Génocide à Gaza : les destructions de terres agricoles ont pour but de provoquer la famine

Cultures en pots de substitution, face à la destruction délibérée des terres arables par les Israéliens - Capture vidéo

Par Amjad Ayman Yaghi

Les agriculteurs de Gaza affirment que les destructions sont une « campagne de famine » délibérée.

Muhammad Abu Samra est l’un des nombreux membres de sa famille à vivre de l’agriculture.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les terres agricoles qu’Abu Samra possède et cultive à la limite orientale de Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, ont été bombardées à plusieurs reprises au cours de l’année écoulée et sont désormais inutilisables pour les cultures, a-t-il déclaré à The Electronic Intifada.

C’est délibéré, a-t-il ajouté.

« L’occupation veut détruire les maisons, les fermes, les rues et tous les éléments de la vie à Gaza, non seulement pour nous rendre pauvres, mais aussi pour nous rendre dépendants de l’aide et pour nous laisser, dans la phase qui suivra l’agression, comme des mendiants.

L’évolution des dégâts dans la bande de Gaza semble lui donner raison. Selon les données satellitaires analysées par Al Jazeera, quelque 60 % des terres agricoles de Gaza ont été endommagées ou détruites au cours des huit mois qui se sont écoulés entre octobre 2023 et la fin du mois de juin.

Depuis lors, la destruction n’a fait que se poursuivre. Et le manque de soins et de culture a exacerbé la situation au point que l’ONU estime que 68 % des terres cultivées permanentes de Gaza présentaient un « déclin significatif en termes de santé et de densité » en septembre.

La destruction des terres agricoles de Gaza est bien la preuve que le génocide est l’objectif d’Israël

Abu Samra, qui doit désormais attendre l’aide d’organisations telles que le Programme alimentaire mondial pour se nourrir, avait l’habitude de vendre des légumes sur les marchés de la bande de Gaza.

Même lorsque tout allait bien, il était difficile de gagner sa vie, a-t-il déclaré, évoquant le blocus de 17 ans imposé à Gaza avant octobre dernier, au cours duquel Israël a imposé des restrictions strictes sur ce qui pouvait ou ne pouvait pas entrer dans le territoire occupé.

« Le blocus a empêché le développement des exploitations agricoles et même des canaux d’irrigations en raison du manque d’équipement », a déclaré M. Abu Samra.

Déterminés à affamer Gaza

Néanmoins, avant le génocide, il y avait quelques terres agricoles prospères dans les zones orientales de la bande de Gaza.

Riad al-Mosdar et sa famille cultivaient des légumes à l’extérieur de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza. Il avait l’habitude de vendre ses produits sur un marché local qui, a-t-il expliqué à The Electronic Intifada, a été détruit à la fin du mois de juillet.

Il n’a ni semences ni équipement pour cultiver des terres auxquelles il n’a plus accès. Et même s’il y parvenait, l’économie s’est effondrée.

« Nous avons tout perdu après 30 ans d’activité agricole », a-t-il déclaré. « Aujourd’hui, je me suis appauvri. Tout le monde s’est appauvri. Personne n’a de nourriture ».

Muhammad Abu Odeh, du ministère de l’agriculture de la bande de Gaza, a déclaré qu’Israël avait délibérément détruit le secteur agricole de Gaza en bombardant directement les terres par voie aérienne ou en les détruisant au bulldozer à l’aide de machines lourdes et de chars.

« Les forces d’occupation ont empêché l’entrée de matériel agricole, de semences, d’engrais et de pesticides dans la bande de Gaza depuis le début de l’agression », a déclaré Abu Odeh à The Electronic Intifada.

« Elles sont déterminées à affamer la population et à empêcher tout effort de relance du secteur agricole », a-t-il ajouté.

La souveraineté alimentaire dans une économie palestinienne de résistance

Alors que la saison des récoltes d’olives et de dattes arrive en octobre, la production agricole de cette année est un fiasco. Et si Israël continue d’empêcher l’entrée de produits et d’équipements agricoles, il aggravera la crise alimentaire dans le territoire, que les Nations unies ont déjà qualifiée de « campagne de famine ».

Abdullah Obaid possédait une grande ferme dans le village d’al-Zawayda, également située au centre de la bande de Gaza, mais non loin de la frontière avec Israël. En raison du manque de céréales disponibles sur le marché, il a cessé de travailler il y a cinq mois. En août, il a autorisé l’installation de tentes sur ses terres pour abriter les personnes déplacées.

« Nous avons ouvert nos terres aux personnes déplacées parce qu’il n’y a pas de lueur d’espoir », a-t-il déclaré.

1er octobre 2024 – The Electronic Intifada – Traduction : Chronique de Palestine – Éléa Asselineau