Par EuroMed Monitor
Alors qu’Israël persiste à se servir de la faim comme d’une arme, la famine dans le nord de la bande de Gaza doit être officiellement déclarée.
Alors qu’Israël bloque l’entrée des marchandises et de l’aide aux centaines de milliers d’habitants assiégés dans le nord de la bande de Gaza depuis plus de 50 jours, les organisations internationales et des Nations unies compétentes doivent officiellement déclarer la famine dans la région.
L’utilisation de la famine comme arme par Israël est l’une des composantes du génocide en cours dans la bande de Gaza, qui comprend également des massacres et des déplacements forcés.
En raison du blocus israélien illégal imposé à l’enclave, des dizaines de milliers de Palestiniens, dont des dizaines de patients dans trois hôpitaux du nord de la bande de Gaza, sont en danger immédiat de mourir de faim ou de subir des conséquences sanitaires à long terme.
Depuis le 25 septembre, Israël bloque l’acheminement de toute aide humanitaire dans le nord de la bande de Gaza.
En bloquant l’entrée de toutes les marchandises, à compter du 1er octobre, et en lançant une attaque militaire massive contre les habitants de Jabalia et de Beit Lahia quatre jours plus tard, Israël a réussi à séparer physiquement le gouvernorat du nord de Gaza du reste de la bande de Gaza.
Les forces d’occupation israéliennes ont ciblé et bombardé des centaines de maisons et d’abris dans le gouvernorat de Gaza Nord pendant 36 jours, tuant environ 1900 Palestiniens et en blessant plus de 4000 autres.
Des dizaines de milliers de personnes ont été contraintes de fuir le gouvernorat, tandis que des dizaines de milliers d’autres sont toujours dans leurs maisons et leurs abris.
Les personnes qui se trouvent encore dans le nord de Gaza vivent sous un siège qui les empêche de bouger, subissent des bombardements délibérés et continus et sont privées de nourriture, d’eau et de fournitures médicales.
Toute personne qui tente de fuir à la recherche de ces produits de première nécessité est prise pour cible par les drones israéliens et tuée.
L’équipe de terrain d’Euro-Med Monitor a recueilli des témoignages choquants de Palestiniens contraints de quitter le nord de la bande de Gaza, qui font état de la faim intense et de la rareté de la nourriture dans cette région.
L’équipe prévient que cela annonce une augmentation de la prééminence et de la propagation de la faim, d’une situation de malnutrition sévère et des maladies associées, en particulier chez les personnes âgées, les enfants et les femmes enceintes.
Les Palestiniens ne se sont pas remis des vagues de famine qui sont apparues à différents moments à la fin de l’année dernière et à plusieurs reprises au cours des mois précédents, et ils sont actuellement confrontés aux pires campagnes de famine, de bombardement et de déplacement menées par Israël.
En raison du blocus illégal imposé par Israël à tout le nord de la bande de Gaza, y compris la ville de Gaza, des dizaines de milliers de personnes qui ont été forcées de fuir le gouvernorat de Gaza Nord et qui ont d’abord cherché refuge dans le gouvernorat de la ville de Gaza sont maintenant incapables de trouver des produits de première nécessité.
Cette situation est due à la fois au manque d’aide humanitaire autorisée à entrer dans les gouvernorats du nord de la bande de Gaza et aux coûts élevés engendrés par la pénurie de fournitures dans cette région.
La situation dans le sud de la vallée de Gaza n’est guère meilleure, car Israël continue d’imposer de sévères restrictions à l’entrée des fournisseurs dans la zone, limite le nombre de camions d’aide autorisés à entrer, et donne fréquemment aux gangs armés et aux voleurs toute latitude pour s’emparer d’une partie importante de l’aide dans les camions dans les zones contrôlées par Israël, les empêchant ainsi d’arriver à destination.
Israël a effectivement détruit l’ordre public dans la bande de Gaza, tuant de nombreuses personnes chargées de protéger l’aide humanitaire et de la distribuer de façon équitable.
Tous les habitants de la bande de Gaza dépendent désormais de l’aide humanitaire étrangère en raison du manque de tout travail, des problèmes de liquidités et de l’effondrement des capacités de production locales.
Par conséquent, l’arrêt de cette aide revient à refuser aux Palestiniens l’accès à la nourriture et aux autres produits de première nécessité qui sont essentiels à leur survie.
Étant donné qu’Israël s’est rendu coupable du crime de famine et a utilisé celle-ci comme d’un outil génocidaire contre le peuple palestinien dans le but de l’éradiquer, le monde est responsable de la crise de famine qu’Israël a provoquée dans la bande de Gaza.
Compte tenu de la forte probabilité que des dizaines de personnes meurent de faim chaque jour, la communauté internationale doit être avertie que cette crise est sur le point d’atteindre son paroxysme.
Le Comité d’examen des famines du système intégré de classification des phases de sécurité alimentaire, un organe spécialisé qui évalue et autorise les classifications de famine dans les pays confrontés à de graves crises alimentaires, a lancé vendredi une alerte sur la gravité de la situation humanitaire dans la bande de Gaza et sur sa détérioration rapide.
Il a également fait part de ses inquiétudes quant au risque imminent et élevé de famine dans la partie nord de la bande de Gaza et à la nécessité urgente pour la communauté internationale d’agir dans les jours – et non dans les semaines – pour faire reculer la gravité de cette catastrophe humanitaire dans le nord de la bande de Gaza.
Euro-Med Human Rights Monitor estime qu’il est temps de déclarer officiellement la famine dans la bande de Gaza, en particulier dans le nord, qui subit un siège sans précédent, des bombardements et la privation de tous les produits de base nécessaires à la survie.
Cette déclaration obligerait la communauté internationale à remplir ses obligations morales et à prendre toutes les mesures juridiques nécessaires à l’encontre d’Israël, notamment en lui imposant des sanctions, en l’empêchant de recevoir des armes et en agissant rapidement pour établir un couloir humanitaire et acheminer de l’aide et des fournitures afin d’éviter que des milliers de Palestiniens ne meurent de faim.
La communauté internationale a la responsabilité éthique et juridique d’arrêter la propagation de la famine dans la bande de Gaza. Cela implique d’appeler les choses par leur nom et de déclarer officiellement la famine dans la bande de Gaza afin de garantir l’acheminement immédiat d’une aide vitale.
Le retard dans cette déclaration officielle, c’est-à-dire la décision de ne pas prendre de nouvelles mesures sérieuses pour faire pression sur Israël afin qu’il lève son blocus illégal de la bande de Gaza et mette fin à ses crimes, entraînera sans aucun doute de nouvelles entraves à l’aide vitale, ce qui aggravera la pauvreté, la malnutrition, la famine et les décès.
Il faut faire pression sur Israël pour qu’il rétablisse les services de santé, d’eau et d’assainissement dans la bande de Gaza et qu’il fournisse des aliments sûrs, nourrissants et en quantité suffisante à l’ensemble de la population palestinienne en fournissant aux parents du lait maternisé, en traitant les cas de famine, de malnutrition et de maladies connexes, en autorisant immédiatement, rapidement et efficacement l’entrée et la circulation de matériaux vitaux par les points de passage et les voies terrestres, et en rétablissant les systèmes de production locaux et l’entrée de biens commerciaux.
Toutes ces actions sont nécessaires, en particulier dans le nord, tout comme le rétablissement urgent de l’accès des Palestiniens à l’aide et aux services humanitaires dans l’ensemble de la bande de Gaza.
Auteur : EuroMed Monitor
* L'Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l'Homme est une organisation indépendante à but non lucratif dirigée par des jeunes qui défend les droits humains de toutes les personnes à travers l'Europe et la région MENA, en particulier celles qui vivent sous occupation, en proie à la guerre ou à des troubles politiques et/ou ont été déplacés en raison de persécutions ou de conflits armés.
10 novembre 2024 – EuroMed Monitor – Traduction : Chronique de Palestine