Il y a d’abord eu l’intervention militaire pour empêcher l’indépendance de Cuba, alors que les insurgés Mambis avaient déjà vaincu les troupes colonialistes espagnoles. Puis, en 1901, ils ont établi l’amendement Platt et, dans celui-ci, une clause permettant de saisir une partie du territoire cubain à Guantanamo, où ils ont installé une base navale en 1903.
Dans le même espace, le 11 janvier 2002, le gouvernement du président de l’époque George W. Bush a ouvert un centre de torture dans lequel il a déporté des prisonniers amenés des “endroits les plus sombres” de la planète, sous le prétexte de la prétendue croisade antiterroriste après les attentats contre les tours jumelles de New York le 11 septembre 2001.
Vingt ans se sont écoulés depuis que les 20 premiers détenus sont arrivés là-bas, “terroristes présumés”, simplement parce qu’ils appartenaient à des organisations arabes, étaient musulmans ou étaient simplement considérés comme des “ennemis” par la CIA.
Les autorités américaines elles-mêmes ont justifié le choix de la base illégale de Guantánamo en disant qu’elle “offrait une marge de manœuvre extrême pour leur détention”, où “les lois et les garanties américaines” ne s’appliquaient pas, où “les avocats et les membres de la famille n’auraient pas accès” et où, comme le président Bush l’a lui-même averti, “la Convention de Genève ne couvrait pas leurs prisonniers”.
Dans la prison ouverte dans la base illégale, les gouvernements américains ont montré leur vrai visage : des prisonniers qui n’ont jamais su pourquoi ils étaient détenus, sans droit à un avocat et aucune accusation, et la pratique quotidienne de la torture la plus sophistiquée, inventée et appliquée par la CIA.
L’ancien président Barack Obama et l’actuel président Joe Biden se sont tous deux engagés, avant et après leur accession à la Maison Blanche, à “fermer” la prison de la base illégale de Guantánamo. Mais Obama n’a pas rempli son objectif parce que le Congrès ne lui a pas permis de le faire, et Biden est sur la même voie, sans espoir que les Républicains acceptent la proposition.
C’était une autre de leurs promesses électorales non tenues.
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Pendant ce temps, les contribuables américains dépensent chaque année plus de 540 millions de dollars pour maintenir en activité ce centre de torture honteux, où les lois, la démocratie et le respect des droits de l’homme sont totalement dépouillés dans le pays qui se veut un modèle pour le reste du monde.
Au cours de ces 20 années, plus de 780 personnes y ont été enfermées. Près d’une dizaine d’entre eux ont préféré se suicider plutôt que de continuer à subir le supplice quotidien de l’asphyxie lorsqu’on leur plonge la tête dans une cuve d’eau glacée, ou d’être abattus lors de simulacres d’exécution qui font partie du “programme” mis au point.
La communauté internationale a commencé à prendre connaissance de la barbarie et de l’absence de garanties juridiques, et les accusations ont fini par attirer l’attention du public sur les gouvernements américains.
Aujourd’hui, 39 prisonniers y demeurent, dont 27 n’ont pas été inculpés.
Les États-Unis n’ont-ils pas honte que cette réalité fasse partie de leur système de “justice” ?
Auteur : Elson Concepción Pérez
16 janvier 2022 – Granma – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah