Par Abdel Bari Atwan
Israël cherche manifestement à provoquer une guerre régionale et à enfoncer encore plus les États-Unis dans son délire meurtrier.
Le tir de missile israélien de lundi sur le consulat iranien à Damas – qui a tué huit personnes, dont Mohamed Reza Zahedi, haut commandant du CGRI – a violé toutes les règles d’engagement existantes et, en particulier, le modus vivendi entre les États-Unis et l’Iran visant à ne pas étendre la guerre contre Gaza à une guerre régionale.
Il s’agissait d’un acte d’agression totalement assumé, non seulement contre la Syrie, mais aussi contre l’Iran. L’objectif d’Israël est de déclencher une guerre régionale et d’y entraîner les États-Unis, parallèlement à la guerre en Ukraine, en y associant la Russie.
Cela a été clairement démontré par l’accélération du rythme des attaques israéliennes contre des cibles militaires syriennes et iraniennes, ainsi que contre des sites liés au Hezbollah au Sud-Liban, qui ont provoqué la destruction de nombreux villages et l’assassinat de plusieurs personnalités du Hezbollah de haut et de moyen rang.
Israël est en crise à plusieurs niveaux. Il a perdu son pouvoir de dissuasion et sa capacité à protéger ses colons, tant dans le nord de la Galilée que dans le sud de l’enveloppe de Gaza. Il a dû évacuer des dizaines de milliers d’entre eux.
Depuis l’opération « Déluge d’al-Aqsa » menée par les Brigades al-Qassam le 7 octobre, on assiste également à une contre-migration importante d’Israéliens vers leurs pays d’origine en Europe, aux Amériques ou en Russie, à la recherche d’endroits plus sûrs où s’établir.
D’où l’incessante escalade militaire israélienne dirigée principalement contre les intérêts syriens et iraniens.
Je soupçonne les États-Unis de les soutenir. Ils ont envoyé à Israël plus de 100 cargaisons de fournitures militaires depuis le début de l’assaut contre Gaza. La dernière en date comprend 25 avions de guerre F-35, 1800 bombes MK-84 d’une tonne et 500 bombes similaires de 500 livres.
Ces armes sont extrêmement destructrices. Elles ne peuvent pas être utilisées à Gaza, où la plupart des infrastructures ont déjà été détruites et où, contrairement au Liban et à l’Iran, il n’y a pas de terrain montagneux solide contre lequel elles pourraient être déployées.
Il est difficile d’éviter la conclusion qu’elles sont envoyées dans le cadre d’un plan américano-israélien visant à envahir le Sud-Liban et peut-être aussi à bombarder l’Iran.
Je ne sais pas quelle sera la réplique de l’Iran à ces provocations israéliennes délibérées. Mais je soupçonne qu’avec le couteau d’Israël à son cou, la politique de « patience stratégique » de l’Iran face aux meurtres, aux attaques et aux provocations israéliennes doit atteindre une limite.
Comment l’Iran va-t-il donc réagir ? Directement, en frappant une ambassade israélienne dans une capitale arabe ou ailleurs ? Ou indirectement, en donnant au Hezbollah le feu vert pour frapper des infrastructures israéliennes cruciales ?
Plus que jamais, nous semblons être au bord d’une guerre régionale déclenchée par Israël pour servir ses objectifs immédiats. Mais la réponse – de l’Iran, de la Syrie, de l’Irak, du Liban et du Yémen – pourrait mettre en péril l’existence même de l’état sioniste et génocidaire.
Auteur : Abdel Bari Atwan
* Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan
1e avril 2024 – Raï al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine