanie avec la mise en place de deux autorités et gouvernements complètement distincts.
Dans ce cadre, la division a formellement institutionnalisé la politique des factions et a dévasté le projet national palestinien. En effet, cela a détruit la crédibilité de la direction politique pour la libération et a diminué la confiance des Palestiniens – et en particulier des Palestiniens de Gaza – dans l’efficacité et l’utilité de la lutte.
Enfin, la division des dirigeants en deux camps autoritaires a érodé les libertés publiques et les droits politiques, civils, économiques, sociaux et culturels des Palestiniens de Gaza.
Gaza et le choc de la pandémie
Le 22 mars 2020, le ministère palestinien de la santé à Gaza a enregistré les premiers cas de COVID-19 chez deux voyageurs revenant du Pakistan. Par la suite, le gouvernement a fermé les marchés populaires, les halls, les mosquées, les restaurants, les cafés et la plupart des magasins.
Près de deux mois plus tard, il a autorisé la réouverture de tous les établissements commerciaux à condition qu’ils prennent des mesures préventives et appliquent la distanciation sociale. Fin août 2020, le ministère a découvert quatre cas d’infections par le coronavirus, dont il n’a pas pu retrouver la source, et a ensuite annoncé d’autres infections.
En réponse aux infections dans Gaza, le ministère de l’intérieur a déclaré l’état d’urgence et un couvre-feu de deux jours à Gaza, mettant en quarantaine tous les gouvernorats et imposant des fermetures complètes. Ces mesures ont ensuite été assouplies suite à une escalade des attaques militaires israéliennes et d’une forte diminution de l’approvisionnement en électricité.
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Le gouvernement de facto n’a pas tiré les leçons de toutes les implications de la fermeture précédente, en particulier sur les travailleurs journaliers, ni proposé de mesures pour les aider financièrement. En outre, le régime israélien a restreint l’importation de kits de tests médicaux dans les territoires palestiniens.
Depuis la détection du virus au début de 2020, le nombre d’infections a dépassé les 45 000. Selon Mahmoud Abdul-Hadi, un expert des institutions de la société civile, les efforts face à la pandémie à Gaza se sont principalement concentrés durant les premiers mois sur les centres de quarantaine et, malgré de nombreuses initiatives à caractère humanitaire, notamment des campagnes communautaires décentralisées, des actions par les institutions de la société civile, les organisations internationales, les ministères du Hamas et le Fonds Waqfat Ezz.
Abdul-Hadi a ajouté que l’aide a nettement diminué par rapport au mois de mars, aggravant encore la crise, car les cas d’infection augmentent et dépassent les capacités des équipes médicales et les moyens de gestion de la crise, ce qui a conduit à de nouvelles fermetures générales qui continuent à avoir un impact négatif sur les Palestiniens de Gaza.
Les conséquences de l’effondrement sur les Palestiniens de Gaza
La réalité à Gaza est passée d’une résistance ouverte à une désobéissance civile, car les stratégies de survie des Gazaouis se sont réduites à trois options : la fuite, la reddition ou la confrontation. Une personne se retire lorsqu’elle ne parvient pas à changer sa réalité et à réclamer ses droits, et sa seule option est de vouloir partir après que ses moyens d’action ont été étouffés.
La fuite à Gaza signifie tout faire pour partir, ce qui est particulièrement fréquent chez les jeunes.
Se rendre signifie s’adapter à contrecœur à la réalité, un comportement qui engendre un sentiment de défaite, d’échec et de honte de soi. À en juger par les transformations qu’ils ont subies après l’échec de leurs tentatives d’innovation dans leur lutte, on peut dire que de nombreux jeunes Palestiniens de Gaza ont perdu l’idée d’avoir un objectif et même leur désir de vivre.
Ceux qui choisissent la confrontation continuent à affronter le statu quo avec tous les moyens disponibles, qu’ils soient pacifiques ou violents, et avec beaucoup d’efforts déployés dans l’éducation, le service communautaire et les activités de premiers secours. Ils alternent ainsi entre des moments d’inactivité temporaire et des moments d’action soutenue.
La pandémie a compliqué les conditions économiques, politiques et sociales de Gaza, et a mis en évidence la fragilité de la société. Les tendances individualistes ont augmenté parmi les Palestiniens de Gaza, ainsi que l’anxiété, la confusion et l’incertitude. Leur participation politique et sociale a diminué et les valeurs sociales sont fortement en retrait.
La pandémie a également créé un vide politique et un manque de transparence au niveau de la prise de décision.
Aujourd’hui, la bande de Gaza est accablée de difficultés et montre peu de signes de vitalité, manquant des bases qui permettraient résilience et fermeté, que ce soit dans le contexte du mouvement de libération ou dans un autre. Il en résulte une spirale descendante continue vers l’isolement social et individuel.
Pour dire les choses simplement, les Palestiniens de Gaza sont hantés par la misère sociale, la violence et les agressions israéliennes à chaque seconde de leur vie. Les inégalités sociales ont augmenté, tandis que les personnes marginalisées et défavorisées de la société n’ont plus de droits et vivent dans l’incertitude.
Faire face à l’effondrement total
La grande marche du retour
Les habitants de Gaza sont fiers de la Grande Marche du Retour qui a débuté en 2018, car certains la considèrent comme une nouvelle forme de lutte contre l’occupation.
Et bien que les organisateurs en charge de la Grande Marche du Retour ont décidé le 26 décembre 2019 de limiter les rassemblements aux occasions nationales, les grandes manifestations qui se sont déroulées ont représenté une activité populaire qui engage les individus et les familles, et ses effets sur la société de Gaza sont tout à fait palpables.
Habituellement le vendredi, des milliers de Palestiniens de Gaza se sont dirigés vers la clôture à l’est, vers les limites avec la partie de la Palestine occupée en 1948, mettant en action leur Droit au retour et s’imaginant un retour possible dans leur patrie. Effectivement, environ 70% de la population de Gaza est constituée de réfugiés déplacés à l’intérieur du territoire occupé par Israël en 1948. En fait, le vendredi, les habitants de Gaza marchaient pour retourner dans leurs foyers.
Les rassemblements étaient pacifiques, populaires, non partisans et décentralisés, et étaient fondés sur le désir des Palestiniens de réclamer leurs droits sans se heurter directement à l’armée d’occupation.
Mais le régime d’occupation ne l’a pas vu de cette façon. Au cours des années 2018 et 2019, 214 Palestiniens ont été tués, dont 46 enfants, et plus de 36 000 ont été blessés, dont 8800 enfants. Beaucoup de ces blessés ont encore besoin de soins de réadaptation.
D’un autre point de vue, les rassemblements sont passés d’un outil de lutte à un outil de négociation politique avec l’avènement du slogan “briser le siège”, qui a donné au gouvernement israélien l’excuse d’attaquer les manifestants. En outre, cela a incité certaines forces politiques, dont le Fatah et le Front démocratique, à se retirer des rassemblements parce que leurs objectifs avaient changé.
Politiquement, le Hamas a profité des rassemblements en engageant des pourparlers inattendus avec Israël afin de promouvoir la désescalade entre Israël et les factions palestiniennes.
En outre, l’ambassadeur du Qatar, Mohammad Al-Emadi, a visité les camps des manifestants dans l’est de Gaza le 9 novembre 2018 et, avec l’approbation d’Israël, a apporté une subvention qatarie de 15 millions de dollars afin de payer les salaires des employés du Hamas. Le lendemain, l’approvisionnement en carburant a repris à la centrale électrique de Gaza.
Les Palestiniens de Gaza comptaient sur leurs dirigeants pour rechercher une réconciliation politique et mettre fin à la division, pour s’abstenir de négocier avec l’occupation et pour adopter la Grande Marche du Retour comme moyen de récupérer le droit au retour.
Mais ils ont rapidement été déçus. Les actions du Hamas à l’égard des masses qui manifestaient ont illustré une perte du sens de l’identité nationale et des valeurs qui sous-tendent le droit au retour.
Le mouvement “Nous voulons vivre”
Les Palestiniens de Gaza sont plus que las de leurs conditions de vie et du statu quo, et ils sont passés de la résistance à la désobéissance civile et à la rébellion. C’est dans ce contexte que le mouvement “Nous voulons vivre” (bidna n’eesh) a vu le jour le 14 mars 2019, exhortant les habitants de Gaza à descendre dans la rue pour protester.
Le mouvement a appelé ses partisans à prendre la rue avec des ustensiles de cuisine comme symbole, mais ils ont été surpris par la réaction violente des forces de sécurité du Hamas qui ont arrêté des familles, des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme.
D’autres manifestations étaient simultanément organisées sous prétexte de la crise salariale et des sanctions de l’AP contre Gaza.
Les militants impliqués dans le mouvement ont déclaré avoir été choqués lors des interrogatoires, car les forces de sécurité du Hamas ont invoqué la “trahison” dans leurs questions et ont prétendu que les manifestants de “Nous voulons vivre” “agissaient contre la résistance”.
Pourtant les militants protestaient contre le chômage, la hausse des prix et le niveau des impôts. Ils ne protestaient pas contre le Hamas ni se sont rangés du côté de l’AP. Ils se sont plutôt défendus eux-mêmes.
La réaction du Hamas à ce mouvement donne une indication claire de l’ampleur de la répression visant les libertés publiques à Gaza, et de la façon dont les autorités politiques ont traité, et diffamé – comme des “collaborateurs contre la résistance” ceux qui s’activent pour des améliorations substantielles des conditions de vie.
En fait, une telle accusation de trahison est suffisamment grave pour entraîner une comparution devant le tribunal militaire de Gaza, où l’accusé est confronté au risque d’un sort peu enviable.
Les répercussions mettent en évidence la crise de l’appareil de sécurité à Gaza, et le régime autoritaire du Hamas, que celui-ci justifie par le fait qu’il protège les citoyens. Cela a, en fait, érodé la solidité de Gaza, car en politisant la résistance et en faisant de celle-ci l’affaire d’un seul groupe en particulier.
Les réseaux sociaux
Comme le reste du monde, les Palestiniens de Gaza font circuler des informations sur des plateformes de médias sociaux comme Facebook et Twitter, y compris des satires d’informations politiques sous forme de plaisanteries et imitations. Nous pouvons considérer cet espace virtuel comme un espace que certains ont adopté comme champ de critique spontanée, loin de toute allégeance politique, et qui équivaut à type particulier de mobilisation sociale.
Étant donné l’oppression croissante à l’encontre de leur droit à la liberté d’expression, les plateformes de médias sociaux sont également devenues un moyen pour les Palestiniens de Gaza de faire honte publiquement aux autorités de tout l’éventail politique.
De cette manière, la dénonciation publique est devenue une arme numérique que les Gazaouis utilisent fréquemment pour exprimer leur colère et sensibiliser les gens à des questions cruciales, comme dans les cas où des femmes sont victimes de violence dans leur famille, et dans les cas d’abus à l’encontre des citoyens ordinaires.
Récemment, des militants palestiniens à Gaza ont lancé une campagne en ligne, “A bas Jawwal”, contre la société palestinienne de communications cellulaires, Jawwal, pour protester contre ses tarifs abusifs, en particulier dans le contexte des conditions de vie imposées par le blocus sur Gaza.
L’activisme en ligne garantit une immunité sociale plutôt que formelle, exprime l’opinion publique et constitue une véritable expression des groupes marginalisés. En tant que tel, il renforce l’équilibre structurel de la société, en imposant une visibilité et en contrecarrant les tendances individualistes.
Alors que le militantisme social dans la rue a disparu et s’est déplacé vers les plateformes en ligne comme seul moyen d’échapper à la répression, l’agitation sur les médias sociaux n’est guère aussi puissant ou efficace. Elle ne devrait pas remplacer le militantisme réel et en vis-à-vis, en particulier dans le contexte de l’occupation.
Le mouvement de protestation en ligne a créé un nouveau langage et une nouvelle forme d’expression politique à Gaza suite au vide politique et à la perte de foi dans le changement politique.
Néanmoins, il a institué une sorte de centre commercial numérique, pour ainsi dire, dans lequel le discours politique est embourbé dans une culture consumériste, et est devenu le premier mode d’action pour beaucoup à Gaza.
Ce nouveau mode d’expression s’est traduit par une certaine paresse et un manque de créativité. En effet, les attitudes consuméristes ont commencé à remplacer le travail social et bénévole, ainsi que la productivité dans la société, ce qui aggrave les effets délétères de la division politique.
Quel peut être l’avenir de Gaza ?
Lors d’une session de réflexion organisée le 27 novembre 2020 pour un groupe de jeunes hommes et femmes nés après le début du millénaire, afin de discuter des transformations des valeurs sociales et politiques palestiniennes, un participant a déclaré : “Notre patrie est trop étroite, et nous n’avons vraiment pas de chance”. En d’autres termes, ce groupe était représentatif de la génération qui a passé son enfance au milieu des guerres, et qui a atteint sa majorité alors que la division au sein de la direction politique palestinienne s’approfondissait.
C’est la génération qui a vu le peu de libertés dont elle jouissait dans son enfance lui être enlevé. Leur présent est chaotique et leur avenir incertain, car ils voient devant eux un monde rempli de frustrations, de dangers et de deuils.
Les Palestiniens de Gaza sont confrontés à la discrimination systématique du régime d’occupation, ainsi qu’aux pratiques discriminatoires de l’AP et du Hamas. La pandémie a renforcé le principe sioniste de “diviser pour régner”, tandis que la division au sein de la direction palestinienne a encore renforcé la fragmentation, le dérèglement social.
Les répercussions de la pandémie ont mis en évidence le rôle des trois variables (occupation, division, pandémie) pour forger la dualité ressentie par le peuple palestinien à Gaza entre ce qu’il vit dans une société avec une mémoire historique et une identité nationale, et ce qu’il a réussi à créer pour vivre dans une paix temporaire au milieu d’une incertitude de tous les instants.
Gaza ne traverse pas une phase de transition pleine de bouleversements et d’ambiguïté, puisqu’elle est dans cette situation depuis plus d’une décennie.
On peut seulement prédire que Gaza passera d’une cause politique à une cause humanitaire et que sa population se préoccupera de plus en plus de ses intérêts individuels, négligeant les questions d’importance collective. Dans un tel avenir, la lutte se transformera en une lutte pour la survie entre les victimes elles-mêmes, rompant avec leur humanité commune.
Les Palestiniens de Gaza continuent à rêver de rentrer un jour dans leur patrie et leurs foyers, surtout après la Grande Marche du Retour, et même si les générations d’aujourd’hui – comme beaucoup de leurs parents et grands-parents – n’ont pas de véritables souvenirs de la patrie.
En effet, comme l’a dit un jour l’éminent auteur palestinien Ghassan Kanafani : “Je cherche la Palestine de la réalité, la Palestine qui est plus qu’un souvenir.”
Néanmoins, avec l’effondrement et les traumatismes actuels à Gaza, les Palestiniens sont devenus anxieux et craignent le lendemain car ils sont dans l’incapacité de préserver leurs moyens de subsistance et leur travail.
Le droit au retour est devenu pour eux un simple rêve.
Auteur : Ali Abdel-Wahab
* Ali Abdel-Wahab, membre d'Al-Shabaka, intervient comme analyste de données et assistant d'évaluation et de suivi à l'Institut Tamer pour l'éducation communautaire à Gaza. Il est titulaire d'une licence en informatique et s'intéresse au monde des données, au big data et aux sciences sociales informatiques. Il a travaillé comme assistant de recherche dans plusieurs instituts palestiniens et européens et a écrit plusieurs articles et documents scientifiques. li Abdel-Wahab est également membre du forum politique de la jeunesse au centre Masarat de Gaza.
14 janvier 2021 – Al-Shabaka – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah
Bonjour
Il n’est pas juste de renvoyer dos à dos l’AP et le Hamas, ceux qui ont renoncé à la Résistance et ceux qui refusent la domination sioniste, ceux qui bénéficient du soutien occidental et ceux qui sont sous blocus.Il n’est pas vrai non plus que le Hamas soit isolé, il coopére avec d’autres mouvements de la Résistance.
Il n’est pas sain non plus d’abuser des images d’enfants,comme dans cet article, la Résistance est l’affaire des adultes.