Alors que quelque 1500 prisonniers palestiniens sont entrés dans le 11ème jour de la grève de la faim de masse baptisée “Liberté et Dignité”, les forces du Service pénitentiaire israélien ont attaqué jeudi deux prisonniers palestiniens grévistes dans la prison d’Ashkelon, au sud d’Israël, selon le Comité des médias pour la grève de la faim des prisonniers palestiniens – un comité mixte formé par la Société palestinienne des prisonniers (PPS) et le Comité palestinien pour les prisonniers.
Un avocat du Comité palestinien pour les affaires de prisonniers, Kareem Ajwah, a déclaré dans un communiqué que les deux prisonniers, Nasser Abu Hmeid et Saed Musallam, malades, ont été battus par les forces de l’IPS lorsqu’ils ont refusé de subir une fouille par les policiers entrés dans leur cellule.
Alors que Abu Hmeid et Musallam ont été directement frappés, trois autres prisonniers dans la même cellule ont été blessés au visage et à la tête, et ont été transférés dans la clinique de la prison pour un traitement.
De son côté, citant Abu Hmeid, Ajwah a signalé que l’administration de l’IPS “organisait des procès internes” contre les prisonniers en grève, imposant une série de mesures punitives et des amendes allant jusqu’à 500 shekels pour quiconque participait à la grève, en plus de transférer des prisonniers en isolement cellulaire pour des périodes de 10 jours renouvelables.
“La situation des détenus en grève est très difficile, en raison de la poursuite des raids quotidiens et des intrusions brutales dans les cellules par l’administration pénitentiaire, dans le but d’épuiser et d’humilier les prisonniers”, a déclaré Abu Hmeid, ajoutant que l’IPS a retiré le sel – ce qui, en plus de l’eau, est la seule alimentation consommée par les grévistes – à tous les prisonniers en grève “comme moyen de pression pour mettre fin à leur mouvement”.
Abu Hmeid a déclaré au comité que des prisonniers en grève boycottaient les examens médicaux, soulignant que deux prisonniers identifiés comme Nazih Uthman, qui souffrent de maladie cardiaque, et Ibrahim Abu-mustafa, atteints de maladie du rein et du foie, ont tous deux été déplacés par la force vers l’hôpital de la prison.
Pendant ce temps, l’IPS a transféré jeudi matin une quarantaine de prisonniers palestiniens des prisons de Nafha, Rimon et Ketziot du Néguev dans la prison de Ohalai Keidar à Beersheba.
Les sources en provenance de l’intérieur des prisons israéliennes ont déclaré à la radio de Sawt al-Asra (la Voix des prisonniers) que les forces de l’IPS “ont vidé la section 8 de la prison de Beersheba et déplacé des prisonniers qui ont été transférés vers d’autres prisons”, sans équiper la section des éléments essentiels à la vie des prisonniers .
Selon Sawt al-Asra, plusieurs des prisonniers transférés – en particulier des prisonniers malades – participent à la grève de la faim et ont été déplacés dans les mêmes locaux que les prisonniers non-grévistes.
Certains des prisonniers transférés ont été identifiés comme Raed al-Saadi, Yusri al-Masri, Samer al-Issawi et Azzam Thiab.
Le responsable du Comité palestinien pour les affaires des prisonniers, Issa Qaraqe, a déclaré mercredi que les forces de l’IPS avaient “continué à intensifier les mesures punitives” contre les prisonniers. Ces mesures ont commencé dès le premier jour de la grève, les forces de l’IPS transférant en isolement cellulaire les prisonniers et ceux qui sont à l’initiative de la grève, et interdisant [les visites] aux avocats des prisonniers, en particulier à ceux des prisonniers malades.
Selon Qaraqe, les responsables de l’IPS ont continué à empêcher les prisonniers – qui refusent toutes les formes de nourriture sauf le sel et l’eau – d’avoir accès aux points de vente pour acheter du sel. L’IPS a fourni les prisonniers avec des draps et des couvertures sales et a effectué des raids provocateurs dans leurs cellules et a arbitrairement procédé à des transferts.
Par ailleurs, les représentants du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont visité les prisonniers palestiniens en grève de la faim pour le deuxième jour consécutif ce jeudi dans la prison de Gilboa, dans le nord d’Israël. Les responsables du CICR ont visité mercredi les prisonniers de la prison de Nafha.
Le chef du CICR à Jérusalem et en Cisjordanie, Christian Cardon, a déclaré dans un communiqué que le comité organiserait des visites supplémentaires pour d’autres grévistes de la faim au cours des prochains jours.
Cardon a déclaré: “Nous sommes conscients que nous sommes le seul point de communication avec le monde extérieur pour les prisonniers en grève de la faim”.
Il a ajouté que des messages oraux ont été transmis entre les prisonniers en grève et leurs familles par l’intermédiaire du CICR.
Des centaines de Palestiniens emprisonnés par Israël se sont lancés depuis le 17 avril dans une grève de la faim à l’initiative du haut responsable du Fatah Marwan Barghouthi, pour protester contre la torture, les mauvais traitements et la négligence médicale à l’égard des prisonniers entre les mains des autorités israéliennes, ainsi que contre l’utilisation à grande échelle par Israël de la détention administrative – un internement sans procès ou accusations et indéfiniment renouvelable.
Une grève générale a eu lieu jeudi à travers la Cisjordanie occupée et Jérusalem-Est, alors que des milliers de Palestiniens fermaient leurs magasins et leurs entreprises en signe de solidarité avec les prisonniers.
Les autorités israéliennes ont arrêté environ un million de Palestiniens depuis la création de l’état d’Israël en 1948 et l’occupation qui a suivi en 1967 de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de la bande de Gaza, selon une déclaration conjointe publiée la semaine dernière par des organisations palestiniennes. Selon l’organisation de défense des droits des prisonniers Addameer, quelque 6300 Palestiniens sont détenus dans les prisons israéliennes [chiffres du mois de mars].
27 avril 2017 – Ma’an News – Traduction : Chronique de Palestine