Par Adnan Abu Amer
Alors que le compte à rebours commence pour la signature d’un accord sur le nucléaire entre l’Iran et les principales puissances, un certain nombre de différends sont apparus entre Israël et les États-Unis au sujet de l’accord.
L’approche politique et militaire du gouvernement vis-à-vis de l’accord est également critiquée en Israël. L’État d’occupation semble s’opposer au monde entier, qui s’est plus ou moins uni pour vouloir contrôler les ambitions nucléaires de l’Iran par des moyens diplomatiques, tandis qu’Israël s’en tient bêtement à l’approche violente.
Dans une démarche dénuée de sagesse politique, l’ancien Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait tenté d’empêcher la signature de l’accord nucléaire du Plan global d’action conjoint de 2015 convenu par l’administration du président américain de l’époque, Barack Obama.
Netanyahou était arrivé à Washington la veille de la cérémonie de signature et avait prononcé un discours au Congrès américain contre l’accord, dans le dos d’Obama. Obama n’avait pas hésité à le qualifier d’ingrat, et au final, Netanyahou était revenu les mains vides tandis que l’accord était signé.
Ce qui est curieux, c’est que l’actuel Premier ministre Yair Lapid suit maintenant les traces de Netanyahu.
Son conseiller à la sécurité nationale, Eyal Kholta, est arrivé à Washington pour des entretiens à la Maison Blanche au cours desquels il aura une présentation des détails de l’accord avant d’exprimer l’opposition d’Israël.
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Il est vrai qu’il sera informé de près des détails, mais il n’obtiendra pas ce qu’il veut. Le chef des espions du Mossad, David Barnea, a également critiqué l’accord, ce qui est considéré comme une critique directe de l’administration Biden.
Pendant ce temps, de plus en plus d’Israéliens appellent à une politique différente sur la question du nucléaire iranien. L’opposition automatique à tout accord, associée à une rhétorique agressive et à une attaque contre l’Iran, peut faire gagner quelques points à certaines parties de l’électorat israélien, mais elle rapproche Téhéran de la décision de se doter d’armes nucléaires, car c’est l’Iran qui décidera en définitive s’il y aura un nouvel accord avec les puissances mondiales concernant le dossier nucléaire.
De nombreux Israéliens estiment que le nouvel accord est moins profitable que ce qui était sur la table auparavant.
Le fait est qu’Israël ne peut s’attendre à rien de mieux. L’Iran a fait de grands progrès dans la production de centrifugeuses et est capable d’enrichir l’uranium plus rapidement qu’auparavant.
La politique israélienne a joué un rôle important pour arriver à cette situation. Cela a commencé avec l’attaque directe de Netanyahu contre Obama, puis il a poussé Trump à se retirer de l’accord – ce qu’il a fait en 2018 – malors que l’Iran avait rempli sa part des termes de l’accord.
Les Israéliens ont peur de reproduire l’opposition de Netanyahu à l’accord nucléaire au point de déclencher une crise avec Biden, ce qui pourrait coûter cher à Israël. L’accord actuel, même si Israël le considère comme mauvais, vaut mieux que pas d’accord du tout, car la politique actuelle d’Israël pousse l’Iran à acquérir des armes nucléaires.
Tel Aviv est au point de devoir réfléchir sérieusement à un changement de politique.
Un Iran nucléaire est apparemment une menace sérieuse pour Israël, car il ouvrira encore davantage la course régionale aux armes nucléaires.
Les Israéliens se souviennent que feu le chef du Mossad, Meir Dagan, avait déclaré : « Empêcher avec force la bombe iranienne ne peut être réalisé par Israël seul ; cela nécessite un appui international. »
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Tout cela confirme qu’Israël est confronté à une situation complexe, qui a incité ses responsables militaires et de sécurité à demander aux responsables politiques et au gouvernement de coordonner leurs activités avec d’autres pays, notamment les États-Unis, ainsi qu’avec leurs partenaires régionaux.
L’idée paraît être de créer des contrepoids aux intérêts iraniens en divers endroits, et de cesser de croire aveuglément que la seule solution est la force militaire israélienne, ce qui ne fait que rapprocher l’Iran de la possession de l’arme nucléaire.
Les Israéliens parlent maintenant des intérêts contradictoires des États-Unis et d’Israël dans l’accord nucléaire qui sera signé. L’état sioniste doit donc trouver un moyen d’agir sans nécessairement provoquer un clash entre Lapid et Biden. Netanyahu s’est heurté à Obama, provoquant une détérioration dramatique des relations.
Bien que l’on ne sache pas grand-chose des détails du nouvel accord nucléaire, il est clair qu’il est déjà beaucoup moins contraignant que le JCPOA initial signé par Obama, selon les estimations israéliennes, et Tel Aviv continue de déployer de grands efforts pour persuader Washington de ne pas signer l’accord, ou du moins de durcir certaines de ses dispositions.
Quatre éléments principaux ont été identifiés pour faire face aux conséquences de l’accord imminent : une surveillance minutieuse par les services de renseignement, qui empêchera l’Iran de développer secrètement une arme nucléaire ; les moyens de réagir et de perturber la production si l’Iran avance un programme de développement d’armes nucléaires ; une identification conjointe par Tel Aviv et Washington du moment où l’on considère que l’Iran a réalisé une percée significative vers la production d’armes nucléaires ; et des accords sur les mesures à prendre par Tel Aviv et Washington de façon conjointe ou séparément, si Téhéran produit effectivement un armement nucléaire.
Il est clair qu’il existe un certain nombre d’intérêts contradictoires entre l’état de l’occupation et les États-Unis.
Ces derniers ont intérêt à lever les sanctions contre l’Iran pour que ce dernier puisse produire et exporter sans limite du pétrole et du gaz, à raison de 3,5 millions de barils par jour en moyenne, face aux conséquences de la guerre Russie-Ukraine, et pour combler la pénurie de carburant que la Russie a créée pour l’Europe au cours de l’hiver prochain.
Les Etats-Unis veulent également éviter que l’Iran ne tombe définitivement dans les bras de la Chine et de la Russie, renforçant ainsi le poids stratégique et économique du camp anti-occidental.
Auteur : Adnan Abu Amer
* Adnan Abu Amer dirige le département des sciences politiques et des médias de l'université Umma Open Education à Gaza, où il donne des cours sur l'histoire de la Cause palestinienne, la sécurité nationale et lsraël.Il est titulaire d'un doctorat en histoire politique de l'université de Damas et a publié plusieurs ouvrages sur l'histoire contemporaine de la Cause palestinienne et du conflit israélo-arabe. Il travaille également comme chercheur et traducteur pour des centres de recherche arabes et occidentaux et écrit régulièrement pour des journaux et magazines arabes. Son compte Facebook.
30 août 2022 – Middle East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine