L’histoire du « sauvetage des deux captifs israéliens » dans Gaza, c’est totalement bidon

Les deux captifs israéliens, prétenduement « libérés » mais en réalité « récupérés contre rançon » - Illustration : Al-Mayadeen

Par Al-Mayadeen

Une fois de plus, l’armée d’occupation israélienne ment effrontément. Voilà la réalité des événements qui ont conduit à la libération de deux captifs à Rafah.

Les forces d’occupation israéliennes ont affirmé lundi qu’au cours d’une opération conjointe avec le Shin Bet et la police israélienne, elles avaient pu récupérer deux captifs israéliens détenus à Rafah par la Résistance palestinienne à Gaza, au prix du massacre de plus de 100 civils palestiniens, auquel s’ajoutent des dizaines de blessés.

Après la récupération des captifs, les médias et les journalistes israéliens ont multiplié les récits fabuleux et extatiques sur ce soi-disant exploit héroïque, tandis que les généraux et les responsables israéliens se félicitaient de ce succès.

Cependant, les discordances entre les récits ont fini par soulever deux grandes questions :

Que s’est-il vraiment passé pendant l’opération israélienne ? Et les deux Israéliens étaient-ils réellement retenus prisonniers par la Résistance ?

Des sources fiables ont révélé à Al Mayadeen la chronologie des événements de l’opération du 12 février, et démonté le récit de l’armée. La narrative israélienne sur les évènements n’est rien d’autre qu’un tissu de mensonges éhontés qui montrent simplement qu’”Israël” est dans la tourmente et ne sait plus quoi faire, à part raconter des mensonges qui s’ajoutent à tous les mensonges répandus par l’occupation depuis le 7 octobre.

Une histoire fabriquée de toutes pièces

Le 7 octobre, après la destruction de la barrière de séparation à Gaza, l’effondrement des défenses israéliennes, des bases militaires et des implantations israéliennes, ainsi que la capture de soldats de l’occupation israélienne par la Résistance palestinienne, des civils palestiniens sont entrés dans les colonies israéliennes proches de l’enclave assiégée et ont kidnappé des colons, ce qui a compliqué et faussé le décompte des otages par les factions de la Résistance.

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Il y a eu des prises d’otage qui ont échappé au contrôle de la Résistance à cause du chaos suscité notamment par les intenses et incessantes frappes aériennes israéliennes, qui ciblaient l’ensemble de la bande de Gaza.

C’est ainsi que des membres d’une famille bien connue de Rafah ont enlevé deux colons israéliens, Fernando Simon Marman (60 ans) et Louis Har (70 ans), ceux-là même que l’armée d’occupation vient soi-disant de sauver.

Les captifs ont été emmenés dans une maison de Rafah, où le chef du clan familial les avait placés sous la protection de son frère et de ses cousins. Ceux-ci ont été chargés de les nourrir et de les soigner. Pour assurer leur protection, la fratrie les a déplacés d’un endroit à l’autre, tandis qu'”Israël” menait son offensive militaire à Gaza.

Mais le chef du clan est mort en martyr à Khan Younis en janvier et les trois cousins se sont retrouvés seuls pour s’occuper des captifs, sans autorité à qui se référer. Ils ont d’abord continué à déplacer Marman et Har, les captifs israéliens, puis ont fini par les installer dans une maison du camp de réfugiés de Shaboura, selon les sources d’Al Mayadeen.

Comme ils agissaient de leur propre chef, indépendamment de toute organisation, Louis Har, l’un des captifs, a pu les manipuler et les soudoyer en leur promettant de l’argent et tout ce qu’ils voulaient, en échange de sa libération. Il a prétendu que sa fille était propriétaire d’une gigantesque entreprise israélienne et qu’il pourrait donc remplir ses promesses. Les Palestiniens ont fini par se laisser convaincre et ont appelé la fille de Har.

Cette dernière a alors établi un canal de communication avec les trois hommes et a multiplié les échanges téléphoniques, tous écoutés par les services de renseignement israéliens. Pour gagner leur confiance, la fille de Har a envoyé de l’argent aux parents des trois hommes à Londres et en Suède et leur a proposé de ramener eux-mêmes les captifs dans les territoires occupés, affirmant qu’elle garantirait leur sécurité, selon les informations obtenues par les sources d’Al Mayadeen.

Son offre a été rejetée, mais un accord a été conclu selon lequel les trois hommes recevraient la somme d’argent convenue en échange de la libération des captifs et seraient autoriser à quitter Gaza pour l’Égypte, puis pour un pays européen.

Les conditions de l’accord

Les sources d’Al Mayadeen ont précisé que selon l’accord conclu entre les trois cousins et la fille du captif, conçu et surveillé par les forces de renseignement de l’occupation israélienne, les trois hommes devaient amener les deux captifs juste à l’extérieur de la bande de Gaza, où la fille de Har devait les attendre dans un endroit supposément inconnu des forces d’occupation israéliennes.

Puis l’un des trois Palestiniens devait se rendre quelque part dans les environs de Rafah, un endroit assiégé de toutes parts par l’Egypte et Israël, où la fille du captif devait lui donner l’argent. Cela fait, il devait appeler les deux autres pour leur confirmer qu’il avait l’argent et qu’ils pouvaient conduire les deux captifs à l’endroit où ils devaient être relâchés après que lui soit parti avec l’argent.

Trois dates successives ont été fixées pour l’opération mais la fille du captif a à chaque fois appelé pour retarder l’opération invoquant des craintes pour sa sécurité personnelle, jusqu’à ce qu’une dernière date soit fixée : le 12 février à 1 heure du matin

Un sanglant jeu de dupes

Grâce aux écoute téléphoniques, les services de renseignement israéliens ont réussi à localiser la maison où étaient détenus Har et Marman et à dénombrer ses occupants. Au moment où le Gazaouï qui devait rencontrer la fille du captif est arrivé à l’endroit convenu, l’armée d’occupation a lancé une attaque brutale à Rafah.

Pour ne pas alerter les Palestiniens qui gardaient les captifs, l’opération militaire israélienne a ciblé tous les côtés de Rafah, à l’exception des environs proches de la maison. Les soldats de l’occupation israélienne sont ensuite entrés dans la maison et ont récupéré les captifs.

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L’homme qui était parti à la rencontre de la fille de la captive a été détenu ou tué, ce qui contredit les affirmations israéliennes selon lesquelles ils auraient concocté une opération « secrète « qui les aurait conduits à la maison où se trouvaient les captifs et qu’ils se seraient « confrontés » à des hommes armés à l’intérieur de l’appartement et dans les bâtiments voisins pendant toute la durée de « l’opération”.

L’occupation a inventé la fable d’une « opération complexe et rationnelle » pour faire croire qu’elle avait accompli un exploit et redorer le blason de son « armée » qui est si incompétente qu’elle n’a pas réussi à récupérer un seul captif au cours de son offensive militaire de quatre mois sur Gaza qui est toujours en cours.

La fable a également servi à améliorer l’image de Benjamin Netanyahu, qui doit affronter des familles des captifs et des colons furieux contre lui et sa politique, surtout depuis que plusieurs dizaines de colons ont été tués par les bombardements barbares et sadiques de l’armée israélienne à Gaza.

16 février 2024 – Al-Mayadeen – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet