Les Israéliens mettent en oeuvre leur « solution finale »

22 mars 2025 - Les proches de la famille Al-Mashharawi pleurent les victimes tuées dans leur maison après qu'elle ait été prise pour cible la nuit dernière par les forces coloniales israéliennes dans le quartier d'Al-Tuffah, à l'est de la ville de Gaza. Depuis le début de la guerre d'Israël contre Gaza, au moins 50 000 Palestiniens ont été tués, et des milliers sont toujours portés disparus sous les décombres - Photo : Yousef Al-Zanoun / Activestills

Par Chris Hedges

Israël a entamé la dernière étape de son génocide. Les Palestiniens devront choisir entre la mort et la déportation. Il n’y a pas d’autres options.

C’est le dernier chapitre du génocide. Il s’agit de la dernière poussée, gorgée de sang, visant à chasser les Palestiniens de Gaza. Pas de nourriture. Pas de médicaments. Pas d’abri. Pas d’eau potable. Pas d’électricité.

Israël transforme rapidement Gaza en un chaudron dantesque de misère humaine où les Palestiniens sont tués par centaines et bientôt, à nouveau, par milliers et dizaines de milliers, sous peine d’être contraints de partir pour ne plus jamais revenir.

Le dernier chapitre marque la fin des mensonges israéliens :

  • Le mensonge de la solution à deux États.
  • Le mensonge selon lequel Israël respecte les lois de la guerre qui protègent les civils.
  • Le mensonge selon lequel Israël bombarde des hôpitaux et des écoles uniquement parce qu’ils sont utilisés comme zones de transit par le Hamas.
  • Le mensonge selon lequel le Hamas utilise des civils comme boucliers humains, alors qu’Israël oblige régulièrement les Palestiniens captifs à pénétrer dans des tunnels et des bâtiments potentiellement piégés avant les troupes israéliennes.
  • Le mensonge selon lequel le Hamas ou le Jihad islamique palestinien (PIJ) sont responsables – l’accusation étant souvent des roquettes palestiniennes errantes – de la destruction d’hôpitaux, de bâtiments des Nations unies ou du nombre élevé de victimes palestiniennes.
  • Le mensonge selon lequel l’aide humanitaire à Gaza est bloquée parce que le Hamas détourne les camions ou introduit clandestinement des armes et du matériel de guerre.
  • Le mensonge selon lequel des bébés israéliens sont décapités ou des Palestiniens se livrent à des viols massifs de femmes israéliennes.
  • Le mensonge selon lequel 75 % des dizaines de milliers de personnes tuées à Gaza étaient des « terroristes » du Hamas.
  • Le mensonge selon lequel le Hamas, parce qu’il se serait réarmé et aurait recruté de nouveaux combattants, serait responsable de la rupture de l’accord de cessez-le-feu.

Le visage découvert d’Israël est celui d’un génocidaire.

Il a ordonné l’évacuation du nord de Gaza où des Palestiniens désespérés campent au milieu des décombres de leurs maisons.

Ce qui s’annonce maintenant, c’est une famine massive – l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a déclaré le 21 mars qu’il ne lui restait plus que six jours de farine – des décès dus à des maladies causées par de l’eau et des aliments contaminés, des dizaines de morts et de blessés chaque jour sous l’assaut incessant des bombes, des missiles, des obus et des balles.

Rien ne fonctionne, ni les boulangeries, ni les stations d’épuration, ni les hôpitaux – Israël a fait exploser l’hôpital turco-palestinien [pour cancéreux] endommagé le 21 mars -, ni les écoles, ni les centres de distribution d’aide, ni les cliniques.

Moins de la moitié des 53 véhicules d’urgence gérés par le Croissant-Rouge palestinien sont en état de marche en raison de la pénurie de carburant. Bientôt, il n’y en aura plus.

Le message d’Israël est sans équivoque : Gaza sera inhabitable. Partir ou mourir.

Depuis mardi, date à laquelle Israël a rompu le cessez-le-feu par des bombardements intensifs, plus de 700 Palestiniens ont été tués, dont 200 enfants. En 24 heures, 400 Palestiniens ont été tués. Ce n’est qu’un début.

Aucune puissance occidentale, y compris les États-Unis, qui fournissent les armes du génocide, n’a l’intention de l’arrêter. Les images de Gaza pendant près de seize mois d’attaques incessantes étaient terribles. Mais ce qui se prépare maintenant sera pire.

Cela rivalisera avec les crimes de guerre les plus atroces du XXe siècle, notamment la famine de masse, les massacres et l’anéantissement du ghetto de Varsovie en 1943 par les nazis.

Le 7 octobre a marqué la ligne de démarcation entre une politique israélienne qui prônait la brutalisation et l’assujettissement des Palestiniens et une politique qui appelle à leur extermination et à leur expulsion de la Palestine historique.

Ce à quoi nous assistons est l’équivalent historique du moment déclenché par l’anéantissement de quelque 200 soldats dirigés par George Armstrong Custer en juin 1876 lors de la bataille de Little Bighorn.

Après cette défaite humiliante, les Amérindiens étaient destinés à être tués et les survivants contraints de se réfugier dans des camps de prisonniers de guerre, plus tard appelés réserves, où des milliers d’entre eux sont morts de maladies, ont vécu sous le regard impitoyable de leurs occupants armés et ont sombré dans une vie de misère et de désespoir.

Il faut s’attendre à ce qu’il en aille de même pour les Palestiniens de Gaza, jetés, je pense, dans l’un des taudis du monde et oubliés.

« Les habitants de Gaza reçoivent un dernier avertissement », a menacé le ministre israélien de la défense, Israël Katz : « Le premier Sinwar a détruit Gaza et le second Sinwar la détruira complètement. Les frappes de l’armée de l’air contre les terroristes du Hamas n’étaient que la première étape. Les choses vont devenir beaucoup plus difficiles et vous en paierez le prix fort. L’évacuation de la population des zones de combat va bientôt reprendre… Rendez les otages et éliminez le Hamas et d’autres options s’ouvriront à vous, y compris le départ vers d’autres endroits du monde pour ceux qui le souhaitent. L’alternative est la destruction absolue. »

L’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas devait être mis en œuvre en trois phases. La première phase, d’une durée de 42 jours, prévoyait la fin des hostilités. Le Hamas devait libérer 33 captifs israéliens capturés le 7 octobre 2023 – dont des femmes, des personnes âgées de plus de 50 ans et des malades – en échange de plus de 2000 hommes, femmes et enfants palestiniens emprisonnés par Israël (environ 1900 otages palestiniens ont été libérés par Israël au 18 mars).

Le Hamas a libéré un total de 147 captifs, dont huit étaient morts. Israël affirme que 59 Israéliens sont toujours détenus par le Hamas, dont 35 seraient décédés.

L’armée israélienne devait se retirer des zones peuplées de Gaza le premier jour du cessez-le-feu. Le septième jour, les Palestiniens déplacés allaient être autorisés à retourner dans le nord de la bande de Gaza. Israël devrait permettre à 600 camions d’aide alimentaire et médicale d’entrer chaque jour dans la bande de Gaza.

La deuxième phase, qui devait être négociée au seizième jour du cessez-le-feu, prévoyait la libération des captifs israéliens restants. Israël aurait achevé son retrait de Gaza en maintenant une présence dans certaines parties du corridor de Philadelphie, qui s’étend le long de la frontière de huit miles entre Gaza et l’Égypte. Il devait abandonner son contrôle sur le poste frontière de Rafah, qui mène à l’Égypte.

La troisième phase consistait à négocier la fin définitive de la guerre et la reconstruction de Gaza.

Israël a l’habitude de signer des accords, y compris les accords de Camp David et l’accord de paix d’Oslo, avec des calendriers et des phases. Il obtient ce qu’il veut – en l’occurrence la libération des otages – au cours de la première phase, puis viole les phases suivantes. Ce schéma n’a jamais été rompu.

Israël a refusé d’honorer la deuxième phase de l’accord. Il a bloqué l’aide humanitaire à Gaza il y a deux semaines, violant ainsi l’accord. Il a également tué au moins 137 Palestiniens au cours de la première phase du cessez-le-feu, dont neuf personnes, parmi lesquelles trois journalistes, lorsque des drones israéliens ont attaqué une équipe de secours le 15 mars à Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza.

Les bombardements et les tirs d’artillerie lourde d’Israël sur Gaza ont repris le 18 mars, alors que la plupart des Palestiniens dormaient ou préparaient leur repas avant l’aube, pendant le mois sacré du ramadan. Israël ne cessera pas ses attaques maintenant, même si les captifs restants sont libérés – la raison supposée d’Israël pour la reprise des bombardements et du siège de Gaza.

La Maison Blanche de Trump se réjouit de ce massacre. Elle attaque les critiques du génocide en les qualifiant d’« antisémites » qui devraient être réduits au silence, criminalisés ou expulsés, tout en acheminant des milliards de dollars d’armes à Israël.

L’attaque génocidaire d’Israël contre Gaza est le dénouement inévitable de son projet colonial de peuplement et de son État d’apartheid. L’objectif des sionistes a toujours été de s’emparer de toute la Palestine historique – la Cisjordanie devant bientôt, je pense, être annexée par Israël – et de déplacer tous les Palestiniens.

Les pires excès d’Israël se sont produits pendant les guerres de 1948 et de 1967, lorsque d’immenses parties de la Palestine historique ont été saisies, des milliers de Palestiniens tués et des centaines de milliers d’autres nettoyés sur le plan ethnique.

Entre ces deux guerres, le vol de terres au ralenti, les agressions meurtrières et le nettoyage ethnique continu en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, se sont poursuivis.

Cette danse calibrée est terminée. C’est la fin. Ce à quoi nous assistons éclipse tous les assauts historiques contre les Palestiniens. Le rêve génocidaire dément d’Israël – un cauchemar palestinien – est sur le point de se réaliser.

Cela brisera à jamais le mythe selon lequel nous, ou toute autre nation occidentale, respectons l’État de droit ou sommes les protecteurs des droits de l’homme, de la démocratie et des soi-disant « vertus » de la civilisation occidentale.

La barbarie d’Israël est la nôtre. Nous ne le comprenons peut-être pas, mais le reste du monde le comprend.

22 mars 2025 – Substack.com – Traduction : Chronique de Palestine – Éléa Asselineau

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