L’État génocidaire détruit des habitations palestiniennes sous le prétexte de « sites archéologiques »

Photo : via The New Arab

Par The New Arab

Israël utilise désormais « l’archéologie » comme prétexte pour démolir des maisons palestiniennes. Si rien n’est fait pour mettre un terme à cette pratique, elle sera un désastre pour une région imprégnée d’histoire ancienne.

Le 9 décembre 2024, une cinquantaine de familles palestiniennes de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée, se sont retrouvées menacées de se retrouver sans abri après avoir reçu des ordres de démolition de la part des autorités israéliennes, qui ne leur laissaient que 14 jours pour s’y opposer.

Pour replacer les choses dans leur contexte, Israël procède à des démolitions de maisons contre les Palestiniens en Cisjordanie depuis 1967, année où Israël occupait illégalement le territoire.

Dans l’ensemble, les démolitions sont classées comme administratives, punitives ou faisant partie d’« opérations militaires ».

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Dans les affaires administratives, qui représentent une grande partie des démolitions de maisons imposées, les autorités israéliennes ordonnent la démolition de maisons situées dans la « zone C », en invoquant le fait qu’Israël s’est vu accorder le contrôle total des questions de planification et de construction dans la zone C de la Cisjordanie dans le cadre des accords d’Oslo de 1993.

Comme l’indique une étude de la Banque mondiale, la zone C représente environ 61 pour cent de la Cisjordanie, et la justification habituelle des démolitions est que les propriétaires ont construit leurs maisons sans permis.

Aujourd’hui, Israël utilise un autre prétexte, affirmant que ces maisons sont construites sur des terres archéologiques où la construction est interdite, dans le village de Kafr Qalil et dans le quartier Al-Dahiya Al-Ulya à Naplouse.

Hamdi Abu Al-Hayyat, propriétaire de l’une des maisons menacées, a déclaré à Al-Araby Al-Jadeed, l’édition sœur en langue arabe du New Arab, que la décision avait frappé la communauté « comme un coup de foudre ».

« Il s’agit de supprimer une communauté résidentielle entière et de déplacer des centaines de personnes sous des prétextes peu convaincants », a-t-il ajouté. « Parfois parce qu’ils se trouvent dans la zone C, où les Palestiniens n’ont pas le droit de construire ou d’aménager des terrains sans permis des autorités d’occupation – qui sont pratiquement impossibles à obtenir – et d’autres fois parce qu’ils ont été construits sur des terrains que l’occupation considère comme archéologiques ».

Hamdi explique que le personnel de l’Autorité israélienne des antiquités (IAA) a accompagné les soldats israéliens qui ont distribué les ordres de démolition et les a avertis que si les démolitions n’étaient pas empêchées, les maisons de toute la région seraient menacées.

Mais ce n’est pas tout. Les ordres israéliens exigeaient également que les propriétaires détruisent eux-mêmes leurs bâtiments. S’ils ne le faisaient pas, les forces israéliennes procéderaient aux démolitions une fois le délai imparti pour déposer des objections expiré. Dans ce cas, ils seraient condamnés à une amende pour couvrir le coût de la démolition, ce qui reflète la politique israélienne à Jérusalem-Est occupée.

Jassem Mansour, dont la maison est également menacée, a déclaré que sa maison avait été autorisée en 2007 par les autorités compétentes, mais qu’Israël prétendait maintenant qu’elle avait été construite sur un terrain archéologique.

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Selon lui, cela confirme que toute la zone est destinée à être saisie et pillée dans l’intérêt de l’expansion des colonies israéliennes – d’autant plus que la colonie illégale de Har Bracha est située sur les pentes du mont Gerizim, où se trouvent également les maisons menacées.

Il souligne que la communauté locale est farouchement attachée à sa terre et ne recule pas devant les tentatives de déracinement.

Walaa Kusa, propriétaire d’une maison menacée de démolition, a déclaré : « Chaque jour, nous regardons l’horloge comme si nous attendions le moment où les bulldozers arriveront ».

« Je ne peux pas quitter la maison. J’ai peur de revenir et de la voir démolie sur la tête de mes enfants. Même quand nous dormons, nous ne pensons qu’à ce qui va se passer. Comment peuvent-ils nous demander de démolir nos maisons de nos propres mains ?

Elle explique que la maison nouvellement construite était un rêve pour elle et sa famille, et qu’elle attendait d’avoir remboursé ses dettes pour la fêter avec eux, « mais maintenant, je ne sais pas si je la verrai debout demain ou non ».

En ce qui concerne l’affirmation d’Israël selon laquelle des vestiges archéologiques sont enfouis sous les maisons, Walaa s’interroge : « Où sont ces objets anciens ? Nous avons construit ici il y a des décennies. Nous n’avons rien trouvé lorsque nous avons creusé les fondations. Il n’y a pas de terrasses romaines ou de palais pharaoniques comme ils le prétendent. Ce ne sont que des prétextes pour nous expulser de nos terres au profit des colonies voisines. »

Selon elle, l’objectif est de les expulser progressivement afin de prendre le contrôle total du mont Gerizim, qui surplombe la colonie de Har Bracha.

Le gouverneur de Naplouse, Ghassan Daghlas, indique que quatre autres démolitions ont déjà été effectuées par Israël dans la ville, dans le cadre d’un plan visant à réduire la présence palestinienne sur les terres palestiniennes.

Il souligne que ces ordres de démolition sont intervenus quelques jours seulement après que le ministre extrémiste des finances israélien, Bezalel Smotrich, ait annoncé la confiscation d’environ 24 000 dounams de terres palestiniennes pour l’expansion des colonies en Cisjordanie.

Il a ajouté qu’Israël appliquait la politique qu’il utilise depuis longtemps dans la partie occupée de Jérusalem, qui consiste à imposer de lourdes amendes aux propriétaires pour couvrir les coûts de démolition s’ils ne détruisent pas leurs propres maisons.

M. Ghassan souligne que des réunions sont organisées pour discuter des voies juridiques possibles pour contrer les ordres de démolition et élaborer un plan d’action en collaboration avec les autorités compétentes, afin de fournir un soutien juridique et une assistance aux propriétaires menacés.

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Quant à l’affirmation d’Israël selon laquelle les maisons « violent des sites archéologiques », M. Ghassan la qualifie d’« excuse qui ne trompe plus personne – mais qui est simplement utilisée pour justifier le déracinement des Palestiniens, encore et encore ».

Il ajoute : « Nous sommes les propriétaires légitimes des terres et les personnes les plus soucieuses de préserver les sites archéologiques qui prouvent nos droits et notre existence [ici] depuis des milliers d’années. Serions-nous donc prêts à les violer ?

« En outre, c’est [Israël] qui viole quotidiennement les sites archéologiques, comme à Sebastia et dans d’autres endroits, en les détruisant et en les bombardant, comme il l’a fait avec la mosquée Omari à Gaza. Par conséquent, ces mensonges ne convainquent aucun d’entre nous ».

Au début de l’année, la Knesset israélienne a adopté un projet de loi qui donnerait à l’Autorité israélienne des antiquités (IAA) le pouvoir d’opérer en Cisjordanie illégalement occupée, plaçant de fait tous les sites archéologiques du territoire palestinien sous le contrôle de l’administration civile israélienne.

Depuis des décennies, la ville historique de Naplouse est connue pour être un centre commercial et culturel majeur en Palestine. La majeure partie de la ville se trouve dans la zone A, où l’Autorité palestinienne (AP) contrôle les questions civiles et de sécurité.

Actuellement, au moins 700 000 Israéliens résident dans des colonies illégales, fortifiées et exclusivement juives en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est, la majorité d’entre elles ayant été construites entièrement ou partiellement sur des terres palestiniennes privées volées.

6 janvier 2024 – The New Arab – Traduction : Chronique de Palestine – Éléa Asselineau

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