Véritable cadeau fait au lobby pro-israélien, le gouvernement français par la voix de son ministre de l’intérieur Gérard Darmanin vient d’annoncer son intention de dissoudre deux organisations du mouvement de solidarité avec la Palestine : le Collectif Palestine Vaincra et le Comité d’Action Palestine.
Une longue histoire de harcèlement de la campagne BDS
Au diapason des politiques menées par la plupart des pays de l’Union Européenne, les groupes de pression et le pouvoir politique en France n’ont jamais lésiné pour multiplier dépôts de plainte et interdictions administratives. Et ce depuis plus de 10 ans si on marque le début de cette campagne par le procès intenté aux militants de la campagne BDS à Mulhouse, dans l’est de la France.
Les prétendus arguments développés dans cette campagne diffamatoire alliant mauvaise foi et manipulations éhontées, invoquent un prétendu antisémitisme, ce qui constitue en cette période l’angle principal d’attaque israélien contre le mouvement international de solidarité avec la Palestine.
D’une façon générale les réactions ont été vives, largement soutenues sur le plan juridique comme dans les rassemblements et les prises de position, et ont abouti dans la grande majorité des cas à des succès et des non-lieu lors des procès. Pour mémoire (liste non exhaustive) les collectifs touchés par ce harcèlement sont ceux de Lyon, Toulouse, Bordeaux, Paris, Mulhouse, Colmar, Perpignan, et Montpellier.
Mais ces attaques à répétition sont financièrement coûteuses, peuvent être moralement épuisantes, demandent beaucoup d’énergie, laquelle se retrouve alors détournée dans des procédures juridiques chronophages et complexes. Il s’agit typiquement d’un contexte de harcèlement délibéré, mené par le lobby pro-israélien et ses multiples relais ainsi que par les institutions (préfectures et mairies), visant à assécher les moyens du mouvement de solidarité et à le démobiliser.
Le contexte de ces attaques
S’il est une raison fondamentale à ces agressions répétées, c’est la solidarité – ou profonde connivence – entre tous les pouvoirs autoritaires économiques et politiques à travers le monde où l’État israélien dispose d’une place et d’un rôle à part, à la fois comme pointe avancée de la domination occidentale au Moyen-Orient et comme laboratoire des outils répressifs et mortels sophistiqués (testés sur la population palestinienne) dont tous ces pouvoirs sont aujourd’hui friands.
Il s’agit en quelque sorte d’une « division internationale du travail. »
Dans le système de domination international, l’état israélien a une place de choix qui explique l’exceptionnelle tolérance dont il bénéficie alors qu’il multiplie depuis des décennies ses exactions en Palestine occupée.
La proximité de la campagne présidentielle en France explique par contre au niveau tactique le moment choisi pour annoncer les deux dissolutions. En effet, parmi les candidats potentiels la plupart ont réaffirmé leur soutien sans faille au projet sioniste, à l’exception notable des candidats considérés comme étant de la gauche radicale.
Une candidate de droite a même choisi comme conseiller en questions internationales un sioniste affirmé.
La conclusion est que gagner un soutien déclaré ou implicite des lobbies devient un élément important dans cette campagne électorale, le tout sur fond d’islamophobie grimpante. Alors que l’État israélien s’inquiète du profond discrédit dont il est de plus en plus l’objet au niveau international, toute manifestation de tolérance ou complicité face au régime d’apartheid imposé en Palestine, est supposée produire des gains.
La réaction du mouvement de solidarité en France
L’Association France-Palestine Solidarité, principale association de solidarité avec la Palestine, a réagi par un premier communiqué sans ambiguïté, rappelant que « la solidarité n’est pas un délit, c’est un devoir » et fort justement que « le soutien aux revendications légitimes du peuple palestinien n’est en rien assimilable à un quelconque appel à la haine envers Israël ou les Israéliens, c’est un appel à la justice et à l’application du droit international ».
En plus des deux associations concernées par la décision de dissolution, le Collectif Palestine Vaincra et le Comité d’Action Palestine, d’autres comme l’Union Juive Française pour la Paix et Europalestine ont rapidement réagi.
Une pétition est en ligne pour manifester son refus des décisions gouvernementales liberticides.
Attendons à présent que les organisations centrées sur la défense des droits individuels et collectifs se manifestent à leur tour pour protester contre ces décisions iniques, et que la réaction qu’elles suscitent sera à la hauteur des enjeux. Toute faille dans la solidarité sera une brèche susceptible d’être exploitée par les partisans de l’apartheid en Palestine pour imposer d’autres interdictions et dissolutions.
Auteur : Palestine Chronicle
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26 février 2022 – Chronique de Palestine
qu’en est-il du Betar et de la LDJ ces ONG d’un autre type?