Par Al-Haq
Le 18 août 2022, vers 3 heures du matin, les forces d’occupation israéliennes (FOI) sont entrées à Ramallah, attaquant, pénétrant de force, pillant les bureaux et confisquant les biens des six organisations de la société civile palestinienne désignées : Al-Haq, Addameer, le Centre Bisan pour la recherche et le développement, Defence for Children International-Palestine (DCI-Palestine), l’Union des comités des travailleurs agricoles (UAWC) et l’Union des comités des femmes palestiniennes (UPWC).
Les FOI ont également fait une descente dans les bureaux des Comités des travailleurs de la santé. L’incursion, les raids, le pillage et les bouclages sont les derniers d’une série d’attaques répressives d’Israël, ciblant les organisations de la société civile palestinienne qui défendent les droits de l’homme et l’état de droit international, et appellent à la fin de l’agression coloniale et du régime d’apartheid qui nient le droit collectif à l’autodétermination du peuple palestinien et le droit des réfugiés au retour.
Le 19 octobre 2021, Israël a désigné six principales organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme comme groupes « terroristes » en vertu de sa loi antiterroriste de 2016. La désignation a pris effet dans le territoire palestinien occupé (TPO), le 3 novembre, en vertu d’un ordre militaire, déclarant la organisations comme des associations illégales en vertu du règlement 84(1)(b) des règlements de défense (d’urgence) de 1945 [sous occupation britannique – NdT].
L’ordre militaire déclare que « tout membre de l’institution ‘Al-Haq Institution’ ou ‘Al-Haq’… est une organisation illégale au sens du règlement de défense. »
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Suite à la décision d’hier de Benny Gantz, l’ordre militaire a pris pleinement effet dans les TPO, après quoi Yehuda Fox, le commandant militaire israélien, a mené une incursion armée à Ramallah pour fermer de force les six organisations, dans une tentative d’annuler le travail des droits de l’homme défenseurs, en violation grave du droit à la liberté d’expression et d’association.
De tels ordres enfreignent et dépassent le travail des organisations de défense des droits de l’homme et de la société civile, dépassant la compétence du commandant militaire en vertu de l’article 43 du Règlement de La Haye (1907), en plus de violer les garanties des droits humanitaires fondamentaux des personnes protégées en vertu de l’article 27 du la IVe Convention de Genève (1949).
À 3h23 du matin, les forces d’occupation israéliennes (FOI) ont fait sauter de force la porte de sécurité verrouillée des bureaux d’Al-Haq, faisant sortir la porte de ses gonds et faisant une descente dans les locaux, déclenchant les alarmes. Sous les locaux d’Al-Haq, les FOI ont martelé et cassé la porte d’entrée de l’église épiscopale, laissant de longs éclats de verre brisé exposés, des sponge-grenades [incapacitantes en provoquant des traumatismes] et plusieurs cartouches de gaz lacrymogène, [de balles d’acier] recouvertes de caoutchouc et de balles réelles autour de la propriété.
Les forces militaires armées ont fait irruption dans Al-Haq, pillant systématiquement chaque pièce et faisant sauter les gonds des portes verrouillées du département des finances, du bureau administratif, du bureau du directeur général et de la salle principale des serveurs informatiques, causant des dégâts matériels.
Les militaires ont fouillé dans les dossiers, éparpillé et déplacé les dossiers comptables au sol, renversé des tasses de café laissant des déversements, et saccagé des bureaux, et cabinets de toilette.
Dans la salle de réunion d’Al-Haq, des soldats du raid ont déchiré et jeté au sol un drapeau irlandais, qui avait été symboliquement placé en reconnaissance du projet de loi sur les territoires occupés, interdisant l’importation de biens et de services des colonies.
De plus, les FOI ont déchiré de grandes cartes de la Palestine de 1948, des cartes qui dépeignent une Palestine non fragmentée, libre de la tyrannie du colonialisme et de l’apartheid et des crimes internationaux infligés.
Les FOI ont également retiré du mur à la réception, le certificat encadré du prestigieux prix Geuzenpenning pour les défenseurs des droits de l’homme, décerné à Al-Haq en 2010, pour l’engagement et l’excellence d’Al-Haq dans la documentation et la surveillance des violations généralisées et systématiques des droits de l’homme par Israël à l’encontre du peuple palestinien.
Après avoir pillé et saccagé les bureaux d’Al-Haq, les FOI ont soudé une nouvelle porte en fer renforcée à l’extérieur du bureau d’Al-Haq, scellant complètement le bureau et empêchant toute entrée, attachant, à côté, un ordre militaire et une autre copie de la commande sur la porte d’entrée principale.
L’ordre militaire stipule qu’en vertu de l’article 319 du Règlement d’urgence de 1945, et suite à la déclaration le 3 novembre 2021 d’Al-Haq comme association illégale, le commandant militaire israélien ordonne la fermeture des bureaux d’Al-Haq pour « la sécurité de la zone, des forces d’occupation et de l’ordre public ».
L’ordre militaire a en outre averti que « les administrateurs de l’organisation doivent fermer l’organisation, s’abstenir de la gérer et la maintenir fermée, à partir du moment de la réception de cet ordre ». Selon l’ordre militaire, le bureau d’Al-Haq est considéré comme illégal ou est utilisé pour mener des activités considérées comme illégales.
En lançant cette alerte urgente, Al-Haq appelle la communauté internationale à intervenir immédiatement pour protéger les six organisations désignées, dont les finances et les biens risquent d’être confisqués, et leurs membres du personnel, directement visés, arbitrairement arrêtés et emprisonnés.
Al-Haq avertit qu’en ciblant les organisations de la société civile palestinienne, Israël démantèle le tissu même de la société palestinienne et supprime systématiquement les institutions de surveillance et de contrôle vitales, nécessaires à une société viable et fonctionnelle fondée sur les principes de la démocratie, les droits de l’homme et l’état de droit.
Au vu de ce qui précède, Al-Haq exhorte la communauté internationale à prendre des mesures concrètes, notamment :
[1] Appeler Israël à annuler de toute urgence et immédiatement les désignations qualifiant les organisations de « terroriste », comme violant les libertés d’opinion et d’expression, et la liberté d’association, et constituant des actes d’apartheid passibles de poursuites en vertu de l’article 7, paragraphe 2, point h), de la le Statut de Rome
[2] Appeler la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu’il annule immédiatement l’ordre militaire désignant les six organisations comme associations illégales, et l’ordre militaire ordonnant la fermeture des locaux des organisations, criminalisant le travail des six organisations et de leur personnel
[3] Prendre des mesures concrètes, telles que des restrictions commerciales et des embargos sur les armes, pour garantir qu’Israël soit tenu internationalement responsable de ses actes inhumains et systématiques d’apartheid, y compris la persécution des défenseurs des droits de l’homme palestiniens
[4] Demander à l’Assemblée des États parties et au Procureur de la Cour pénale internationale d’intervenir auprès de la Cour pénale internationale, de les protéger et d’assurer leur viabilité et de garantir leur viabilité
[5] Inviter les États tiers à poursuivre leur soutien et à accroître le financement, y compris le financement de base des six organisations, et à s’engager auprès des institutions financières de leur État d’origine pour assurer le transfert de fonds aux six organisations.
Auteur : Al-Haq
18 août 2022 – al-Haq – Traduction : Chronique de Palestine