Par Miko Peled
Jerusalem, Palestine – On peut résumer ainsi la situation en Palestine : violence et intimidation endémiques de la part des colons, racisme et violence d’état, habitat et conditions d’existence modernes, confortables uniquement pour les juifs tandis que les Palestiniens sont privés des services essentiels, assassinats de Palestiniens quels qu’ils soient – militants, journalistes, combattants, enfants et citoyens d’Israël. Les organisations palestiniennes, même celles qui sont reconnues internationalement, n’ont aucune protection et sont susceptibles d’être interdites, leurs membres arrêtés et leurs biens confisqués.
Nulle part en Palestine les Palestiniens ne peuvent espérer être en sécurité ou jouir de l’égalité, de la justice ou de la tranquillité d’esprit.
Qu’ils soient citoyens d’El-Lyd ou du Naqab, résidents de Jérusalem avec des droits restreints, ou résidents sans aucun droit de ghettos dans ce qui était la Cisjordanie, qu’ils vivent à Gaza, actifs ou non, militants ou non, hommes, femmes, ou enfants, les vies palestiniennes sont sacrifiables.
Services refusés
Le phénomène mal nommé et mal compris des assassinats dans les villes palestiniennes de 1948 – citoyens palestiniens d’Israël – en est un exemple. L’état d’apartheid et ses médias le qualifient de « violence dans la société arabe ».
Cependant, la violence n’est pas initiée au sein de la société mais est habilement dirigée et organisée par l’état et les diverses agences étatiques qui ont la charge de superviser les citoyens palestiniens.
Il faudrait parler de « violence à l’encontre des citoyens palestiniens d’Israël, » mais hélas, cela reviendrait à reconnaitre qu’ils sont palestiniens et que ce sont des citoyens qui méritent de bénéficier des services que l’état procure à ses citoyens juifs.
Des services tels que la collecte des ordures, la fourniture d’eau, l’électricité, des routes sécurisées, la sécurité générale et le maintien de l’ordre sont globalement inexistants dans les communautés palestiniennes de 1948, communautés formées des citoyens palestiniens d’Israël.
En outre, le phénome qualifié à tort de « violence au sein de la communauté arabe » attribue la responsabilité de cette violence à ces communautés incriminant les victimes elles-mêmes.
Le tribut que cette violence fait payer est énorme, avec un taux de meurtres plus élevé, dont la majorité ne font jamais l’objet d’une enquête, et sont encore moins résolus, est bien trop lourd pour n’importe quelle communauté.
Israël aime, bien sûr, rendre les victimes elles-mêmes responsables de la violence. Comme il est désormais notoire, blâmer les victimes palestiniennes est une chose qu’Israël fait très habilement et avec succès, s’exonérant ainsi de toute responsabilité.
Toutefois, les armes, les criminels, et l’absence de soutien à la communauté qui supplie les autorités de confisquer les armes et d’arrêter les criminels, tout ça fait partie intégrante du mépris absolu d’Israël pour les vies palestiniennes.
Tout ceci est maintenant montré dans un film extraordinaire intitulé “Living in the shadow of Death,” (Vivre dans l’ombre de la mort) et réalisé par le cinéaste et producteur palestinien Bilal Yousef.
Tribut quotidien
Les Palestiniens paient quasi quotidiennement un tribut de sang et de douleur qu’Israël exige d’eux. « Affrontements » est le terme que les médias aiment utiliser pour décrire cette redevance, qui résulte toujours de l’attaque des Palestiniens par les forces israéliennes.
Peut-être que ceux qui publient dans les grands médias se sentent réconfortés à l’idée que ce n’était pas une armée massive et immorale aveuglée par la haine des Palestiniens et le goût du meurtre qui a attaqué des civils dans leur sommeil.
Peut-être préfèrent-ils croire qu’il s’agit d’un réel affrontement au cours duquel du sang palestinien a été versé.
Néanmoins, quel que soit le terme que les médias et les hommes et femmes politiques ont décidé de lui donner, Israël mobilise des forces numériquement supérieures qui sont équipées de systèmes d’armements de pointe afin de se livrer à des bombardements intensifs de zones résidentielles et à des assassinats ciblés d’individus, principalement de jeunes hommes remarquables.
Le but des attaques est généralement atteint, à savoir blesser et tuer des personnes qui au mieux étaient armées d’un seul fusil semi-automatique.
« Les forces israéliennes tuent deux Palestiniens lors d‘un raid nocturne à Naplouse. » On peut lire des titres comme celui-ci presque quotidiennement, le nom de la ville peut être Naplouse ou Jénine ou le camp Aida près de Bethléem, et le nombre de jeunes gens blessés et tués peut varier.
Mais l’état d’apartheid continue mortellement de verser le sang de jeunes Palestiniens pour essayer de satisfaire sa soif insatiable de sang.
En plus de ça, le nouveau premier ministre pense qu’il a besoin de verser du sang palestinien pour donner un coup de pouce à sa propre carrière politique, de sorte que l’on peut s’attendre à toujours plus de ces raids.
Les raids sont toujours montrés le lendemain sur les chaînes d’information israéliennes. Les dites opérations sont qualifiées de « complexes » et « héroïques. » L’un des raids récents s’est soldé par la mort d’un chien dressé par l’IDF, et lui aussi a été pleuré.
D’après le Jerusalem Post, lorsque les forces israéliennes sont entrées à Naplouse pour capturer ou tuer Ibrahim Nabulsi, elles ont encerclé son domicile, ce qui veut dire que des centaines de forces spéciales armées aux frais des contribuables états-uniens sont utilisées pour mener ce type de raids et d’intimidation.
Le tribut payé par les Palestiniens rien que cette année est inimaginable. Le dernier assaut sur Naplouse porte à près de 150 de nombre de morts pour la Cisjordanie et Gaza. Dans la Palestine de 1948, le nombre de tués s’élève jusqu’ici à 70-80. L’année n’est pas encore terminée.
Et la soif de violence israélienne n’est pas davantage satisfaite, ce qui signifie que de plus en plus de mères palestiniennes peuvent s’attendre à perdre leurs enfants sous les balles israéliennes.
Attaque contre des organisations palestiniennes
Tandis que cet article est en cours d’écriture, l’organisations de défense des droits humains palestinienne Al-Haq a fait savoir que des soldats israéliens ont fait une descente dans ses bureaux à Ramallah, ont confisqué des objets, et clôturé l’entrée principale à l’aide d’une plaque de fer. L’armée a déclaré l’organisation illégale.
D’autres organisations ont aussi fait l’objet d’une descente ce matin, il s’agit d’Addameer, du Centre Bisan pour la Recherche & le Developpement, de Defense des Enfants International-Palestine, de l’Union des comités de femmes palestiniennes, de l’Union des comités de travail agricole et de l’Union des Comités des travailleurs de la santé.
Les Palestiniens en sont à un point où ils ne peuvent trouver de soutien nulle part, quelque que soit la gravité de leur situation. Que ce soient des gens ordinaires qui veulent vivre leur vie, des combattants, des militants ou des organisations dédiées aux droits humains, ils seront harcelés et tués.
Auteur : Miko Peled
* Miko Peled est un auteur et un militant des droits de l'homme né à Jérusalem. Il est l'auteur de “The General’s Son. Journey of an Israeli in Palestine” et “Injustice, the Story of the Holy Land Foundation Five". Son compte Twitter.
18 août 2022- Mint Press News – Traduction: Chronique de Palestine – MJB