Par Abdel Bari Atwan
On ne sait pas combien de temps durera le cessez-le-feu que le mouvement a annoncé avoir conclu vendredi soir. C’était à la suite d’une série d’agressions israéliennes qui ont abouti à la mort de quatre Palestiniens et à l’exécution d’un soldat israélien. Ce qui est clair, cependant, c’est que les dirigeants israéliens sont face à un sac de nœuds, d’où leurs menaces d’assassiner le dirigeant du Hamas dans la bande de Gaza, Yahya As-Sinwar.
Il est vrai que l’équilibre des forces est massivement en faveur de l’État occupant, en grande partie à cause de sa suprématie aérienne. Mais il est également vrai que les groupes de la résistance dans la bande de Gaza ont développé des moyens créatifs pour compenser ce déséquilibre, tels que l’utilisation de cerfs-volants et de ballons incendiaires et la pénétration des fortifications de la ligne de séparation pour attaquer les positions israéliennes.
Il y a deux jours, la mort d’un officier israélien sous les tirs de l’aile armée du Hamas a été un fait marquant, car il y a longtemps que la résistance n’avait pu frapper les troupes de l’occupation. Ce fait a poussé les dirigeants israéliens à menacer de lancer une attaque militaire dévastatrice sur la bande de Gaza et à assassiner Sinwar, considéré comme le principal lien entre les ailes militaires et politiques du Hamas, et présenté comme l’un des principaux faucons du mouvement.
Les dirigeants israéliens n’oseront plus jamais envahir la bande de Gaza, car une nouvelle invasion ne réussira pas à imposer ce que trois invasions précédentes entre 2008 et 2014 n’ont pas réussi à accomplir. Et le meurtre de Sinwar pourrait coûter encore plus cher à Israël que le prix payé pour l’assassinat de son homonyme Yahya Ayyash il y a plus de deux décennies.
Le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adereei, a menacé samedi de faire tuer Sinwar. Il a tweeté qu’il n’y aurait aucune immunité pour quiconque est impliqué dans la “terreur” et il a cité Sinwar par son nom. Mais ces menaces reflètent surtout un sentiment de panique et de frustration face à la capacité croissante du Hamas à riposter et à affronter l’occupant à la frontière ces dernières semaines, tant sur le plan politique que militaire, .
Sinwar est censé superviser directement les manifestations de la Marche du Retour, ainsi que les unités qui lancent les cerfs-volants, les ballons et les drones vers Israël [Palestine de 1948]. Il semble ces jours-ci être plus préoccupé par son rôle de dirigeant militaire que par son rôle politique, comme en témoigne le fait qu’il ne faisait pas partie de la délégation du Hamas qui s’est rendue au Caire pour des entretiens avec le général Abbas Kamel. Il est peu probable que les Israéliens aient menacé de l’élimiexécution ner s’ils n’étaient pas convaincus de son rôle clé dans l’escalade de la résistance à l’occupation sous toutes ses formes dans la bande de Gaza.
Il est naturel que le Hamas prenne au sérieux ces menaces d’assassinat de Sinwar et d’autres personnalités, même après avoir conclu un accord de cessez-le-feu. L’armée israélienne a toujours renié des accords lorsqu’elle visait une personnalité comme Sinwar.
Quand Ayyash a été assassiné, le Hamas a juré – et a tenu sa promesse – d’effectuer quatre attaques en représailles qui ont coûté la vie à 35 Israéliens. On ne peut que se demander quelle serait sa réaction si les agents israéliens mettaient à exécution leur menace contre Sinwar.
La situation dans la bande de Gaza restera ouverte à toutes les éventualités, et il est douteux que le cessez-le-feu actuel soit respecté – non pas parce que le Hamas ne veut pas le respecter, mais parce que Netanyahu est instable. Il est sous le choc des multiples défaites qu’il a subies : en Syrie où l’armée a repris le sud et éjecté les agents et supplétifs d’Israël, ou à Gaza en raison de la réapparition politique et militaire du mouvement de résistance, qui à ramené la question de la Palestine – et plus particulièrement le droit au retour – au centre de l’attention publique internationale et arabe.
* Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan
22 juillet 2018 – Raï al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine
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