L’État sioniste fait de sa politique génocidaire son standard et l’étend à la Cisjordanie

27 août 2024 - Les Palestiniens se rassemblent dans la ville de Yatta en Cisjordanie pour pleurer Iyad Ayed Al Najjar, 46 ans, un habitant de la région de Khalet al-Maiyya, qui a été tué d'une balle dans la tête par les forces coloniales israéliennes à Masafer Yatta alors qu'elles ramenaient de force des travailleurs palestiniens sans permis dans la Palestine de 48 [Palestine historique]. Bien que l'économie israélienne repose dans une certaine mesure sur l'exploitation des travailleurs palestiniens entrant sans permis en Cisjordanie, les forces coloniales israéliennes ont fait preuve d'une extrême violence à l'égard de ces travailleurs, les tuant souvent - Photo : Mosab Shawer / Activestills

Par Ramzy Baroud

Les promesses de « victoire absolue » à Gaza ne sont rien d’autre que « de l’enfumage », selon le ministre israélien de la défense Yoav Gallant. Les commentaires de Gallant ne devaient pas être rendus publics, mais ils ont été divulgués et publiés par les médias israéliens le 12 août.

L’explication des raisons pour lesquelles Benjamin Netanyahu poursuit une guerre perdue d’avance à Gaza s’est largement limitée aux intérêts personnels du premier ministre, notamment pour éviter les procès pour corruption, préserver sa coalition gouvernementale ouvertement fascisant et éviter des élections générales anticipées.

Pourtant, aucune de ces raisons n’explique l’absurdité de la poursuite d’une guerre qui, selon les termes de l’ancien Premier ministre Ehud Barak, est « le pire échec de l’histoire d’Israël ».

Qu’est-ce qui pourrait expliquer autrement le motif de Netanyahu pour la guerre ? Et pourquoi ses principaux alliés au sein du gouvernement, le ministre de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir et le ministre des finances Bezalel Smotrich, sont-ils déterminés à la prolonger ? La réponse ne se trouve peut-être pas à Gaza, mais en Cisjordanie occupée.

Alors qu’Israël prolonge sa campagne militaire ratée dans la bande de Gaza sans objectifs stratégiques clairs, sa guerre contre la Cisjordanie est motivée par des raisons très claires : l’annexion du territoire palestinien occupé et le nettoyage ethnique de larges secteurs de la population palestinienne.

Dans le génocide US-israélien à Gaza, Netanyahu n’est pas un électron libre

Cela n’est pas seulement évident à travers les actions quotidiennes d’Israël en Cisjordanie, mais aussi en raison des déclarations claires faites par les représentants du gouvernement israélien d’extrême droite, y compris l’engagement du parti Likoud de Netanyahu à « faire avancer et développer la colonisation dans toutes les parties de la terre d’Israël – en Galilée, dans le Néguev, sur les hauteurs du Golan et en Judée et Samarie ».

Cette dernière est, bien entendu, la façon dont les sionistes nomment la Cisjordanie.

Un enregistrement audio obtenu par le groupe israélien « La paix maintenant » fait état des remarques suivantes de Smotrich lors d’une conférence tenue le 9 juin : « Mon objectif est de coloniser la terre, de la construire et d’empêcher, pour l’amour de Dieu, sa division… et l’établissement d’un État palestinien ».

Pour ce faire, ce fasciste s’est donné pour mission de « changer l’ADN du système ». Ce « système » a été mis en place il y a plusieurs décennies, à la suite de l’occupation militaire de la Cisjordanie par Israël en 1967. Il a entamé un processus lent mais déterminé d’annexion illégale des territoires palestiniens. Ce processus comprenait la mise en place, en 1981, de ce que l’on appelle l’administration civile.

Cependant, elle a été qualifiée de « civile » dans le cadre d’un projet de l’occupant visant à transformer une occupation militaire temporaire en une colonisation permanente de la Palestine. Cela impliquait l’annexion pratique et l’expansion continue des colonies juives israéliennes illégales construites sur les terres palestiniennes après la guerre des six jours de juin 1967.

Les accords d’Oslo de 1993-1994 ont donné aux Palestiniens un contrôle administratif nominal sur de petites zones de la Cisjordanie, désignées comme les zones A et B.

Cela a nécessité le transfert d’une partie des responsabilités de l’administration civile à l’Autorité palestinienne nouvellement formée, étant entendu que l’AP donnera toujours la priorité à la sécurité d’Israël.

Cet accord a permis à Israël d’étendre, sans entrave, ses colonies illégales dans la majeure partie de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, triplant à la fois la taille et la population des colonies entre 1993 et 2023.

Alors que le projet colonial d’Israël en Cisjordanie atteignait son apogée, Netanyahu a cherché, en 2020, à renforcer les acquis israéliens en annexant plus de 30 % de la Cisjordanie.

Cependant, en raison de la pression internationale et de la résistance palestinienne croissante, Netanyahu a reporté son plan, tout en précisant que « l’annexion reste sur la table ».

Cependant, sans grande fanfare, Israël a remplacé son espoir d’une annexion de jure de la Cisjordanie par un contrôle de facto, par le biais de saisies rapides de terres palestiniennes et de l’expansion de ses colonies, qui sont toutes illégales au regard du droit international.

Ce processus a été qualifié par Smotrich en 2017 de « victoire par ordonnances ». Désormais en position de force et disposant d’un budget considérable, il est en train de réaliser l’objectif de sa vie.

Pour que le rêve de M. Smotrich se réalise, il devait réactiver le rôle autrefois central de l’administration civile. En mai, il a créé un nouveau poste, celui de « chef adjoint » de l’administration, qu’il a confié à son proche collaborateur Hillel Roth.

Désormais, les deux hommes disposent de droits inégalés et étendus pour étendre les colonies. Depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2022, le dernier gouvernement de M. Netanyahou a approuvé la construction de 12 000 nouveaux logements dans les colonies illégales, tout en ordonnant la démolition de milliers de maisons palestiniennes et d’autres infrastructures civiles.

Au cours des trois premiers mois de 2024, Israël a déclaré que près de 6 000 acres de la Cisjordanie étaient des « terres appartenant à l’État », et les a donc rendues éligibles à la construction de colonies.

Le génocide de Gaza s’accompagne d’une violence redoublée en Cisjordanie

Cette décision a été décrite par l’organisation israélienne La Paix Maintenant comme « la plus grande saisie de terres en Cisjordanie depuis 30 ans ».

Le nettoyage ethnique des Palestiniens est déjà en cours. Selon le Conseil norvégien pour les réfugiés, au cours du seul premier semestre 2024, au moins 1000 Palestiniens ont été déplacés de force et près de 160 000 ont été touchés par des démolitions de maisons.

La guerre israélienne en Cisjordanie a coûté cher en sang palestinien. Au 12 août, au moins 632 Palestiniens avaient été tués et 5 400 blessés dans la seule Cisjordanie, selon le ministère de la santé.

Lorsque la guerre contre Gaza sera terminée, la guerre contre la Cisjordanie deviendra plus intense et plus sanglante, mais avec l’objectif stratégique clair d’annexer l’ensemble du territoire, même si la Cour internationale de justice a statué le 19 juillet que « l’annexion et… l’affirmation du contrôle permanent » d’Israël sur la Cisjordanie sont illégales.

Pour éviter une guerre et un génocide encore plus graves que ceux qui se déroulent sous nos yeux à Gaza, la communauté internationale doit utiliser tous les moyens disponibles pour faire respecter le droit international et mettre fin à l’occupation violente et génocidaire de la Palestine par Israël.

19 août 2024 – The Middle East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah