Israël menace d’attaquer l’Iran, mais les va-t-en-guerre eux-mêmes craignent les conséquences d’une telle attaque.
Ce que l’on peut conclure des nombreuses réunions tenues par le cabinet de guerre israélien pour discuter de l’attaque prévue contre l’Iran, ainsi que de la soumission du président américain Joe Biden aux pressions de Benjamin Netanyahu et de leur conversation téléphonique de 45 minutes, c’est que l’État occupant hésite à prendre la décision.
Ses faucons craignent les conséquences, en particulier les représailles iraniennes inévitables et probablement dévastatrices, utilisant des centaines de missiles hypersoniques et drones de précision.
Nous ne savons pas ce qui s’est dit lors de l’appel Biden-Blinken, qui est un secret militaire et nous ne faisons pas confiance aux fuites qui ont été publiées à son sujet.
Ce que nous savons cependant, c’est que son objectif était de se mettre d’accord sur les cibles et le calendrier de l’attaque, ainsi que sur le rôle des États-Unis dans cette attaque, au cas où Biden céderait aux demandes chargées de menaces de Netanyahu (comme il l’a fait dans toutes les occasions comparables précédentes, en particulier lors des guerres contre Gaza et le Liban).
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En ce qui concerne les cibles sur lesquelles l’attaque doit se concentrer, il existe deux options : une frappe contre les installations nucléaires et les infrastructures pétrolières et gazières de l’Iran, ce qui reviendrait à déclarer une vaste guerre régionale, ou une attaque « pro-forma » convenue pour éviter une telle guerre, que les États-Unis craignent par crainte pour leurs bases et leurs intérêts militaires et économiques au Moyen-Orient, et pour l’existence même de l’entité sioniste.
Il existe plus de 50 bases militaires américaines dans et autour du monde arabe, qui abritent plus de 40 000 personnes. Une intervention ouverte des États-Unis pour soutenir une attaque israélienne contre l’Iran mettrait toutes ces bases – en particulier en Irak, en Syrie, en Jordanie et dans les États du Golfe – en danger d’être détruites.
La dernière tournée régionale du ministre iranien des affaires étrangères, Abbas Araqji, qui a visité tour à tour le Liban, la Syrie, l’Arabie saoudite et le Qatar, avait pour but d’établir un contact indirect avec les États-Unis afin de trouver des moyens d’éviter la menace d’une attaque israélienne.
Sa dernière étape a été le Qatar, qui entretient des liens étroits avec l’administration Biden et a joué un rôle majeur dans les négociations parrainées par les États-Unis qui se sont tenues à Doha et au Caire au cours des dix derniers mois sous le couvert de la recherche d’un cessez-le-feu à Gaza.
Il est sage de poursuivre toutes les options, mais cela ne signifie pas qu’il ne faille pas se préparer à la guerre.
Netanyahu se comporte actuellement comme un joueur qui mise tout dans l’espoir de récupérer ses pertes, mais qui finira par perdre davantage et par faire faillite.
La menace d’une attaque contre l’Iran est sa dernière carte. Ce serait la plus grande réalisation de sa vie politique que d’entraîner les États-Unis dans une guerre contre l’Iran pour réaliser son rêve de détruire ses capacités nucléaires et son industrie pétrolière, sa principale source de revenus.
Netanyahu méprise Biden, malgré son sionisme avoué et les nombreux services rendus à Israël sous la forme de livraisons d’armes et de soutien financier et politique.
Il ne serait donc pas surprenant que le premier ministre israélien ignore les appels du président américain à limiter en envergure son projet d’attaque et à éviter de viser les installations nucléaires et pétrolières, ce qui déclencherait une riposte iranienne massive.
Netanyahu pourrait poursuivre son plan sans tenir compte de ses effets destructeurs. Il a toujours réussi à imposer sa volonté à Biden et à lui montrer qui est le véritable chef à la Maison Blanche.
La guerre est une illusion meurtrière, et une attaque surprise n’est jamais qu’une demi-victoire. Il est donc difficile de prévoir quand elle va commencer.
L’Iran aurait pu prendre l’initiative par une attaque préventive sur les infrastructures israéliennes. Mais nous savons que l’Iran ne veut pas être à l’origine d’une guerre aussi décisive.
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Nous savons également que ses représailles seront douloureuses et réfléchies, avec la participation de toutes les composantes de l’axe de la résistance sur six fronts, et en utilisant toutes sortes d’armes, connues ou encore secrètes.
Avec le lancement des premiers F-35 pour frapper les installations nucléaires iraniennes – dans des silos de montagne profonds imperméables aux bombes américaines d’une tonne – et des premiers missiles pour détruire ses infrastructures pétrolières et gazières, des barrages de missiles balistiques et ultrasoniques s’abattront sur les principaux aéroports, villes, centrales électriques et hydrauliques, et ports d’Israël.
D’autres missiles fermeront le détroit d’Ormuz et viseront les bases américaines dans la région.
Ces prévisions sont fondées sur les déclarations des dirigeants iraniens eux-mêmes, et le pays posséderait 3 000 missiles hypersoniques capables d’atteindre Haïfa en 12 minutes.
Malgré les guerres et les mesures à venir, Netanyahu serait le plus grand perdant. Il entrera dans l’histoire comme le dirigeant qui a préparé le terrain pour l’effondrement de l’entreprise sioniste, ainsi que comme l’auteur de la guerre génocidaire à Gaza, au Liban et peut-être ailleurs.
Les dix jours à venir seront décisifs. Ils pourraient modifier tous les équilibres de pouvoir et les frontières politiques de la région, en dessinant une nouvelle carte du Moyen-Orient dans laquelle il n’y a ni place pour un État occupant ni pour des bases américaines.
Auteur : Abdel Bari Atwan
* Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan
12 octobre 2024 – Raï al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine