Par Abdel Bari Atwan
Les massacres à Gaza se poursuivront tant que personne n’arrêtera Netanyahu, écrit Abdel Bari Atwan.
Bien que le massacre qui s’est produit pendant la prière du Fajr à Gaza ait coûté la vie à plus de 120 martyrs, il ne devrait pas être le dernier.
Malheureusement, et nous le disons amèrement, tant que les Arabes se contenteront de condamner et que la communauté mondiale se contentera d’exprimer son indignation, il y aura sans aucun doute d’autres massacres dans un avenir proche, probablement encore bien plus sanglants.
Benjamin Netanyahu, quant à lui, rigole et secoue la tête, soulagé que personne ne lui demande de rendre des comptes ou ne le traiter comme il méeite de l’être.
Le plan de Netanyahou est très évident et consiste à accélérer la guerre d’extermination tout en imposant sa volonté à la population de la bande de Gaza.
Sa pensée se résume ainsi : « Toutes les terres situées en dessous et au-dessus sont à nous, y compris le pétrole, le gaz, les plages magnifiques et l’emplacement avantageux. Vos seules options sont de mourir de faim, d’être attaqués par des missiles ou de quitter le pays. La majorité des Arabes sont avec nous, et vous avez Dieu ; nous sommes le peuple de la terre, et vous êtes des étrangers. »
Comme à chaque fois, Netanyahu a certainement orchestré ce massacre comme une attaque préventive pour faire dérailler le prochain cycle de négociations sur la trêve parrainé par les États-Unis, qui aura lieu au Caire ou à Doha dans cinq jours.
Oui, Netanyahu veut poursuivre la guerre et n’acceptera jamais qu’elle se termine, sauf dans un scénario où il serait contraint de le faire si des centaines de drones suicides et des missiles de précision se mettaient à ravager Tel-Aviv, Haïfa, Acre, Nahariya, Safed et Dimona.
Tant que cela ne se produira pas, et qu’il ne trouvera personne pour l’arrêter, les massacres continueront, bien que sous des noms différents, et la résistance et ses bataillons continueront à frapper et il n’y aura pas de retour en arrière.
Netanyahu tue les martyrs Sayyed Fouad Shukr au milieu d’une banlieue sud à Beyrouth et Ismail Haniyeh au centre de Téhéran, brûle le port de Hodeidah… et nous attendons toujours une réponse, qui, nous l’espérons, ne tardera pas.
Pendant ce temps, la popularité de Netanyahu grandit et les manifestations appelant à sa démission s’arrêtent. La majorité des colons, selon les sondages d’opinion, pensent qu’il est le meilleur chef pour diriger l’État occupant parce qu’il sait comment « traiter avec les Arabes et les musulmans » dans une langue qu’ils peuvent comprendre, ce qui signifie plus de meurtres et d’insultes.
Ils nous accusent, nous les habitants de la bande de Gaza et ceux qui nous ressemblent, d’être fous, imprudents et ignorants de l’idée même de reddition.
La prétendue « folie » qui a conduit au « déluge d’Al-Aqsa », a cependant contraint la plupart des compagnies aériennes internationales à annuler leurs vols vers l’aéroport de Lod (Ben Gurion), a forcé Netanyahu à tenir son conseil des ministres dans un trou sous la terre et a poussé plus d’un million de colons à fuir la Palestine occupée à la recherche de sécurité en Occident, la moitié d’entre eux vivant dans des hôtels ou sous des tentes.
Mais surtout, cette « folie » a détruit le mythe et l’image de l’armée invincible, fait tomber les masques qui recouvrent le visage sanglant et hideux du sionisme, révélé au monde sa réalité agressive et antisémite.
En récompensant Netanyahu de près de quatre milliards de dollars, les Etats-Unis, leader du monde prétendument libre, l’encouragent à poursuivre la guerre d’extermination et d’assassinats, à étendre les massacres, à augmenter le plus possible le nombre de victimes, et notamment la proportion d’enfants parmi celles-ci.
Ses dirigeants envoient également des émissaires au Yémen, en Iran et au Liban, exhortant ces pays à renoncer aux répliques légitimes et à faire preuve du plus grand sang-froid et de la plus grande maîtrise de soi.
Comme réponse la plus forte à cette « farce sanglante » qui dure depuis dix mois sous le drapeau américain, nous espérons que les bataillons de la résistance, dirigés par le prétendu « fou » le plus célèbre de Gaza, le moudjahid Yahya Sinwar, annonceront qu’ils ne se laisseront pas prendre au piège des mensonges américano-occidentaux et qu’ils rompront tous les liens avec leurs médiateurs arabes complices.
Enfin, nous conseillons à ceux qui craignent l’extension de la guerre et les menaces qu’elle fait peser sur les US de se souvenir de l’Afghanistan, qui a humilié les Etats-Unis et l’a obligée à fuir par l’aéroport de Kaboul, ou de la fière Somalie, où les moudjahidines ont contraint les forces US stationnées à se retirer après avoir abattu l’un de leurs avions.
Il ne faut pas oublier l’Irak, ses « Falloujah » et ses résistants, qui ont fait subir à l’occupation US les pertes de les plus élevées de son histoire (6 000 milliards de dollars), et qui ont chassé 130 000 soldats.
Si Dieu le veut, Israël ne dépassera pas les 80 années tandis que Gaza existe depuis plus de 8 000 ans, et le nom d’Israël sera ajouté à la liste de ses nombreux envahisseurs disparus avec le temps.
Auteur : Abdel Bari Atwan
* Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan
10 août 2024 – Raï al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine