Par Ali Karbalaei
De violentes manifestations de rue contre le projet du cabinet de M. Netanyahu de réformer le système judiciaire, se sont poursuivies pour la neuvième semaine consécutive dans les territoires palestiniens occupés.
Les forces israéliennes, dont certaines sont à cheval, ont eu recours aux gaz lacrymogènes, aux canons à eau et aux barrages militaires, entre autres moyens, pour contenir les manifestations de centaines de milliers d’Israéliens ou de colons.
Les protestations se sont maintenant étendues à l’élite des pilotes d’avion de guerre israéliens qui boycottent les séances d’entraînement en opposition aux mesures de Netanyahu.
La majorité des pilotes d’avions de guerre dont Israël dépend pour ses missions spéciales de bombardement en Syrie boycottent les entraînements prévus cette semaine. Trente sept des 40 pilotes de réserve du 69e escadron de l’armée de l’air israélienne ont rejoint le mouvement de protestation.
Selon les médias israéliens, le 69e escadron est l’unité la plus puissante de l’armée de l’air.
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Il aurait la responsabilité des avions de chasse F-15 qui ont mené des missions à longue portée visant des infrastructures civiles en Syrie au cours des dernières années. Les raids de bombardement se sont multipliés depuis que les forces gouvernementales syriennes ont pris le dessus sur les militants et les terroristes soutenus par l’étranger.
Des rapports israéliens indiquent également que les réservistes qui suivent une formation obligatoire dans l’unité de renseignement d’élite 8200 du régime sioniste font également grève pour protester contre les actions du cabinet en n’assistant pas à certains aspects de leur programme de formation.
« Les appels à l’insubordination nuisent à la capacité de l’armée israélienne à fonctionner et à mener à bien ses missions », a déclaré le ministre israélien de la guerre, Yoav Gallant.
Des dizaines de réservistes de l’armée israélienne ont également déclaré qu’ils cesseraient de se présenter au travail si les prétendues réformes judiciaires étaient mises en œuvre.
D’autres unités des forces armées israéliennes se joindraient également aux manifestations qui, selon de hauts responsables israéliens, pourraient conduire à une « guerre civile » et à « l’effondrement de la société israélienne ».
En janvier, le nouveau cabinet du premier ministre israélien – qui a le plus duré dans le temps et qui est accusé de corruption, de fraude et d’abus de confiance – a annoncé des changements prévus dans le système judiciaire du régime, qui affaibliraient la Cour suprême et limiteraient sa capacité à statuer contre la Knesset (Parlement) israélienne.
Essentiellement, cela limiterait la ainsi-nommée Cour suprême d’Israël ou sa capacité à renverser les décisions du nouveau cabinet, un cabinet de coalition qui dispose d’une majorité à la Knesset. Ces mesures renforceraient également le pouvoir de décision du nouveau cabinet d’extrême droite dans le choix des juges.
Il ne fait aucun doute que le régime israélien est confronté à une impasse politique très grave avec la formation du cabinet totalement fascisant de Netanyahu. Nombre de ses ministres extrémistes sont confrontés à divers scandales ou procès. Et pour couronner le tout, il y a Netanyahu lui-même.
Les critiques affirment qu’une réforme de la Cour suprême empêcherait effectivement toute sanction à l’encontre des ministres d’ultra-droite et permettrait à Netanyahu de rester en liberté.
Mais cela permettrait-il également à ces ministres fascistes nouvellement installés d’aller plus loin dans leur agression et leurs violations à l’encontre des Palestiniens ?
Au cours des dernières semaines, des derniers mois et des dernières années, les Palestiniens ont été témoins de terribles crimes contre l’humanité.
Depuis que le cabinet de Netanyahu a prêté serment début janvier, ces crimes ont inclus plusieurs massacres en Cisjordanie occupée. Environ 70 Palestiniens ont été assassinés lors de campagnes d’arrestations massives, des maisons ont été démolies, des colonies ont été étendues et des prisonniers (hommes et femmes) ont été torturés. Les colons se sont également déchaînés, incendiant des maisons et des voitures et blessant des centaines de personnes.
La liste est interminable.
La « Cour suprême israélienne » à laquelle s’en prend Netanyahu a été présentée par tous les partisans pro-sionistes comme une sorte d’institution démocratique. Mais c’est cette même « Cour suprême » qui a légitimé tous les crimes contre l’humanité perpétrés contre les Palestiniens depuis que le cabinet de Netanyahu a pris le pouvoir en janvier 2023 et bien avant le nouveau cabinet.
Au fil des décennies, la politique du « tirer pour tuer », les châtiments collectifs, la détention de mineurs, la ainsi-nommée détention administrative et tous les autres crimes considérés comme illégaux en vertu des lois internationales, ont été autorisés et légitimés par le pouvoir judiciaire israélien au plus haut niveau.
Du point de vue palestinien, il s’agit d’un mouvement de protestation à grande échelle au sein de l’entité sioniste. Les Israéliens, y compris les colons, ne veulent pas être gouvernés par la dictature de Netanyahu.
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Les partisans et les opposants aux « réformes judiciaires » veulent toujours maintenir le statu quo, c’est-à-dire l’occupation et la supériorité des sionistes sur les Palestiniens.
Parler de l’agitation en Israël comme d’une forme de poussée vers la démocratie est totalement absurde, du point de vue palestinien.
Certains Israéliens craignent de vivre une infime partie de ce que les Palestiniens ont vécu. C’est-à-dire une forme de répression contre les Israéliens dissidents.
Mais les manifestations israéliennes ont ouvert les yeux de nombreuses personnes en Cisjordanie et dans les pays qui ont normalisé leurs relations avec le régime d’occupation. Les manifestations montrent que cette entité n’est qu’une dictature monstrueuse qui a procédé à un nettoyage ethnique des Palestiniens.
Il reste à voir si la clique à Netanyahu peut écraser les voix dissidentes.
Les bailleurs de fonds d’Israël (les États-Unis et le Royaume-Uni en particulier) observent avec inquiétude l’ampleur des manifestations et se demandent si une guerre civile armée n’éclatera pas au sein du bloc sioniste, car l’ampleur de ces protestations est sans aucun doute nouvelle et sans précédent.
Mais il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une guerre civile entre les sionistes eux-mêmes sur la manière d’écraser la cause palestinienne.
Il existe un consensus total entre tous les dirigeants israéliens, les partis et la Cour suprême pour voler davantage de terres et mener des guerres contre la résistance palestinienne légitime.
La résistance armée palestinienne se poursuivra et elle a tout à fait le droit d’appeler toutes les nations éprises de liberté à soutenir sa lutte pour la justice.
Si les partisans et les adversaires des prétendues réformes judiciaires de Netanyahu ont un point commun en ce qui concerne les Palestiniens, les événements récents montrent à quel point Israël est devenu fragile.
Il s’agit d’une entité d’occupation dotée de centaines d’armes nucléaires qui a constitué une menace sérieuse pour la paix et la sécurité régionales.
Elle est aujourd’hui confrontée à une crise interne. Cette crise s’ajoute aux menaces que les forces de résistance font peser sur elle depuis des décennies en raison de ses crimes de guerre et de ses agressions.
L’histoire moderne montre qu’aucun régime d’apartheid ne reste éternellement au pouvoir. C’est quelque chose que l’on verra dans un avenir proche.
Auteur : Ali Karbalaei
6 mars 2023 – Tehran Times – Traduction : Chronique de Palestine