Issa Qaraqe, responsable du Comité palestinien des prisonniers, a accusé les autorités israéliennes de “délibérément” tenter de tuer les grévistes de la faim palestiniens, tout en employant plusieurs tactiques pour convaincre ces grévistes d’abandonner leur protestation, selon une déclarations publiée ce jeudi.
Ammar Ibrahim Hamour, en grève de la faim depuis 18 jours
La Société des Prisonniers Palestiniens (PPS) a déclaré dans un communiqué que le Palestinien gréviste de la faim Ammar Ibrahim Hamour, âgé 28 ans, est en grève de la faim depuis 18 jours pour protester contre sa détention administrative – la politique israélienne consistant à emprisonner les Palestiniens sans accusation ni procès. L’avocat du PPS, Khalid Mahajna, a déclaré aussi que le Service israélien des prisons (IPS) exerçait des pressions sur le prisonnier pour qu’il mettre fin à sa grève.
Selon Mahajna, Hamour est détenu en isolement au centre de détention d’Ashkelon en Israël, après avoir été transféré de la prison israélienne de Ktziot quelques jours auparavant. Mahajna ajouté que Hamour était incarcéré dans “de très mauvaises conditions”, alors que les responsables de l’IPS provoquaient le gréviste en lui présentant des repas. Un médecin israélien lui a également rendu visite dans la prison pour le convaincre de prendre des vitamines, selon la déclaration.
Cependant, Hamour a continué a refuser aussi bien la nourriture que les vitamines, ne prenant que de l’eau. Il a commencé à souffrir de douleurs d’estomac et souffre maintenant de troubles du sommeil dus à sa grève.
Hamour est originaire de la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, et a entamé sa grève de la faim le 21 novembre.
Dans un communiqué, le responsable du Comité palestinien des prisonniers, Issa Qaraqe, a déclaré que les autorités israéliennes ont “délibérément” tenté de tuer les grévistes de la faim palestiniens en laissant leur santé se détériorer, tout en les maintenant emprisonnés dans des “conditions pénibles”, soulignant qu’Anas Shadid et Ahmad Abu Farah sont restés sans nourriture pendant 76 et 77 jours, respectivement, dans leur protestation contre leur détention administrative.
Shadid, 20 ans, et Abou Farah, 29 ans, tous deux résidents du village de Dura, en Cisjordanie, ont été signalés en état critique cette semaine.
Qaraqe a qualifié de “crime” le “meurtre lent des grévistes de la faim palestiniens” par Israël, et a exhorté la communauté internationale à intervenir, ajoutant que le traitement par Israël des grévistes de la faim palestiniens représentait une “crise humanitaire”. Israël est entièrement responsable des conditions faites aux Palestiniens dans les prisons, obligeant ceux-ci a multiplier les grèves de la faim.
Il a également déclaré que 75 jours était la durée “maximum” qu’un gréviste de la faim pouvait soutenir en se limitant à consommer de l’eau, notant que Shadid et Abu Farah subissaient tous deux une aggravation de leur état santé, certains de leurs organes ne fonctionnant plus.
Qaraqe a ajouté que quatre prisonniers palestiniens étaient en grève de la faim: Anas Shadid, Ahmad Abou Farah, Ammar Ibrahim Hamour et Kifah Hatab.
Par ailleurs, ce jeudi, les frères Balboul, Muhammad âgé de 26 ans et Mahmoud âgé de 23 ans, ont été libérés de prison israélienne après avoir été en grève de la faim pour 77 et 79 jours respectivement, suite à leur emprisonnement en détention administrative.
Des dizaines de prisonniers palestiniens ont lancé des grèves de la faim au cours de la dernière année pour protester contre leur situation, notamment la détention administrative. Les grévistes de la faim les plus connussont Muhammad al-Qiq, Bilal Kayid, et les frères maintenant emblématiques Muhammad et Mahmoud Balboul.
Bien que les autorités israéliennes prétendent que la retenue des preuves pendant la détention administrative, qui autorise la détention pour des intervalles de trois à six mois indéfiniment renouvelables, est essentielle pour des questions relevant de la sécurité de l’État, les groupes de défense des droits de l’homme expliquent au contraire que la politique permet aux autorités israéliennes de détenir des Palestiniens pour une durée indéterminée, sans fournir de preuves qui pourraient justifier leur détention.
Des groupes de défense des droits de l’homme ont affirmé que la politique de détention administrative d’Israël a pour objectif de perturber la vie politique et sociale des Palestiniens, en ciblant notamment les responsables politiques, les militants associatifs et journalistes.
Selon Addameer, 7000 Palestiniens étaient détenus dans des prisons israéliennes, dont 720 en détention administrative.
9 décembre 2016 – Ma’an News – Traduction : Chronique de Palestine