Les forces israéliennes d’occupation ont assassiné quatre Palestiniens, dont un garçon âgé de 15 ans, alors que plus de 10 000 personnes se sont rassemblées dans une manifestation de masse dans la bande de Gaza assiégée, exigeant le droit au retour des réfugiés palestiniens.
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré vendredi qu’au moins 729 personnes qui manifestaient près de la clôture de séparation avec Israël [Palestine de 48] avaient été blessées par des tirs israéliens ou avaient besoin d’un traitement pour l’inhalation de gaz lacrymogène, ou avaient subi d’autres blessures.
Les responsables palestiniens ont identifié les personnes tuées comme étant Mohammed Ibrahim Ayyoub, âgé de 15 ans, Ahmed Rashad, âgé de 24 ans, Ahmed Abu Aqil, âgé de 25 ans, et Saad Abdul Majid Abdul-Aal Abu Taha, âgé de 29 ans.
La manifestation de vendredi était la quatrième en autant de semaines d’un sit-in planifié sur plusieurs semaines, surnommé la Grande Marche du Retour.
Une violence délibérée : 39 Palestiniens assassinés et plus de 4000 blessés
Les derniers meurtres portent à 39 le nombre de Palestiniens assassinés par Israël depuis le début des manifestations à la fin de mars. Selon le ministère de la Santé, plus de 4000 personnes ont été blessées.
Malgré les critiques internationales sur l’utilisation de la force mortelle, Israël a refusé de changer sa politique de “tirer et tuer” et continue de déployer des snipers le long de la frontière.
Bernard Smith, d’Al Jazeera, rapporte que les Palestiniens semblaient déterminés à se rapprocher de la clôture de séparation.
“Les Palestiniens se trouvent à 300 mètres plus près de la clôture israélienne qu’ils ne l’étaient la semaine dernière, car cette protestation concerne une question clé : le Droit au retour“.
Le message principal de la Grande Marche du Retour, qui doit se poursuivre jusqu’au 15 mai, est de réclamer le droit au retour des réfugiés palestiniens qui ont été chassés de leurs foyers dans les territoires volés par Israël pendant la guerre de 1948, connue pour les Arabes sous le nom de Nakba.
“Ce que les manifestants prévoient, c’est que la dernière semaine, le jour de la Nakba, ils seront à la clôture avec Israël”, a déclaré Smith.
“Et c’est ce que les Israéliens craignent, ils ne veulent pas qu’ils se rapprochent de la limite.”
Les manifestations de masse, soutenues par plusieurs organisations palestiniennes, sont également alimentées par le désespoir croissant parmi les deux millions d’habitants de Gaza.
Le blocus du territoire a piégé la quasi-totalité d’entre eux, vidé l’économie de sa substance et aggravé la pauvreté. Les habitants de Gaza disposent de généralement moins de cinq heures d’électricité par jour, alors que le chômage a grimpé au-dessus des 40%.
Mahjoob Zweiri, professeur agrégé d’histoire contemporaine du Moyen-Orient à l’Université du Qatar, a déclaré à Al Jazeera que les Israéliens craignaient le “discours indépendant du mouvement de protestation”.
“C’est un mouvement créé par les gens qui ont perdu la foi dans la direction politique palestinienne, et pour cette raison, Israël a très peur d’eux.”
“Les Israéliens ont poussé les Égyptiens à faire une médiation, mais le mouvement était désintéressé, et pour cette raison, [l’armée d’occupation] continue à utiliser des balles réelles contre eux, jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent.”
Attaques sur les journalistes
Selon le Comité pour la protection des journalistes, les forces israéliennes d’occupation ont blessé quatre journalistes qui couvraient les manifestations de vendredi.
Le groupe a déclaré que Mohammad al-Sawalhi, un cameraman du Centre des médias de Gaza, avait été blessé par une balle dans la main droite, dans le quartier est de Shujaiya, dans la ville de Gaza.
Il y a deux semaines, le photographe Yaser Murtaja est mort après avoir reçu une balle dans le ventre, malgré le port d’un gilet pare-balles bleu marqué du mot «presse».
Asaad Abu Shariek, un porte-parole de la Grande marche du retour, a déclaré que le mouvement espérait que la forte participation influencerait l’opinion internationale contre Israël.
“Nous implantons une idée dans l’esprit des peuples à travers le monde que les Palestiniens ont des droits et qu’ils exigent le droit au retour”, a déclaré Abu Shariek.
“Nous voulons que le monde impose un embargo militaire sur Israël et la stratégie BDS [Boycott, Désinvestissement, Sanctions]. L’Afrique du Sud a utilisé cette méthode [contre l’apartheid], et ils sont sortis victorieux, et je pense que nous ne ferons pas exception.”
Yahya Sinwar, responsable du mouvement Hamas [résistance islamique] à Gaza, a déclaré devant la foule manifestant près de la clôture de séparation avec Israël qu’ils “marcheraient jusqu’à Jérusalem”.
“Nous ne négocierons pas les droits du peuple palestinien en échange de pain”, a-t-il dit.
Les Palestiniens demandent depuis longtemps que jusqu’à cinq millions de descendants directs des réfugiés palestiniens, aient le droit de retourner dans leurs foyers.
Israël a toujours repoussé la demande, arguant que le retour des Palestiniens dans ce qui est maintenant Israël lui ferait perdre sa majorité juive.
21 avril 2018 – Al-Jazeera – Traduction : Chronique de Palestine