Par EuroMed Monitor
L’Observatoire Euro-Med des droits de l’homme a recueilli des témoignages poignants sur les crimes graves commis par l’armée israélienne contre des civils lors de l’assaut de l’hôpital Kamal Adwan et des zones environnantes dans le nord de la bande de Gaza.
Ces crimes comprennent des meurtres délibérés, des exécutions sommaires, ainsi que des agressions sexuelles et physiques contre des femmes et des filles des équipes médicales et des femmes déplacées dans le secteur.
Les unités de l’infanterie et des forces blindées israéliennes ont pris d’assaut l’hôpital Kamal Adwan et ses alentours vendredi, après des semaines de siège, de bombardements aériens et tirs d’artillerie, et d’attaques ciblées contre le personnel médical et technique travaillant dans l’hôpital.
Les attaques avaient également mis à mal les capacités opérationnelles de l’hôpital en ciblant les générateurs d’électricité et les équipements de production d’oxygène.
Selon les témoignages recueillis par l’équipe de terrain d’Euro-Med Monitor, les forces israéliennes ont commis une série de crimes horribles au cours de leur assaut sur l’hôpital.
Elles ont notamment fait exploser des robots piégés près de plusieurs maisons habitées, provoquant leur effondrement et tuant les civils qui s’y trouvaient. Les soldats israéliens ont également exécuté sur place des civils, dont certains étaient blessés et d’autres portaient des drapeaux blancs.
L’armée israélienne a détenu des dizaines de femmes et de jeunes filles, les soumettant à de graves abus s’apparentant à du harcèlement sexuel, ainsi qu’à des traitements dégradants portant atteinte à leur dignité humaine. Elle les a notamment battues et les a forcées à retirer leur hijab et leurs vêtements.
En outre, les forces israéliennes ont évacué de force tous les habitants de la zone, les obligeant à fuir en dehors du gouvernorat du nord de Gaza.
Au cours de cette opération, l’armée a kidnappé des dizaines de personnes, y compris des membres d’équipes médicales et de services, comme le docteur Hossam Abu Safyieh, directeur de l’hôpital Kamal Adwan, et le journaliste Islam Ahmed.
« A.A., 41 ans, a témoigné devant l’équipe de l’Euro-Med Monitor : « Je suis secouriste bénévole. Je logeais dans une maison près de l’hôpital Kamal Adwan avec 11 autres personnes, toutes civiles. Vers 12h30 vendredi, nous avons entendu un véhicule à la porte. J’ai dit à mes compagnons qu’il semblait que l’armée plaçait des robots explosifs. En regardant par la fenêtre, j’ai vu plusieurs robots devant les maisons du quartier ».
Il a ajouté : « Nous avons vite quitté notre maison et nous nous sommes installés dans une autre à proximité, en espérant survivre aux explosions. Environ une demi-heure plus tard, les robots ont commencé à exploser. Les bruits étaient massifs et terrifiants, comme des bombes nucléaires miniatures. »
Il poursuit : « Pendant ce temps, un jeune homme qui avait atteint une autre maison dans la zone nous a dit que l’endroit où ils s’étaient réfugiés avait été bombardé, blessant plusieurs personnes. Je me suis précipité avec d’autres pour porter secours, mais alors que nous approchions de la maison en question, un avion israélien a tiré un autre missile. Nous avons réussi à évacuer l’un des blessés et avons trouvé un mort. Cependant, nous avons également été blessés au cours de l’opération. À ce moment-là, nous avons entendu des cris provenant d’une maison voisine qui avait également été touchée. Nous étions dans un état lamentable, blessés et incapables d’aider ».
Il a ajouté : « Nous sommes retournés sur nos pas au milieu des explosions. Le matin, nous sommes retournés dans notre maison d’origine et l’avons trouvée presque entièrement détruite. Malgré cela, nous nous sommes assis dans la cuisine, à 14 environ. Les véhicules de l’armée ont alors commencé à bombarder la maison. Nous avons crié que nous étions des civils. Le propriétaire de la maison est sorti en brandissant un drapeau blanc, mais les soldats l’ont immédiatement abattu à bout portant. Lorsque nous avons essayé de récupérer son corps, ils ont tiré un obus sur nous, blessant d’autres personnes. Parmi nous, il y avait un enfant qui semblait souffrir de troubles psychologiques, aggravés par les bombardements incessants. »
« Plus tard, l’armée a envoyé un civil (un détenu palestinien) pour nous demander de nous rendre. Nous avons dit que nous étions des civils et nous avons brandi un drapeau blanc. Ils nous ont conduits dans un espace ouvert près d’un cimetière, où nous avons été forcés de nous déshabiller jusqu’à nos sous-vêtements et de rester debout dans le froid glacial. Lorsque l’enfant souffrant de troubles psychologiques est sorti, il a couru en direction d’un char israélien. Je l’ai appelé, mais il n’a pas répondu. Ils l’ont abattu immédiatement. Il y avait un véhicule blindé de transport de troupes et un char dans la zone. Un soldat nous a ordonné de nous rassembler à un endroit précis. Parmi nous, il y avait cinq personnes blessées qui ont été forcées de marcher devant le char. Soudain, ils ont été abattus sans qu’on les interroge ».
Il a ajouté : « On nous a ensuite ordonné de nous arrêter près du char, et j’ai cru qu’il allait nous écraser. Après un certain temps, ils nous ont transportés dans la zone d’Al-Fakhoura, où ils nous ont laissés exposés et presque nus jusqu’à 20 heures. Pendant ce temps, un officier a tiré des coups de feu au-dessus de nos têtes et nous a ordonné de nous diriger vers Jabalia. Des drones nous ont survolés jusqu’à notre arrivée ».
Lors de la même agression, Euro-Med Monitor a documenté des témoignages révélant que des infirmières, des patients et leurs compagnons à l’hôpital Kamal Adwan ont été soumis à des actes assimilables à des violences sexuelles. Les soldats israéliens ont forcé les femmes et les filles à retirer leurs vêtements sous les menaces, les insultes et les injures visant leur honneur. Plusieurs femmes et filles ont également déclaré avoir été harcelées sexuellement.
L’une des femmes expulsées de la région a raconté à Euro-Med Monitor qu’un soldat a forcé une infirmière à se déshabiller : « Un soldat a forcé une infirmière à enlever son pantalon, puis a posé sa main sur elle. Lorsqu’elle a tenté de résister, il l’a frappée violemment au visage, la faisant saigner du nez ».
Une autre femme a rapporté qu’un soldat avait dit à une femme de leur groupe : « Enlevez-le ou nous vous l’enlèverons de force ».
Lors d’un autre incident, une femme a refusé d’enlever son foulard, ce qui a incité un soldat à déchirer ses vêtements, dévoilant sa poitrine. Une victime a raconté avoir été traînée par un soldat qui l’a forcée à se presser contre lui en lui disant : « Enlève-le maintenant », tout en lui lançant des remarques obscènes.
De même, un membre du personnel de l’hôpital a déclaré à l’équipe d’Euro-Med Monitor : « Les soldats nous ont ordonné d’enlever nos hijabs, mais nous avons refusé. Ils se sont ensuite tournés vers les filles plus jeunes et leur ont demandé d’enlever leurs hijabs, mais elles ont également refusé. Les soldats ont décidé de nous punir en prenant deux femmes à la fois et en les forçant à soulever leurs vêtements et à baisser leurs pantalons sous la menace par la force. »
Au cours de l’assaut, les forces israéliennes ont détruit et brûlé la plupart des sections de l’hôpital Kamal Adwan après l’avoir frappé avec des obus. Des informations préliminaires indiquent également que plusieurs membres du personnel de l’hôpital ont été tués alors qu’ils tentaient d’éteindre des incendies dans l’une des sections de l’hôpital, qui a été complètement mise hors service.
Israël, le pays où l’on torture les médecins palestiniens à mort
Euro-Med Monitor appelle les organes compétents des Nations Unies à lancer une enquête immédiate sur les allégations contenues dans les témoignages des survivants de l’assaut de l’armée israélienne sur l’hôpital Kamal Adwan et ses environs. Il souligne la nécessité d’activer les mécanismes légaux pour tenir responsables les auteurs de violations des droits de l’homme, y compris les individus, les dirigeants politiques et les responsables militaires impliqués dans de tels actes.
Euro-Med Monitor réaffirme que l’incapacité des États à remplir leurs obligations légales de mettre fin au génocide à Gaza au cours des 14 derniers mois, associée à leur refus de prendre des mesures décisives pour obliger Israël à cesser ses crimes, les rend internationalement responsables de ces atrocités, certains États devenant de fait complices.
Le système international, dirigé par les Nations unies, a choisi de ne pas imposer les objectifs et principes fondamentaux sur lesquels il a été établi. Au cours des 14 derniers mois, il a fait preuve d’une incapacité scandaleuse à respecter son engagement à protéger les civils et à mettre fin au génocide qu’Israël commet contre les Palestiniens à Gaza – un objectif qui devrait être au cœur de sa mission et de sa raison d’être.
Euro-Med Monitor réitère ses appels à toutes les parties internationales et onusiennes concernées pour qu’elles agissent immédiatement afin de remplir leurs obligations légales de mettre fin au génocide à Gaza, d’imposer un embargo complet sur les armes à Israël, de le tenir responsable de tous ses crimes, et de prendre des mesures concrètes pour protéger les civils palestiniens.
Euro-Med Monitor exige également la facilitation du retour des personnes déplacées de force dans leurs foyers, la libération des Palestiniens enlevés et la révélation du sort des personnes disparues de force.
Il demande également l’entrée immédiate et sans entrave de toutes les formes d’aide humanitaire, en particulier des fournitures vitales, afin de répondre aux besoins de la population de Gaza, en particulier dans les zones septentrionales.
Enfin, Euro-Med Monitor appelle à l’indemnisation de toutes les victimes et de leurs familles, en garantissant le retrait des forces d’occupation israéliennes de l’ensemble de la bande de Gaza et de tous les territoires palestiniens.
Auteur : EuroMed Monitor
* L'Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l'Homme est une organisation indépendante à but non lucratif dirigée par des jeunes qui défend les droits humains de toutes les personnes à travers l'Europe et la région MENA, en particulier celles qui vivent sous occupation, en proie à la guerre ou à des troubles politiques et/ou ont été déplacés en raison de persécutions ou de conflits armés.
28 décembre 2024 – EuroMed Monitor – Traduction : Chronique de Palestine
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