Khader Adnan, âgé de 44 ans, est un ancien gréviste de la faim de longue durée qui a gagné sa liberté à plusieurs reprises grâce à de longs combats avec l'occupant derrière les barreaux. Le mardi 7 mars 2023, le tribunal militaire de l'occupant israélien devait tenir une audience dans son cas, mais elle a été reportée pour la quatrième fois au 4 avril, dans ce qui était une nouvelle tentative évidente de briser sa grève de la faim, aurisque clairement assumé de la faire mourir - Photo : via Samidoun
Par Al-Jazeera
Le gréviste de la faim palestinien Khader Adnan est mort dans une prison israélienne.
Le prisonnier politique palestinien Khader Adnan, affilié au groupe résistant palestinien du Jihad islamique, est décédé dans une prison israélienne après près de trois mois de grève de la faim, ont annoncé les autorités pénitentiaires israéliennes.
Adnan « a refusé de subir des tests médicaux et de recevoir un traitement médical » et « a été retrouvé inconscient dans sa cellule » tôt dans la matinée de mardi, a déclaré l’administration pénitentiaire israélienne.
Adnan a entamé sa grève de la faim peu après son arrestation, le 5 février.
Il avait entamé une grève de la faim à plusieurs reprises après des arrestations antérieures, notamment une grève de 55 jours en 2015 pour protester contre son arrestation dans le cadre d’une détention dite administrative, dans laquelle les suspects sont détenus indéfiniment par Israël, sans inculpation ni jugement.
Israël détient actuellement plus de 1000 détenus palestiniens sans inculpation ni jugement, soit le nombre le plus élevé depuis 2003, selon le groupe israélien de défense des droits de l’homme HaMoked.
« Khader Adnan a été exécuté de sang-froid », a déclaré l’association de prisonniers WAED à Gaza à l’agence de presse Reuters en apprenant la mort de M. Adnan.
L’agence de presse palestinienne WAFA a rapporté qu’Adnan, âgé de 44 ans, originaire de la ville d’Arraba près de Jenin en Cisjordanie occupée, avait refusé de manger pendant 87 jours pour protester contre sa détention sans inculpation, selon l’Association des prisonniers palestiniens.
Extrait du documentaire « Derrière les fronts » de Alexandra Dols – 2016
« C’est une chose très dangereuse qui s’est produite », a déclaré Mustafa Barghouti, ancien ministre palestinien de l’information et secrétaire général du parti politique Initiative nationale palestinienne.
Le gouvernement israélien et le ministre de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir « sont personnellement responsables de cet acte d’assassinat », a déclaré M. Barghouti à Al Jazeera.
« J’appelle cela un acte d’assassinat parce que le gouvernement israélien et ses tribunaux militaires savaient très bien qu’une personne en grève de la faim depuis 87 jours, qui n’avait reçu aucun soin médical, pouvait mourir à tout moment. Et c’est exactement ce qui s’est passé », a ajouté M. Barghouti.
« M. Khader Adnan avait été arrêté sans inculpation. Ce n’était pas la première fois. Il a été arrêté dans le cadre de ce que l’on appelle la détention administrative, ce qui signifie qu’Israël peut arrêter n’importe qui sans même dire pourquoi. Sans aucune charge. Sans aucune preuve. Sans procès », a-t-il expliqué.
« C’est un pays qui pratique le fascisme. Israël est un pays qui pratique des violations inacceptables des droits de l’homme ».
Père de neuf enfants, Adnan a été arrêté 12 fois au cours de sa vie et a entamé une grève de la faim lors de plusieurs séjours dans les prisons israéliennes, a rapporté WAFA.
Nida Ibrahim, de la chaîne Al Jazeera et en reportage à Ramallah, en Cisjordanie occupée, a déclaré que la famille d’Adnan avait été avertie qu’après 80 jours sans nourriture, sa vie était en danger.
La semaine dernière, Randa Mousa, l’épouse d’Adnan, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) que son mari était détenu dans une clinique de la prison de Ramla, dans le centre d’Israël.
« Il refuse tout soutien, tout examen médical, il est dans une cellule où les conditions de détention sont très difficiles », avait-t-elle déclaré. « Ils (Israël) ont refusé de le transférer dans un hôpital civil, ils ont refusé d’autoriser la visite de son avocat », a-t-elle ajouté.
Un médecin du groupe Physicians for Human Rights Israel qui a rendu visite à Adnan en prison avait prévenu qu’il « risque une mort imminente », tout en demandant qu’il soit « transféré d’urgence dans un hôpital », a rapporté l’AFP.
Le groupe avait déclaré qu’Adnan « lutte pour bouger et maintenir une conversation de base, apparaissant pâle, faible, épuisé et dangereusement émacié », selon une déclaration publiée lundi par le groupe.
La mort d’Adnan a été qualifiée d’ « acte d’assassinat », a rapporté Ibrahim d’Al Jazeera, ajoutant que les Palestiniens considéraient Adnan comme un militant politique qui avait mené le refus de s’alimenter comme un moyen de protester contre l’emprisonnement sans inculpation par les forces israéliennes.
« N’oublions pas qu’en 2012, il a été le premier à mener une grève de la faim individuelle pour protester contre sa détention sans inculpation, ce qui a été considéré comme un acte pionnier ouvrant la voie à tant d’autres prisonniers qui ont commencé à faire des grèves de la faim pour protester contre leur détention », a conclu Ibrahim.
Auteur : Al-Jazeera
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2 mai 2023 – Al-Jazeera – Traduction : Chronique de Palestine
